mardi 11 septembre 2007 par Flashafrik

Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Que vendent-ils au milieu de ces files de voitures ? D'où viennent leurs produits et pourquoi sont-ils aussi bon marché ? Voilà autant de questions qu'on se pose à la vue de ces vendeurs d'un autre genre.

On les voit tous les jours, à chaque point de carrefour, sur les grandes voies et artères publiques d'Abidjan et même des villes de l'intérieur. Ils se faufilent entre les nombreux véhicules, très souvent au risque de leur vie, tentant de vendre des paquets de chewing gum, des mouchoirs, des appareils électroménagers, des objets décoratifs d'intérieur, des ustensiles de cuisine et autres.

Nous sommes allés à la rencontre de ces jeunes filles, garçons, de ces pères de familles qui quittent leur domicile dès 6 h du matin. A la question de savoir pourquoi ils se lèvent si tôt, ils vous répondent qu'il faut bien aller au travail. Konaté Souleymane, âgé de 30 ans, est un jeune Ivoirien. Il se rend à son lieu de travail, aux 2 Plateaux, Boulevard Latrille, à 7 h. A pied ou en voiture, il se démène pour s'y rendre : Si je suis venu vendre dans la rue, dit-il, c'est parce qu'un garçon ne doit pas rester à la maison à ne rien faire. Vous nous voyez, au milieu de ces voitures, ce n'est pas que nous soyons fiers de ce boulot. Nous voulons nous faire notre petite place au soleil au lieu de voler ou de se promener dans le quartier. Les magasins sont chers, nous n'avons pas les moyens d'en louer. Je n'ai pas honte de ce que je fais. Seul tuer ou voler me ferait honte?. Selon Hermane, un autre vendeur, leurs produits leur sont livrés par des Libanais ou des Ibos (Nigérians), propriétaires de grands magasins à Adjamé, Treichville, Koumassi etc. Certains disent être des employés de ces gros bonnets mais préfèrent vendre à la criée. Les plus chanceux s'octroient la marchandise à leurs propres frais. Côté revenus, ceux qui ont la baraka s'en sortent en fin de journée avec 15 000 f.cfa.? Il y a des jours où nous ne vendons rien. Et cela peut durer des semaines?, précise Konaté. Sali, quant à elle, vend des mouchoirs jetables et des chewing gum à Adjamé, son quartier. Comment s'est-elle retrouvée là ? Nous sommes nombreux à la maison et ce n'est pas tous les jours qu'on mange. J'ai donc décidé, avec l'aide de ma tante Tinin, de faire ce commerce qui me rapporte au moins 3000 f.cfa par jour,? explique-t-elle.

Mel Sylvain est un artiste en herbe. Pour lui, vendre des montres, des chaînes, des bracelets lui permettra de faire sa maquette et sortir de son trou. Après les 2 Plateaux et Adjamé, nous décidons de nous rendre sur le boulevard Valéry Giscard d'Estaing et là, nous approchons Soumaré, 45 ans, père de 8 enfants et bigame. Visiblement fatigué par ce soleil de plomb, il raconte comment de sa Guinée natale il s'est retrouvé dans ce commerce : la vie était dure au pays. J'ai donc décidé de venir ici parce qu'un frère avait fait fortune dans le commerce et a fait des réalisations au pays. Je me suis donc lancé dans l'aventure avec ma femme et mes enfants. Mais là, la réalité est tout autre. C'est dur de vendre dans la rue. Les agents municipaux nous poursuivent, si ce ne sont les forces de l'ordre.?

Selon la dizaine d'automobilistes abordés, ces vendeurs ne font pas de mal. Seulement, parmi eux, il y a toujours des brebis galeuses qui salissent leur corporation et jettent le discrédit sur eux. Au finish, une seule et grande idée ressort des propos de ces vendeurs ambulants qui défient la mort : sortir de la galère et pourquoi pas, aller en Europe comme certains de leurs amis. Leur seul souci est de se défendre, comme ils le disent.

Nous ne sommes ni des drogués ni des voleurs. Les gens ne nous connaissent pas. Sinon, ils verraient que notre seul souci, c'est de vendre. Nous ne sommes pas des dealers de drogue ni des voleurs, ajoute Konaté Souleymane.

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