samedi 27 octobre 2007 par Le Patriote

L.P. : Le 10 septembre dernier, vous êtes revenu au RDR. Quel est le sens de votre nouvelle bataille aux côtés du Dr Alassane Ouattara ?
Abou Cissé : Ma bataille, c'est de donner une dimension nationale à la personne de Alassane Ouattara. C'est de faire connaître l'homme à l'ensemble de la population ivoirienne. Les gens ont mis de côté ses qualités pour le dénigrer sur un plan qui n'avait pas sa raison d'être. Aujourd'hui, l'heure est venue pour que tous sachent qui il est et que les militants du nord ne disent pas que Alassane leur appartient à eux seuls. C'est la nouvelle mission que je m'assigne.

L.P. : Concrètement comment comptez-vous vous prendre pour faire passer ce message?
A.C. : Avec la campagne d'intoxication, les gens ont tordu le coup à l'histoire de notre pays, ils ont aussi amené plusieurs militants surtout du sud à être hésitants. La peur s'est installée chez certains militants de cette région. Nous devons donc les mettre en confiance et leur dire que Alassane est aussi leur fils et qu'en étant du sud, ils peuvent aussi avoir des postes des responsabilités au niveau du RDR. Les exemples de cadres qui occupent des postes ne manquent pas. Il faut que le reste de militants de cette zone s'approprie cette réalité. Cela on ne peut le réussir qu'en les mettant en confiance. C'est nous les hommes du nord qui devons le faire. Au plan local, il faut que la géopolitique joue.

L.P. : Comment voyez-vous ADO aujourd'hui après plusieurs années de retrait ?
A.C. : Alassane s'est métamorphosé. L'homme que j'ai vu, l'homme avec qui je me suis entretenu des heures durant a atteint une autre dimension. Les années de braises qu'il a subies l'ont aguerri. Il est devenu un homme ouvert, il écoute beaucoup, il comprend mieux certaines situations. Actuellement les critiques infondées ne lui font plus rien. Il est réceptif aux critiques qui peuvent l'aider à construire son parti.

L.P. : Vous dites qu'Alassane est un homme d'ouverture. Pourtant, il y'a quelques années vous aviez pris vos distances vis-à-vis de sa personne et de son parti. Pourquoi avez-vous changé d'avis aujourd'hui?
A.C. : On a l'impression que j'ai pris mes distances. En réalité, il n'en est rien. Vous savez, l'engouement que les gens avaient autour de Alassane ne le servait pas. Vous savez parce qu'il était Premier ministre, il avait l'argent, il fallait courir vers lui. Chacun faisait la courbette pour ses propres poches. Moi, je n'ai pas cette habitude là. Pour moi, il fallait forger un homme qui puisse avoir la carrure d'un président de la République. L'engouement était tel que certaines personnes devaient se retirer pour juger le parti de l'extérieur. C'est ce que j'ai fait. L'euphorie étant passée, je juge que l'heure est venue de préparer ensemble la victoire finale de Alassane. Avec le recul, j'ai connu mieux l'homme.

L.P. : Au cours d'une émission télévisée, il y a quelques années, vous avez hésité à dire si vous le connaissiez comme votre neveu. Pourquoi cette hésitation à reconnaître un fils?
A.C. :Vous savez, je vais vous dire quelque chose. Les journalistes qui m'interrogeaient à l'époque et qui vont certainement m'interroger encore sans doute parce qu'on aura d'autres débats télévisés, avaient des idées arrêtées. Le malinké a des traits très profonds. Lorsque vous avez un enfant qui est ministre et qui a de l'argent et qui ne vient jamais vous voir, à votre avis, qui il est pour vous ? Dans ces conditions, même si on vous dit que c'est le fils de votre grande s?ur, vous être libre de dire que vous ne le connaissez pas. C'est ce que j'ai fait.

L.P. : Voulez-vous dire que les deux visites d'Alassane dans les différentes familles Cissé de Treichville les 9 et 10 septembre derniers, ont été pour quelque chose dans votre retour au ?' bercail'' ?
A.C. : Le 9 et le 10 septembre étaient des moments mémorables pour notre famille. Notre fils est venu nous voir avec une certaine humilité. Je continue de dire que les épreuves l'ont transformé. Il est devenu humble, il s'approche des hommes et il écoute. Pour nous les malinkés, cette visite était primordiale. D'ailleurs nous avons profité pour lui faire nos bénédictions et lui accorder toute notre appui et notre soutien à sa personne, à son parti. Notre fils est devenu un homme complet en ce qu'il n'est pas seulement lié à sa région d'origine. Il est ouvert à toutes les régions du pays.

L.P. : A cette occasion, vous aviez dit qu'Alassane sera le futur président de la Côte d'Ivoire. D'où tirez vous cette assurance ?
A.C. : J'ai dit qu'il sera président parce qu'en Afrique et partout ailleurs, l'humilité, est le signe de la grandeur. De deux, la majorité sociologique, qu'on le veille ou non, est acquise à sa cause. De trois, il est en train d'opérer une ouverture autour de sa personne. Son approche vers la masse, fait en sorte que ceux qui hésitaient ont franchi une étape, en venant vers lui. Aujourd'hui, la seule étape qui reste, c'est de transformer le parti à la dimension de son président. C'est le v?u de plusieurs militants qui souhaitent que leur parti soit un parti ouvert.

L.P. : Est-ce à dire que le RDR est un parti fermé ?
A.C. : Je ne dis pas que le parti est fermé. C'est vrai qu'au départ, comme tout parti, il fallait une base sociologique qui puisse protéger son leader. Nous rentrons maintenant dans une deuxième phase, qui est celle de la conquête du pouvoir. Il s'agit maintenant d'amener Alassane à se montrer aux populations. C'est maintenant aux militants de le protéger par leur suffrage. C'est pourquoi, ils ne manquent pas d'exprimer leur joie de le rencontrer. Vous avez vu Abobo et Anyama, les militants ont exprimé leur joie de voir leur président. Ils ont eux même assuré sa sécurité. Dans cette deuxième phase, il faut que la direction s'ouvre, qu'elle soit à l'écoute de la base. Qu'elle ne se comporte plus comme un cercle fermé, qu'elle n'attende pas seulement Alassane, qu'elle soit plus mobile. Il faut faire du RDR un parti populaire.

L.P. : L'opinion pense qu'Abou Cissé est instable politiquement. Peut-on dire que cette fois votre retour au RDR est définitif et sincère ?
A.C. : Je vous répète que je n'ai jamais quitté le RDR. Je n'étais pas d'accord avec ceux qui pensaient que le parti était seulement pour les hommes du nord. Pour le démocrate que je suis, je ne pouvais accepter cela. Je pense que dans sa fondation, le RDR est un parti d'ouverture. Nous avions été exclu à un moment donné. Si je n'avais pas été exclu, je serais aujourd'hui le maire de Treichville. On m'avait fait des propositions pour être dans d'autres partis politiques. Je n'accepterai jamais, même si le RDR vient au pouvoir, que sa majorité marche sur la minorité.

L.P. : Que pensez-vous de ceux qui quittent leur parti ?
A.C. : J'ai beaucoup de respect pour toutes ces personnes, mais je suis désolé de dire que des personnes comme Zemogo Fofana ont fait fausse route. Certes des gens disent qu'ils sont frustrés. Je pense que le congrès à venir est une occasion pour laver le linge sale en famille et faire revenir ceux qui se disent frustrés.

L.P. : Qu'attendez-vous de ce congrès ?
A.C. : J'attends beaucoup de ce congrès. J'attends qu'au sortir de ce congrès, il y'ait une mutation totale. Que le parti soit ouvert totalement. Et comme le souhaite le président, qu'il existe un débat intérieur où chacun doit pouvoir dire ce qu'il pense pour la bonne marche du parti. Il faut arriver à une autre étape de la vie du parti. Que la direction qui sera mise en place au sortir de ce congrès mette le RDR en ordre de bataille pour la victoire finale.

Ibrahima B. Kamagaté

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