mercredi 10 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

La découverte jeudi, par des officiers de la police judiciaire de cinq malles contenant des coupures de faux billets de 100 dollars et du matériel servant à fabriquer la fausse devise est loin d'être éclaircie. L'enquête, demandée par le chef de l'Etat, n'a pas encore donné ses résultats comme l'avait promis le procureur de la République Tchimou Raymond. En attendant, les supputations vont bon train et des interrogations se multiplient.
En se rendant sur les lieux de la découverte, le Chef de l'Etat avait à ses côtés, outre ses collaborateurs et compagnons traditionnels, le commandant Supérieur de la gendarmerie, le général Kassaraté, le procureur de la République Tchimou Raymond. La première question est de savoir qui a fait appel au procureur et pourquoi ? Le procureur qui doit instruire le dossier était-il obligé d'être présent aux côtés du chef de l'Etat pour recevoir des ordres en direct de la télévision ? Le chef de l'Etat s'est fait expliquer les faits par le substitut du procureur de la République, Oulaï Fernand (frère cadet du ministre Hubert Oulaye). A quel titre M. Oulaï l'a fait ? Au nom de quoi ? On ne reviendra pas sur la précipitation avec laquelle le Président Gbagbo s'est rendu à la brigade de gendarmerie de Cocody pour officiellement "féliciter les gendarmes". Des questions se bousculent dans la tête des observateurs. A qui appartient la maison inachevée dans laquelle les faux billets ont été trouvés ? A Yed Stéphane ? Ou alors n'est-t-il qu'un prête-nom de la "personnalité du régime en place" ? C'est à ce niveau que devrait être interpellé M. Ottro Zirignon qui doit bien connaître les habitudes de son voisin Yed Stéphane. En observateur, le PCA de la SIR a dit lui-même à un confrère : "En pleine guerre, il (Yed Stéphane) a fait débarquer un camion suspect. Je l'ai interpellé et il m'a présenté des excuses. Ensuite, je lui ai fait remarquer qu'il construit sa villa à un rythme trop rapide. Il m'a répondu qu'il est en fonction dans une institution bancaire en Afrique du Sud". Sa curiosité s'est-elle arrêtée là ? Ses soupçons se sont-ils arrêtés là ? Si oui, pourquoi ? Si non, que sait-il de plus ? M. Zirignon est le PDCA d'une entreprise stratégique, son épouse est le directeur de cabinet adjoint du Chef de l'Etat. Le couple est donc au sommet de l'Etat. Pourquoi alors, M Zirignon ferme les yeux sur les mouvements et allures suspects de son voisin, pendant que le régime au sommet duquel ils se trouvent est en pleine guerre ? Autre chose, jusque-là, on n'a aucun bilan du cambriolage chez les Zirignon. Que'est-ce que les bandit ont emporté ? Au fait, M. Ottro Zirignon n'est-il pas un témoin que le procureur Tchimou doit entendre dans le cadre de son enquête ultra rapide ?
Autre fait curieux, la télévision ivoirienne, associée à la visite du chef de l'Etat sur les lieux de la découverte de l'Etat, avait le privilège de découvrir en même temps que le Président les faux billets et tout le matériel servant à leur production, et devrait avoir au moins filmé la fameuse machine qui sert à fabriquer ces faux billets. On s'attendait à ce qu'elle la montre aux Ivoiriens, de sorte que ceux qui ont encore l'?il technique puisse en dire un mot. Mais rien. Tout comme la télé dans son journal du lundi n'est plus revenue sur cette affaire rocambolesque. Alors même que le procureur Tchimou avait dit le vendredi sur les antennes de cette même télévision que l'enquête serait bouclée lundi 8 octobre. On attendait donc que la télévision donne l'information attendue, ou à défaut interroge le procureur sur sa suite. Mais là encore, rien. Pourquoi ce black out ?
Sur cette affaire, le chef de l'Etat a déjà parlé. Il a dit sa position. "Ce qui vient de se passer est un crime économique, une autre guerre contre la Côte d'Ivoire. Il faut aller à fond dans l'enquête et sanctionner les auteurs et complices J'ai dit à tous les membres de mon entourage que je ne veux voir personne mêlé à un trafic ou à une quelconque activité malhonnête. Si un de mes proches est impliqué, mettez-le immédiatement aux arrêts", même si personne n'a encore accusé son entourage. Que dit le Premier Ministre, chef du gouvernement ? La Côte d'Ivoire, déjà accusée de blanchiment d'argent dans l'affaire de 100 milliards, risque de perdre ainsi le dernier pan du crédit qui lui reste. Quel investisseur en effet viendra mettre son argent dans un pays où l'argent est blanchi ou falsifié au su et au vu des gouvernants qui ne disent mot ? La presse a fait état de 2 milliards, mais des indiscrétions parlent de plus de 10 milliards en faux billets. Si tel est le cas, l'affaire ne saurait être une affaire de menu fretin de la pègre. Mais celle de gros bonnets qui restent à débusquer. C'est pourquoi, on se demande qui veut brouiller les pistes. On a appris hier aussi que le fils du PCA de la SIR ou un membre de sa famille aurait été enlevé avant ou après que l'affaire soit ébruitée ? Par qui ? On n'en sait rien. Mais si cela devrait être vrai, à quoi rimerait l'opération ? De la diversion ? De la vengeance ? Allez savoir. Par ailleurs beaucoup se posent des questions sur l'attitude de l'épouse du PCA de la SIR, Mme Sarata Ottro Zirignon, Directeur de cabinet adjointe de la présidence de la République. Au moment où leur domicile est attaqué et où une histoire de faux billets rode à leur proximité, elle devrait, selon des sources crédibles accompagner des athlètes handicapés ivoiriens en Asie. En Chine, plus précisément à Shanghaï. Dans tous les cas, on attend le résultat de l'enquête du procureur Tchimou. En moins de deux semaines, c'est la troisième affaire bizarre. Le Trésor a brûlé à quelques mètres du palais sans émouvoir le président. Le palais de justice a pris feu, sans que cela ne dise rien au président. Les faux billets l'ont réveillé. Avant tout cela, la disparition de 100 milliards des paysans ne fait ni chaud ni froid à Gbagbo.
Eddy PEHE

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