mardi 11 septembre 2007 par Le Matin d'Abidjan


La météo actuelle sur le front social ivoirien ne fait pas mourir d'envie tout pouvoir politique. En ce sens qu'elle constitue un terreau fertile pour les pêcheurs en eaux troubles.

Il souffle en ce moment un mauvais vent sur la République. Et si l'on n'y prend garde, ce vent, de faible intensité pour l'heure, pourrait se transformer dans les prochains jours en une violente bourrasque aux dégâts fort garantis. C'est ce qui ressort de la plupart des rapports dressés ces derniers jours, à intervalle très serré, dit-on, par les services secrets ivoiriens à l'intention des principaux sécurocrates du régime. Selon une source proche du renseignement ivoirien, tous ces " mémo " font état d'une opération de renversement des institutions de la République, que l'on dit imminente. Elle est baptisée "opération septembre noir", et comme son nom l'indique, elle est prévue pour se dérouler courant de ce mois. Conçue depuis plusieurs mois par les réseaux mafieux de la Françafrique, avec le soutien naturel des relais locaux, la man?uvre, explique t-on, attend le moment propice pour être déclenchée. Et notre informateur de confier que n'ayant pu mettre à profit la mauvaise humeur exprimée il y a peu par les soldats des Fds, parce que vite découverts, les commanditaires espèrent cette fois faire prospérer leurs ambitions à partir de la fronde sociale qui prend progressivement forme sous nos yeux, ces derniers jours. Cela notamment avec la grève des médecins et celle annoncée ce jour des infirmiers alors que le mouvement des premiers n'est pas encore éteint. En somme, une paralysie totale des services de santé qui entraînera, comme on peut l'imaginer aisément, de nombreux décès dans les hôpitaux et autres dispensaires. Ce sont ces victimes que les concepteurs de l'opération " septembre noir " vont utiliser pour dérouler tranquillement leur plan. Si on en croit le document saisi par les grandes oreilles de la République et dont nous avons reçu copie, dans un premier temps, des marches éclatées, orchestrées par le Rhdp, seront déclenchées simultanément dans toutes les communes d'Abidjan pour demander la démission du chef de l'Etat et du gouvernement pour "leur incapacité à trouver une solution aux problèmes des Ivoiriens". Sur le sujet, on indique que pour préparer les esprits, la presse proche de l'opposition a été conditionnée. Ce n'est donc pas un hasard si dans un bel unanimisme observé ces jours-ci, elle tire à boulets rouges sur la corruption qui aurait gangréné le régime Gbagbo. Les émissaires de l'opposition significative, qui sillonnent depuis quelques jours les quartiers de la cité disent ne pas se faire de soucis quant à la mobilisation des ressources humaines tant il y a matière à révolter les populations. Avec notamment la crise interminable observée dans la filière café-cacao et les prix des denrées de première nécessité qui continuent de prendre chaque jour l'ascenseur pendant que le pouvoir d'achat, lui, se réduit comme peau de chagrin. Ainsi donc, pendant que les forces de défense et de sécurité se préoccuperont de contenir les manifestants, certains de leurs camarades, qui ont été déjà contactés par les déstabilisateurs, se retourneront contre eux, au motif qu'ils ne peuvent pas accepter que l'on empêche des Ivoiriens de manifester pour une cause qui leur semble juste. Profitant de la confusion ainsi créée, les putchistes, avec l'appui logistique des forces françaises, vont prendre le contrôle des principaux points stratégiques de la ville. Détail important, dit-on, les concepteurs n'ont pas prévu d'attaquer tout de suite les camps militaires, assurés qu'ils sont, de rallier à leur cause la majorité des soldats qui pour eux, n'ont pas encore digéré l'"humiliation" du 14 août dernier au palais présidentiel. Mais ils ne se prépareraient pas moins à parer à toute autre éventualité qui pourrait se présenter sur le terrain. Voici les informations, ainsi détaillées, qui ont décidé le chef d'Etat major à sonner l'alerte, la semaine dernière, dans toutes les casernes, à l'effet de redoubler de vigilance. Pour contrer cet autre coup tordu qui se prépare activement contre la République. D'ailleurs, pour intensifier la sensibilisation de la troupe sur les nouveaux défis qui attendent la grande muette avec l'accord de Ouagadougou et les questions préoccupantes qu'il charrie, tels les grades Fafn, le Général de division, Philippe Mangou, est annoncé à compter de ce matin, à l'intérieur du pays pour rencontrer les soldats qui sont sur les lignes de front. La tournée prendra fin vendredi prochain. A présent que cet énième coup a été, une fois de plus éventé, les déstabilisateurs renonceront-ils à leur projet, ou reculeront-ils, comme les fois précédentes, pour mieux sauter ? Ou au contraire, comme il se murmure de plus en plus dans les milieux de l'opposition, se résoudront-ils à jouer leur va-tout, décidés qu'ils sont, à faire tomber le régime de Laurent Gbagbo avant la prochaine période hivernale ? Wait and see !

Géraldine Diomandé

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