jeudi 11 octobre 2007 par Nord-Sud

Le négoce d'appareils électroménagers d'occasion connaît une floraison à Abidjan. Toutefois, la qualité de ces appareils laisse à désirer.


Accroupie devant des climatiseurs juxtaposés à l'entrée principale de son magasin, Hortense dépoussière ses appareils. Un chiffon en main, un coup par-ci un autre par-là, l'appareil retrouve un semblant d'éclat. La jeune fille est employée chez M. Sunt, commerçant nigérian. Ce mercredi, en l'absence de son patron pour des raisons de santé, c'est elle qui gère. Tout ce qui est ici est de secondes mains, c'est-à-dire déjà utilisé au moins une fois, indique-t-elle. Autour d'elle, dans une ruelle d'Adjamé-Mirador, ces marchandises importées se comptent par milliers. Un véritable marché à ciel ouvert s'étend sur plusieurs dizaines de mètres. Une colonne de frigos et congélateurs se dresse sur une terrasse ici. Un peu plus loin, c'est une pile de télés et de mini chaînes de toutes marques qui jonchent le trottoir. On y trouve toutes les marques (Electrolux, Bosch pour les frigos et Sharp, Corfug, Sony pour les télés).





Les secondes mains pullulent





Et ils sont de tailles variées (grands, moyens, petits). Le torse à moitié nu recouvert de sueur à cause de la canicule, juste à côté, Michael s'affaire à ranger ses appareils. Il reconnaît volontiers que "le négoce des appareils électroménagers de seconde mains est une activité qui prospère ces temps-ci à Abidjan" même si ce matin, il n'a pas encore réussi à convaincre un seul client. Michael ne désespère pas. Le jeune commerçant ne manque pas d'ardeur, harponnant parfois certains passants. Un client hésite puis entre dans le magasin. Il passe en revue réfrigérateurs et congélateurs. L'un des frigos attire son attention. "Ce réfrigérateur est importé. Il coûte 140.000 Fcfa. Nous pouvons vous faire une remise de 10 à 15%. En plus nous vous offrons deux semaines de garantie", explique Michael. Le client est d'accord. Il paye et emporte sa prise. Il risque fort bien de regretter trop tôt son affaire. Et il le sait. De fait, les clients du marché d'électroménager d'Adjamé-Mirador prennent un risque en venant s'approvisionner en seconde main. Sur ce marché, la qualité n'est pas très souvent au rendez-vous et nombreux sont les usagers qui le paient amèrement. Il y a un mois (en septembre), Magloire, un enseignant s'est procuré une mini-chaîne. "J'ai acheté l'appareil à 150.000 Fcfa. Malheureusement, les choses se sont mal passées. Deux semaines après, une première panne technique est survenue. Le commerçant a décliné sa responsabilité car la garantie de deux semaines avait expiré. J'étais obligé de recourir à une assistance technique à mes propres frais. Malgré les interventions, l'appareil est mort", regrette-t-il. Marcellin, technicien en électronique tranche : "Ces appareils importés présentent des défaillances techniques. C'est forcément pour cela que leurs premiers propriétaires s'en sont débarrassés. En achetant un tel appareil, l'on sait que le facteur risque est très considérable, affirme-t-il. Marcellin parvient à vue d'?il à détecter les bons appareils des moins bons.





La qualité mise hors jeu



Il pense qu'il s'agit d'une question d'expérience. Il existe dans les lots quelques bons appareils qui ne nécessitent pas de grandes interventions. Mon expérience me permet de les sortir. Ainsi, je propose moyennant rémunération mon expertise aux clients, pour qui, sans moi, la chance de tomber sur une bonne qualité reste très mince, révèle-t-il. Les prix des appareils sont très abordables en général à Adjamé-Mirador. Par exemple, les télévisions se font entre 45.000 et 70.000 Fcfa selon la marque et la taille. Soro F., un revendeur, explique que celui qui vient acheter un appareil France au revoir doit prendre en compte le facteur risque et aussi le paramètre chance. Sans expertise, celui qui vient ici doit compter sur la chance. S'il en a, il tombe sur un bon appareil. Là où nous nous approvisionnons, c'est aussi la chance qui nous permet de tomber sur les appareils les moins grippés, ajoute-t-il. Pour lui, l'électroménager de seconde main a sa raison d'être, car les coûts des appareils de premier choix sont très prohibitifs. Touré Ismaël, agent comptable dans une société, est un client habitué du marché d'Adjamé-Mirador. Il venait de payer un four électrique qu'il finissait de tester. "Ce four m'a coûté 60.000 Fcfa. Au supermarché, le même appareil est vendu à 160.000 Fcfa soit plus du double. Je préfère prendre le risque ici pour espérer au moins réaliser mon rêve de posséder un four moderne" lance-t-il. Au Cash center du Plateau, dans le rayon réservé aux appareils électroménagers, un imposant écran de télévision de marque Samsung plasma 42 coûte 1.600.000 Fcfa. La même télévision coûte 300.000 Fcfa en seconde main à Adjamé. Les appareils électroménagers d'occasion ont plusieurs origines. Soro Kolo, importateur, explique que ces cargaisons arrivent principalement de l'Europe (l'Angleterre, la Hollande, la France) et des pays asiatiques. "Ce sont les stocks non vendus des usines de productions. Ou encore des appareils déjà utilisés et vendus sur les marchés aux puces. On nous les amène ici avec un âge qui varie entre 6 mois et 5 ans", soutient-il. M. Soro reconnaît que la qualité demeure un souci inévitable.





Moussa Ouattara

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