samedi 27 octobre 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Plusieurs fois annoncé puis reporté, Jah Victory, la nouvelle oeuvre de Alpha Blondy, est enfin dans les bacs lundi matin.

Avec les journalistes, il a déballé jeudi au Soleil Night club du Café de Versailles à Abidjan Cocody, sis à la 7ème Tranche, le coffret sous 19 formes artistiques que composent le tracklisting. Une revisite nostalgique et mélancolique depuis son premier séjour aux Etats Unis. Une adaptation reggae de ?'Wish you were here (1)'' (j'aurais aimé que tu sois là) de Pink Floyd (1975). Comme le groupe britannique rock des années 60 qui pleure la mort de Syd Barett, ancien membre du groupe, Blondy regrette Roger Fulgence Kassy avec qui il aurait aimé savourer la réussite. Cela passe par une mise en garde faite aux dirigeants africains qui ?'sont à 80% des putschistes'', pour emprunter ?'La route de la paix (19)''. Dix neuf titres chacun dans sa particularité et sa diversité de son. Loin de lui l'intention de blesser ou d'attaquer, selon ses termes, Blondy traduit ses joies, ses peines, ses blessures personnels. ?'Au lieu de sombrer dans la violence, j'ai préféré poétiser. Je le dis sans violence''. Aussi bien qu'il ne veut pas jouer la langue de bois, Alpha s'en prend aux ?'Salauds (13)'' qui ont mis le feu à son paradis.
Les nommant, il cite ?'journalistes pyromanes, les politiciens mythomanes, les prêtres corrompus et les imams vendus''. Les pincements des cordes de guitare qui s'ajoutent au bruit positivement assourdissant annoncent avec rythmique la gravité de ce qu'il traduit. Il plante musicalement le décor d'un far west qui n'est autre sa Côte d'Ivoire ?'mise à sang'', ravagée par la guerre. Sifflement, crépitement de sabot de cheveux. Criant son ras le bol avec puissance musicale, il s'attaque aux ?'Sales racistes (14)'', aux esclavagistes ?'qui n'ont jamais payé les travaux forcés de nos grand-parents''. Si la musique est belle et d'une douceur agressive elle trouve force dans les instrumentaux empruntés au mythique Crazy balhead de Bob Marley. Une adaptation confié aux Riddim twins (jumeaux du rythme) Sly Dunbar (batterie) et Robbie Shakespeare jouant la basse auprès de l'Ivoirien Aboubass. Leurs partitions traduisent expressément les espérances du producteur exécutif, Alpha Blondy, qui ?'voulait quelque chose de positif.
J'ai voulu mettre beaucoup d'ingrédients. Deux pincées de rock, trois pincées d'instruments africains''. Une découverte d'instruments exotiques tels la cornemuse (Nord de l'Afrique) et l'accordéon qui en rajoute à la chaleur et l'ambiance qui guide l'album. En 25 ans de carrière, à commencer par Jah Glory, Blody quasiment satisfait des prédictions faites, il est d'autant plus fier d'avoir pu tirer sur la sonnette d'alarme même s'il avait à l'époque essuyé des coups et des railleries. Certains l'accusant même de faire de la politique et de s'éloigner de ses fans. Dans Ikafô (Tu l'a dit, titre 15), Blondy reviens sur ses mises en garde contre des dérapages à l'horizon et assume ?'Armée française, allez chez vous. N'ai-je pas dit ?''. Une affirmation donnée par ?'la fidèle'' Amy Bamba et le ch?ur. Malheureusement, ce qui devait arriver, arriva: Gban Gban (17) ou la palabre. ?'Leur soif de pouvoir les perdra. J'ai beau leur parler ces politiciens, ils n'écoutent pas. Gban Gban ils ont crée là, ils vont prendre drap'', chante t-il. Empruntant parfois un langage d'expression populaire pour la bonne compréhension de ses Baramogo ou fans, l'artiste s'insurge contre la bêtise humaineafricaine. Avec des zooms sur les rébellions en Afrique, ?'Tampiri'' (imbécile en Moré - titre 12) est une remise en cause car ?'si l'Afrique est en retard et que les marchands d'armes y prospère, c'est la faute à Tampiri''. Plus que jamais, Alpha Blondy renoue le fil avec ses fans et mélomanes qui l'accusaient de ne plus faire des efforts au plan musical. Et, l'on revit avec grande joie les années roots.
Pour la grande retrouvaille, Blondy offre un bal, ?'Le bal des combattus (11)'' chanté avec le Zaïrois Didi Kalombo. Ambiance festive, souvenir d'une certaine époque qui souffle des airs de rumba sur Jah Victory. A la légendaire intro musical ?'Sam, met moi du feu par derrière'', Alpha tend la main, toujours en bambara, à ?'Madame, sert moi de la misik'' (Mousso, misik do dohoun n'fê). Au delà, c'est aussi un hommage rendu d'abord à Dieu à travers Jah Light (10), puis aux leaders dont il ne peut oublier la disparition. Sankara (2), Samory Touré, Patrice Lumumba, Kwamé N'krumah, Steve Biko, Martin Luther King

Koné Saydoo

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