lundi 8 octobre 2007 par Nord-Sud

L'ex-rebelle Ibrahim Coulibaly, alias IB, trouble le calme entre Abidjan, Ouagadougou et Cotonou. Gbagbo et Compaoré se livrent à un jeu d'échecs autour de l'ex-putschiste quand Yayi Boni, pris entre deux feux observe.


Rarement, peut-être jamais, des chefs d'Etat se sont autant battus pour un ex-sergent-chef, surtout quand ce dernier traîne derrière lui une réputation à la Bob Denard. Laurent Gagbo et Blaise Compaoré se battent pour Ibrahim Coulibaly, l'ex-rebelle des Forces nouvelles en exil au Bénin. Le premier le veut comme un joker en or dans sa bataille contre les Forces nouvelles. Le second souhaite l'empêcher de destabiliser le processus de paix ivoirien dont il est le facilitateur. En dehors du théâtre diplomatique où le téléphone a fonctionné entre Gbagbo, Compaoré et Yayi Boni sur ce dossier, jeudi dernier, le fondateur de l'Unir (Union nationale des Ivoiriens pour le renouveau), au cours d'une conférence de presse depuis Cotonou, a rejeté les rumeurs qui l'annonçaient comme détenu à la prison centrale de la capitale béninoise. Cette affaire remet au goût du jour le combat sournois qui se joue dans le triangle Abidjan-Ouaga-Cotonou. En la matière, Ibrahima Coulibaly n'a pas fini de porter son bât. Pour Ouagadougou, le sergent-chef est une menace pour la transition. Aujourd'hui, des sources proches de la facilitation pensent qu'il faut préserver le processus de paix d'une catastrophe : réduire la capacité de nuisance d'IB. Cette option est soutenue par Bouaké. En effet, le Burkina a des preuves tangibles qu'Ibrahim Coulibaly est en train de se muscler sur le plan militaire pour lancer une offensive en Côte d'Ivoire. Le Burkina a arrêté et détenu il y a quelques jours, sur son territoire, des éléments d'IB. Ils n'y étaient pas pour la farniente. Selon des sources autorisées, ils y préparaient des opérations militaires d'envergure. Bien que le chef de l'Etat ivoirien soit chargé comme un baudet dans l'épisode IB, il continue de l'utiliser comme une arme de substitution. Gbagbo garde l'ex-putschiste sous la manche, et espère l'abattre comme un joker le moment voulu. Il avait tenté de le faire passer à la trappe avant de se rétracter. L'ex-sergent chef Ibrahim Coulibaly avait été arrêté à son hôtel parisien fin août 2003 et gardé à vue durant plusieurs semaines. Devenu indésirable au Faso où il était en exil, IB sous la pression des autorités burkinabé, se rendait en France d'où il devait rallier Abidjan à la faveur de la loi d'amnistie votée en juillet 2003. "Les autorités françaises, ayant eu connaissance de projets de déstabilisation à l'encontre de la République de Côte d'Ivoire, pays ami et allié, ont pris toutes les dispositions nécessaires pour mettre un terme à cette opération. L'affaire est actuellement entre les mains de la Justice", avait indiqué le porte-parole d'alors du ministère des Affaires étrangères Hervé Ladsous. En tout, une dizaine de mercenaires français et africains qui étaient en contact avec IB avaient été arrêtés. Le chef de l'Etat ivoirien avait porté plainte. Puis coup de théâtre, en octobre 2005, Gbagbo retire sa plainte, sans en donner les raisons. Avec la bénédiction de Gbagbo et l'ancien président Mathieu Kérékou, IB s'installe ensuite à Cotonou où il continue de mener des activités militaires via ses forces encore présentes au sein de l'ex-rébellion. Arrivé au pouvoir après la fin du mandat du caméléon , Yayi Boni hérite d'un hôte encombrant. Gbagbo dépêche à Cotonou régulièrement ses mici dominici : Assoa Adou, Désiré Tagro, Kadet Bertin et Sarata Ottro rendent régulièrement visite à Yayi Boni et à Ibrahim Coulibaly. Ce rapprochement devrait permettre à Gbagbo de faire front commun avec IB dans une nouvelle guerre contre les ex-combattants du Nord, surtout que ce dernier a toujours contesté le leadership de Guillaume Soro au sein des Forces nouvelles. Le chef de l'Etat béninois dont le pays abrite l'ex- sergent-chef ivoirien, est en réalité pris entre deux feux. D'un côté, il y a Compaoré dont les pressions sont de plus en plus fortes pour qu'il empêche IB d'être un trouble - fête en le livrant à la justice. De l'autre, le président béninois préserve ses amitiés avec le chef de l'Etat ivoirien. En effet, bien qu'IB soit embarrassant, le numéro un béninois veut conserver également ses excellentes relations avec Blaise Compaoré. Le président burkinabé l'a soutenu pour son accession au pouvoir. C'est un parapluie diplomatique dont il a besoin, aussi bien à l'intérieur de son pays que dans la sous?région ouest- africaine. Laurent Gbagbo, qui voyage rarement, était à l'investiture de Yayi Boni le 6 avril 2006, après son élection à la présidentielle. Alors


Assoumane Bamba

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