mercredi 10 octobre 2007 par Le Temps

Face aux palabres interminables, des acteurs de la filière café-cacao et des experts du négoce international s'accordent à dire que l'on va indubitablement vers une reprise en main par l'Etat de la gestion de cette filière.

L'argent n'aime pas le bruit. Amouzou, Tapé Doh, Sansan Kouao, entendez -vous et faites le bilan de la gestion de la filière café -cacao !" Cette phrase qui ressemble bien à un cri de c?ur, a été lancée par le Président Laurent Gbagbo, à l'Hôtel Ivoire. C'était en mars 2004. A la cérémonie d'ouverture des Journées Portes Ouvertes de la filière café-cacao. Mais hélas! Cette cession d'une partie du pouvoir régalien de l'Etat, dans la gestion d'une filière aussi stratégique qui rapporte à l'Etat 20% de ces recettes d'exportation, a donné libre cours, à beaucoup d'initiatives : La course à l'enrichissement, l'extravagance dans le mode de vie des gestionnaires et les rachats de certains actifs improductifs: Le rachat de Coco Services, la reprise de l'activité cacao du Groupe Sifca, qui a donné naissance à SIFCACOOP et la FOREXCI, par le FDPCC d'une part pendant que la DAFCI a été repris d'autre part, par un consortium composé entre autres, de la Banque nationale d'Investissement, (BNI) et le Fonds de Garantie des Coopératives Café-Cacao, (FGCCC). Le Fonds de Contrôle et de Régulation Café-Cacao, (FRC) a pour sa part acheté aux Etats-Unis d'Amérique (USA), une usine de chocolat à Fulton. A l'époque la course aux investissements était telle que le Président Gbagbo a dû monter au créneau pour leur demander de tout arrêter. Un comité de pilotage a été mis sur pied et dirigé par un des conseillers du Président Laurent Gbagbo. S'agissant justement de l'usine de Fulton, il est bon de préciser que cette dernière acquisition et les chiffres avancés font tellement grand bruit, que l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, dans sa dernière session, a demandé aux responsables du FRC de venir s'expliquer devant les parlementaires. En attendant de rende compte, des responsables en charge des organes de gestion de la filière, mettent sur le compte de la crise actuelle, les raisons de l'improductivité des investissements. Pendant ce temps, les crises à rebondissement et les palabres par procuration, animés par des responsables de coopératives (?) et des syndicalistes continuent d'agacer non seulement le Président Laurent Gbagbo mais aussi des experts en négoce international. "Tous ces agissements indique l'un d'entre eux, font honte aujourd'hui de dire qu'on travaille dans la filière ivoirienne du café et cacao?. A tel point qu'on peut affirmer sans se tromper que le Président Gbagbo a eu tort de confier la gestion de cette filière aux producteurs. Il y a trop de palabres et on ne fait aucune projection et il n'y a aucun de plan d'actions concrètes en vue. Certains acteurs, poursuit notre interlocuteur, ont montré leur incapacité et leur incompétence à gérer la filière. En un mot, nous allons indubitablement vers la reprise des affaires en main par l'Etat?. Il va même plus loin, pour dire que si on pousse le chef de l'Etat à bout, il risque de couper des têtes et les remplacer par des personnes nouvelles". Face à la persistance de l'information et de l'imminence des décisions, des tractations seraient en cours pour maintenir certains barons à leurs postes. Dans une filière aussi malade dans une Côte d'Ivoire en crise ? Sur ce point, une cadre en poste dans une multinationale exportatrice, est sans ambages, quand elle dit : Il faut que l'argent du cacao parte dans la poche des paysans. Car, il n'y a que des pontes et les exportateurs qui en jouissent ".Toutefois, si la majorité des observateurs et des acteurs interrogés estiment que l'Etat est en droit de reprendre "sa chose", bon nombre d'entre eux, pensent que le "nettoyage" n'interviendra pas avant les élections générales en Côte d'Ivoire.

Bamba Mafoumbgé
bamaf2000@yahoo.fr

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