jeudi 11 octobre 2007 par Fraternité Matin

Les plages d'Assinie village ont subi le courroux des vagues furieuses dans la soirée du 23 septembre dernier. 10 infrastructures touristiques et hôtelières, situées sur les belles plages de ce site touristique, ont toutes été balayées par les flux et reflux de la mer. Des murs se sont écroulés. Provoquant d'importants dégâts matériels et financiers. Tout comme Assinie, le quartier précaire Phare situé à Port-Bouët a vécu le même calvaire dans la nuit du 12 au 13 août dernier. Des pans de mur des maisons faisant face à la mer ont été emportés. Laissant des dizaines de familles sans- abri. Il y a peu, les localités de Lahou-Kpanda et d'Assouindé ont été confrontées au même problème.
Il s'agit, au dire du Dr Koffi Philibert, responsable du programme d'études et de suivi de l'érosion côtière au Centre de recherches océanologiques (CRO), de marées de tempêtes avec des houles très fortes?. Selon lui, celles-ci coïncident avec les périodes de fortes agitations qu'on observe entre mai et août.
Plus d'un mois après ces marées de tempêtes, les personnes sinistrées ont quitté le quartier. C'est le cas de dame Akoua Dongui. Contrainte de quitter sa maison détruite, elle a déménagé dans un studio à Tofiato?, un bidonville situé non loin de la cité policière. Ce, après avoir passé près d'un mois chez des amis qui ont bien voulu offrir l'hospitalité à sa famille. Cette mère de famille n'oubliera pas de sitôt le calvaire qu'elle a vécu. On dormait profondément lorsque ma petite s?ur qui réside chez moi m'a réveillée parce qu'elle ressentait des secousses. J'ai aussitôt alerté tous les membres de la famille. On a eu du mal à ouvrir la porte. Heureusement, on a pu éviter le pire. Mais, on n'a pas pu sauver nos biens?. Pour les autres habitants, la vie continue dans ce quartier perché au dessus de la plage. Les entrées des maisons détruites ont été barricadées. Des personnes viennent respirer de l'air frais au bord de ces maisons qui sont situées au bord de la plage. Sur la plage, des détritus de vêtements, de chaussures, des briques et autres biens emportés par la mer jonchent le sol. Dans l'une des ruelles, un groupe de jeunes gens sirotent du vin de palme sous un préau, en écoutant de la musique en vogue. Quelques mètres après, d'autres jeunes, assis sur des bancs, prennent du thé. Non loin des maisons détruites, une dame prépare un met succulent. L'odeur de sa sauce embaume l'air. Ses voisines assissent tout près se tressent les cheveux. Partout, des rires et des bavardages. Des bambins insouciants courent dans tous les sens. Et pourtant, le pire est toujours à craindre. A côté des maisons, les vagues continuent de déferler. Malgré les apparences de tranquillité, la population de Port-Bouët Phare vit dans l'anxiété. Habitée par la peur, elle ne sait plus à quel saint se vouer. Chaque fois que nous entendons le bruit des vagues qui s'échouent contre nos maisons, nous n'arrivons plus à fermer l'?il?, confie Bernadine Koko, une jeune couturière qui réside dans ce quartier. En dépit de cette peur qui hante les esprits, ils ne songent point à quitter le quartier. Nous n'avons pas de moyens pour résider dans un autre quartier?, avoue Bernadine. Dame Akoua Dongui affirme qu'elle est prête à revenir car ses enfants sont inscrits à l'école située en face du quartier. Mais cette fois, pas au bord de la plage?, précise-t-elle.
Le secrétaire général de la mairie de Port-Bouët, M. N'Dri Ludovic, affirme que la mairie a entrepris, depuis quelques années, des campagnes de sensibilisation pour faire comprendre à la population les dangers encourus par ceux qui résident près du littoral. Il explique que le quartier Phare était un marché qui a été localisé de nouveau sur un autre site à cause des dégâts provoqués maintes fois par la mer. Les magasins abandonnés ont été pris d'assaut par certaines personnes qui ont vite fait d'y élire domicile, regrette le secrétaire général de la mairie de Port-Bouët. En dépit de toutes les actions menées par la mairie, la population n'entend pas quitter cette zone dangereuse, faute de moyens.
67 foyers sont menacés par les marées de tempêtes et l'érosion maritime. Parce qu'ils résident dans une zone inconstructible.
Pour l'heure, aucune solution définitive ne peut freiner ce phénomène naturel. A Assinie village, certains opérateurs économiques et des habitants protègent leurs installations avec des protections de fortune. Au lieu de fermer boutique, ils parquent des sacs de sables le long des constructions. A Port-Bouët Phare, nombreux sont ceux qui estiment que la mairie doit construire des digues afin de les protéger et leur permettre de rester. Au dire de Dr Koffi Philibert, il est possible de construire des structures pour piéger le transit sédimentaire et protéger les plages telles que les jetées, les épis et les digues? Certes, les résultats de ces ouvrages sont bénéfiques. Mais, l'effet est localisé dans sa zone d'emprise. Et cela amènerait à multiplier des champs d'épis sur tout le long du littoral. Ce qui est très coûteux, révèle-t-il. Pour ce chercheur du CRO, l'Etat doit plutôt veiller à éviter les occupations anarchiques et tenir compte de la sensibilité du littoral? en mettant en place un plan de gestion rationnel du littoral et en réglementant les lignes de repli. M. N'Dri Ludovic avoue qu'il est difficile à la Mairie de déguerpir manu militari ces personnes dont la vie est en danger. Car, la mairie ne saurait où reloger ces personnes démunies. Il reconnaît toutefois que cette zone ne devrait pas être habitée.

Nimatoulaye Ba



Entre nous :
Responsabilité !

A l`image d`un père bienveillant qui travaille à éduquer convenablement ses enfants, les autorités ivoiriennes ont le devoir de veiller à la sécurité et au bien-être de la population. Chaque personnalité, politique, administrative ou militaire doit assurer sa responsabilité le plus tôt possible pour éviter d`être mise à l`index en cas de drame ou de tragédie.
Pendant qu`il est encore temps, que ceux qui en sont chargés prennent les mesures conséquentes, afin d`éviter aux populations d`Assinie village, de Port-Bouët, de Lahou-Kpanda, d`Assouindé et autres localités abritant une plage, d`autres catastrophes. On en a marre des médecins après la mort. Ce n`est pas parce que des individus se montrent téméraires qu`il faut les laisser faire. De toute façon, si la situation tourne au drame, les autorités locales seront les premières à être interpellées. Elles seront tenues de réagir, parfois, de s`expliquer. Et puis, entre nous, de quels moyens disposent les populations pour résister à la loi ? Il faut éviter de donner dans la complaisance lorsqu`il s`agit de la vie d`une personne qu`on est censé protéger. A moins qu`on nous dise que chaque individu est désormais libre de faire ce qu`il veut, dans ce pays.

par Casimir Djezou

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023