mercredi 31 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

Après la sortie télévisée de Gbagbo Laurent que même des confrères du camp présidentiel traitent de catastrophique, et surtout suite à la déclaration du RHDP qui a révélé les contradictions du Chef de l'Etat et les tares de son régime, le Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD), mouvement de soutien à Gbagbo, s'est cru obligé de répliquer pour défendre la refondation. Dans une déclaration qu'il a faite le lundi dernier, le CNRD n'a rien dit d'autre que de confirmer les contrevérités dites par le chef de l'Etat en avouant implicitement tous les crimes du régime FPI puisqu'il n'a rien dit qui contredise le RHDP. En lieu et place d'une analyse sérieuse et d'une contradiction intellectuelle, le CNRD, ne supportant sans doute pas que l'on critique la sortie de Gbagbo, s'est proprement attaqué au RHDP : " Suite à cette interview radiotélévisée, rassurante et prometteuse du Chef de l'Etat, le CNRD a enregistré, avec stupéfaction, la réaction démagogique du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix) sous forme de conférence de presse animée par son porte-parole, M. Alphonse DJEDJE MADY. En effet, celui-ci, sans scrupules, prétextant de " l'honorabilité et de la crédibilité de la Côte d'Ivoire ", a cru bon de mettre en demeure le Chef de l'Etat et l'Assemblée Nationale, de faire toute la lumière sur ce qu'il qualifie " de sordides et scabreuses affaires qui ruinent les efforts des paysans .Le porte-parole du RHDP, en tenant des propos de cette nature perd définitivement aux yeux des Ivoiriens, le peu de crédibilité et d'honorabilité, qui lui restait, s'il en avait encore. C'est sans doute parce qu'il est abonné à la gestion dans l'impunité des scandales financiers que le RHDP croit se donner bonne conscience par cette sortie démagogique que le Président de la République n'a pas attendu avant de prendre ses responsabilités.Les scandales financiers et les actes de mauvaise gestion occasionnés par les dirigeants du RHDP sont légion. Les rapports des institutions internationales et des bailleurs de fonds en témoignent.Lorsqu'on traîne, à ses pieds, autant de casseroles qui font de gros vacarmes, la sagesse et la décence recommandent silence et discrétion, ou, à tout le moins, s'exprimer avec humilité et dignité". A lire ces lignes, on se rend compte de deux choses. Premièrement, le CNRD trouve prometteur que le Chef de l'Etat dise au monde entier que la mauvaise gestion de la filière café cacao ne regarde pas l'Etat. Le CNRD trouve rassurant que Gbagbo dise que la fraude et la corruption généralisée aux examens et concours n'est pas sa tasse de thé. Il trouve prometteur que le chef de l'Etat envoie des préfets pour se disputer des places de chef avec des rebelles encore en armes. Il trouve rassurant que le président des Ivoiriens soutienne qu'il ne peut rien pour endiguer le racket, l'insécurité
Deuxièmement à travers cette déclaration, le CNRD ne nie nullement les scandales sous le régime FPI. Mais il les justifie par le fait que les dirigeants du RHDP auraient eu eux aussi des scandales sous leur règne. Sur ce point, il faut sans doute rappeler ceci. Quand le vrai faux scandale des 18 milliards de l'Union Européenne a éclaté, le Président Henri Konan Bédié a fait démissionner le ministre Kakou Guikahué pour le mettre à la disposition de la justice. Mieux, tous ceux qui ont été suspectés ou impliqués dans la gestion de l'argent de l'Union Européenne ont été interpellés et écroués à la MACA. Le régime Bédié a permis à l'Union Européenne de mener ses enquêtes en même temps que la justice ivoirienne traite le dossier. Le dernier jugement a été rendu en 2000, sous le règne du régime militaire très hostile au PDCI-RDA. Le FPI est partie prenante de ce régime. Le jugement rendu a plutôt blanchi Guikahué et les mis en cause. L'enquête de l'Union Européenne a permis de situer qu'en fait, il n'y a jamais eu de détournement de fonds de l'UE, mais des projets non ordonnancés mais réalisés. De 2001 à 2002, les leaders du régime FPI de Gbagbo ont sillonné le pays pour inaugurer les centres de santé et dispensaires (dont le centre de santé de Gnagbodougnoa) construits et équipés avec ces 18 milliards de l'UE.
Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on voit. Dans le scandale des déchets toxiques, tous les directeurs mis en cause par l'enquête judiciaire demandée par le gouvernement, et suspendus par le Premier Ministre Banny, ont été réinstallés par une décision du Chef de l'Etat Gbagbo Laurent sans qu'aucun n'ait été entendu par la justice. Tous les responsables des structures de gestion de la filière café cacao suspectés d'avoir détourné l'argent des paysans ont été reçus par le Chef de l'Etat Gbagbo pour ensemble faire des projets, au moment où le procureur de la République ouvre une procédure. Ces responsables soupçonnés sont tous encore à leur place. Les paysans continuent de broyer du noir.
En somme, la déclaration du CNRD qui était censée défendre le Chef de l'Etat Gbagbo et son régime pris dans un engrenage de scandale, les enfonce davantage en avouant (peut-être sans le savoir) toutes les forfaitures à eux reprochées.
Eddy PEHE

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