mardi 16 octobre 2007 par Notre Voie

Le président français Nicolas Sarkozy, pour montrer sa bonne fois face à ceux qui lui attribuaient des thèses ultranationalistes s'est appuyé, entre autres raisons, sur certaines grandes figures françaises d'origine africaine pour battre campagne.
Une fois aux affaires, il a pris tout le monde de court en procédant à trois nominations perçus comme un désir d'intégrer davantage les minorités dans le corps social français : Rachida Dati est nommée Garde des sceaux, ministre de la Justice et Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l'homme. Quant à Fadela Amara, elle s'est vu attribuer le poste de secrétaire d'Etat à la ville. Des actes qui ont sans doute conforté le chanteur Enrico Marcias d'origine algérienne, l'ex-footballeur international ivoiro-français Basile Boli, l'homme d'affaires Dogui Dogad... dans l'idée que leur champion (ils ont battu campagne pour lui) était l'homme de la situation en ce qui concerne l'intégration de toutes les couches sociales en France.
La loi autorisant le recours à des tests ADN pour la vérification de filiation des candidats à l'immigration familiale vient remettre en cause cette certitude. Au point où ces personnalités qui ont parfois vendu? Sarkozy jusqu'en Afrique expriment ouvertement leur désapprobation de voir une telle loi être appliquée. Vous me voyez leur (les enfants que son père a élevés) dire, après quarante ans de vie fraternelle, que nous ne sommes plus des frères ? A cause d'un départ pour la France ? Non, ce n'est pas possible?, a soutenu Basile Boli dans un quotidien ivoirien. Le chanteur Enrico Marcias, de son côté, n'hésite plus à participer à des marches pour protester contre l'application d'une telle loi. On est loin du grand concert qu'il a animé à Paris à l'honneur du chef de l'Etat français dès sa réélection.
Au sein du gouvernement français la solidarité ne semble plus être de mise : la secrétaire d'Etat à la Ville, Fadela Amara a mis les pieds dans le plat J'en ai marre qu'on dise tout et n'importe quoi à propos de l'immigration? allant jusqu'à traiter de dégueulasse l'instrumentalisation de l'immigration.
Tout ceci relance le débat sur les intentions réelles de Sarkozy vis-à-vis des Français d'origine étrangère et des candidats à l'immigration en France. Le président français prône une immigration choisie? et n'a pas hésité à qualifier de racailles? les jeunes français d'origine étrangère des banlieues, à l'origine d'une révolte en France en 2005. On lui attribue un nombre élevé de reconduction humiliante et musclée des étrangers aux frontières lorsqu'il était ministre de l'Intérieur sous Jacques Chirac. Dernière sortie : il a récemment dit de l'Africain qu'il n'est pas rentré dans l'histoire?, à l'université Cheick Anta Diop de Dakar. Une déclaration qui n'a pas été du goût de tous, notamment de l'épouse de l'ex- chef d'Etat du Mali, Alpha Oumar Konaré, qui a souhaité que tous les historiens du continent noir mettent à niveau? les connaissances de Nicolas sarkozy.
Est-ce vraiment le temps de la désillusion ? Ou alors c'est un faux-pas qui sera corrigé par l'adoption de mesures plus souples et humaines à l'endroit des immigrants ? Rien n'est moins sûr quand on voit que la politique de Sarkozy sur l'immigration rencontre l'adhésion de la majorité des Français, ses électeurs. En attendant l'Elysée et Matignon continuent d'appuyer ce texte d'initiative parlementaire.


Serge Armand Didi

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