mercredi 10 octobre 2007 par 24 Heures

Les secteurs de l'Energie, des Finances et du café-cacao notamment ont été passés en revue par la dernière mission effectuée par la Banque mondiale à Abidjan, du 17 au 28 septembre 2007. Le renforcement de la gouvernance et de la transparence est au c?ur des réformes structurelles proposées par les Experts de cette institution de Bretton Woods. D'où les principales conclusions de ladite mission contenues dans un aide-mémoire qui serviront de base de dialogue futur dans le cadre de la stratégie de réengagement post-crise de la Banque mondiale.

Le renforcement de la gouvernance et de la transparence est au c?ur des réformes structurelles préconisées par la dernière mission effectuée par la Banque mondiale, à Abidjan, du 17 au 28 septembre 2007.
Les conclusions de cette mission qui ont porté notamment sur les secteurs de l'énergie, des finances et du café-cacao ont été transmises au Premier ministre Guillaume Soro.
Pour ce qui est du secteur de l'énergie, les points d'accord préliminaires relevés dans l'aide-mémoire de la Banque mondiale font ressortir que les audits financiers, techniques et opérationnels ont été achevés pour les sous-secteurs de l'énergie, du pétrole et du gaz, du raffinage, du stockage et de la distribution de l'électricité.
De même qu'il a été recommandé de poursuivre le processus d'adhésion à l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).
La mission a noté que le secteur de l'énergie semble avoir relativement bien traversé la crise, mais il nécessitera une remise à niveau sur le plan technique compatible avec son potentiel non encore réalisé .
Si elle relève qu'il a bien traversé la crise, la mission de la Banque mondiale souligne toutefois que le secteur de l'énergie a souffert d'un manque d'investissement, d'entretien notamment.
Il faudra, par conséquent, selon la mission, remettre le secteur à niveau, au double plan technique et commercial.
Concernant les hydrocarbures, il est noté que la production de gaz naturel légèrement en baisse a eu de sérieuses conséquences sur la capacité de production d'électricité.
Pour ce qui est de la raffinerie, l'audit réalisé relève les performances de la Société ivoirienne de raffinage (SIR) qui est même placée parmi les meilleures raffineries de l'Afrique sub-saharienne.
Il a donc été demandé de compléter les audits réalisés avant la fin de l'année et d'envisager d'autres à moyen terme.
Concernant la filière café-cacao, le renforcement de la gouvernance et de la transparence est également de mise, surtout que la mission a constaté un certain nombre d'anomalies, notamment pour ce qui concerne la destination des prélèvements.
Sur la base des exportations et des prélèvements parafiscaux, la mission a pu estimer, qu'environ 300 à 400 milliards de francs CFA ont été collectés depuis l'institution des prélèvements parafiscaux en 2001 , peut-on lire dans le rapport.
Toujours au sujet de la situation de la filière, il ressort des investigations de la mission que les prélèvements effectués de 2001 à 2006 pour financer le budget des structures de la filière (ARCC, BCC, FDPCC et FRC) sont estimés à environ 100 milliards de francs CFA.
Soit 4 fois plus que les coûts de fonctionnement de l'ex-Caistab.
Même si elle se félicite que le gouvernement ait mis à sa disposition les budgets détaillés pour 2006-2007 alloués à ces structures, la mission recommande que la justification des prélèvements soit examinée.
A l'analyse de ces chiffres, la mission note que les prélèvements et les budgets pour 2008 peuvent être substantiellement réduits .
Aussi, la mission se félicite-t-elle du fait que le gouvernement se soit engagé à réduire la parafiscalité de 2,65 francs par kilogramme sur le cacao.
Cette somme devant être transférée, selon le gouvernement, au Fonds d'investissement en milieu rural (FIMR).
La mission regrette quelques zones d'ombre telles que le recensement des producteurs qui n'est pas terminé, le point sur la sacherie ou sur les anticipations du Droit unique de sortie (DUS) accordées à des exportateurs.
Le secteur financier, quant à lui, se caractérise, en dépit de quelques petites avancées, par une performance mitigée.
Des banques, avec une bonne situation financière, et d'autres qui ne respectent pas les normes prudentielles, la Banque nationale d'investissement (BNI) qui dépend pour la liquidité de remboursement de l'Etat ou de la faiblesse des structures de micro-finances en sont l'illustration.
La mission déplore par conséquent que les actions proposées par la précédente mission n'aient pas été mises en ?uvre.
Au compte des points d'accord préliminaires, on note que 5 banques commerciales ont soumis à la tutelle des plans de recapitalisation.
Dénommée Mission d'apurement des arriérés, d'Assistance pour le renforcement de la gouvernance et la relance économique (AGRE) et de Revue de la gestion et du Système des finances publiques (RG-SFP) .
La mission de la Banque mondiale a également abordé la revue de la gestion et du système des Finances publiques.
Arouna TOURE ________________________________________________________ Encadré.
FDPCC, BCC, ARCC, FRC.
400 milliards engloutis depuis 2001.
Le rapport de la mission de la Banque mondiale intitulé aide-mémoire est plus que accablant pour ce qui concerne le secteur café-cacao.
La mission a noté la disparition de centaines de milliards de F CFA prélevés sur la vente du café et du cacao au compte des différentes structures de gestion.
L'évaluation de la mission de la Banque mondiale a porté d'abord sur les prélèvements alloués aux divers Fonds d'investissement de la filière.
A savoir le FDPCC-Investissement + FIMR, et au FRC-Prudence.
La mission note qu' à la date du 31 mars 2007, selon les informations qui lui ont été transmises, les divers prélèvements devant servir à l'investissement sont de 102 milliards, dont 54 ont déjà été à des projets d'investissements dont le choix, la rentabilité et l'utilisation restent à préciser .
En d'autres termes, si ces Fonds ont effectivement été investis, il s'agit d'investissements hasardeux.
Sur la base de ses propres investigations, la mission de la Banque mondiale estime que depuis la mise sur pied des structures de gestion de la filière, de 2001 à ce jour, les ponctions faites sur la vente du cacao-café à leur profit sont environ de 400 milliards de F CFA.
Elle note que sur l'utilisation de ces Fonds, il y a une opacité totale.
Pour les seuls budgets de l'ARCC, BCC, FDPCC et du FRC, les émissaires de la Banque mondiale notent que pendant la période 2001-mai2006, ces prélèvements sont estimés à environ 100 milliards de F CFA.
Cela correspond à peu près à quatre fois les coûts de fonctionnement de l'ancienne Caistab .
Pendant que ces sommes astronomiques circulent sous les manteaux des responsables de ces structures de gestion, le paysan-producteur ivoirien perçoit, lui, la portion congrue des prix internationaux par rapport à ses collègues des principaux pays producteurs.
La commission note que pour la campagne 2004-2005, le paysan ivoirien n'a eu droit seulement qu'à 35% des prix pratiqués sur les marchés internationaux.
Sa quote-part s'est améliorée à 42% l'année suivante, mais largement en deçà des 72% de son homologue ghanéen.
Il ne faut pas chercher loin pour savoir pourquoi les producteurs d'Abengourou et d'Agnibilékro préfèrent vendre leur cacao au Ghana.
Théodore SINZE

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