jeudi 11 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

Peu à peu, les langues se délient. Dans le camp insoupçonné de la refondation. Le ver dans le fruit menace au point où des voix se lèvent pour crier le ras-le-bol. Un confrère, fruit de la refondation et porte-voix de la galaxie patriotique, "Le Matin d`Abidjan" a mis le pied dans le plat, hier. Au moment où les autres organes cherchent à savoir qui peut bien se cacher derrière le scandale des faux billets, notre confrère crève l`abcès en mettant à nu ce qu`il appelle la mafia qui creuse sous les pieds de Gbagbo. C`est sans doute une mafia, c`est sans doute une nébuleuse maléfique, mais ce n`est pas très loin du Palais. Le régime l`a pouponnée et l`a entourée de tous les soins et de l`impunité. Il faut vite la dénoncer pour ne pas que tout le système soit éclaboussé. Voici l`intégralité des révélations de notre confrère. A chacun d`en tirer sa conclusion. En fin de semaine dernière, une tentative infructueuse d`attaque du domicile d`un baron du régime, en la personne de M. Laurent Ottro-Zirignon, ci-devant, Président du conseil d`administration (Pca) de la société ivoirienne de raffinage (Sir), a débouché sur une grosse prise réalisée par les éléments du Cecos, lancés aux trousses des malfrats. Il s`agit de la découverte de plusieurs malles remplies de liasses de faux dollars et autres devises étrangères, de minerai d`or et de matériel de fabrication de fausse monnaie. Le maître des lieux, qui a été aussitôt mis aux arrêts, après une tentative infructueuse de corruption des éléments des forces de défense et de sécurité venus l`appréhender, répond au nom de Yed Stéphane. Un jeune homme de 27 ans qui roule carrosse et qui est bien connu pour claquer l`argent dans les endroits les plus sélects de la cité abidjanaise. Son rythme de vie ostentatoire n`a d`ailleurs pas manqué de choquer son respectable voisin, Laurent Ottro, qui lui, est loin d`être un indigent. Ce dernier dit avoir, plus d`une fois, interpellé Stéphane sur le caractère insolent de son train de vie. C`est dire si le jeune homme en mettait plein la vue aux uns et aux autres ! Cuisiné par les éléments de la gendarmerie, Yed, révèlent des sources proches du dossier, n`aurait pas hésité à se mettre à table en "balançant" son principal complice dans cette sombre affaire de trafic et de blanchiment d`argent. II s`agit de Me Patrice Baï, le chef de la garde rapprochée privée du chef de l`Etat. Ce dernier, confie-t-on, passe pour le grand manitou, qui apportait la protection idéale dont avait besoin Yed Stéphane pour mener à bien ses activités. D`ailleurs, révèlent nos sources, jeudi dernier, quand il a compris qu`il était dans de beaux draps, le jeune faussaire n`a pas hésité à vouloir dépêcher auprès de l`agent qui conduisait les opérations, Me Baï en personne, muni de la rondelette somme de 5 millions francs CFA. Refus catégorique de l`agent qui s`est montré incorruptible. Généreux à souhait, on indique que le jeune flambeur avait réussi à ajouter à sa liste de protecteurs, un jeune parlementaire, issu d`une des dix communes d`Abidjan, et ayant des entrées solides auprès du couple présidentiel. Il aurait cité ce dernier à l`instar de Baï. Informé de l`implication d`un proche collaborateur du chef de l`Etat dans ce trafic, le PCA de la SIR a, en personne, saisi le président Laurent Gbagbo pour l`éclairer sur le sujet. D`où la visite que le premier citoyen ivoirien a aussitôt effectuée à la brigade de gendarmerie de Cocody pour féliciter les agents qui ont réalisé le beau coup de filet. Mais aussi et surtout, pour demander aux enquêteurs de faire leur travail jusqu`au bout, en mettant, au besoin, aux arrêts, quiconque dans son entourage serait impliqué dans cette affaire. Des paroles qui attestent de la détermination du n°1 ivoirien à nettoyer les écuries d`Augias en sanctionnant tous ceux qui, parmi ses proches, se seront rendus coupables de forfaitures. Cela d`autant plus que ce n`est pas la première fois que le nom de son " petit " Patrice est cité dans les mauvais coups- Dans les couloirs de la présidence, l`on lui prête d`avoir à maintes reprises rançonné des directeurs généraux sur la sellette, leur proposant en retour, de garantir le maintien à leur poste. Et cela sans suite. Entre autres cas, on cite ceux de deux ex-DG de la SONATT et de la SODEFOR. Pour tous ces faits peu recommandables, on indique que le ministre Bertin Kadet n`apprécierait pas particulièrement Baï. "C`est peu dire que d`affirmer que les deux entretiennent des relations exécrables", révèle un habitué du palais ayant requis l`anonymat. Ce n`est donc pas un hasard si le ministre Kadet se trouvait aux côtés du chef de l`Etat lors de la visite à la brigade de Cocody- On imagine qu`il n`y était pas pour jouer à l`avocat de Patrice. L`affaire de la fausse monnaie de par sa gravité n`est que la face visible de l`iceberg car les cas d`impairs sont légion au palais. Pour preuve, un autre collaborateur du chef de l`Etat se trouve également dans le viseur du "grand patron". Il s`agit de M. Hubert Digridi, chargé de mission à la présidence de la République. Parallèlement à ses charges, l`homme, assure-t-on, se serait trouvé une âme de marchand de minerai d`or et de diamant. Sa cible préférée, les clients européens auxquels il fait croire qu`il disposerait de la précieuse marchandise, moyennant naturellement une forte somme. Une fois, l`argent encaissé, point d`or ni de diamant. Et quand les victimes lui mettent la pression à l`effet de se faire rembourser, il a vite fait d`actionner un groupe de magistrats à sa solde pour menacer d`arrestation les infortunés clients. Généralement effrayés par cet épouvantail juridique, ces derniers quittent la Côte d`Ivoire sans demander leurs restes. Mais en gardant un très mauvais souvenir de notre pays et de ses dirigeants. Comme ce fut le cas de deux hommes d`affaires Belges qui, confie-t-on, sont récemment passés à la trappe du chargé de mission. Si ce dernier arpente encore les allées du palais, ce n`est plus le cas de Jean-Marie Blesso, qui, il y a peu, officiait au service "parc-auto" de la présidence, où il a été accusé de malversations. La sanction n`a pas tardé ; l`homme a été remercié. Purement et simplement. L`autre lot de collaborateurs à l`attitude gênante est constitué de ceux qu`on nomme les "coupeurs de route" et de ceux qui rançonnent les personnes qui veulent rencontrer le chef de l`Etat. Les premiers ont la réputation de ne jamais respecter totalement les instructions du "grand chef". C`est très souvent qu`ils opèrent des coupes impressionnantes dans les enveloppes à remettre à un tiers. Et cela quand ils acceptent, dit-on, de s`exécuter car c`est, révèle-t-on, très souvent que les instructions, pourtant fermes, du président de la République, se perdent entre le secrétariat et la comptabilité. Sans recours aucun pour le malheureux bénéficiaire, qui n`a plus que ses yeux pour pleurer. Elie Hallassou en sait quelque chose. Informé que le président Laurent Gbagbo a répondu favorablement à sa demande d`aide, suite à la rencontre qu`il a eue avec lui, Elie n`a jamais pu entrer en possession des moyens à lui offerts par le premier magistrat ivoirien. C`est cette frustration qui explique le récent coup de sang d`Hallassou, relayé abondamment par certains journaux de la place. C`est certainement instruit de cette pratique que, rapporte-t-on, Léon Gbizié, l`ancienne gloire du football ivoirien et ami du président de la République, a tenu, il y a quelque temps, à se faire remettre, séance tenante, et en présence du chef de l`Etat, la somme que ce dernier avait demandé à ses services de mettre à la disposition de l`ancien centre-avant du Sporting-club de Gagnoa des années 70-80. Et cela après que Gbizié a joué des coudes pour franchir les grilles du palais présidentiel et se mettre au travers du cortège de Laurent Gbagbo, le contraignant ainsi à marquer un arrêt dans la cour du palais de la présidence de la république. Quant aux seconds, ils se recrutent généralement dans les rangs des chargés de mission et autres diplomates véreux, en poste au palais, qui rackettent les opérateurs économiques et autres visiteurs particuliers qui souhaitent exprimer de vive voix leurs préoccupations au président Laurent Gbagbo. Les taux pratiqués sont énormes et se déclameraient en millions. Et ce n`est pas toujours que ces démarcheurs particuliers réussissent à tenir leurs engagements malgré les sommes perçues. En somme, ce sont autant d`actes répréhensibles, dignes de la mafia qui entachent au quotidien le costume blanc, de droiture, du chef de l`Etat. Qui se trouve aujourd`hui dans une situation qui le condamne à couper les têtes des brebis galeuses de son entourage. C`est aujourd`hui un impératif s`il ne veut pas donner du grain à moudre à ses détracteurs d`adversaires politiques, qui ont décidé manifestement, de construire leur campagne électorale sur les impairs et les dérives de ses proches. A bon entendeur...

In "Le Matin d'Abidjan", d'hier

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