mardi 11 septembre 2007 par 24 Heures

L'Ouest du pays est en train de fermer le chapitre de la guerre. Cinq années après la crise, les démons ont foutu le camp. Les jeunes de l'opposition et les partisans du parti au pouvoir sont à nouveau ensemble. Il faut le croire. L'ouest a retrouvé ses esprits.

Tout semble à la normale.
Désormais, pour aller dans l'Ouest du pays, les leaders de l'opposition n'ont plus besoin de s'entourer de mesures de sécurité extrêmes comme des démineurs.
Ils ne sont plus refoulés comme ce fut le cas, il y a quelques temps.
Le fait est que depuis la signature de l'accord de Ouagadougou, le vent de la réconciliation, qui souffle sur le pays, a glacé le sang des agitateurs de la haine dans l'Ouest.
Les esprits dans l'ouest sont plus enclins aux retrouvailles et aux actes de pardon.
Il y a quelques années, cela n'était pas possible.
Mais aujourd'hui, nous sommes pour que les enfants de l'Ouest se retrouvent pour parler de développement?, a confié Serge Blé dit killer (le tueur en français), l'un des piliers des jeunes patriotes sur l'axe Guiglo-Bloléquin.
Avec son groupe, il a semé la terreur dans la zone.
A maintes reprises, il a fait refouler des membres du gouvernement issus du RHDP en mission dans la région.
A Bloléquin, les populations se souviennent encore du cas Albert Toikeusse Mabri.
Alors ministre de la santé, le président de l'UDPCI était allé donner des médicaments et des ambulances aux hôpitaux de la région.
Sa mission n'a pu se tenir du fait des hommes de Killer.
Le ministre a été prié de quitter la ville.
Lui avait eu plus de chance.
Une délégation conduite par Jean Blé Guirao, qui allait enterrer son défunt père, a été prise dans une embuscade peu après Guiglo.
Les hommes du chef milicien, Maho Gloféi, ont pris en otage, Jean Blé Guirao et son équipe.
Ils ont été séquestrés pendant des heures et dépouillés de leurs effets.
Ils avaient eu tort de franchir l'Ouest sans autorisation.
Ceux qui avaient réussi à atteindre les villes étaient pourchassés par les patriotes.
Mais tous ces faits sont conjugués au passé.
Et les responsables des partis politiques s'en réjouissent.
Les militants du RDR ne sont jamais allés à la confrontation lorsqu'ils étaient pourchassés ici par leurs frères.
Il fut un temps où nous ne pouvions même pas organiser une petite manifestation ici à Bloléquin?, a déclaré un peu ravie la déléguée départementale du RDR à Bloléquin.
La page semble véritablement tournée.
Il y a quelques jours, les jeunes se sont mis ensemble pour créer une association apolitique qui prône la réconciliation.
Les discours ne sont plus les mêmes.
Cela nous a fait mal de bloquer un fils de la région qui venait remettre des médicaments et des ambulances aux parents.
Mais aujourd'hui, tout cela est terminé.
Nous n'accepterons plus d'être manipulés par qui que ce soit.
C'est pourquoi nous disons partout où nous sommes invités que quiconque tiendra des paroles de division nous fera face?, a martelé Killer.
Le patron des jeunes patriotes à même des regrets pour avoir agi de la sorte.
Nous avons posé des actes que nous regrettons quand même.
Mais il faut savoir que nous étions en son temps obligés de le faire?, a-t-il reconnu.
Aujourd'hui Killer (le tueur en anglais) et ses hommes sont décidés à jouer à fond la carte de l'unité et du pardon.
Le geste a été repris par Maho Gloféi.
Le chef milicien de l'Ouest prépare une cérémonie pour présenter ses excuses officielles et publiques à Jean Blé Guirao.
Pour ce qui s'est passé.
Même si les chefs de canton de Bloléquin exigent plus qu'une fête pour laver l'affront fait à Jean Blé Guirao (l'ancien président de la JUDPCI est fils de chef de village), les choses sont en discussions.
Dans l'ensemble, l'ouest a retrouvé ses esprits.
Les jeunes se préparent à accueillir le président de l'UDPCI avec tous les honneurs durant la tournée qu'il entreprendra semaine prochaine.


Hervé Akaché (envoyé spécial à Bloléquin)


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