jeudi 11 octobre 2007 par Le Temps

La tension n'est plus perceptible comme elle l'était par le passé, en zones ex-assiégées, au Nord de la Côte d'Ivoire, notamment. C'est que l'Accord de paix signé par les belligérants ivoiriens à Ouaga et son application, y sont pour beaucoup, dans ce dégel fortement salué par les populations de ces régions. Surtout qu'elles ont dans la plupart du temps, subi des affres de la crise, en silence. Parce que, sous la menace constante des armes.

Maintenant que raconte-t-on au Nord, "la loi du pistolero" est en train de céder le pas avec la restauration de la force publique partout sur le territoire national, "les choses vont changer". Mais comment ?
D'abord par les vertus du verbe, de la parole libérée. Autrement dit, apprend -on, "on pourra désormais dire non, sans faire l'objet de représailles". Réactions que craignent d'ailleurs, de petits malins baptisés "guerriers de la lumière ". Tout simplement parce qu'ils voient en cela, la liquéfaction de leur "pouvoir", de leur "autorité" assis à l'époque sur "la loi du plus fort". L'administration se déployant (préfets, sous-préfets, juges, etc) et le pays progressant dans son élan de réunification totale, les seigneurs de guerre qui ne sont pas "chauds" pour déposer les armes (quand ils ne les ont pas déjà dissimulées) pourraient être efficacement dissuadés de garder ces instruments de guerre par devers eux.
Il suffit selon nos sources, de tenir compte de la sociologie et de la psychologie des peuples du Nord.
En commençant par rassurer les anciens maîtres des lieux qui ont, à raison, peur de perdre leur privilège d'antan. Il se murmure au sein des populations que celles-ci n'ont pas digéré le fait d'avoir été injustement et illégalement dépossédé de leurs biens, tout simplement parce qu'elles n'étaient que simples civiles. Des familles qui ont été déstructurées parce que les hommes forts du moment ont procédé à des rapts, abusé soit de leurs femmes, soit de leurs filles, crient vengeance en sourdine. La paix revenue, ces populations n'hésiteraient pas à réclamer leur dû. Et même, à faire payer à leurs "bourreaux" d'hier, le prix de leur forfaiture. Cette perspective explique la crispation qui est observée chez certains ex-rebelles.
Autant le savoir, conseille-t-on, pour contourner cela, si d'aventure c'était perçu comme une difficulté à la normalisation en cours.
Par ailleurs, pour aider à un "démantèlement efficient et purificateur" de l'environnement, ces ressortissants du Nord proposent que les magistrats procèdent par la sensibilisation auprès des populations en les amenant à coopérer avec l'autorité administrative (ce qui n'est pas de la délation). Ce qui aurait pour avantage d'amener les premiers anciens rebelles qui passeront devant le juge, à "dénoncer" leurs autres ex-copains, qui gardent encore cachées, des armes de guerre.

francescaudrey@yahoo.fr

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