samedi 27 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

Faisant suite à son récent entretien télévisé, le chef de l'Etat a voulu s'essayer au jeu de la transparence en rendant enfin public les chiffres de l'exploitation des ressources pétrolières ivoiriennes depuis son accession au pouvoir en 2000. Mais très vite, Laurent Gbagbo est rattrapé par les faits. Les vrais chiffres certifiés de la production du pétrole en Côte d'Ivoire dépassent, en effet, largement et considérablement ce que le chef de l'Etat a déclaré devant la nation. "La Côte d'Ivoire n'est pas un pays pétrolier à l'image du Qatar et du Nigeria. La production moyenne journalière de notre pays est de 50.000 barils là où le Nigeria fait 2,3 millions et l'Angola 1,5 million baril/jour", avait affirmé Laurent Gabgbo sur fond de colère à l'égard de tous ceux qui critiquent un peu trop, à son goût, la gestion des ressources pétrolières nationales de son régime. Il avait même ajouté que le pétrole était loin d'être un challenger sérieux pour le binôme café-cacao dans la mesure où en terme de revenus, l'exploitation de ce pétrole n'a rapporté que 105 milliards de FCFa en 2005 et 135 milliards en 2006. Tous ces chiffres brandis ont été confirmés par un document d'information officiel du ministère des Mines et de l'énergie distribué aux rédactions avant-hier. Mais aussi rapidement, nous avons pu entrer en possession d'un certain nombre de documents, dont la source et la crédibilité ne peuvent être sujettes à doute, qui attestent que le chef de l'Etat n'a pas dit toute la vérité sur la production du pétrole en Côte d'Ivoire et que les chiffres déclarés ne sont pas les vrais. Le premier document qui contredit Gbagbo est daté du 18 octobre 2007 et émane du Conseil de sécurité de l'ONU. Il s'agit d'un rapport d'experts mandatés par les Nations unies. Ledit document est intitulé "Rapport présenté par le Groupe d'experts en application au paragraphe 2 de la résolution 1761 (2007) du Conseil de sécurité". En son chapitre VII relatif aux "Ressources naturelles", ce rapport qui dresse un état des lieux assez détaillé sur la situation politique, militaire, économique et sociale de la Côte d'Ivoire révèle en son point B sur les hydrocarbures que ce secteur occupe le premier rang des exportations ivoiriennes (1569 milliards de FCFA en 2006) et contribue à hauteur de 17% du produit intérieur brut national". Pour obtenir ces données capitales, le comité d'experts onusien affirme avoir rencontré le comité pétrolier (instance dépendant du ministre des Mines et de l'énergie) et quelques acteurs privés qui opèrent dans le secteur de la distribution des hydrocarbures. En revanche, les experts n'ont pu obtenir d'informations précises sur la gestion de la manne pétrolière. Les mêmes experts écrivent que les démarches entreprises auprès du ministère de l'Economie et des finances pour l'obtention des informations sur l'utilisation des redevances et taxes générées par la filière café-cacao et le secteur des hydrocarbures sont restées sans suite". Voilà comment nos autorités pratiquent la transparence. Dans un autre rapport d'experts rendu public par la coalition nationale, "Côte d'Ivoire, publiez ce que vous payez" (CI-PCQVP), filiale de l'"International of transparency" (ITIE), nous apprenons que Laurent Gbagbo n'a pas aussi dit la vérité en ce qui concerne la quantité de la production pétrolière ivoirienne. Se fondant en effet sur les dernières statistiques, ces experts révèlent que la production officielle moyenne est de 75.000 barils/jour. Mais que "des sources issues de la presse internationale (African Energy) estiment ce chiffre autour de 90.000 barils/jour, produit seulement à partir des champs Espoir, Lion et Baobab. Les prévisions indiquent une croissance de l'exploration et de la production du pétrole brut dans les prochaines années. Les réserves de pétrole brut découvert sont estimées à 25 milliards de barils et les réserves de gaz naturel à 77 milliards de mètre cube" Voilà les vrais chiffres que l'on cache. Et pour couvrir cette gestion opaque du secteur, la Côte d'Ivoire n'a pas encore jugé utile de ratifier l'ITIE, organisme international qui définit un certain nombre de critères de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des ressources pétrolières. En Afrique, ont déjà ratifié ce traité le Nigeria, le Cameroun, le Liberia, le Ghana, le Congo Brazza
Akwaba Saint-Clair

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