mercredi 10 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

Cela veut dire aussi que dans le choix des hommes, la direction du PDCI-RDA s'est peut-être trompée
Vous avez, vous, des choix d'hommes qui soient des choix parfaits ? Tous les hommes ont leurs travers, tous les hommes ont leurs qualités. Je ne crois pas que tous les choix soient donc mauvais parce qu'il y a même qu'au niveau de l'Etat, à tous les niveaux, on critique les responsables. Quel est le responsable qui n'est pas critique aujourd'hui en Côte d'Ivoire. Tous les responsables sont critiqués. Tous les responsables ont des points positifs. Alors, je crois que dire que parce qu'entre les cadres, l'harmonie ne semble pas exister que le choix était mauvais. De toutes les façons, nous sommes obligés de compter avec les cadres qui sont à Divo. On ne va pas en fabriquer, on ne va pas faire un transfert de cadres. Et même ceux qu'on va transférer, je vous garantis que même dans leurs délégations aussi, ils ont aussi des problèmes de personne qu'ils essaient de gérer au mieux. Le problème n'est pas de trouver un homme parfait, ou le dirigeant parfait, dans telle ou telle circonscription. C'est de trouver la possibilité de collaboration, malgré les problèmes qui peuvent exister. Il faut que quand on est dans un même parti, on trouve des points communs qui permettent de travailler ensemble, chacun faisant un effort sur lui-même pour ne pas que le moi domine ce champ commun où tout le monde doit travailler. La politique est un travail d'équipe. Il faut que l'équipe soit en harmonie si elle veut gagner. C'est ce discours d'union et de cohésion que vous allez donc tenir le 21 octobre prochain ?
Vous êtes peut-être à la conclusion. C'est d'abord de savoir ce qui se passe. L'objet de la rencontre de Lakota, c'est qu'est-ce qui se passe ? Avant de donner des conseils ou de tenir un discours d'union, il faut savoir ce qui se passe. Donc, les cadres du parti à Divo, c'est eux qui, les premiers, vont nous dire à Lakota ce qui se passe. Et quand on saura quels sont les problèmes qui se posent, on trouvera des solutions à proposer. Mais, je ne peux pas concevoir de solutions avant de savoir comment le problème se pose. Donc, attendons. Finalement, vous êtes heureux d'être parti à Divo et d'avoir touché du doigt un tel problème ? Cela veut-il dire que le Secrétaire général va continuer sur sa lancée, ses tournées à l'intérieur du pays ?
Mais absolument. Je pense que les difficultés ne sont pas faites pour décourager. Quand vous rencontrez des difficultés, si vous voulez encore être responsable, c'est de faire face à la difficulté et de leur trouver une solution. Nous allons continuer nos tournées, à la rencontre de nos militants pour faire passer le message du parti dans cette période de gestion de crise et de préparation des élections. Aucune difficulté ne nous arrêtera. Au contraire, nous allons sur le terrain pour savoir quelles sont les difficultés pour échanger avec les militants, pour leur dire les options du parti pour qu'eux aussi nous disent ce qu'ils vivent sur le terrain. Ça peut être heureux, comme ça peut être aussi difficile. Cet échange-là est tout à fait indispensable et nous, nous pensons que ça ne nous attriste pas, ça ne nous gêne pas outre mesure. C'est des situations prévisibles quand on fait des tournées. Il faut garder la sérénité et avoir la tête froide pour pouvoir trouver toutes les solutions palliatives qui s'imposent. De toutes les façons, pour le moment, je ne crois pas que le PDCI soit mort à Divo, pas du tout. Je ne crois pas que si la réunion ne s'est pas tenue, ça soit le fait qu'un parti se soit mis au travers du PDCI. Pour le moment, le problème est identifié, c'est le manque d'entente entre les encadreurs. Maintenant, qu'est-ce qui les amène à ne pas s'entendre à ce point là ? C'est ce que nous allons rechercher.
On vous avait annoncé comme banni de Saïoua. Mais, il y a quelques semaines, vous y étiez et la mobilisation a dépassé toutes les attentes. Est-ce que Djédjé Mady est vraiment de retour à Saïoua ?
Je ne peux être de retour, je n'étais pas parti. Pour être de retour, il faut être parti. Je ne vais pas faire du triomphalisme. Mais, je ne crois pas être parti de Saïoua. Donc, je ne peux pas être de retour. Mais comme en Côte d'Ivoire, il n'y a pas d'observateurs objectifs, c'est pour cela qu'on peut traduire ce qui s'est passé comme un désaveu à Saïoua, comme dans beaucoup de régions de Côte d'Ivoire où il y a des empêchements de vote. Il n'y a pas de défaite de certains candidats. Il y a la violence de certains partis qui empêchant les Ivoiriens de voter, volent les victoires et croient qu'ils ont été élus. A Saïoua, si on votait librement, démocratiquement, comme dans un système multipartiste, comme certains disent l'avoir conseillé, je ne crois pas que ce que vous appelez défaite, ce que vous appelez bannissement, puisse se produire. Vous de la presse, faites en sorte avec tous ceux qui peuvent y contribuer que la liberté de vote soit quelque chose de réel en zones de forêt. Et que chaque Ivoirien, où qu'il se trouve, exprime librement son choix. Dans ces conditions-là, celui qui aura gagné peut dire qu'il a gagné. Mais tant qu'on continuera d'empêcher des Ivoiriens de voter alors qu'ils sont inscrits sur les listings électoraux, qu'ils ont tous leurs documents pour voter comme n'importe quel Ivoirien, si dans ces conditions-là, des gens se déclarent élus, ce n'est que de la tricherie, du vol électoral, tout sauf de la démocratie. Donc, je ne me sentais pas parti, je ne peux pas dire que je suis revenu. Je vais à Saïoua quand je veux, comme je veux. C'est chez moi. Je ne vois vraiment pas pourquoi on parlerait de retour. Que ça soit au plan politique, que ça soit sur le plan allégorique ou sur le plan réel, je ne suis pas interdit de Saïoua et j'y serais tant que je voudrais y aller conformément à ce que je souhaite faire. Mais le PDCI existe bel et bien à Saïoua. Le PDCI peut gagner les élections à Saïoua, pourvu qu'elles soient démocratiques. Permettre à tout le monde de voter, c'est un thème qui revient dans votre discours. "Il faut qu'on laisse tout le monde voter" est-ce que vous allez en faire un combat, prendre des dispositions spéciales pendant les prochaines élections ?
Vous savez, comme vous lisez tous les documents en diagonal, même dans les différents accords de paix qui ont été signés, la liberté de vote est mentionnée. Vous savez que ce n'est un secret pour personne, en zone de forêt surtout les Ivoiriens baoulé ne votent pas librement. Donc, c'est une lutte démocratique qui est menée pour que tous les Ivoiriens où qu'ils se trouvent votent. Enfin, il n'y a pas de raison qu'à Abidjan, on n'ait pas d'élus, on n'ait pas de député Ebrié, on n'ait pas de maire Ebrié. Si lui-même il est élu, il est élu pour tous les Ivoiriens qui sont inscrits sur le listing d'Attécoubé, de Marcory, d'Adjamé, d'un peu partout. Les Ebrié d'Abidjan ne peuvent interdire les autres Ivoiriens de prendre part au vote. C'est la même chose en pays de forêt, que ce soit chez les Bété, que ce soit chez les Dida, chez les Wobé ou chez les Guéré. Vous savez le phénomène qui s'y passe. Depuis le retour au multipartisme, les autochtones empêchent les autres Ivoiriens de voter. Ce n'est un secret pour personne. Donc, c'est inscrit en bonne place dans les différents accords de paix. C'est pourquoi on parle de vote libre, transparent et ouvert à tous. Quand on parle de libre et transparent, c'est cet aspect-là. La transparence des élections, c'est que tous les Ivoiriens qui ont le droit de voter et qui sont inscrits votent. C'est un chapitre qui n'appartient pas qu'à Djédjé Mady. C'est un chapitre qui est inclu dans tous les accords de paix, qu'on aille à des élections démocratiques, transparentes et ouvertes à tous.
La dernière question est que vous puissiez dire un mot sur l'actualité socio-politique avec le processus de paix, notamment sur les audiences foraines. Qui doivent redémarrer, mais qui sont en bute toujours sur des conciliations, des difficultés notamment au niveau du redéploiement des préfets.
C'est un passage obligé. Si on veut avoir des élections transparentes et libres, il faut que les Ivoiriens soient identifiés, que les Ivoiriens soient inscrits sur les listings électoraux, faute de quoi, il n'y aura pas d'élections transparentes, il n'y aura pas d'élections libres. Donc nous pensons que ce processus qui connaît des difficultés doit être encouragé. Le 1er ministre, dans son effort d'amener toute l'administration et les conseils municipaux à leur poste pour que les audiences foraines se passent dans les conditions les meilleures, doit être encouragé sur cette voie, de même que la sécurisation de ces audiences foraines et de tout le processus. Ce ne sera pas facile. Mais effectivement, c'est l'effort à faire si nous voulons aller à des élections libres, transparentes et ouvertes à tous. C'est un effort à faire, tout n'est pas gagné d'avance. Il faut faire des efforts.
Interview réalisée par
Akwaba Saint-Clair
et François Konan

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