lundi 8 octobre 2007 par Fraternité Matin

Les rumeurs ont couru sur son arrestation au Bénin. Nos efforts pour recouper cette information durant notre bref séjour à Cotonou ont été vains. Samedi soir, aéroport international de la capitale économique béninoise. Avant de remplir les formalités d'embarquement, l'idée nous est suggérée de prendre place dans le bar climatisé. Ce fut une bonne inspiration. Pendant que nous devisions gaiement dans cette salle partiellement éclairée pour assurer quelque discrétion, surprise de taille. Comme un cadeau de Dieu en cette période de purification et de pénitence, voici le sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB ou Major. En compagnie de deux personnes (une dame et un homme qui s'est fait appeler Silué), il prend place. Non loin et en face de nous. Libre comme un poisson dans l'eau, pour employer une expression bien ivoirienne. Nous n'en croyions pas nos yeux pendant quelques longues secondes. "Vous voyez bien que je ne suis pas mis aux arrêts", se félicite-t-il quand, réalisant notre surprise, nous nous présentons à lui. Il est aussi, de son côté, heureux de voir certains de ses compatriotes, journalistes de surcroît, qui vont démentir les fausses rumeurs? qui courent sur son compte. C'est un cadeau du ciel que vous soyez là et que vous me voyiez en chair et en os?, nous prend-il à témoin, César Etou, rédacteur en chef du quotidien Notre Voie?, Victorien Angouan, sous-directeur de l'Information à la Télévision ivoirienne première chaîne, et moi. Portant un jean gris foncé et une chemise carrelée, le visage barré par des lunettes fumées, il a bonne mine. Décontracté et très détendu du haut de ses 190 centimètres environ, il prend la vie du bon côté. L'exil n'a apparemment eu aucune incidence sur son physique imposant d'haltérophile. Il respire la grande forme et se fait le plaisir de saluer tous les membres de la délégation ivoirienne qui lui sont présentés, entre deux coups de fil. Il est visiblement heureux de retrouver ses compatriotes. "Je n'ai pas été arrêté et je ne serai plus arrêté. Ce qui m'est arrivé à Paris ne se répétera plus jamais". Le 23 août 2003, soit une huitaine de jours après son arrivée à Paris en provenance de Ouagadougou (Burkina Faso) où il a participé à la préparation de la tentative de renversement des institutions républicaines ivoiriennes dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, le sergent-chef IB est arrêté à l'hôtel Méridien Montparnasse de Paris pour tentative de coup d'Etat contre les autorités ivoiriennes. Inculpé et mis sous mandat de dépôt d'abord, il a été ensuite mis en liberté provisoire et placé sous contrôle judiciaire en France. La figure emblématique du coup d'Etat de décembre 1999 continue de clamer son innocence. Après vingt et un jours de détention, j'ai quitté Paris en prenant mon vol à l'aéroport. Croyez-vous que les Français m'auraient laissé passer s'ils me reprochaient quelque chose?? s'interroge-t-il.
Aujourd'hui, il vit à Cotonou. Grâce au Président Mathieu Kérékou. C'est mon père et c'est lui qui m'a ouvert les portes de son pays?, confie-t-il, pour exprimer sa gratitude à l'ancien Chef de l'Etat béninois. Mais bientôt, je reviendrai au pays?. Bientôt? Sur ses gardes de peur d'être pris à défaut, il refuse de donner une date exacte et botte en touche par de grands éclats de rire. Avant 2008 alors??, insistons-nous pour lui tirer le ver du nez. Oui, je rentrerai avant cette date pour me mettre au service de mon pays?. La Côte d'Ivoire a besoin de tous ses enfants pour sa reconstruction?, soutient-il en restant muet sur ses ambitions politiques. Major n'est plus en odeur de sainteté avec ses anciens amis du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI, principal mouvement rebelle dont il revendique la paternité). La guerre musclée de leadership pour le contrôle de la rébellion a tourné en sa défaveur et coûté la vie à plusieurs de ses lieutenants au nombre desquels Kass et Adams, en zone sous contrôle des Forces nouvelles. Sans compter qu'à son grand déplaisir, il a fini par être marginalisé et exclu de tout le processus politique de règlement de la crise militaro-politique. Le sergent-chef IB ne veut, sans doute, pas s'en laisser conter. Ses partisans ont créé Union nationale des Ivoiriens du renouveau (UNIR). C'est le mentor de ce parti politique qui ambitionne, comme toutes les formations dignes de ce nom, de prendre les rênes du pouvoir. Par les urnes. IB a annoncé les couleurs dans ses dernières sorties, dans lesquelles il laisse clairement deviner ses prétentions présidentielles.

Ferro M. Bally
Envoyé spécial à Cotonou

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