mercredi 10 octobre 2007 par Le Rebond

Monsieur le Président, que la paix de Allah soit sur toi et sur tous les ivoiriens qui ont hâte que tu leur redonnes leur pays tel que tu l'as trouvé. Du moins tel qu'ils te l'ont confié. Nous sommes dans le mois Saint du Ramadan, le moment est bien indiqué pour que tu formules une telle prière à Allah. Dans environ deux mois, tu vas aussi organiser les élections présidentielles. Puisque tu tiens à ce qu'elles se déroulent avant 2008. C'est-à-dire au plus tard vers la fin du mois de décembre. Tout récemment à l'une de tes sorties, tu as fustigé le calendrier de la Cei et jugé la proposition de date faite par le président Mambé, irrecevable. Et pourtant, d'aucuns estiment que le mois de décembre que tu préconises est loin d'être raisonnable. Que penses-tu donc de la déclaration du Président Blaise Compaoré selon laquelle octobre 2008 relèverait du bon sens ? Le président de la Cei est donc en phase avec le facilitateur du dialogue direct. Dans tous les cas, tu dois pouvoir comprendre qu'il ne sert à rien de courir mais plutôt qu'il faut arriver à point nommé. Cela suppose que les audiences foraines se déroulent normalement, que les listings électoraux soient rétablis selon les règles de l'art et que tout le processus soit exécuté à la satisfaction de chacun des acteurs politiques. Or à l'état actuel des choses, la porte d'entrée dans ce processus électoral a du mal à s'ouvrir. Les audiences foraines piétinent depuis leur lancement, le mardi 25 septembre dernier. Ton ministre de l'intérieur et chargé de la sécurité avance lui-même des problèmes sécuritaires. Est-ce un aveu d'impuissance ou une intention de boycott desdites opérations ? Et comme pour lui emboîter le pas, les préfets, en plus des raisons de sécurité, arguent l'inadéquation des infrastructures d'accueil. Mais toi, tu sembles ne pas du tout comprendre la préoccupation de tes représentants statutaires. Tu leur as purement ordonné de regagner leur site d'affectation. Il allait donc de soi pour que ton premier ministre ?'made in Ouaga'' du 4 mars 2007 te suive dans ton choix. Et non sans développer ce que tu as dû lui confier comme argument. Tu lui a fait dire que tu n'as pas attendu que les armes soient déposées pour que tu te rendes à Bouaké, comme tu n'attendras pas non plus que le désarmement soit total avant de réaliser ton projet de voyage sur Korhogo. Tout ceci pour dire que les préfets et les sous préfets doivent regagner leurs lieux d'affectation sans condition, quoique cela leur coûterait. Mon cher président, avec un peu plus d'humanisme tu comprendras que les inquiétudes des préfets et des sous préfets sont plus que légitimes. Il est vrai que tu t'es rendu à Bouaké pendant que les combattants de la région avaient encore en leur possession leurs armes. Tout comme tu prévois te rendre à Korhogo dans les mêmes conditions. Mais comme on le dit, comparaison n'est pas raison. Entre un administrateur civil et un chef d'Etat, il n'y a pas de comparaison à faire au risque de comparer l'incomparable. Par ailleurs Monsieur le Président, la durée de ta présence à Bouaké n'a pas excédé 3 heures d'horloge. En outre, depuis l'éclatement de la crise il y a déjà 5 ans, tu n'as pas encore passé une seule nuit dans une seule ville du Nord, de l'Est ou de l'Ouest. Or tes représentants, dont il est question, doivent se rendre dans le Cno pour y séjourner et travailler au compte de l'Etat. Puisque ce sont tes représentants statutaires, ce serait à ton honneur si tu leur témoignais ta solidarité en leur concédant une infime partie de ton budget de souveraineté à l'effet de leur permettre de s'installer décemment avec un minimum de confort. Surtout qu'ils vont baigner dans une hantise et une psychose généralisées tant que les élections ne se seraient pas déroulées avec à la clé des résultats clairs et acceptés par tous. Président, tu te montres trop autoritaire et tu aimes vite menacer alors que tu n'es pas toujours dans le vrai. A ce jour, ton budget de souveraineté serait passé en moins de 7 ans du simple au double. Quant à ton salaire, il se raconte que depuis quelques années, il est logé dans l'ascenseur. Et pourtant, pour le moindre grincement de dents des travailleurs, tu menaces soit de suspendre leur salaire, soit de les remplacer ou tout simplement de les révoquer. Même les pauvres pays ne bénéficient plus de leurs revenus conformément à leurs efforts. Les étudiants et les élèves se demandent si la notion de bourse scolaire existe encore dans le pays comme par le passé. Président attention !

Paul Arnaud Digbeu

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