jeudi 11 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

Le pouvoir use, a-t-on l'habitude de dire. Les affaires sales usent encore plus que le pouvoir. La boulimie déviationniste qui s'est emparée du régime FPI de Gbagbo Laurent a fini au fil du temps par exaspérer les ivoiriens et tous ceux qui croyaient encore en ce pays. Mieux, des voix de désapprobation de l'intérieur de l'empire de la refondation sont la face visible du grand malaise de ce régime. Malaise qui fait effondrer à petites doses l'empire fondé sur l'utopie et le mépris. Quelques jours après la prestation de serment, Gbagbo Laurent, tout nouveau chef de l'Etat ivoirien, disait à qui voulait l'entendre : "politiquement, je suis vierge" Il voulait dire qu'il ne traîne aucune casserole, aucune affaire sale. Soit. Mais sept ans après, on est loin de la virginité. A défaut d'être lui-même le cerveau de toutes les affaires sales de la refondation, force est de constater qu'elles ont lieu sous son règne. Elles ont lieu au c?ur d'un régime dont il est le premier responsable. Il est donc le premier comptable de tous les travers, de tous les scandales. On se rappelle bien, le 26 octobre 2000, prêtant serment devant la Cour Suprême, le Président Gbagbo s'engageait à faire respecter l'ordre et la loi, à veiller à l'intégrité du territoire, à soigner et à protéger l'image de la Côte d'Ivoire, à ?uvrer à la sauvegarde de l'intérêt supérieur du peuple ivoirien. Cela suppose que le Président est au contrôle de tout. C'est du reste la réalité du régime présidentiel fort, tel que celui de la Côte d'Ivoire. Dans son livre intitulé "un air de changement" Michel Gbagbo, le fils du Chef de l'Etat reconnaît que Gbagbo n'est peut-être pas responsable de la situation, mais il en est comptable : "L'histoire retiendra que Gbagbo était là quand la guerre a éclaté. Qu'a-t-il fait pour que nous puissions sortir de cette situation ? Voilà sa responsabilité". De fait, tous ceux qui avaient embouché la trompette de transparence, dès l'avènement du régime FPI, en sont aujourd'hui à déchanter. Dans les entrailles mêmes du FPI, la déception est à son comble. Car en fait de régime, c'est une poignée de faucons qui se sucre sur le dos du reste. Au grand dam des règles de la bonne gouvernance.
Jusqu'au 04 août dernier, c'était des grognes internes entre les militants et sympathisants déboussolés qui se faisaient entendre. Mieux, le régime parvenait encore à étouffer les plaintes et complaintes des uns et des autres. Mais, le numéro deux de ce même régime, Kouliblay Mamadou, vice-président du FPI et président de l'Assemblée Nationale, a depuis mis les pieds dans le plat, en sortant un pamphlet contre le régime Gbagbo: "Quand la Refondation fait place à la Rebfondation Le jardin qui agonise aujourd'hui n'est pas celui de l'ancien régime, mais bien au contraire celui de la RefondationLe racket, la tricherie aux examens et concours, les pots de vin, les trafics d'influence, l'enrichissement rapide injustifié, qui étaient en train d'être maîtrisés durant les premières années de la Refondation, se déchaînent et se réinstallent comme au temps du parti unique". Certes, l'homme est revenu quelques jours après pour expliquer sur le plateau de la télévision nationale qu'il n'entendait pas pour autant quitter le FPI, mais il se sera déjà libéré de la pesanteur du chaos que le régime auquel il appartient a créée. A peine les clameurs de cette affaire Koulibaly se taisent qu'un autre, jadis féru du régime Gbagbo, le dr Ahua Junior, patriote devant l'éternel, crie lui aussi son ras-le bol. "En somme, la Côte d'Ivoire ne peut pas continuer à vivre dans un système politique bloqué, un système qui n'est ni républicain, ni militaire et qui est incapable d'organiser des élections crédibles dans un avenir prévisible. Ainsi, tous les cas de figure conduisent à la démission de Gbagbo, soit de façon volontaire au profit de Soro, soit suite à l'examen constitutionnel de sa destitution pour haute trahison. C'est à ce prix que la Côte d'Ivoire pourra conserver son étiquette de pays démocratique En effet, les faits démontrent que le camp du pouvoir actuel a fait un triple virage, celui 1) de ne pas respecter les Droits de l'Homme (violation du chap.1er de la Constitution), 2) de conserver le pouvoir par l'instauration d'un régime de parti unique avant les prochaines élections (violation des art.13 et 14 de la Constitution), 3) de cacher à la population souveraine son manque de volonté de subjuguer la crise (violation de l'art.31 de la Constitution) et 4) d'afficher avec désinvolture et arrogance, son incompétence à créer des emplois pour tous En fait, la sociale démocratie du FPI est dans la pratique une oligarchie ploutocratique". On peut tout reprocher à ces hommes sauf qu'ils ne connaissent pas ce régime. S'ils en sont à critiquer vertement ce régime, c'est bien parce qu'ils sont convaincus que la pourriture du système a atteint un stade de non retour.
Le 1er octobre dernier, Youkpo Nicodème, enseignant de son état, mais un des piliers du FPI dans le milieu scolaire et universitaire, n'a pas pris de gant pour fustiger la dérive la plus honteuse du régime FPI de Gbagbo. Les élèves et étudiants, protégés par le pouvoir qui dictent tout par la violence à leurs enseignants et à ceux qui n'ont pas la même vision qu'eux. La FESCI, ce monstre créé, entretenu et encouragé par le régime FPI de Gbagbo est aujourd'hui un des facteurs qui tuent l'école. Le régime regarde faire. Mais Youkpo est, malgré lui, sorti de sa réserve pour exprimer aussi son exaspération : "il faut espérer vivement que les violences observées à Logobia ne soient que résiduelles, sinon il y a péril pour la Côte d'Ivoire. Vu que "le même engendre le même", les générations futures pourraient être tentées de jouer à leur tour le rôle de "justiciers" bravant toute autorité" En d'autres termes, l'homme est déçu par la façon dont le régime a fait mettre des gamins sans foi ni loi au-dessus de la loi Il ya deux semaines, le Libanais de Gbagbo, Elie Allassou écrivait une lettre ouverte, particulièrement verte à l'endroit de Gbagbo Laurent. Sans le mettre directement en cause, le Libanais patriote fustige les comportements inhumains de l'entourage du Chef de l'Etat. Peut-on parler de l'entourage sans faire allusion au chef ? Là encore, c'est le royaume Gbagbo qui est en cause. Après le semblant de désarmement des milices à Guiglo, en présence du Chef de l'Etat, ce fut la corrida à travers les villes de l'ouest, exacerbant la violence entre ces jeunes endoctrinés qui avaient offert leur poitrine pour sauver le régime. En récompense, ils disent n'avoir eu que mépris et dédain. Le vieux Banao, chef de guerre et patron de l'UPERGO à Duekoué qui a été tabassé par les FDS envoyées, ne retient à jamais que l'ingratitude du régime Gbagbo. Avec lui, des dizaines de milliers de patriotes condamnés à broyer du noir, après avoir tout fait au nom du régime FPI. Que dire des victimes des événements de novembre 2004 qui promettent d'aller en campagne contre le régime FPI, parce qu'ils sont humiliés chaque jour que Dieu fait ? Dans les villages, les paysans abusés, dans les villes, les jeunes déboussolés par l'affairisme au sommet de l'Etat, la corruption et le culte de la médiocrité, n'attendent que l'occasion pour dire au Royaume que cela suffit. De barons fondateurs du FPI, et non des moindre, ont pris leurs distances vis-à-vis du royaume Gbagbo. L'argument qu'ils brandissent est simple : "Ce n'est pas le FPI, encore moins la gestion du pouvoir dont nous avons rêvé". Voit-on aujourd'hui encore les hommes comme Barthélemy Kotchi, Harris Memel Fotè ? Où sont-ils ? A l'extérieur, ce n'est plus le parfait amour avec tous les camarades d'alors. François Hollande, le patron du Parti socialiste français, parrain de tous les jours du FPI, disait en décembre 2006 que "Gbagbo est devenu infréquentable". Cet avis n'a pas varié d'un iota. Au fil du temps, la succession des scandales sous le règne de Gbagbo le conforte. A l'International socialiste, les refondateurs sont regardés de travers. Mieux, ils sont au banc des socialistes à surveiller comme du lait sur le feu. Comme si cela ne suffisait pas, les soutiens africains au régime Gbagbo sont en train de revoir leurs positions. Thabo Mbeki et l'Afrique su Sud, José Eduardo Dos Santos et l'Angola, Paul Kagamé et le Rwanda, Muhamar Kadhafi et la Libye se sont rapprochés de la France. Tant et si bien qu'ils n'ont pas pris la peine d'écouter Gbagbo le 26 septembre dernier à l'ONU. Le Royaume Gbagbo s'effondre.
Eddy PEHE

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