Un pouvoir fort, c'est d'abord et avant tout un service de renseignement qui met à la disposition des dirigeants, des informations capitales qui lui permettent d'anticiper et d'éviter ainsi sa chute. Ce n'est pas par hasard qu'en France, la Place Beauvau se présente comme un tunnel qui mène à Matignon, C'est un pôle stratégique de contrôle de tout ce qui se déroule dans le pays. Point besoin de le redire, depuis le déclenchement de la crise et même bien avant, la Côte d'Ivoire a toujours péché par ses officines de renseignement. Les structures traditionnelles en la matière existent en effet à travers la police et la gendarmerie ; mais il faut aussi préciser que le président de la République a toujours accordé un point d'honneur à ce volet de son pouvoir. C'est pourquoi, Laurent Gbagbo a créé par décret un service de renseignement directement rattaché à la présidence de la République et autonome vis-à-vis des autres structures de renseignement. Cette structure existe toujours. Le récent démantèlement du réseau de blanchiment d'argent opéré inopinément par les éléments du Cecos la semaine dernière, est la preuve de l'inefficacité de nos services de renseignement. Si ce n'est le cas, leur complicité n'est pas à exclure. Car aux dernières nouvelles, c'est un réseau international qui existe depuis des années. Mais alors, où étaient nos services de renseignements ? Des informations faisant état de l'implication de certains proches de l'entourage du chef de l'Etat, comment comprendre que les services de renseignement ne puissent pas être informés des activités répréhensibles dans le sillage du président de la République? Le président Laurent Gbagbo qui a souvent exprimé en coulisses, son désarroi face à l'inefficacité des R.G, doit pour une fois prendre la mesure du danger qui le guette. On peut avoir toute l'artillerie nécessaire pour sa protection, une garde composée d'éléments aguerris, mais la chute peut venir simplement d'un manque d'informations. C'est montrer tout le caractère précieux des RG qui ont également un rôle primordial à jouer dans le cadre de l'assainissement des pouvoirs publics. Malheureusement, ici sous nos tropiques, les responsables de ces services sensibles préfèrent coopérer avec l'ennemi plutôt que de renseigner le chef de l'Etat sur les activités néfastes de ses proches collaborateurs.
SO, in Le Matin d'Abidjan?, d'hier