jeudi 27 septembre 2007 par Le Front

Quand le Concile d'Elvire, par mesure disciplinaire, adoptait la première loi qui oblige les prêtres à la chasteté et au célibat au 4e siècle, l'Eglise catholique croyait avoir résolu une bonne fois pour toutes un mal qui sapait son moral. 17 siècles plus tard, parjures, scandales et défections sont les choses les mieux partagées par les gardiens du temple de Dieu. Notre dossier.


La Bible rapporte qu'un jour, des Saducéens sont allés trouver Jésus. Ces derniers étaient dubitatifs sur la question de la résurrection. Au fond, ils n'y croyaient pas. Alors, ils posèrent la question suivante au Christ : Maître, Moïse a dit que si un homme meurt sans enfant, son frère prendra la veuve et donnera ainsi des héritiers au défunt. Or, il y avait chez nous sept frères ; le premier s'est marié et il est mort. Comme il n'avait pas d'héritier, il a laissé sa femme à son frère. La même chose s'est passée pour le deuxième. Il l'a laissée au troisième et ainsi de suite pour les sept. La femme est morte la dernière. Dans le cas d'une résurrection, lequel des sept aura la femme ? Car tous l'ont eue pareillement. La réplique du Christ à cette préoccupation fut sans équivoque : Vous êtes dans l'erreur. Vous ne connaissez pas les Ecritures et pas davantage la puissance de Dieu. A la résurrection, on ne prend plus de femme ou de mari. Tous sont comme des Anges de Dieu dans le ciel. (Mathieu 22-23)

Le sens du célibat

Sur le plan théologique, le célibat se définit comme une préfiguration du royaume de Dieu où les hommes et les femmes ne se marient pas mais vivent comme des Anges de Dieu. Réalité d'en-Haut, l'Eglise enseigne néanmoins que le célibat peut être vécu déjà sur terre à l'instar du Christ. En effet, quoique non exigé par la nature même du sacerdoce, le célibat a une conséquence pratique dans la vie du prêtre en ce sens que la communion universelle requiert la disponibilité entière. Le code du droit canon (la constitution de l'Eglise catholique) enrichit mieux le concept du célibat en le relevant comme un don particulier de Dieu par lequel les ministres sacrés peuvent s'unir plus facilement à Dieu avec un c?ur sans partage et se mettre pleinement au service de la communauté.



Le concile d'Elvire

L'histoire de l'Eglise catholique précise qu'avant le quatrième siècle après Jésus-Christ, les prêtres se mariaient et avaient des enfants. Cette époque-là consacrait les sacerdoces mariés. Mais comme du temps de Noé, le mépris de la loi de Dieu a renversé les limites de la pudeur et de la pureté dans le cénacle ecclésiastique, provoquant une vague déferlante d'immoralité qui ternit l'image de la Sainte Eglise. Véritable problème posé à la conscience du corps du Christ, les autorités cléricales d'alors se sont vu obliger de réformer le sacerdoce. Cette réforme intervient donc lors du Concile d'Elvire entre l'an 300 et l'an 306 après J.C. Les conciles qui suivront, réaffirmeront, en des termes plus vigoureux, la réalité de cette loi. C'est ainsi que le renoncement au mariage et l'obligation de garder la continence parfaite entreront dans les m?urs de l'Eglise catholique. (Confère droit canon 277). Mais comme il fallait s'y attendre, la réforme ne s'est pas opérée sans grincement de dents, des mécontents qui la jugeaient déjà inique et inhumaine.

A la protestation

Les contestations du célibat et de la chasteté ont atteint le summum sous le Pape Jean XXIII (1959-1963), entraînant une vague de défection de prêtres en Europe. L'Eglise catholique se retrouva ainsi avec d'un côté des conservateurs et de l'autre les rénovateurs. Ces contestations, il convient de les situer, sont intervenues à la faveur de la consécration des premiers évêques du Tiers-monde et de leur représentation au concile de 1962. Leurs éminences, feux les cardinaux Bernard Yago de Côte d'Ivoire et Paul Zoungrana du Burkina Faso étaient de ce concile. Les rénovateurs européens voulurent utiliser les évêques
d'Afrique pour revendiquer le sacerdoce marié. Une vision que ne partageaient pas ceux-ci qui se sont d'ailleurs organisés à travers le symposium de la conférence épiscopale d'Afrique et Malgache (SCEAM).
La mise en place du Sceam à Kampala en 1969 a marqué la venue du premier pape en Afrique, il s'agit du Pape Jean VI. Saisissant cette aubaine, le cardinal Paul Zoungrana répondait ainsi aux rénovateurs : Notre être propre ne saurait nous être donné du dehors . Une réplique qui se passe de tout commentaire.

Dura lex Sed lex.

La loi est dure mais c'est la loi. En 1978, le pape VI tire sa révérence. Il est succédé par Jean Paul 1er.Ce dernier mourut trente-trois jours plus tard dans des conditions non encore élucidées. Enfin, la papauté échoit à Karol Wojtyla qui prit la tiare sous le nom de Jean Paul II. A son ascension le 16 octobre 78, Jean Paul II clôt le débat sur le sacerdoce marié. Sous son autorité, jamais la loi issue du Concile d'Elvire ne sera remise en cause. Sa détermination va émousser l'ardeur des rénovateurs qui décident de rentrer dans les rangs. Ceux qui ont voulu être en paix avec leur conscience claquèrent la porte. Certains essayent de vivre en toute vérité leur sacerdoce. Mais pour beaucoup, la loi est aussi faite pour être violée. Du coup, l'Eglise catholique découvre avec impuissance ses limites. La réalité est dure à admettre mais la continence et le célibat des prêtres ne sont plus vécues en toute vérité.

Une simple vue de l'esprit

S'il est difficile aujourd'hui de dresser un bilan exhaustif de prêtres qui ont défroqué de leur gré ou qui se sont vue réduits à l'état de laïc par leurs évêques, il reste que le constat de la vie de certains prêtres dans nos paroisses n'est pas sans reproches. Une véritable révolution sexuelle s'est opérée avec comme résultat des scandales qui se ramassent à la pelle. Des prêtres qui violent, qui enceintent et qui ont des enfants, les exemples sont légion dans nos paroisses. Il suffit de lancer un appel à témoignage pour comprendre l'ampleur de la faiblesse de la chair. Le curé d'ARS, Jean Marie Vianney, saint patron des prêtres, ne disait-il pas que : Les plus grands saints sont ceux qui ont été les plus tentés . Et qui, comme le Christ face à Satan, ont su éviter le piège de la tentation. La Bible déconseille pourtant l'adultère et précise que tout ce que l'on fait contre sa conviction est péché. (Romain 14-23).
Comme on le voit, la continence des prêtres de notre époque ressemble à un serment d'ivrogne. Une vue de l'esprit qui n'engage que ceux qui y croient. Seulement qu'adviendra t-il de nos Eglises le jour où le sacerdoce marié sera restauré ? Ce sera tout simplement un autre signe fort de la proximité du retour du Christ. C'est-à-dire les temps derniers.





Alexandre Lebel Ilboudo

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