mardi 11 septembre 2007 par Le Patriote

Il y a longtemps qu'ils ne s'étaient pas produits dans cette ville. Pour le dixième anniversaire de leur présence dans le giron musical, A'salfo, Goudé, Manadja et Tino avaient choisi de gratifier les mélomanes, singulièrement leurs fans, de la capitale du centre d'un concert géant. Et depuis l'annonce de ce rendez-vous, Bouaké attendait fiévreusement les magiciens du zouglou. Un retour ?événement que beaucoup d'habitants de la ville ne voulaient pour rien au monde rater. Magic System à Bouaké, tchoco-tchoco, je serai là. Walaï, je ne peux pas rater ça , s'enflammait déjà un jeune habitant, de la ville, samedi matin. Il est déjà 10h, ce jour-là, lorsque l'équipe technique s'affaire à peaufiner l'installation du matériel de sonorisation sur la pelouse du stade municipal de Bouaké. A quelques mètres de là, des éléments des forces de défense et de sécurité des Forces nouvelles inspectent les lieux et échafaudent des stratégies de sécurisation du concert. Vous palpez de haut en bas tous les spectateurs à l'entrée, afin qu'ils n'entrent pas avec des objets dangereux , répète un soldat à ses éléments. 12h, les Super Gaou, l'orchestre de Magic System, sont là, pour la balance. Peu après, ils sont rejoints par les quatre garçons du groupe et des membres de leur staff dont le manager Angelo Kabila. 14h30, alors que la balance tire à sa fin, le public commence à prendre d'assaut l'esplanade du stade. 16h, une file indienne jouxte l'accès aux travées du stade. Quelques revendeurs essaient d'écouler rapidement leur stock de ticket. 17h30 : la tribune d'honneur est noire de monde. Une foule compacte y a pris place. Avec, on s'en doute, la satisfaction intérieure de pouvoir enfin voir à l'?uvre ces gaou qui portent haut depuis quelques années l'étendard de la musique ivoirienne à l'extérieur du pays. Puis, des décibels tonnent. C'est le lever de rideau. Une kyrielle d'artistes entre autres Oxygène, Thierry Major, Major et Zabson, Mercenaires, Abou Nidal, Elloh Dj, Issa Sanogo, Maty Dollar se succèdent tour à tour sur le podium tout en haranguant, chacun avec son talent, le public. 19h30 : l'imposante BMW, modèle X5, d'A'salfo déboule sur la pelouse. Elle est suivie d'un contingent d'engins à quatre roues. Magic System vient ainsi de faire son entrée. Tonnerre d'applaudissements. Mais surprise : l'orchestre est absent. Mais, tout entre dans l'ordre, deux 4x4 font un rapide va-et-vient et les musicos sont enfin là. Avec à leur tête le talentueux batteur Pépito. 20h15 : Séance de prière, A'salfo, Goudé, Manadja et leurs musiciens implorent dans une communion totale la bénédiction du Tout-puissant, afin qu'il apporte son onction au spectacle. Comme à son habitude, Pépito dirige la prière. 20h18 : Didier Bléou, présentateur du show, prend place sur le podium. Il surchauffe le stade, salue les personnalités présentes dont le chef d'Etat major des Fafn, le Général Soumaïla Bakayoko et son adjoint le Commandant Wattao. En dix ans de carrière, Magic System, c'est 11 disques d'Or, 1 disque de platine, le prix de la sonnerie la plus téléchargée en France. Ce soir, vous allez avoir droit à une vingtaine de titres lance la vedette du petit écran, avant de faire appel à l'orchestre et à trois des magiciens du zouglou (Manadja, Goudé et Tino). 20h34 : la voix perçante d'A'salfo retentit en entonnant Abou , une composition qui fustige l'insouciance des boucantiers . Il apparaît aussitôt. C'est l'explosion de joie. Le lead-vocal de Magic System enchaîne avec Amoulanga , Solidarité , puis Kapa , Amédjro , Mi Wan Gno

Le fatigué fatigué?
de Wattao
Entre deux tours de chant, il félicite le Commandant Wattao, heureux papa quelques heures plus tôt d'une fille. Que tout le monde allume son portable, on va lui rendre hommage lâche A'salfo et entame Sinikeneya , une reprise de la célèbre chanson de Daouda le Sentimental. Le gaou égrène ensuite Doubéhi . 21h18 : surprise, Petit Dénis surgit sur la scène pour soutenir les magiciens , à la grande joie du stade qui scande Denco, Denco, Denco . Les quatre garçons poursuivent leur balade au c?ur de leur riche répertoire, multiplient les chorégraphies. Derrière, l'orchestre se déchaîne. Aux roulements de batterie de Pépito se mêlent admirablement les grincements de guitare d'Auguy Solo, quand les frappes cadencées de Kouao à la percu s'harmonisent avec le doigté au clavier d'Amos. Au pupitre technique, Ludovic Leyval et Sylvain Lacroux, les deux ingénieurs venus spécialement de France, s'attèlent à la qualité du son. Dans les tribunes et sur la piste d'athlétisme, c'est l'hystérie. Comme un seul homme, le public reprend en ch?ur les paroles des chansons et danse. Même des soldats des Fafn en tenue se défoulent au son des mélodies distillées par Magic System et les Super Gaou. 21h42 : les décibels s'estompent. Moment fatidique de la soirée : la célébration solennelle des dix ans du groupe. Le gâteau anniversaire est installé sur le podium. Le Commandant Wattao rejoint A'salfo et ses amis. On a vu beaucoup de concerts ici mais Magic System est super. C'est la première fois que je les vois en live, ils sont vraiment super s'extasie celui qu'on appelle affectueusement Sa Bélé Bélé (l'immense serpent). Avant de réitérer sa volonté farouche d'aller à la paix pour le bonheur de la population de Bouaké. Le show reprend ensuite ses droits : Tikilipo , Dynamo , Un gaou à Paris , Petit Pompier sont ventilésQuand Magic System attaque Tapé Dos , le titre phare de son dernier album éponyme, c'est le délire. L'ambiance est indescriptible. Ça chante et ça danse de partout. 22h36 : le Commandant Wattao est de nouveau, à l'invitation d'A'salfo, sur la scène pour esquisser quelques pas de fatigué fatigué et bobaraba (deux danses en vogue en ce moment). 22h40 : Magic System clôt en beauté ce rush musical avec 1er Gaou et Bougé bougé . 22h50 : Dernières clameurs, le public repart, ravi d'avoir vibré durant deux heures et quart avec ses idoles. Quant aux Magiciens , le pari de Bouaké tenu, leurs yeux sont désormais rivés sur le Complexe Sportif de Yopougon où ils sont attendus ce samedi pour un autre show. Acte 2 de la célébration de leurs dix années de carrière.
Y. Sangaré, envoyé spécial à Bouaké

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