jeudi 11 octobre 2007 par Fraternité Matin

Il y a un an que décédait au pays des hommes intègres, Douk Saga, concepteur de la déferlante du Coupé-décalé. Depuis hier, tous les férus et adeptes de ce mouvement transcendant le genre musical qui le sous-tend ; car établi en véritable style de vie, lui rendent un hommage quasi-pieux. Dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de Doukouré Amidou Stéphane, organisation de soirées-hommages ça et là Le tout dans un ballet vestimentaire d'un blanc immaculé. Un peu à l'image des obsèques pharaoniques à lui dévolus à Abidjan, il y a un an. Tout discours flagorneur mis à part, il faut reconnaître que depuis Alpha Blondy et dans une certaine mesure Roger Fulgence Kassy, le microcosme du showbiz ivoirien manquait d'une vraie star avec ce que tout cela implique en termes de frasques, de caprices, de coups de gueule, d'excentricité, de vices Oui, Douk Saga était et demeure une star. Traduisez de l'anglais : une étoile. Mais, à bien des égards, le Maître du Boucan, Le pape du farot, était certes une étoile mais une étoile filante. Qui en l'espace de cinq années, a su sortir exnihilo de l'underground et se porter aux cimaises du showbiz africain voire international. Même d'autres stars ne purent résister à la fièvre du Coupé-décalé. Meiway, Kofi Olomidé, entre autres. Les stars du foot lui donnent une dimension encore plus populaire : Drogba, Eto'o et tous les Eléphants de Côte d'Ivoire en sont des ambassadeurs itinérants. En se proclamant Héros national, convaincu qu'il est venu en 2002, apporter la joie au c?ur de tous les Ivoiriens traumatisés par une guerre fratricide, l'artiste ne croyait pas si bien dire. En effet, avec sa bande de jet-setteurs, alliant frime et éloge de la débrouillardise aux fins de se faire plaisir à outrance, sauvagement, pour employer son propre refrain, Douk entraîna bon nombre de jeunes gens à opter pour cet optimisme d'un autre style. Même si d'aucuns y voient un appel à la perversion, à l'usage de moyens frauduleux pour avoir de l'argent qu'on gaspille immédiatement par la bombance au centre de laquelle trône l'art du travaillement. Un après sa mort, le mouvement ne s'est point essoufflé même si la guerre de succession a fait craindre le clash. Entre temps, la musique, au début approximative, s'est épurée au contact d'arrangeurs comme Freddy Assogba, David Tayorault Mieux des featurings de haut vol, sont désormais l'apanage des Molare, JJK, Lino Versace, Maty Dollar avec des artistes occidentaux en vogue comme Mokobé du groupe 113, Kaysha Le tout relayé par la vague des DJ comme DJ Jacob et autres artistes comme Teeyah. Tous les concerts des coupeurs-décaleurs donnent droit à des déferlements humains ineffables. Le récent concert dénommé Le Film de JJK en est la parfaite illustration. Il mourut plus jeune que Fulgence Kassy, Bob Marley, Elvis Presley, Ricky Martins, et sans blasphémer Jésus. Pour dire simplement que Douk Saga, étant une star donc forcément atypique, ne pouvait échapper à son destin. Celui des stars qui luisent le temps de troubler les règles établies pour s'éteindre. Le tout à la vitesse des météorites. Quant à la postérité, elle ne fera que disserter sur les causes de sa mort, le nom de son digne successeur, ses relations extraconjugales, sa fortune supposée, etc. En somme des potins de stars, des infos people pendant des années. Salut l'artiste, salut la star.

Remi Coulibaly

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