mardi 11 septembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

Ecarté de la tête du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d'Ivoire par une ordonnance de justice, Dr Amichia Magloire a été remis en selle. Il explique dans cet entretien pourquoi le mouvement de grève se poursuit.

Dr Amichia, l'ordonnance N° 1248 du 31 août 2007 qui a nommé un administrateur provisoire à la tête de votre syndicat a été suspendue par la justice et le gouvernement vous a appelés à mettre fin à votre grève. Devons-nous nous attendre à une reprise du travail des cadres supérieurs de la santé ?
Effectivement, depuis le vendredi 08 septembre, le président de la Cour d'appel a suspendu l'ordonnance qui nommait un administrateur provisoire à la tête du SYNACASSCI. Avant de répondre à votre question, je voudrais féliciter tous les cadres supérieurs de la santé qui se sont mobilisés, la presse et la justice qui malgré tout, a suspendu cette décision, en espérant que la décision finale sera rendue dans quelques jours. Nous ne voulons pas vivre le même scénario qui a été servi à la poste de Côte d'Ivoire. Nous profitons de votre micro pour remercier les ministres de la Fonction publique et de la Santé, les organisations internationales du travail qui nous ont soutenu afin que soient garanties les libertés syndicales dans notre pays. La grève a été lancée le 04 septembre, au cours d'une AG qui a été présidée par le SGA, Dr Attey Boka. C'est une autre AG qui se tiendra le mardi (ndlr : ce jour) qui va se prononcer sur la suspension, la levée ou la reconduction du mot d'ordre de grève. Je voudrais rappeler que les problèmes que nous avons évoqués ne concernent pas uniquement la réhabilitation du Dr Amichia Magloire. Nous demandons la reconnaissance du doctorat d'Etat comme diplôme d'accès à la fonction publique ainsi que la restitution de l'opération immobilière du SYNACASSCI qui a été confisquée par les anciens secrétaires généraux. Nous espérons qu'à l'issue des consultations que le Premier ministre initie, notre situation sera prise en compte.

Il nous a été annoncé la signature d'un protocole qui prend en compte la revalorisation de la grille salariale des cadres supérieurs de la santé. A quand son entrée en vigueur ?
Nous avons travaillé avec 4 ministres, à savoir, le ministre de la Santé et de l'Hygiène publique, le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, le ministre de la Fonction publique et de l'Emploi et le ministre de l'Economie et des Finances. Nous nous sommes entendus sur un projet de décret avec une grille salariale revalorisée. Le ministre de la Santé nous a dit que le rapport de présentation a été signé par les ministres concernés et qu'il ne resterait plus que la signature du président de la République.

Vous êtes sans ignorer que cette présente grève qui se fait sans service minimum a des conséquences dramatiques sur les populations auxquelles vous êtes censés apporter des soins.
Nous reconnaissons que la crise est montée d'un cran. Mais ce n'est pas de notre fait. Pour les mêmes motifs évoqués plus haut, en dehors de la réhabilitation du SG, nous avions déjà mené une grève de 8 jours mais avec un service minimum. Et nous avions interpellé l'Etat sur les man?uvres orchestrées par les anciens SG avec Dr Adama Sanogo et sur les risques qu'allaient courir les populations dont nous et nos parents faisons partie. Nous n'avons pas été entendus. C'est avec beaucoup de regrets que nous avons lancé cette grève et je répète qu'elle va prendre fin si les actions visant à déstabiliser le syndicat s'arrêtent car à travers cette crise, nous avons montré où se trouve la légitimité puisque la dissidence n'existe que dans la presse et à la justice, si le décret est signé et si la justice et le ministère de la Construction se prononcent sur l'opération immobilière.

A quel niveau se situe le dossier sur l'opération ?
Jusqu'à présent, la justice n'a pas encore rendu de décision. Nous avons demandé l'arrêt des travaux qui se déroulent sur le site mais ces travaux se poursuivent.

Des voix vous accusent d'être manipulés par le président de la République qui vous utiliserait pour compromettre la tenue des audiences foraines. Que répondez-vous ?
Nous nous inscrivons en faux contre cette rumeur que nous condamnons avec force. Les cadres supérieurs de la santé sont suffisamment matures pour prendre eux-mêmes leur destin en main. Nous ne nous laisserons pas distraire par ce genre de rumeur qui présente le président comme le diable. Nos problèmes sont sur la table du gouvernement et jamais nous n'avons évoqué les audiences foraines. Nous tenons à rassurer le gouvernement pour dire que dès le lancement de l'opération des audiences foraines, les cadres supérieurs de la santé joueront leur partition, je le promets et je m'y engagerai.

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