vendredi 19 octobre 2007 par Le Temps

Monsieur le Président, je voudrais qu'on commence avec la Flamme de la paix comme encrage. La flamme de la paix qui a eu lieu à Bouaké, le 30 juillet dernier, qui a suscité un immense espoir pour notre pays. Deux mois et demi après, quel jugement portez-vous sur la marche positive de cette sortie de crise ?
Un jugement positif à tous les égards. Vous me connaissez. Vous savez que je suis pressé qu'on aille aux élections, je suis pressé qu'on aille vite. Mais, il y a des réalités qu'on n'enjambe pas. Nous avons dû nous y reprendre par deux fois pour le redéploiement de l'Administration préfectorale. Il y avait certaines conditions qui n'étaient pas remplies. Nous sommes donc revenus à la base. Et le Premier ministre a dû refaire, il n'y a pas très longtemps, une réunion avec tout le corps préfectoral à l'Hôtel Ivoire. Maintenant, les choses sont en place, les préfets ont rejoint leurs localités où ils ont été affectés. Les Secrétaires généraux de préfecture et les sous-préfets également. Les magistrats sont partis et les audiences foraines ont commencé. Donc, les choses vont bien. A mon avis, elles vont lentement. Mais elles vont bien. Je voudrais dire aux Ivoiriens, que je suis pressé, et que nous sommes tous pressé. Mais il y a un adage que j'aime beaucoup, qui dit toujours doucement, doucement, car nous sommes pressés. Si on ne veut pas tout briser en chemin, il faut qu'on suive le rythme que nous imposent les événements. Si vous dites à un préfet, allez dans telle localité et qu'il vous dit que sa sécurité n'est pas garantie, Vous faites quoi? Vous ne pouvez pas l'obliger à être là-bas. Vous êtes obligés de revenir et de faire en sorte que dans la tête qu'il se sente bien et qu'il se sente en sécurité. Voici les dispositions que nous sommes en train de prendre. Sinon, on avance.

Vous dites qu'on avance. Un jugement positif, mais ce jugement ne semble pas perçu ainsi par tous. Dans son dernier rapport sur la crise ivoirienne, le Secrétaire général de l'ONU s'est dit préoccupé par la situation en Côte d'Ivoire. Pour vous, est-ce un jugement fondé ou non ?
Je leur ai dit et je l'ai encore dit à un Ambassadeur hier, mercredi, ils ne peuvent pas être plus pressés que nous. Parce que c'est ce qui se passe souvent dans les processus de paix quand ils arrivent dans les pays du Tiers-monde, les organisations internationales dépensent de l'argent. Donc il arrive des moments quand elles se mettent dans la tête qu'on est sur la bonne voie et qu'on doit sortir, elles croient qu'on peut courir, parce qu'elles dépensent de l'argent et elles veulent mettre fin à leurs dépenses. Elles ont raison, mais ce n'est pas pour cela qu'on peut courir. Nous, nous voulons courir mais si on ne peut pas courir, on ne peut pas faire autrement. Donc, si elle n'est pas perçue comme telle, je vous en donne la raison. Mais j'en ai parlé avec Ban Ki-Moon à New York, j'en ai parlé avec certains Ambassadeurs et j'en ai parlé avec certains de ses collaborateurs ici. Il faut qu'ils nous accompagnent. Et je le leur ai dit. Il faut que, eux ils nous accompagnent. Il ne faut pas qu'ils se mettent devant pour nous tirer. Ils nous ont tirés quatre ans, cela n'a donné aucun résultat. Nous sommes en train de sortir de la crise. Il faut qu'ils nous accompagnent.

Monsieur le Président, vous avez à l'occasion de l'Assemblée générale, adressé un message à la communauté internationale. Pensez-vous justement avoir été compris ?
Ça, je n'en sais rien. Demandez à ceux qui m'ont écouté. S'ils m'ont compris, moi, j'ai délivré le message de la Côte d'Ivoire. Je crois que c'est le seul message raisonnable qu'on pouvait délivrer. Voici où nous en sommes, nous avons besoin de vous pour aller où nous tous, nous voulons aller. C'est ce que j'ai dit en substance. Le noyau du message était le suivant : toutes les résolutions qui ont été votées n'ont rien pu faire contre la crise ivoirienne. Nous, en interne, nous avons réfléchi, et je souhaiterais que dorénavant l'ONU soit de cette nature-là, qu'elle accompagne les solutions internes. Et d'ailleurs, à la réunion extraordinaire du Conseil de Sécurité convoquée par la France et présidée par M. Sarkozy, il y a Thabo Mbeki et Alpha Omar Konaré qui ont dit la même chose que moi. Ils ont dit : dans tous les cas que tous les conflits qui ont lieu en Afrique se règlent en Afrique (dixit Mbeki). Il ne faut pas nous faire d'illusion. La RDC, la Côte d'Ivoire, aujourd'hui, le Darfour sont en train de se régler en Afrique par des Africains. On veut votre couverture, on veut votre aide. Mais aidez-nous et accompagnez-nous parce que c'est nous qui réglons ces problèmes-là. Konaré a dit la même chose. Et je crois qu'il faut que les gens comprennent bien le message de l'Afrique. Donc, nous nous sommes exprimés. C'est aux autres de nous comprendre et de nous accompagner.

Monsieur le Président, justement en interne, nous sommes avec l'exécution du chronogramme de Ouaga. Vous l'avez dit : la paix est là, le pays est réunifié. Les Ivoiriens peuvent circuler librement dans tout le pays, après ces déclarations enlevées et empreintes même d'émotion, c'est vrai, les Ivoiriens ont commencé à circuler dans le pays. Mais à la vérité, il y a quand même des obstacles ici et là. Encore quelques autorisations à prendre, des taxes à percevoir, alors Monsieur le Président, comment est-ce que justement, on peut activer les choses de ce point de vue ?
On va les activer. Moi-même, très bientôt, je pars à Korhogo, Boundiali, Tengrela, Ferkéssedougou pour tirer les Ivoiriens. Parce que, on n'a rien sans rien. Si les Ivoiriens croient que, après mon discours, après la suppression de la Zone de Confiance, après la Flamme de la paix, ils vont rester à Abidjan et tout va leur tomber comme ça entre les mains, ils se trompent. Le combat n'est jamais terminé. Il y avait un vieil Attié qui m'avait dit au moment où j'étais dans l'opposition : cher ami, le serpent n'est pas mort, il ne faut donc pas laisser tomber le bâton?. C'est pareil pour tous les actes de la vie. Tant qu'on vit, on combat. Donc, il faut partir chez soi quand on veut partir chez soi. Il faut forcer le chemin, il faut aller. Et vous allez voir que progressivement, on va vous laisser partir. Ceux de Facobly, de Kouibly ont fait un convoi, ils sont partis chez eux. Ceux de Korhogo s'apprêtent à aller. Ceux de Danané sont partis. Les gens de Gbon sont venus me voir récemment, ils sont repartis, ils sont arrivés chez eux. Tant qu'il n'y a pas de mouvement pareil, on ne peut pas constater la réalité de l'ouverture du pays. Le mouvement se prouve en marchant. Vous comprenez, la liberté de circulation se prouve en circulant. Il faut donc que les gens circulent. Ce n'est pas en restant à Abidjan et en pleurnichant, même avant la guerre, il y avait des difficultés à circuler sur nos routes. Même des pays où il n'y a jamais eu de guerre, il y a des difficultés, il y a des coupeurs de route. Il y a des gens qui rackettent, qui rançonnent

Alors justement, c'est dans cette atmosphère, dans cet esprit aussi que se redéploie l'Administration. Les débuts ont été un peu difficiles, il y a eu la question des kits...
C'est réglé.

Mais il y a aussi cette autre question de la cohabitation avec les structures qui ne sont pas forcément celles de l'Etat. Alors ça peut poser quelques petits problèmes de restauration de l'autorité de l'Etat.
Qui a le pouvoir ? On se rend bien compte que là où les préfets ont pris leur pouvoir, ils ont la totalité du pouvoir. Mais là où ils ont peur, ils ont la parcelle du pouvoir que leur courage leur donne.

Est-ce qu'ils n'ont pas raison d'avoir peur ?
Ils n'ont pas raison d'avoir peur. Puisque nous sommes engagés dans la voie de la négociation, donc nous ne pouvons pas dire à un Ivoirien que tu n'es pas chez toi, quitte Séguela par exemple, ou bien quitte Bouna, ou bien quitte Korhogo. On ne peut pas leur dire cela.

Ils peuvent rester là, ils sont chez eux avec les armes.
Ils sont chez eux sans interférer avec l'Administration de l'Etat. La voie sur laquelle, nous nous sommes engagés nous oblige à accepter sur le terrain national tous les Ivoiriens. Vous comprenez, il n'y a pas de chef. Dans un département, il y a le substitut du chef de l'Etat qui est le préfet, dans une sous-préfecture il y a le substitut du chef de l'Etat qui est le sous-préfet, c'est tout. Et c'est ça que nos administrateurs eux-mêmes comprennent, qu'ils en soient convaincus et qu'ils agissent ainsi.
Cela veut dire qu'il faut justement que cette Administration s'installe pour que les audiences foraines puissent se faire dans la sérénité ?
Elles ont déjà commencé.

Monsieur le Président, sur le terrain, elles sont frappées d'une certaine timidité, est-ce que cela veut dire que les Ivoiriens ont leurs papiers ?
Mais les audiences foraines ne sont pas timides. Elles ne sont pas faites pour attirer les affluences. Vous savez les Audiences foraines ce n'est pas des cérémonies pour que tous les sans-papiers viennent prendre des papiers. Les audiences foraines sont faites pour que seulement les gens qui son nés en Côte d'Ivoire d'abord. C'est la première condition, il faut être né en Côte d'Ivoire. Il faut n'avoir jamais été déclaré c'est pourquoi nous avons tenu à faire partir les préfets et les maires, cela fait déjà deux conditions. Ce sont ceux-là seulement qui ont le droit de se présenter aux audiences foraines. Donc s'ils ne sont pas nombreux c'est tant mieux. Vous savez qu'aujourd'hui 75% de la population ivoirienne a moins de 25 ans. Les enfants de 25 ans et moins aujourd'hui ont tous leurs papiers, au moins ils ont été déclarés. Ils ont des actes de naissances et des jugements supplétifs. Donc les audiences foraines, ce n'est pas une cérémonie pour rappeler tous les sans-papiers à venir chercher des papiers. Moi, je n'ai plus de carte d'identité, parce que ma carte d'identité, est périmée mais je n'ai pas droit à aller aux audiences foraines. Parce que j'ai été déclaré déjà, vous comprenez que si vous n'avez pas de carte d'identité, vous n'avez pas droit à aller aux Audiences foraines. Parce que vous avez des papiers. Et vous avez été déclarés c'est seulement pour ceux qui n'ont jamais été déclarés depuis leur naissance et qui n'ont jamais eu d'extrait de naissance. On fait pour eux un jugement supplétif tenant lieu d'acte de naissance c'est tout.

Juste une question personnelle, sur la situation des audiences foraines à Mama, un adulte de 55 ans n'avait pas ses papiers.
Oui, mais je connais Mama puisque c'est mon village. Les villageois ont des raisonnements qui sont quelquefois bizarres. Un jour, je discutais avec un d'entre eux là-bas. Je lui ai dit pourquoi il n'a pas de papier. Il a dit est-ce que moi je voyage c'est vous les gens des villes qui voyagez. Moi je ne voyage pas, je ne vais à Abidjan. Je ne vais pas aller faire une carte d'identité, pourquoi ? Je vais aller faire un jugement supplétif pourquoi ? C'est avec les élections à partir de 1990 que les gens dans nos villages en tout cas, pour nous qui faisons la politique nous nous sommes rendu compte que c'est en ce moment-là, que les gens ont commencé à se rendre compte de l'importance d'avoir un papier. Il y a des gens qui disent je vais voter pour mon fils", on les a refoulés, mais tu n'as pas de papiers. Donc ce n'est pas étonnant vous comprenez. Un adulte de 55 ans sort sans papiers. Il faut vérifier c'est pourquoi, il faut des témoins, les sous-préfets, il faut des maires pour témoigner vraiment que cet homme-là n'a jamais été déclaré. S'il a un papier, s'il a déjà voyagé, s'il est déjà parti d'un parti à un autre et qui se présente à une audience foraine, c'est un fraudeur. Parce que s'il a voyagé d'un pays à un autre, c'est qu'il y a au moins un passeport ou un papier lui permettant de voyager d'un Etat à un autre. C'est que, c'est un fraudeur, il sera pourchassé comme tel.

Monsieur le Président, tout ce processus doit aboutir à des élections transparentes, crédibles ouvertes à tous. On a vu que le travail qui reste à accomplir est énorme et malgré tout, vous avez marqué votre intention d'aller très vite. Le Premier ministre lui parle d'aller à son rythme. Le Président de la CEI parle d'octobre 2008. Ce que j'ai pu comprendre, vous avez rejeté. Quelle serait la meilleure date ?
Je ne joue plus sur ce chapitre-là. Parce qu'on a l'impression que la date devient un enjeu de débat. Ce n'est pas un enjeu de débat. Nous, on veut sortir de la crise de nous-mêmes, plus ceux qui nous aident, nous considérons tous que l'élection marquerait la fin de la crise en Côte d'Ivoire. Donc il nous faut aller. Le travail qui reste à faire n'est pas énorme. Mais le travail qui a été déjà fait c'est lui qui est énorme. Parce que le travail qui a déjà été fait, il consistait à faire en sorte que ceux qui ont pris les armes et ceux qui dirigent l'Etat se mettent d'accord sur une conduite à tenir. Sur une procédure à suivre c'est ça qui est énorme et là-dessus nous avons trébuché pendant 4 ans. Maintenant ce qui reste est la phase technique : faire les audiences foraines, les juges qui s'asseyent et puis il n'y a pas un seul pour toute la Côte d'Ivoire. Il y en a beaucoup, ils sont dispersés mais viennent et puis un jour on déclare que c'est fini. Et puis c'est fini. On a décidé de refaire les listes à partir des listes de 2000, là-dessus pour le reste on peut faire beaucoup de choses en même temps. J'ai proposé au Premier ministre quand la deuxième entreprise sera choisie, elle est déjà à côté de l'INS. Au moment où, on refait les listes électorales au lieu d'attendre la fin de l'établissement des nouvelles listes. On peut en même temps déjà distribuer les pièces d'identité et à ceux qui sont déjà sur les anciennes listes puisque ceux-là sont considérés comme les Ivoiriens. Ce n'est pas des tâches insurmontables qu'on doit faire forcément l'une après l'autre, on peut les regrouper. Et les faire ensemble. C'est pourquoi, je pense qu'il faut aller vite, mais ce n'est pas moi qui suis en charge du chronogramme, je respecte ce qu'ils disent. Mais je considère qu'il faut aller plus vite.

Après les élections calamiteuses selon votre terme ?
Non, je n'ai jamais dit que les élections étaient calamiteuses. Les élections se sont faites dans les conditions calamiteuses. Ce n'est pas la même chose.

Très bien après les conditions calamiteuses des élections 2000, pour beaucoup d'observateurs, celle à venir pour être des élections très démocratiques ouvertes à tous, le Président Monsieur, quelle garantie de transparence le chef de l'exécutif peut donner, aujourd'hui.
Je vais donc revenir sur le mot calamiteux, pour vous expliquer. Parce que les élections de 2000 étaient très transparentes et elles ont été les meilleures élections, que moi je n'ai jamais vu en Côte d'Ivoire. Et elles ont été tellement bien organisées que l'ONU a pris l'organisateur de ces élections, Honoré Guié. Pour l'envoyer à organiser les élections en RDC. Les élections de 2000 ont été très bien organisées, elles ont été parfaites. Du point de vue de la Côte d'Ivoire, je n'ai jamais vu des élections aussi propres. Quand j'ai dit que les conditions étaient calamiteuses, ça veut dire que, c'est en amont et en aval que les choses se sont gâtées. En amont, sur 18 candidats, que nous étions on en a refusé 13, il y a 5 cinq qui ont été retenus. Donc en aval, les partisans de ceux qui ont été refusés, ont commencé à faire des histoires pour ne pas reconnaître les résultats des élections. C'est cela les conditions sinon ce n'est pas les élections elles-mêmes. Donc vous comprenez ce que je veux dire. Donc comme première garantie, j'ai pris une décision, après Pretoria pour que tous ceux qui avaient été exclus soient candidats donc il n'y ura plus les conditions calamiteuses. Puisse qu'ils seront tous candidats. La deuxième garantie, c'est que la CEI est remplie des gens de tous les partis même mes adversaires sont plus nombreux que mes partisans au sein de la CEI. Quelles meilleures garanties puis-je vous donner.

Monsieur le Président, en même tant que vous garantissez les élections propres aux Ivoiriens, vous ravissez en même temps qu'il est pratiquement impossible d'organiser les élections propres à 100% ?
Ça je n'en sais rien. Je dis que les élections, 2000 ont été parfaitement organisées. Et si on peut avoir une organisation pareille ce serait l'idéal. Parce que je me suis déjà permis de corriger les erreurs qui ont emmené les bagarres de 2000. Donc, il faut qu'on ait le même type d'organisation.

Je voudrais aborder maintenant un chapitre important de cette émission. On l'a lu ces derniers temps dans les journaux. Je voudrais commencer par une information un peu plus ancienne. En 2004, c'est la disparition du journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer. On a vu des articles, on a vu des témoignages à la télévision. Et vous-même vous ne vous êtes jamais prononcé là-dessus. Qu'est-ce que vous en savez ?
Moi, je n'en sais rien, je suis un chef d'Etat. Le chef d'Etat est responsable de la vie de tous ceux qui vivent dans son pays. Mais il ne peut pas être tenu pour coupable. Mais ce que je veux dire, je dénonce vigoureusement et à haute voix la manière dont on a voulu associer la disparition de cet homme à ma famille. On a parlé de Légré Michel, mais il n'avait plus de nom. Il devenait le beau-frère de Madame Gbagbo. C'est amoral et immoral à la fois de traiter un sujet de la sorte. Si Guy-André Kieffer a disparu, on le cherche ensemble et puis c'est tout, si on le retrouve, on le retrouve, si on ne le retrouve pas, on ne le retrouve pas. Mais ne pas chercher à faire croire qu'à cause des problèmes politiques que c'est tel ou tel qui est responsable de sa disparition. Moi je refuse tout cela tout simplement.

Alors la filière café-cacao, une filière à laquelle vous êtes très attaché. Vous êtes pleinement engagé à rendre les paysans plus heureux. Est-ce que vous pensez aujourd'hui qu'ils le sont ?
Ah non ! Je pense qu'ils ne le sont pas. Mais d'abord sur la filière : je voudrais clarifier et dire deux choses : premièrement, si la filière est mal gérée ça ne regarde pas l'Etat et ce n'est pas l'argent de l'Etat qui est dilapidé. Nous, nous récupérons notre impôt et c'est notre impôt qui est notre argent. Nous Etat, le Droit unique de Sortie (DUS), 250 milliards en 2005, 255 milliards en 2006, c'est cela qui nous appartient. Je veux dire à l'Etat. C'est ce qui est dans le Trésor public. Et c'est cet argent que nous dépensons. Le reste, leur appartient à ceux qui gèrent. Deuxièment, comprenez qu'il n'y a plus de Caisse de Stabilisation. La Caisse de Stabilisation a été privée quand elle a été créée en 1954. Mais avec l'indépendance, nous en avons fait une société d'Etat. Donc tout l'argent qui y était stocké était dépensé par l'Etat pour les besoins de l'Etat. Aujourd'hui, avec la réforme que nous avons faite, nous prenons notre impôt et le reste regarde ceux qui gèrent la filière. Il faut comprendre cela, donc aujourd'hui, la gestion de la filière, ce n'est pas le chef de l'Etat qui en est responsable. Alors qu'avant, c'était le chef de l'Etat qui en était responsable puisque c'était une société d'Etat. Il faut bien comprendre cela. Moi, je pense que la filière n'est pas bien gérée. Même si la gestion est privée, elle n'est pas bien gérée. Moi, je ne perds rien en tant qu'Etat puisque mes impôts, je les prends tranquillement à la sortie. Donc, je n'ai pas de problème. Le binôme café-cacao est la plus grande partie de l'économie ivoirienne. Et reste la plus grande partie de l'économie ivoirienne. Donc on ne peut pas laisser la pagaille s'installer dans cette filière-là. C'est pourquoi, chers amis, quand je me suis rendu compte que cette pagaille allait en grandissant, j'ai demandé au Procureur de se saisir du dossier et d'enquêter et s'il découvre qu'il y avait des malversations qu'il poursuive sans retourner me voir. Qu'il poursuive immédiatement. Donc voilà l'état de la filière. En tout état de cause, je suis fier d'avoir donné la filière. Ce n'est parce que des gens gèrent mal ce qu'on leur a confié que le fait de leur confier est mauvais. Donc moi, je n'ai pas du tout l'intention de leur retirer la gestion de la filière. Mais il faut que l'enquête aille jusqu'au bout et que s'il y a procès, ce procès puisse aller jusqu'au bout. En 2003, nous avions programmé de revoir la filière et si possible de faire la réforme de la réforme. Mais on n'a pas pu faire ça en 2003 puisque la guerre est venue en 2002. Maintenant ça sera l'occasion puisque nous sortons de la crise.

Monsieur le Président, si vous avez formulé une saisine auprès du procureur de la République, c'est que la situation est véritablement catastrophique. C'est vrai que vous dites que l'Etat prend ses impôts et donc tant pis pour les producteurs puisqu'ils n'ont pas su gérer donc ils sont sanctionnés comme tel et que c'est leur propre gestion qui les rend malheureux ?
Mais je ne comprends pas bien où vous voulez en venir. Mais ce que je veux dire, c'est que la gestion de l'Etat est propre. C'est ce que je veux dire. Nous, nous récupérons notre Dus et nous le mettons dans la caisse de l'Etat, c'est-à-dire le Trésor. Et pour cela, on n'a aucun problème sur la gestion. Et cela fait partie de ce que l'Etat engrange. On n'a donc pas de problème sur ce point. Le problème se trouve ailleurs.

Mais l'Etat doit être un peu plus regardant ?
Mais bien sûr !

Pour le contrôle, vous avez par exemple créé le comité de pilotage dont nous n'avons plus de nouvelle ?
Si !

Les conséquences de cette gestion par les producteurs. C'est une autre affaire. L'achat d'une usine aux Etats-Unis à 100 milliards dit-on, prélevés sur les comptes du FRC. Et puis c'est la situation au FDPCC, la justice elle-même se perd en conjecture, c'est assez grave, M. le Président ?
Cher ami, allons de problème à problème, parce qu'on est prêt à répondre à toutes vos questions.

Les 100 milliards par exemple ?
Est-ce que vous savez s'il y a 100 milliards. Moi, j'ai toujours une attitude, sur ce que je ne sais pas, j'interroge. Donc, j'ai saisi le Procureur. J'ai dit, enquête ! Et si les gens ont volé, poursuis-les. Je crois que, c'est cela qui manque.

Y a-t-il un délai pour boucler cette enquête ?
Ce n'est pas moi qui donne les délais à la justice.

Monsieur le Président, il y a longtemps qu'on parle de gabegie dans la filière café-cacao. On se demande pourquoi maintenant ? Est-ce que cette enquête va aboutir ?
En fait, vous êtes amusant, vous. Vous me demandez si une enquête va aboutir. Depuis que je suis Président de la République, toutes les enquêtes ont abouti. Et toutes ces enquêtes se sont terminées par un procès. Il y en a pour un seul pour lequel la communauté internationale nous a demandé de prendre une loi d'amnistie. Sinon, toutes les affaires, depuis que je suis Président de la République, toutes les affaires, et j'ai la liste, se sont achevées par un procès. Alors je ne sais pas pourquoi vous craignez, pourquoi vous avez peur.

Lorsque les procès se déroulent, les populations ne sont pas informées ?
Mais ça, c'est votre rôle. C'est vous les journalistes qui devez le faire. Voyez-vous, dire à des gens, donnez-moi le pouvoir et je vous le rends, on a vu cela avec les Conseils généraux. On a vu ça avec la communalisation totale de la Côte d'Ivoire, les prochaines élections municipales vont nous montrer, et puis on aura aussi les Conseils généraux. On a vu cela aussi avec les appels à candidature. Mais ça c'est un autre domaine, celui de la bonne gouvernance. Pour cela, je suis fier. Mais le fait que certains gèrent mal l'avoir commun à eux, ne doit pas nous pousser à abandonner la réforme. Elle doit nous pousser à améliorer la réforme. C'est donc le travail que nous devons faire. Le comité de pilotage a déjà fait son travail et j'ai les dossiers. Mais je ne pouvais pas engager des réformes dans la guerre. C'est pourquoi, je dis que le temps est venu, maintenant que nous sortions de la crise, nous sommes prêts à faire la réforme de la réforme. Vous parliez de Fulton. Ce n'est pas nouveau, moi j'étais vraiment chaud pour que nos paysans s'organisent dans des structures privées. J'étais chaud pour qu'ils achètent l'usine de Fulton. Je pense qu'ils n'ont pas mal fait de l'acheter. Maintenant, combien l'usine a coûté, est-ce qu'il y a eu des choses

Qu'est-ce que la Côte d'Ivoire gagne en achetant une usine à l'étranger ?
Le problème est simple. Au niveau de l'exportation, les Etats ont toujours des problèmes. Regardez les Japonais, ils ont des problèmes pour exporter aux Etats-Unis, sur le marché américain les Toyota. Donc qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont créé aux Etats-Unis une société de droit américain qui fabrique Toyota aux Etats-Unis avec des normes américaines et vendus aux Etats-Unis. C'est cela l'idée Fulton. Et je ne suis pas le premier à avoir eu l'idée. Le Président Houphouët avait déjà eu l'idée de faire une usine de chocolat en Chine, et le Président Bédié a continué avec l'idée de faire ce travail. J'ai les photos de l'usine. Là aussi on a abouti à un problème et on n'a jamais produit du chocolat. Moi, j'ai dit aux paysans, achetez cette usine-là. Bon, il y a des problèmes, j'ai dit au Procureur, cherche la nature de ces problèmes. Si quelqu'un a détourné un sou, poursuis-le parce que c'est de l'argent des paysans.

Vous pensez avoir été abusé, Monsieur le Président ?
Ce n'est pas moi qui suis abusé. Ce n'est pas Gbagbo le problème et si je voulais uniquement agir en temps que chef de l'Etat, je me serais dit : nous Etat, nous récupérons notre impôt, le reste ça ne me regarde pas. Mais je ne m'occupe que des Finances publiques. Et aussi de la gestion de l'économie nationale. Or, aujourd'hui, ce qui nous tient principalement, c'est le binôme café-cacao. C'est la principale source de revenu au niveau de la Côte d'Ivoire. Plusieurs fois, je les ai appelés, ceux qui dirigent ce secteur, plusieurs fois je leur ai parlé et j'ai mis le comité technique de pilotage en place. Après le ministre Diby les a appelés et a parlé avec eux. Quand on fait tout cela et qu'on se rend compte qu'à un moment donné que les gens ne veulent pas progresser, alors on dit au Procureur, cherchez et s'il y a des coupables, poursuivez-les.

Une affaire que vous avez aussi confiée au procureur de la République Monsieur le Président, c'est celle des faux dollars. Une affaire dans laquelle un de vos proches collaborateurs a été mis en cause par un journal de la place. Qu'est-ce que vous en savez?
Je dis que c'est parce que nous sommes dans des pays du Tiers-monde où souvent les gens écrivent n'importe quoi. Je vais vous faire deux mises au point sur cette affaire. J'ai souvent vu écrire "blanchiment d'argent". D'abord c'est une faute de français et puis c'est une faute de droit. Ce n'est pas un blanchiment d'argent. Est-ce que les gens savent ce que veut dire un blanchiment d'argent ? ça veut dire que vous allez vous faire de l'argent sur la vente des secteurs interdits comme la cocaïne, la vente de fusils à des pays qui sont frappés d'embargo et quand vous vous faites de l'argent, vous cherchez à replacer cet argent dans un circuit normal. C'est ce qu'on appelle un blanchiment d'argent. Sinon ce que nous avons vu ici, c'est ce qu'on appelle la fabrication d'argent. Ce n'est pas du tout la même chose. Sur cette affaire, moi je suis très malheureux pour les journalistes qui écrivent ces histoires. Comment, parce qu'on trouve des faux billets chez mon voisin, on peut me citer. Moi je me suis déplacé en cet endroit pour une seule raison. Certains de mes amis ont paniqué en disant qu'on avait découvert 2 milliards de dollars en faux billets dans des caisses. Je ne sais pas si vous savez ce que c'est que 2 milliards de dollars. Ça fait 1000 milliards de F CFA. Celui qui amène 1000 milliards en faux billets, il tue l'économie de la Côte d'Ivoire. Il fallait donc que je cours pour aller voir parce que, c'est une autre guerre qu'on nous déclare par le biais de la fausse monnaie. Quand je suis arrivé à la gendarmerie, quelle ne fut ma surprise de trouver quatre cantines et il n'y avait pas de billet réel dessus, il y avait quelques feuilles dont une partie était imprimée et l'autre partie était blanche, je ne sais pas si ces quelques billets là équivalaient à 500 dollars ou à 1000 dollars. Et les autres étaient des coupures en papier noir. Donc je suis revenu chez moi. Donc cette affaire-là, est une affaire banale. Moi, la police me fait tous les jours ce qu'on appelle le BQ (Bulletin quotidien). Ça dans tous les quartiers, Abobo, Adjamé, Cocody, Yopougon vous trouvez des gens avec des billets noirs qui pensent qu'ils vont devenir riches. Mais c'est banal et c'est du petit vol.

Vous avez confié l'affaire au procureur de la République. Y aura-t-il un procès ?
Oui il a fini, il a déjà déféré celui qui est considéré comme le suspect N°1 depuis lundi. Donc ça ce n'est plus l'affaire du procureur. On attend maintenant les juges d'instruction et autres.

Monsieur le Président, dans le scandale des déchets toxiques, vous avez privilégié l'indemnisation au procès ?
Non, j'ai privilégié les deux. Vous savez dans un scandale comme celui-là, il y a la procédure civile qui va aboutir à des dédommagements. Et ça je l'ai négocié. Et puis il y a la procédure pénale.

Et pour le dédommagement, vous êtes satisfait de la façon dont les choses se sont déroulées jusqu'à maintenant ?
Oui, on le fait normalement et on continue. Sur la procédure pénale, le procureur qui avait le dossier a bouclé son travail et l'a transmis au procureur général. La procédure judiciaire est lente, complexe. Sur l'aspect civil, nous sommes pour les victimes humaines à dédommager à 45%. Et ce qui pose le grave des problèmes, ce sont les papiers parce que les médecins qui ont pris les noms, les ont quelquefois pris rapidement. Vous vous souvenez, on était vraiment dans la tourmente. Les gens venaient, ils étaient malades. On met Laurent à la place du nom, on met Gbagbo à la place de Laurent. Tout cela posait problème. Donc le procès aura lieu. L'affaire est bouclée. Du point de vue de l'enquête, elle est bouclée. Là-dessus, il faut que je vous redise une chose. Nous avons fait le deuxième round des discussions avec Trafigura. Et il nous faut continuer la dépollution parce que tous les sites n'ont pas été totalement dépollués. Un village comme la Djibi n'a pas été dépollué et ce n'est pas la Djibi seule. Il y a des sites comme celui-là. Les machines sont prêtes et aujourd'hui, nous négocions les dernières choses avec les villageois. Mais nous allons faire la dépollution totale avant que le procès ne commence.

Monsieur le Président, ça fait quand même beaucoup d'affaires pour une petite Côte d'Ivoire et justement le FMI, dans une étude dit que le contrôle de la corruption est seulement à 10%, ce qui prouve que notre pays est gangréné par ce fléau. Est-ce qu'il y a des dispositions que vous prenez pour le juguler ?
Oui, mais je vais vous dire une chose. C'est que j'ai lu ce rapport. Mais je ne suis pas inquiet. Pourquoi ? Parce que les gens parlent sans tenir compte que nous sommes un pays qui a affronté la guerre. C'est ce qui m'amuse souvent quand j'écoute les gens parler. On est trop exigeant avec la Côte d'Ivoire. Depuis 1815-1820, où il y a eu la fin de la période d'Angoulvant, avec ce qu'on a appelé la pacification, la Côte d'Ivoire n'a jamais connu de faits de guerre comme ceux que nous avons connus. Donc disons que depuis 1915, 2002, c'est la première fois que la Côte d'Ivoire connait ces faits de guerre. Mais dans les autres pays, où en est l'Etat. Quand la Somalie a connu un fait de guerre, où en était l'Etat et où en est l'Etat ? Quand le Tchad a connu les faits de guerre où en était l'Etat ? L'Etat s'est écroulé totalement. Nous nous sommes battus pour que l'Etat reste debout, et l'Etat est resté debout. Donc la Nation aussi. Pour nous, c'est ce qui était le principal dans cette période. C'était ça qui était le principal.

Monsieur le Président, c'est connu, une rumeur très persistante, tout le monde en parle, personne n'agit. Aujourd'hui, pour garantir son admission à un examen ou à un concours, il faut payer cash. Vous êtes au courant de cela, Monsieur le Président ?
Je suis au courant qu'on dise ça. C'est une tradition de la Côte d'Ivoire. Rentrer à l'ENA ni à la police, ni de a gendarmerie, je ne peux pas vous dire que c'est faux ou c'est vrai. Je ne nie pas. Je ne nie pas, parce que si tout le monde en parle, il doit avoir du vrai là-dedans. Mais à l'époque, je n'étais même pas Président, j'étais chercheur à l'université. Bienvenu est venu me voir, il me dit, je veux passer le concours de la police. Alors je l'ai encouragé, il dit mais, grand frère, tu connais Abidjan, si tu n'es pas soutenu, tu ne peux pas aller, je dis non, il faut étudier, si tu étudies, ça va aller. Il a insisté à tel point qu'à un moment donné, je lui ai dit vas-y, je vais te soutenir. Je vais me débrouiller. Moi, je ne connaissais personne. Je ne connaissais personne, ni au ministère ni à l'école de police, ni nulle part, donc je n'ai pas bougé et je n'avais pas du tout l'intention de bouger. Il est parti, un mois après, je le vois venir avec ses parents et un mouton, ils viennent me remercier parce que je l'ai vraiment aidé et son concours a marché. Alors je leur ai dit de retourner chez eux et de préparer le mouton pour qu'on le mange. C'est ce jour-là, que je lui ai dis que je n'ai rie fait. Donc s'il a été réussi, c'est parce qu'il a bien travaillé. Vous comprenez, il y a des cas comme cela. Alors, on exagère tout en Côte d'Ivoire. Au lieu de travailler, les gens exagèrent et même ce sont les élèves eux-mêmes qui cherchent les gens à corrompre. Si du côté de ceux qui passent les examens, il y avait moins de demande de parapluie, il aurait peut-être moins de corruption. Je vous dis que, quand il y a la guerre tout se degringole. Heureusement, tout ne s'est pas dégringolé. C'est après qu'on peut corriger.

Mais, Monsieur le Président face à ces rumeurs persistantes, qu'est-ce que vous faites ? Vous cherchez à vérifier ou bien vous dites que cela n'existe pas et on laisse tomber ?
Non, non, hier, j'étais encore avec le ministre de la Fonction publique. Je lui ai demandé, il m'a rassuré sur certains points. Vous voyez sur le café et sur le cacao, vous savez le surnom qu'on m'a donné ? On m'a donné le surnom de moteur diesel. Il faut mettre du temps pour le chauffer. Mais quand il est chaud et qu'il démarre. Il ne s'arrête plus. C'est-à-dire que je ne prends aucune décision qui peut nuire à des citoyens tant que je n'ai pas un minimum de conviction personnelle. C'est pourquoi, je peux sentir lent à me mettre en mouvement. Je pense que c'est injuste de jeter quelqu'un à la vindicte tant que tu n'es pas sûr d'avoir un élément minimum d'encrage pour une accusation. Mais, j'ai observé la filière. On m'a parlé et je prenais note. Et je vérifiais certaines choses, aujourd'hui, j'ai décidé qu'il faut enquêter. s'il y a faute, il faut poursuivre les coupables. Ce sera pareil pour tous les secteurs. Vous parlez maintenant des examens et concours, mais il y a d'autres niveaux, il y a les maisons de l'Etat où il y a une pagaille qui règne. Il y a la cité universitaire où il y a des fonctionnaires qui y logent selon ce qu'on me dit. Donc, il y a un certain nombre de dysfonctionnement ici et là. Ma préoccupation majeure aujourd'hui, c'est la sortie de crise. Donc je vais à la sortie de crise avec tout ce que j'ai comme arme morale. Les autres, la filière café-cacao ayant atteint un niveau important, j'ai décidé d'y mettre de l'ordre mais par un procès. Et notez bien. Non pas par une commission d'enquête, ni par un cabinet d'audit, mais par le Procureur qui fait l'audit. Et s'il voit le dysfonctionnement, il poursuit en même temps. C'est-à-dire j'ai mis à temps les pieds dans l'appareil judiciaire, pour aller vite, vous comprenez, ce que je veux dire, donc, il y a dans beaucoup de domaines, même dans les terrains qu'on distribue dans les cités, dans les communes aussi bien à Abidjan qu'ailleurs. Il y a des dysfonctionnements. Donc, il y a beaucoup de dysfonctionnements partout. Et la guerre seule n'est pas coupable. C'est-à-dire que beaucoup de ces maux existaient bien avant la guerre. Peut-être ont-ils été aggravés par le fait de la guerre. On ne peut pas faire le procès comme cela de la Côte d'Ivoire tranquillement si on ne prend pas le temps de corriger. Chaque fois, il faut proposer un remède. Il faut proposer un remède. Pour la filière café-cacao, nous avons en même temps les remèdes. C'est-à-dire, la correction à faire. Nous avons les propositions.

Monsieur le Président, parlons un peu de notre économie, pendant longtemps on a été habitué à ce slogan, la richesse de ce pays repose sur l'agriculture, aujourd'hui il n'y a pas que l'agriculture, on parle du pétrole, du gaz. Quel est le poids réel de ces deux produits dans l'économie nationale ?
Alors, je vais vous le dire parce que j'ai lu aussi des incongruités. Il y a en a qui croient qu'on est devenu le Qatar ou le Koweït. Le Café et le Cacao ne sont plus importants et que c'est le pétrole qui nous fait tenir, c'est-à-dire que les gens ont été surpris par le fait que nous tenons et que pendant ces 5 ans, nous avons tenu et ils croient que c'est parce qu'on a d'autres sources en abondance. Mais on a tenu parce qu'on a bien géré l'argent qui rentrait dans la Caisse de l'Etat. C'est tout. J'ai eu la chance de faire les réformes avant la guerre, réforme dans les secteurs comme la Douane, les Impôts et les Trésors. C'est pourquoi, on a tenu. Progressivement, il faudra que plutard les appels à la candidature s'étendent dans beaucoup de secteurs publics et para-publics. Pour le pétrole, nous ne sommes pas un grand producteur. Je vais vous en donner les chiffres : Nous produisons aujourd'hui 50 mille barils par jour. A titre de comparaison, le Nigeria produit 2 millions 300000 barils par jour. L'Angola produit 1 million 500.000 mille barils par jour. La Guinée Equatoriale produit 300 mille barils par jour. Nous ne sommes même pas capables d'être membres de l'OPEP. Nous sommes un petit producteur. Les revenus de ce secteur nous rapportent 135 milliards. Donc c'est le binôme café-cacao qui nous tient. Dans la même année 2006, le café-cacao, je parle de l'Etat, a rapporté à l'Etat 254 milliards. Le gaz est encore moins important surtout que nous fabriquons de l'électricité avec. Et à New York, j'ai discuté avec l'actuel Président du Nigeria pour que le gazoduc qu'on trace de Lagos à Accra se prolonge jusqu'à Abidjan. Je veux avoir du gaz en abondance pour fabriquer beaucoup d'électricité.

Monsieur le Président, je m'inquiète pour cette économie.
Mais pourquoi vous vous inquiétez ? Moi au contraire je suis très optimiste.

Oui d'accord Monsieur le Président, vous savez que l'économie est en danger parce qu'il y a une nouvelle guerre pernicieuse et insaisissable qui est menée contre cette économie, ce sont les incendies, les marchés qui flambent tout récemment, c'est le black market. Mais la cerise sur le gâteau c'est le Trésor public, la Caisse de l'Etat. Savez-vous qui a brûlé le Trésor public?
Là, encore l'enquête a commencé parce qu'il faut agir de façon moderne. Une enquête a été ouverte, mais je peux vous dire et je peux regarder dans les yeux des Ivoiriens et dire que les enquêtes aboutiront, elles nous diront que l'incendie au Trésor est d'origine criminelle ou accidentelle c'est l'enquête qui le dira.

Est-ce qu'on a une idée exacte que cela a causé ?
Non, non, c'est pour cela que je vais répondre. Nous, nous sommes sereins, parce qu'aucun dossier, aucun document concernant les Finances publiques ne peut-être brûlé et nous mettre en branle. Puisqu'au niveau du Trésor, au niveau des Finances de l'Etat, nous avons même en Côte d'Ivoire 3 (trois) sites de sécurisation. Et à l'étranger un (1) site de sécurisation, ce qui fait que tout ce qui peut brûler existe ailleurs. Avec un support papier et avec un support électronique. Donc ça n'a vraiment aucune incidence sur les salaires. Sur le fonds du fonctionnement de l'Etat, nous sommes sereins (NDLR : face à ces incendies). Un incendie ne peut pas empêcher de payer les salaires. A la limite, il peut le retarder de quelques heures ou d'un jour. Il suffit donc - en cas d'incendie - de faire appel à ces données qui existent ailleurs pour payer les salaires.

Monsieur le Président, parlons un peu de notre politique nationale : Vous confirmez que les partis politiques sont financés par l'Etat.
Oui, oui.

A hauteur de combien et quels sont les critères ?
Nous voulons moderniser la vie politique. A titre de rappel, nous n'avons pas été financés quand nous (FPI) étions dans l'opposition. Je vous le dis tout net, c'est un bon acte de modernisation des partis politiques.

Quels sont les critères ?
Normalement, on prend les résultats des dernières élections et c'est sur cette base-là que nous prenions un millième du budget et c'est ce millième qui est partagé entre les partis qui ont participé aux élections. Proportionnellement aux voix qu'ils ont obtenues.

Quelle relation entretenez-vous avec le FPI, votre ancien parti politique ?
Je suis militant du FPI, mais la Constitution m'interdit d'être président d'un parti si je suis Président de la République donc je ne suis pas président du FPI, mais je suis membre du FPI. Je ne peux pas renier le FPI, aujourd'hui.

Monsieur le Président, votre parti se veut un parti des démocrates au sein duquel des opinions s'affrontent tout de même lorsqu'une personnalité importante de votre parti, en l'occurrence le N°2, le Président de l'Assemblée nationale fait une sortie jugée assez musclée parce que interpellant avec véhémence une certaine gestion des Affaires par ses pairs. Est-ce qu'il n'y a pas lieu de s'interroger sur un éventuel malaise dans votre parti?
Non, non. Vous ne connaissez pas le FPI (rires) moi quand je dirigeais le FPI, on a vécu en permanence comme cela. C'est-à-dire les gens parlent, les gens critiquent mais allez voir Don Mello, aujourd'hui Directeur du BNETD. Il était le fer de lance de ces critiques-là. Donc nous au FPI, on débat et on discute sur la place publique et à mon goût, c'est un peu gênant. Mais il faut faire avec. ce parti, il est comme ça (rires). Il s'autocritique, moi je pense que Mamadou Koulibaly est un esprit qu'il ne faut pas chercher à mettre en cage. Il faut le laisser de temps en temps être une conscience, tirer sur les gens, sur lui-même, sur les autres, c'est cela Mamadou Koulibaly. Si tu lui enlèves ça, tu l'as tué. Et nous, on est avec lui comme ça depuis toujours et il est aimé comme ça. Et nous, on l'aime comme ça.

Président, au niveau de la classe politique, les relations politiques n'ont pas toujours été au beau fixe, avec la guerre qui a aggravé les choses. Aujourd'hui, avec la sortie de crise et tout le mouvement qui s'enchaîne. Comment jugez-vous l'état de vos rapports avec les différents leaders politiques ?
Ces derniers temps, on s'est pas beaucoup rencontré, on ne s'est pas beaucoup appelé non plus. Mais il ne faut pas en conclure qu'il y a un mur. Si l'un d'entre nous décide d'appeler l'autre, ça se fera et on se verra soit discrètement, soit en public

Peut-être que ça ne rassure pas l'opinion ?
Pourquoi ?

Le silence entre leaders peut inciter à interprétation.
Interprétez ce que vous voulez. Mais il n'y a pas de problème. Vous n'entendez pas dire que Gordon Brown est toujours avec le leader du parti conservateur, ni que Sarkozy déjeune chez François Hollande. Je veux dire chacun évolue, chacun dans sa sphère et chacun fait son travail.

Monsieur le Président, la guerre a laissé certainement des traces. Notre pays a été pendant longtemps le pays phare de la sous-région. Est-ce que la Côte d'Ivoire le demeure toujours ?
Oui, prenez les chiffres, nous sommes les leaders de l'UEMOA, nous l'étions et nous le demeurons.

Donc on n'a rien perdu.
Si, on a perdu quelque chose par rapport à nous-mêmes. Parce que s'il n'y avait pas eu la guerre, on aurait été encore plus grand. Donc c'est par rapport à nous-mêmes et ce n'est pas par rapport aux autres.

Il y a eu cette guéguerre autour de la succession du gouverneur de la BCEAO, le remplaçant de Banny. Aujourd'hui, selon certaines indiscrétions. La Côte d'Ivoire occupera le poste parce qu'elle a des arguments convaincants. On donne partant un de vos proches.
Mais un chef d'Etat a toujours donné le nom d'un de ses proches. Moi, j'ai donné le nom de Bohoun Bouabré et ce n'est pas un secret. Je veux dire que c'est comme ça que cela se fait. Quand vous êtes amené à désigner un Gouverneur d'une Banque centrale, en tout cas, vous désignez quelqu'un que vous connaissez et en qui vous avez confiance.

C'est fini, c'est terminé certes
Non, non. On attend maintenant que le Président de l'UEMOA nous convoque. Sinon ce n'est pas un secret, ce n'est un mystère. On n'en parlait pas parce qu'on entendait que les Chefs se réunissent d'abord.

Monsieur le Président, on parle beaucoup de renaissance de l'Afrique et sur ce sujet bien précis, il y a deux thèses qui s'affrontent. Pour certains, il faut aller très vite pour d'autres, il faut procéder par petites touches pour l'intégration sous-régionale. Dans ces deux thèses où nous nous trouvons ?
Ma place est claire, et je pense que c'est illusoire de vouloir former aujourd'hui même un gouvernement unique pour le continent africain. Je pense que nous avons de grands challenges dans les régions où nous sommes. Dans notre sous-region à nous, nous avons un problème, il faut marier l'UEMOA à la CEDEAO, il faut qu'on sorte le ce bicéphalisme et qu'on arrive à avoir une monnaie unique pour l'Afrique de l'Ouest, idem pour l'Afrique australe et centrale etc. Et, il faut qu'on ailleais les gens sont pressés et à vouloir courir trop vite, on peut tomber. Aujourd'hui, nous sommes en 2007, soit 62 ans après la fin de la guerre. Mais c'est le temps que l'Europe a mis pour se construire, mais la construction européenne a commencé dès la fin de la seconde guerre mondiale, elle est rentrée dans sa phase institutionnelle en 1956-1957. Pour faire quelque chose de durable, au niveau de l'intégration, il faut aller doucement. Nous en Afrique de l'Ouest, nous sommes bien placés pour le savoir. Au moment des indépendances, il y a eu la formation de la République fédérale du Mali qui comprenait le Sénégal, le Soudan, la Haute-Volta et quelques autres pays. Mais cette fédération a duré quelques mois. Et finalement, c'est le Soudan seul qui a gardé la dénomination du Mali. Même le Conseil de l'Entente que nous avons créé ici depuis que je suis là, il a fait une seule réunion. Il ne marche pas bien. A l'UEMOA où nous pouvions aller vite parce que nous avons déjà une monnaie commune, nous n'allons pas aussi vite que je le souhaite. Vous comprenez donc, nous savons ce que c'est le poids des pesanteurs. Des pesanteurs nationales. En regardant ça, je sais qu'on ne peut pas aller plus vite que ça. Donc, pour moi, je suis pour qu'on construise les entités régionales d'abord et qu'on les renforce. Je suis donc d'accord avec Thabo Mbeki quand il dit ça. Et cela est clair. Et cela est clair pour le forum, notre position est claire.

Cette construction de l'Afrique passe aussi par le démantèlement des bases militaires étrangères ?
Ah, mais ça c'est une autre chose. Mais il a été à l'ordre du jour, disons que ce problème a été évoqué par le Président de la Commission de l'Union africaine, à la réunion extraordinaire du Conseil de Sécurité présidée par la France, par le Président français à New York. Moi, je suis pour que toutes les bases militaires étrangères soient effectivement démantelées. Je suis pour ça, donc, il n'y a pas d'état d'âme à gérer. Bon mais nous sommes en crise, nous sommes en train de sortir de la crise. Je crois que même hier, encore, j'ai reçu quelques officiers de nos amis, je leur ai expliqué que dans l'action de l'ONU aujourd'hui, il nous faut faire moins de soldats et plus de civils pour nous appuyer en vue d'aller à la sortie de crise. Donc, nous sommes constants avec nous-mêmes.

Monsieur le Président, dans cette sortie de crise, il y a aussi un secret peut-être. La relation bilatérale notamment avec l'ancien colonisateur, la France. Alors depuis l'avènement de Nicolas Sarkozy, comment est-ce que vous mesurez justement l'état des rapports ivoiro-français, c'est que depuis son arrivée, vous avez eu droit à un coup de fil, juste une poignée de main à New York, cela peut-il préfigurer de bons rapports dans le futur ?
Ça va beaucoup mieux. On ne nous attaque plus chaque matin (rires) parce qu'il ne faut pas avoir la pudeur de le dire, avant avec l'ancien Président où nous étions accusés de tous les maux de l'Afrique. Et le Président élu était le problème de la Côte d'Ivoire. Donc, tout cela a changé, tant mieux.

Monsieur, le Président, il nous reste un quart d'heure, nous allons consacrer ce quart d'heure à parler des chantiers que vous avez ouverts. La plupart de ces chantiers se trouvent dans la capitale politique de notre pays, à Yamoussoukro, des chantiers pharaoniques diront certains pour un pays en crise. Mais pourquoi ?
Depuis 1983, les gouvernants ont vu la difficulté de vivre à Abidjan, ils ont pensé qu'il fallait se déplacer pour aller à l'intérieur du pays. Je vous le dis tout net. Je me suis opposé à ce que le Président Houphouët propose son village comme capitale. Parce que pour moi, cela pouvait entrainer des dérives. Et chaque Président pouvait vouloir faire de son village la capitale. On allait avoir comme ça les capitales itinérantes et des fonds perdus. Donc j'ai pris ça en compte, j'ai vu leurs analyses qui n'étaient pas infondées de vouloir déplacer la capitale. Je suis donc pour qu'on y aille. On a eu tellement d'investissements qui ont été faits à Yamoussoukro, tellement d'argent qui a été investi dans la construction de Yamoussoukro, que si on n'y va pas tout cet argent est perdu. Et il ne faut pas perdre l'argent. Abidjan peut vivre sans être la capitale, Yamoussoukro ne peut pas vivre sans être la capitale. On aura des pôles comme Washington et New York, comme Ho Chi Minh-Ville au Vietnam et Hanoi, il y a des villes, des pays comme ça où il y a comme Douala, Yaoundé donc Johannesburg et Pretoria et le Cap donc je peux vous citer beaucoup de cas où on a des grands pôles de développement, c'est pas nouveau. Les gens disent que ce sont les travaux pharaoniques. Je suis fier que ce soit pharaonique. Parce que quand on construit, il faut construire pour très loin et pour très longtemps et disons pour toujours. Sinon ce n'est pas la peine de bâtir. Donc je bâtis effectivement des choses solides qui vont durer au moins 100 ans. Ces bâtiments-là vont être fonctionnels au moins 100 ans. Je serai indigne si je faisais moins. Alors, on dit aussi pendant la crise, souvenez-vous de Ken, moi je ne suis économiste, mais Ken a établi sa théorie pendant la guerre. C'est pendant les crises qu'il faut programmer pour diminuer le poids de chômage et accroître l'enrichissement du pays. Et sa théorie qui a été lancée alors que la guerre n'était pas totalement finie à inspirer deux pays aussi différents que les Etats-Unis et l'Union soviétique a inspiré Roosevelt et Staline donc c'est pas des choses nouvelles. On n'invente pas le fil à couper le beurre. Ce qui a réussi c'est ce qu'on fait. Vous comprenez donc nous construisons, nous sommes en train d'achever le deuxième étage de l'Assemblée nationale qui va en compter 5 où il y a le sous-sol, les rez-de-chaussée, le premier étage et le deuxième étage que nous sommes en train d'achever après nous irons pour la Présidence. On continue de consolider le sous-sol. Ça c'est la capitale. Mais on fera d'autres travaux ici à Abidjan. on a terminé les études pour le Port d'Abidjan. Parce que le Port d'Abidjan est notre poumon économique et il faut le renforcer, il faut en renforcer les capacités. Toutes les études sont prêtes, nous avons un peu d'argent pour commencer, nous discutons avec ceux à qui appartient l'Ile Boulay. Nous avons entamé les discussions et nous allons commencer les travaux aussi. Ça, ça rapporte de l'argent.

Monsieur le Président, quand on revient à Yamoussoukro, le transfert de la capitale. Est-ce qu'on peut dire que Yamoussoukro, c'est l'avenir de la Côte d'Ivoire ?
Je ne dirai pas ça comme ça. Yamoussoukro, c'est la future capitale réelle de la Côte d'Ivoire parce qu'aujourd'hui, c'est une capitale légale et donc une capitale virtuelle. Puisqu'on n'st pas d'accord, mais ce sera la future capitale réelle. Aujourd'hui, ce qui nous empêche de commencer à utiliser Yamoussoukro, c'est le logement pour les chauffeurs, les secrétaires, les dactylographes. Ce sont ceux-là qui n'ont pas de logements parce qu'à Yamoussoukro, on a tout prévu, mais rien pour eux. Donc là, j'ai lancé les travaux pour eux. Donc des bâtiments vont bientôt sortir de terre.

Monsieur le Président, est-ce que les dispositions sont prises pour ne pas retomber dans les problèmes d'Abidjan avec les Ebrié. Est-ce que sur place là-bas la pioche des droits coutumiers a commencé, on peut y voir un peu clair ?
Jusqu'à présent oui. Mais vous savez, c'est avec le temps que ce problème-là surgisse. Mais moi ce n'est pas le problème que je veux soulever. C'est le problème de l'équipement de la ville. C'est-à-dire les infrastructures d'équipement, l'écoulement d'eau des trucs comme ça. Ici à Abidjan quand il pleut c'est la catastrophe. Ecoutez, la décharge d'Akouédo a été pensée au moment où Abidjan avait 600 mille habitants. Donc, il faut penser Yamoussoukro pour loin. Et c'est ce que nous sommes en train de faire.

Avec l'expérience du pouvoir, Monsieur le Président, avez-vous changé de jugement sur l'homme Houphouët-Boigny et son ?uvre ? Vous avez été pendant longtemps...
Oui, je comprends mieux les choses qu'il faisait mais sans être d'accord. Moi, je n'aurai pas fait ça. Je ne reviens pas sur les détails. Je ne polémique pas avec quelqu'un qui n'est plus. Voilà donc, mais je comprends des fois pourquoi il a fait ceci, pourquoi il a fait cela même s'il me dit je n'aurais pas fait ça et je n'aurai jamais fait ça. Mais étant là, voyant quelquefois des dossiers qui sont restés voyant quelquefois des contextes, je comprends mais je n'aurais pas fait exactement comme il a fait certaines choses.

Monsieur le Président, nous arrivons au terme de cette émission on me fait signe qu'il reste 5 mn, nous accordons ce temps pour votre conclusion. Quel message à l'adresse des Ivoiriens ?
Je vous remercie d'abord de venir m'offrir cette opportunité de m'exprimer à bâtons rompus pour les Ivoiriens. Je voudrais dire que la crise dont nous sommes en train de sortir, elle n'est pas une crise banale. Et tout le long de cet entretien, je n'ai pas voulu faire de polémique. Mais cette crise armée n'est pas une crise banale. Depuis 1915, comme je vous l'avais dit, depuis la fin de l'époque de Angoulvant c'est la première fois, que la Côte d'Ivoire vit une véritable aventure armée. Donc tout était bousculé en Côte d'Ivoire, l'économie, la politique tout, les mentalités, la psychologie tout. Mais en même temps, c'est une crise qui nous offre une énorme opportunité de sortir notre pays en en faisant une véritable Nation. En faisant en sorte que tout le monde comprenne aujourd'hui que ce pays-là, s'il se renverse comme une pirogue, c'est tous ceux qui sont assis dans cette pirogue qui vont tomber à l'eau. Et ce n'est pas un seul. C'est ce message que je voulais lancer. Gardons notre pirogue sur les flots, levons notre pavillon et n'ayons pas honte de notre pavillon national. Progressons, reconnaissons en nous les Ivoiriens ouvrons les bras aux autres, mais restons nous-mêmes avec notre culture, notre humour, notre musique, notre sport, notre tout Donc je voulais dire ça. Mais en même temps, je voulais saluer tous les pays qui nous ont assistés, qui nous ont aidés pour sortir de la crise. Bien entendu, je salue toujours l'Afrique du Sud qui reste membre du Conseil de Sécurité. Puisqu'elle avait été élue en 2006 pour 2 ans. Je viens d'apprendre sur ce plateau que le Burkina Faso fait son entrée au Conseil de Sécurité, la Libye aussi. A ces pays frères et amis, je voulais présenter mes félicitations, et leur dire qu'ils sont au Conseil de Sécurité au nom de toute l'Afrique. D'où, je voudrais vous remercier. Je voudrais dire aux journalistes d'être sereins et de garder la tête froide. Ils peuvent même être partisans, parce qu'il y a beaucoup de gens qui disent, il ne faut pas que les journalistes soient partisans, moi je n'y crois pas. Ils peuvent être partisans et puis faire du bon journalisme. En ce qui nous concerne, nous ne cacherons jamais rien. S'il y a des choses, des chiffres qu'ils veulent, qu'ils viennent demander. Désormais, nous allons publier toutes les données sur le pétrole, le gaz, le cacao. Nous allons les publier, il faut qu'ils sachent ce que l'Etat engrange. Parce que l'argent de l'Etat, c'est l'argent de l'Etat. C'est pourquoi, le budget est ouvert. Donc je voudrais saluer tous les Ivoiriens et leur dire que Dieu nous bénisse tous. Et que je les remercie et les embrasse.

Interview retranscrite par
Douh L. Patrice, Yacouba Gbané, Pierre Legrand, Sékou Fofana,
Eric Kpassou, Tiékoura Anastasie

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