vendredi 5 octobre 2007 par Fraternité Matin

Amédée Pierre, le Dopé national?, revient sur ses 50 ans de musique et ses grands combats en invitant ses héritiers? à un plus grand sens de la responsabilité. Vous venez de célébrer le cinquantenaire de votre carrière musicale. Que représentent pour vous toutes ces années?
Ces cinquante années de carrière, je les dois à notre créateur, Dieu, le Tout-Puissant. J'aime à répéter cette expression de mon jeune frère Georges Taï Benson qui dit qu'il préfère être décoré à titre ?'costume,'' qu'à titre posthume. Avec Mme Hortense Zagbayou, nous avons fait d'une pierre deux coups, en célébrant les cinquante ans de carrière et l'hommage à Amédée Pierre.
Je suis très reconnaissant vis-à-vis des Ivoiriens. Si aujourd'hui, on parle d'Amédée, c'est grâce à tous ceux qui mettent la main à la poche pour assister à un spectacle de l'artiste ou pour se procurer ses ?uvres. Les Ivoiriens se sont battus pour faire exister ma musique. Ils ne m'ont pas pris pour un amuseur public. Partout où je passe, ils s'abaissent pour me saluer. Même les policiers ne contrôlent pas mon véhicule. C'est un privilège que les Ivoiriens m'ont accordé et je les remercie! Je les remercie! Je sais que lorsqu'en 1974, j'avais fait la grève, j'avais fait mal à ce peuple. Qu'il me pardonne pour cet instant. Je leur dis mille fois merci et que Dieu les bénisse! L'héritage que je laisse aux jeunes générations, c'est le Bureau ivoirien des droits d'auteur (Burida). Amédée Pierre est un homme très heureux depuis que l'Etat a reconnu ses mérites. De toute ma carrière, c'est la meilleure satisfaction que j'ai eue. Cependant, j'ai connu des déceptions et la plus grosse provient du fait que lorsque j'ai parlé de droits d'auteur, aucun artiste n'a compris ce que je cherchais.
Comment et avec qui avez-vous créé le Burida?
Ce sont mes amis à l'époque, parmi lesquels l'actuel Président de la République, le Pr. Bernard Zadi Zaourou (ministre au temps de Bédié), Gaoussou Kamissoko (ex-journaliste à Frat. Mat.), Ali Kéïta et Kaba Taïfour qui m'ont remonté et qui ont promis de m'aider lorsqu'en 1974 j'ai dit que j'abandonnais la musique. Cela, parce nous les musiciens vivions au jour le jour. Nous attendions d'organiser une soirée les week-ends pour espérer vivre des recettes. Alors qu'en France, à la SACEM où j'ai souvent été, il y avait quelque chose qu'on appelait les droits d'auteur qui ne sont que la rémunération légitime de tout artiste (peintre, musicien, homme de théâtre, humoriste). J'avais décidé d'arrêter de chanter parce que je ne percevais aucun droit d'auteur. Nous faisions des réunions mobiles parce qu'à cette époque, tenir une réunion dans l'esprit des Ivoiriens, c'était vouloir tuer le Président Félix Houphouet-Boigny. Après plusieurs écrits de mes amis, le Président de la République m'a appelé à Yamoussoukro, en présence du ministre de l'Information et de la Culture, Laurent Dona Fologo, à qui il a recommandé d'analyser le dossier que je proposais. Ainsi qu'au président Yacé à qui il a demandé de créer une loi qui régirait les droits d'auteur en Côte d'Ivoire, d'où le Burida. C'est quatre ans après, en 1978, que j'ai découvert dans le journal officiel la création d'un Bureau ivoirien des droits d'auteur. Je souligne que j'étais tout seul à mener ce combat et j'avais des rivaux. J'ai été membre du premier conseil d'administration du Burida. Vous êtes présenté comme le monument de la musique ivoirienne. Pensez-vous le mériter réellement?
J'en suis flatté, mais je préfère que l'on m'appelle devancier. Je vous raconte cette histoire pour que vous compreniez pourquoi. Dans les années 1958, lorsque je suis allé à Paris, en voulant capter la radio de mon pays, ce n'était que de la musique congolaise, guinéenne, nigériane et ghanéenne que j'entendais. Il fallait qu'on dise ici Radio Côte d'Ivoire? pour que je me rende compte que c'était la radio de chez moi. Cela ne m'a pas plu et je me suis promis de donner une image, une identité à la musique de mon pays. La même année, j'ai créé Amédée Pierre et sa bande à Gbeuly-Ville (Daloa) avec Gbétibouo Eusèbe, Gbétibouo Valentin, Abialilé Robert, Dogbo Valentin et Nahounou Robert. De tous nos instruments, seule ma guitare était moderne. Infirmier d'Etat stagiaire aux Grandes endémies de Bobo-Dioulasso, j'ai été renvoyé en même temps que tous mes collègues pour motif de grève en 1958. Rentré à Abidjan, j'ai dû recruter de nouveaux membres que sont entre autres Gallié Anatole, Dogbo Nama, Aurélien, Kpéno Gogoua et Kaza. En 1972, au cours d'une tournée de six mois à laquelle nous avons été conviés à Paris, par les Meecistes, nous n'avons pas perçu de cachet. Vexé, le président Houphouet-Boigny, qui était en voyage en Suisse m'a demandé de rentrer au pays et m'a remis la somme de trois (03) millions de francs CFA. Une fois ici, nous animions tous les samedis une soirée à l'Oasis du désert. Entre anciens, il n'y a jamais eu d'histoire. Nous assistions les uns les autres à nos différentes répétitions. Nous portions parfois des critiques sur quelques notes de musique qui ne correspondaient pas. C'est ainsi que nous avons vécu notre temps.
Votre carrière n'a-t-elle pas pâti d'un mauvais encadrement?
Tout à fait! C'est exact! Vous savez, je suis le dodro (en langue bété: champion pourvu d'une longue racine qui sort de terre tout seul) et non le kokoa (qui attend de germer sur le palmier pourri). A mon époque, un chanteur n'avait aucun poids. Il était considéré comme un amuseur de galerie. L'on pensait qu'on arrivait à la musique parce qu'on était un raté. Sans se douter que la musique détermine la nationalité, la culture d'un pays. A l'époque, je n'avais ni manager, ni imprésario, encore moins de mécène pour mettre en place une structure d'encadrement. Qui vouliez-vous que j'aille voir? Moi qui étais considéré comme un raté. L'artiste ne peut lui-même aller chercher ses contrats. Le fabriquant de voitures ne conduit pas lui-même toutes les voitures! Il aurait fallu que des personnes m'encadrent. J'y ai pensé, mais ça ne disait rien à personne de m'aider. Le Pr Voho Sahi, conseiller du Président de la République, a assimilé le fait que vous chantiez uniquement dans votre ethnie à un acte révolutionnaire.
Si vous approuvez son assertion, comment expliquez-vous cette révolution?
Je chante dans mon ethnie, le bété, parce que c'est sûr que toutes mes chansons auraient perdu 75% de leur valeur si elles étaient traduites en français. Je préfère lancer mes messages dans la langue que je maîtrise le mieux. Si je devais chanter dans d'autres langues, je le ferais par exemple en baoulé, en guéré ou en dioula. Je n'ai pas fini d'explorer toutes les langues ivoiriennes que je devrais chanter en français ou en anglais? Moi, je refuse de faire le perroquet. Lorsque Johnny Patcheko est arrivé en Côte d'Ivoire, nous l'avons accompagné à Bouaké et Louis Pierre, le chef d'orchestre de l'OFI de Bouaké, avait interprété de la musique cubaine. Quand il eût fini, Johnny Patcheko très content d'entendre la musique de chez lui, n'avait cependant rien compris de la langue espagnole que lui avait bombardée Louis Pierre. Il interrogea: Vous jouez très bien la musique de chez nous, mais dans quelle langue chantez-vous?. Louis Pierre très gêné, a dû répondre qu'il avait chanté en baoulé. Chanter dans une langue que vous ne maîtrisez pas, c'est faire le perroquet.
D'où vous est venu le surnom le Dopé national?
Le dopé c'est le rossignol, un petit oiseau qui chante dans les marécages. Ici, le marécage, c'était l'Oasis du désert où chantait le dopé. Sinon, je suis né le 30 mars 1937 et mon père m'a baptisé Nahounou Digbeu. Lorsque vous prenez le calendrier, le prénom inscrit à cette date était Amédée. Mon père lui, m'appelait Amed. J'ai donc décidé de me nommer Nahounou Digbeu Amédée ; et lorsque j'ai reçu le baptême en 1952 par les soins du père Cousso, j'ai pris le prénom Pierre. D'où mon nom Nahounou Digbeu Amédée Pierre. Je n'ai pas de pseudonyme artistique, c'est mon nom. Il faut le souligner parce que beaucoup pensent que Amédée Pierre est mon pseudonyme. Ce n'est pas vrai. Je souhaiterais que ces personnes viennent s'abreuver à la source comme vous le faites. A quoi ressemblait la musique ivoirienne il y a cinquante ans?
C'étaient des messages que véhiculaient nos ?uvres. Moi, je critiquais les tares de notre société et c'est pour cela que je n'ai pas bénéficié de beaucoup d'aides. Les gens demandaient à Houphouet de me surveiller parce que je pouvais créer des menées subversives. A cette époque, personne ne pouvait dire non à Houphouet et moi, j'ai dit non. C'était dans les années 70 lorsque les Guébié ont été décimés. Et l'on a traité (on continue de le faire d'ailleurs) les Bété de chanteur, de danseurs, d'amuseurs de galerie, de footballeurs, de voleurs, de bagarreurs. Je le dénonce à travers une de mes ?uvres où je dis : Wa zigbani, wazigbani wazigbanikoum? O yêlaoua, o lébété wi wayiri. O yêlagba olébété tôwaka. E nan yêkiê bété wazigbanikoum?. Ce n'est pas parce qu'on nous colle tous ces qualificatifs que nous devons changer notre ethnie. C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que je n'ai pas eu l'estime de notre premier président. Et j'ai failli me retrouver à Assabou avec le Pr Zadi Zaourou parce que les gens allaient interpréter mes ?uvres. Les gens apprécient Soklokpeu, mais ne comprennent pas toujours le contenu de cette chanson. En effet, j'ai repris cette ?uvre qui n'est pas ma propre composition parce que l'auteur, Bley Glokoury Alphonse, a quelque peu travesti les faits en ce qui concerne l'histoire de Kragbé Gnagbé. Lui a fait sortir Kragbé Gnagbé de prison vivant, alors que moi, je dis que Gragbé Gnagbé n'est pas revenu vivant. Pourquoi a-t-on tué Kragbé Gnagbé qui ne réclamait que l'application de l'article 7 de notre constitution. Cet article ne proclame-t-il pas le multipartisme que nous vivons aujourd'hui ? Nous avons vécu dans le parti unique par pression, par mépris. Voilà par exemple les tares de notre société que je dénonçais dans quelques- unes de mes ?uvres.
Et aujourd'hui?
J'ai toujours dit qu'un artiste est un éducateur, un modèle. Etre artiste n'est pas synonyme d'extravagance. Les chansons que nous véhiculons vont vers Dieu. Regardez comment est propre un prêtre sur son tabernacle! Il faut respecter la musique parce que chanter, c'est prier deux fois. Je ne perçois aucun message dans les chansons. Mais je ne voudrais pas soulever de polémique. Tous les jeunes artistes sont mes enfants et je ne cesse de leur répéter qu'un artiste est un enseignant. Avez-vous tout de même un petit penchant pour quelques artistes?
Oui, mais ils sont nombreux. Je citerai pêle-mêle mon fils Bailly Spinto que je considère comme un coffre et mes filles Aïcha Koné, Reine Pélagie et Antoinette Konan. Ceux-là ont apporté leur pierre à l'édification du pays parce qu'ils véhiculaient des messages. Je les respecte. Aujourd'hui, on a l'impression que les jeunes font de la musique pour se faire voir. Surtout au niveau de la tenue. Je souhaiterais qu'ils mettent de l'ordre non seulement dans la musique, mais également dans leurs actes. Certains d'entre eux prennent des excitants pour pouvoir tenir devant un public. Moi je n'ai jamais pris d'excitant pour monter sur scène. Je me suis toujours considéré comme un père qui va s'adresser à ses enfants et je ne me fais aucun complexe. Eux pour chasser ce complexe, prennent de la drogue, oubliant qu'ils détruisent leur vie.
Comment voyez-vous, 29 ans après, le Burida que vous avez créé?
Il était éc?urant à une certaine époque d'aller au Burida sans pouvoir percevoir ses droits parce qu'on nous disait qu'il n'y avait pas d'argent. Alors que le personnel qui y travaillait était payé tous les mois. D'où venait cet argent dont l'artiste, principal pourvoyeur, ne pouvait bénéficier? Certains collecteurs malhonnêtes se livraient à de la malversation. Nous-mêmes artistes ne sommes pas exempts de reproches. Nous ne nous aidons pas nous-mêmes. A l'époque, certains artistes, tel Eba Aka Jérôme, ont vendu leur ?uvre à leur producteur ignorant que les ?uvres de l'esprit ne se vendent pas. J'ai dû faire pression sur Badmos pour que les droits d'auteur soient intégralement reversés à Eba Aka Jérôme. J'ai fait créer le Burida parce que c'étaient des miettes qui nous venaient de la SACEM. Au départ, lorsque vous êtiez producteur, vous devriez aller vous déclarer au Burida. Là, on vous disait combien vous devriez payer et on vous donnait votre autorisation. A un moment donné, je ne sais pas si ceux qui travaillaient au Burida se sont arrangés avec les presseurs, mais c'était les presseurs qui déclaraient ce qu'ils voulaient et le digital (la matrice) restait avec eux. Alors que la matrice devait rester au Burida dans un fichier de l'artiste. Nous avons assisté à ce moment, à un laisser-aller sous Etrany. Les producteurs et les presseurs qui n'obtenaient plus d'autorisation, déclaraient ce qu'ils voulaient au directeur général. Mais, dites-moi, la confiance exclut-elle le contrôle? Voilà un peu d'où est venue ma déception. Il y a eu l'épisode Tantie Oussou et Mme Vieyra. Moi je suis pro-légaliste et je dis que c'est le directeur général et non le PCA qui organise l'assemblée générale. Il y a donc eu des tirades. Gadji Céli s'est fait médiateur et nous sommes allés chez le Président de la République qui a promis de nous remettre notre maison comme nous le lui avions demandé. Tout en nous recommandant de savoir la gérer. Pendant ce temps, nous avons continué à exposer notre désunion Vous avez aujourd'hui un administrateur provisoire qui concentre entre ses mains les pouvoirs de directeur général et de président du conseil d'administration. Qu'est-ce que cela vous inspire?
Je voudrais rectifier pour dire que l'administrateur provisoire ne concentre rien entre ses mains. Récemment, nous avons eu une séance d'échanges avec M. Obou Armand, au cours de laquelle nous nous sommes aperçus du travail qu'il a abattu en trois mois. Pour l'aider, nous lui avons proposé d'élire un conseil d'administration. Il a promis de rendre compte au ministre de tutelle et reconnu le bien-fondé de pouvoir travailler avec le conseil d'administration qui sera mis en place. Ça c'est déjà honnête! Les gens racontent des balivernes sur son compte et nous accusent de vouloir quitter l'Union nationale des artistes de Côte d'Ivoire (UNARTCI) qui regroupe toutes les catégories d'artistes. Cette structure a été créée au moment où il y avait des pro Tantie Oussou et des pro Madame Vieyra. Aujourd'hui, l'union est vraiment scellée. Les jaloux estiment que le directeur travaille seul et qu'il faut le démettre. Vous savez, l'Africain a été ligoté pendant de nombreuses années et c'est au moment de le libérer qu'il se rend compte que les menottes lui font mal. Je veux dire à l'administrateur de ne pas toucher aux menottes puisqu'ils aiment être ligotés.
C'est lorsque nous avions les rênes du Burida, c'est-à-dire, lorsque le conseil d'administration était exclusivement composé d'artistes, que les fonds ont été dilapidés. Nous avions créé une assurance maladie, mais ça n'a pas marché. Pendant des années, nous ne faisions plus d'assemblées générales et tout était dans l'ombre. On dit bien qui vivra verra, alors qu'on laisse travailler l'administrateur provisoire. S'il ne travaille pas bien, on le démettra Mais s'il est compétent, il nous appartient de l'aider à nous aider. Nous ne devrions pas par nos manières, le décourager parce que la situation avant lui était catastrophique. Je ne suis pas en train de lui faire des éloges hyperboliques, je l'observe tout simplement et je souhaiterais que nous soyons patients. C'est vrai qu'en trois mois, on ne peut pas être entièrement parfait, mais je pense que si on le laisse travailler convenablement, ce sera bon pour tout le monde, pour tous les sociétaires. A vous entendre, on a l'impression que vous ne militez plus en faveur de la volonté du Chef de l'Etat de confier la gestion du Burida aux seuls artistes?
Le fabriquant de véhicules n'est pas celui-là qui conduit toutes les voitures du monde. Ce n'est pas parce que nous avons créé le Burida que tous les artistes doivent y travailler. L'administrateur provisoire n'a pas encore été nommé par décret pour dire qu'il veut se remplir les poches. C'est avec beaucoup de courage que M. Obou Armand est arrivé dans notre maison. Ces amis lui avaient déconseillé de venir dans ce panier à crabes. J'ai lu dans la presse, en début de semaine, que M. Obou Armand m'a acheté à 3,5 millions. Je n'ai pas de prix, moi! C'est dommage que les journalistes ne vérifient pas toujours les informations qu'ils balancent. Aidez-nous à vous aider aussi! Savez-vous ce qui nous tue? Notre milieu regorge de beaucoup d'analphabètes qui ne sont là que pour se bagarrer. Ils ignorent que le Burida est régi par des textes dont ils devraient s'imprégner.
Cela dit, je sais que le Président de la République nous prête une oreille attentive. Mais, il ne peut rien faire dans le désordre. C'est ce désordre qui m'inquiète et que je ne souhaite pas en notre sein. Je pense qu'une fois le calme revenu, le Président fera quelque chose pour nous. Votre dernier album date de 1992 et depuis, votre source a tari.
Laquelle source ?
Votre source d'inspiration!

Non, non et non! Ma source d'inspiration n'a pas tari. Je refuse simplement de donner l'occasion aux pirates de se sucrer sur mon dos. Ma façon à moi de lutter contre la piraterie, c'est de me taire.
C'est tout de même ces dernières années, surtout avec l'état de guerre qu'a traversée le pays, que la piraterie est devenue un épiphénomène. Nous les devanciers avons vécu un calvaire, mais nous avons quand même continué pour l'amour de la musique. Je vous ai expliqué plus haut comment la musique devait pouvoir nourrir son homme en Côte d'Ivoire. Avant d'aller au pressage, si le digital ou la matrice restait dans un fichier au Burida, je pense qu'on aurait pu réduire un tant soit peu, les risques de piratages. Pour en revenir à mon inspiration, je crois qu'elle ne s'éteindra que lorsque je ne serai plus de ce monde. Que faites-vous pendant ce temps? Vous pourriez composer des textes pour les plus jeunes par exemple?
Mais qui vous dit que je ne le fais pas? Venez voir. (Il me montre son piano sur lequel il compose et regrette qu'il ne soit pas en marche afin de me donner l'exclusivité de quelques-unes de ses nouvelles compositions). Avant, je travaillais avec un magnétophone. Un jour, un monsieur m'a frustré en disant que certains artistes jouent et ne lisent pas la musique. Je suis allé chercher un enseignant à l'Institut national des arts (INA) en lui faisant croire que c'était pour ma fille. Une fois à la maison, je lui ai avoué qu'il s'agissait de moi-même. J'ai donc appris à lire la musique après deux ans de formation. Aujourd'hui, je fais des recherches et j'écris de la musique. J'ai composé récemment une chanson pour le Président Gbagbo qui s'intitule le Margouillat.
Vos ?uvres à succès, Soklokpeu, Lorougnon Rabet, Moussio Moussio ont-elles été suivies de succès financier?
Oui, surtout l'?uvre Lorougnon Rabet. Mais je vous ai dit que je suis le ?'Dodro'' qui est sorti tout seul de la terre et si j'avais eu un encadrement approprié, j'aurais eu des sociétés. Le petit Européen qui sort une ?uvre n'attend pas qu'on aille encaisser les droits d'auteur dans les petits maquis pour le payer! Il peut toucher des millions avec ce qu'on appelle les droits publics.

Interview réalisée par
Mayane Yapo

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