lundi 8 octobre 2007 par Nord-Sud

La situation est loin de s'améliorer pour certaines banques ivoiriennes qui sont devenues incapables de respecter les critères primaires de viabilité. Le ministère de l'Economie semble décidé à tout tenter pour éviter leur mort.





Le secteur financier ivoirien ne contribue pas encore pleinement à la stabilité macro-économique et au développement du secteur privé . C'est ce qu'a conclu la mission de la Banque mondiale qui a séjourné à Abidjan du 17 au 28 septembre. Les experts de la banque ont, en effet, constaté que les tares relevées par la mission de mai demeuraient inchangées dans l'ensemble. Ainsi, si certaines banques présentent une bonne santé financière, d'autres ne respectent pas les normes prudentielles de base notamment le ratio de solvabilité. La caisse d'épargne traverse une situation toujours difficile. Le secteur de la microfinance est sinistré et les régimes de pension sont déficitaires. Au terme des échanges avec la partie ivoirienne, les experts de la Banque mondiale ont tout de même noté quelques petites avancées depuis les recommandations formulées en mai. Des plans de sauvetage ont été mis en ?uvre pour quatre des huit banques qui ne respectaient pas le ratio de couverture des risques par les fonds propres (Ndlr, 8%). Elles ont été recapitalisées ou sont en voie de l'être. Les quatre autres banques qui ont des fonds propres effectifs négatifs n'ont pas, à ce jour, de plan crédible de sortie de crise et requièrent une attention particulière avant la fin de l'année, ont mis en garde les experts de la banque dans l'aide-mémoire transmis aux autorités ivoiriennes. Face à la gravité de la situation et le risque de fermeture de ces établissements boiteux, l'Etat aurait pris des engagements. Il est question de faire transiter des fonds d'origine publique par les banques en question histoire de renflouer un peu les caisses. L'expérience pourrait commencer avec les primes trimestrielles des agents des impôts et des douanes. Un tour de passe-passe qui devrait améliorer la trésorerie. L'on se rappelle que la Versus bank avait échappé au dépôt de bilan en 2006 avec la grave crise financière de sa maison mère, le groupe l'Aiglon de Kagnassy. Elle n'avait survécu que grâce à l'intervention du ministère délégué à l'Economie et des Finances qui avait alors obligé les investisseurs institutionnels à ne pas retirer les fonds logés à la banque. Tout ceci sur fond de crise entre les actionnaires et de rumeur de rachat par des personnalités politiques. Selon des sources bancaires, la Banque pour le financement de l'agriculture (BFA) vivrait aussi une crise de liquidité aiguë. D'autres établissements bancaires et financiers ont retenu l'attention des experts de la Banque mondiale. Ceux-ci ont ainsi noté que la liquidité de la Bni (Banque nationale d'investissement) était trop tributaire de remboursements importants de l'Etat qui en détient la totalité du capital. Ils ont réaffirmé la nécessité d'un plan de restructuration de cette banque. La Caisse d'épargne qui veut se transformer en banque devra se soumettre à un audit de ses comptes, conformément aux exigences de la commission bancaire de l'Uemoa. Il faut noter que les prochains mois seront encore plus difficiles pour les banques qui n'auraient pas retrouvé une certaine santé financière. Car, la Bceao a décidé de porter à 10 milliards de Fcfa le capital minimum des banques commerciales dès 2008. Dans cette logique, les banques existantes auront trois ans pour porter leur capital minimum à 5 milliards de Fcfa. Après, il faudra s'aligner. Et, les enjeux sont d'autant plus importants que l'arrivée imminente des banques nigérianes sur le marché intensifie la concurrence.

La Côte d'Ivoire compte 17 banques aujourd'hui.





Kesy B. Jacob

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