vendredi 2 novembre 2007 par 24 Heures

Ouattara Guibonsié est le meneur des jeunes qui ont secoué Bouna il y a plusieurs jours. Kabila, c'est son sobriquet à Bouna, donne les raisons de la révolte.



? Qui est Kabila ?
Mon nom à l'état-civil, c'est Ouattrara Guibonsié, je suis né à Bouna. Kabila est un sobriquet.

? On vous connaît aussi en tant que membre de la Fesci?
Oui, j'ai été le premier secrétaire général de la section Fesci du Lycée moderne de Bouna.

?Il y a quelques jours, Bouna a connu des évènements malheureux dont vous avez été présenté comme l'instigateur. Que s'est-il passé concrètement ?
Nous avons déjà parlé de ce problème avec le Commandant de zone, les élus, sa majesté le roi de Bouna et toute sa notabilité. Nous avons eu à asseoir des palliatifs par rapport à ces évènements malheureux que nous regrettons tous.

? Mais les Ivoiriens voudraient comprendre ce qui s'est passé ?
(Hésitations), écoutez, c'est une incompréhension. Sinon il n'y a pas de problème entre les Forces Nouvelles et nous.

? Partie de quoi ?
Vous savez, même en zone gouvernementale, il y aussi le phénomène du racket, et nous ne nous sommes pas compris, c'est ce qui a causé notre mécontentement


? Voulez-vous insinuer que les populations font l'objet de rackets de la part des Forces Nouvelles ?
Non, la population n'est pas rackettée. Je dis bien certains éléments en abusaient. C'est ce qui nous a conduit à agir de la sorte.

? Mais avez-vous essayé de rencontrer la hiérarchie militaire pour aplanir les différends, avant de descendre dans la rue ?
Non. Malheureusement, nous n'avons pas avisé la hiérarchie.

? On parle aussi de taxes
?
Je n'en sais rien, je ne suis pas commerçant et ce n'est pas mon domaine.

? Jusqu'où étiez-vous prêt à aller dans votre action ?
Pour nous, l'objectif était de nous faire entendre, mais comme vous savez, dans toutes manifestations populaires, il y a des gens qui débordent, et ce sont ces derniers qui ont commis ces gaffes. Et le résultat, on le connaît.

? Vous saviez très bien que vous aviez devant vous des hommes en arme. Alors sur quoi comptiez-vous pour mener une telle action ?
Je regrette ce qui est arrivé. Bien sûr que nous le savions, mais c'est un fait malheureux qui est arrivé et que nous regrettons tous.

? Parlez-nous de la journée du dimanche. Comment a-t-elle commencé ?
Ce jour-là, j'étais chez moi à la maison lorsque mon grand frère, de retour du centre ville, m'apprend qu'il y a des jeunes qui sont dans les rues. Comme tout jeune, je suis allé m'enquérir de la situation. C'est alors qu'on m'a dit qu'ils avaient en leur possession des éléments (militaires) du corridor nord qui s'adonnaient au racket et qu'ils allaient de ce pas les remettre à leur hiérarchie. Vous dites que vous étiez à la maison lorsque les évènements ont commencé. Mais comment vous vous retrouvez être le meneur ?
Je ne suis pas le meneur. Certaines personnes le pensent, mais c'est faux, je ne suis pas le meneur.

? Vous n'avez pas donné de mot d'ordre ?
Non. Nulle part.

? On nous a dit que c'est vous qui avez arraché la kalachnikov ?
Non, non ! La kalachnikov, lorsque nous arrivions sur le terrain, était brandie par un manifestant. J'ai donc dû la lui arracher et la remettre à la première autorité qui s'est présentée afin d'éviter un bain de sang. Sinon, sur quoi je vais compter pour arracher une arme à un militaire ?


? Mais le Lieutenant Ben s'était présenté à vous ce jour à la gare. Pourquoi ne lui avez-vous pas remis l'arme ?
En ce moment, je n'avais pas encore récupéré l'arme. Lorsque le Commandant Ben est arrivé et que des jeunes surchauffés ont commencé à taper la voiture de monsieur Bamory, son secrétaire principal, c'est moi qui me suis interposé afin de les calmer. Malheureusement aujourd'hui, c'est moi qui suis indexé.

? Craignez-vous pour votre vie ?
Que ce soit à Abidjan ou à Bouna, on peut mourir. J'ai foi au Commandant. Je fais confiance au Commandant Morou qui m'a rassuré et a réuni ses hommes pour leur expliquer que ce n'était qu'un vulgaire malentendu.

? On vous accuse de rouler pour Palé Dimaté, président du Conseil général. Qu'en est-il ?
Palé Dimaté ?
(rire). Je n'ai même pas son contact. Je ne connais pas Palé Dimaté. En plus, Palé Dimaté et moi n'avons pas la même ligne politique.

? Apparemment les choses se sont calmées, est-ce que vous avez trouvé des solutions ?
Est-ce qu'il n'y aura pas d'autres manifestations ?
Non, non, il n'y aura rien. Rien, rien, rien !

? Quelles sont les solutions qui ont été trouvées afin d'éviter que ce genre d'évènement malheureux ne se reproduise?
Le Commandant est en train de travailler avec les autorités, le roi et toutes les autres autorités coutumières pour ne plus que de tels évènements se reproduisent. Je fais confiance au Commandant Morou. Interview réalisée par Hervé Akaché ________________________________________________________ Zémogo Fofana de retour de France. ?'Je serai à Boundiali la semaine prochaine ''. Rentré hier au pays au terme d'un séjour de plus d'un mois en Europe, Zémogo Fofana, président de l'ANCI, s'est confié à la presse. Dans cet entretien qu'il nous a accordé juste à sa descente d'avion, le transfuge du RDR confie qu'il entamera dès la semaine, une tournée qui devrait le conduire à Boundiali, la ville où il serait pourtant persona non grata.

? Pouvez-vous nous situer sur l'intérêt de ce séjour que vous venez d'effectuer à l'Etranger ?
J'étais absent du pays, dans le cadre d'une visite privée en France. Et bien entendu, comme vous le savez, la Côte d'Ivoire fait l'objet de beaucoup de curiosité à l'extérieur. J'ai eu beaucoup de sollicitations. J'ai eu beaucoup d'invitations. J'ai donc rendu des visites. J'ai eu de nombreuses rencontres, notamment avec des formations politiques françaises, mais aussi avec des élus et des hommes politiques français. Bien entendu, c'était dans le cadre d'une visite privée au cours de laquelle j'ai rencontré mes partenaires. Vous savez que j'ai de la famille à Paris, j'y ai des enfants, des petits-enfants, des amis, des cousins, des frères
C'était un séjour très chargé du point de vue des rencontres et je suis heureux de retrouver la Côte d'Ivoire.

? Pouvez-vous nous citer quelques unes des personnalités que vous avez rencontrées ?
J'ai rencontré, au niveau des formations politiques, les responsables du parti socialiste français, ceux de l'UMP. J'ai également rencontré les responsables du Modem. Pour les élus, j'ai, entre autres, rencontré le député Noël Mamer et bien d'autres responsables.

? En votre absence, vous aurez été déclaré persona non grata dans votre zone, Boundiali par la population. Que comptez-vous faire maintenant que vous êtes rentré ?
Allez-vous faire un tour au nord ?
C'est vous qui me l'apprenez. Interdit de séjour par quelles populations de Boundiali ?
Vous êtes sûr de ce que vous dites. Je vous pose la question
Etes-vous sûr que les populations de Boundiali ne veulent pas me voir parce que personne ne m'a dit cela.

? Vous êtes donc prêts à aller là-bas ?
Maintenant ?
Bien entendu. Rendez-vous la semaine prochaine. Je serai à Boundiali. A partir de la semaine prochaine, je programme un séjour dans le nord et particulièrement à Boundiali. Je ferai le tour du département. Les nouvelles que j'ai sont plutôt particulièrement bonnes parce que je suis très attendu. Il y a beaucoup d'enthousiasme à organiser cette rencontre avec les populations de Boundiali. Je suis donc surpris par ce que vous venez de m'apprendre. Vous savez, les gens disent beaucoup de choses. Ils disent des choses quand ils sont assis dans leur salon. Ils écrivent beaucoup de choses. Et vous les journalistes, je vous invite à beaucoup plus d'attention, puisque ce n'est pas parce que quelqu'un rêve et qu'il vous dit ce dont il rêve que cela devient réalité. En tous cas, rendes-vous à Boundiali. Je ferai une déclaration à partir de Boundiali sur ce sujet.

? Maintenant que vous êtes rentré, quels sont vos prochains sentiers au niveau de l'ANCI ?
Au niveau de l'Anci, les chantiers sont connus. On les avait déjà annoncés avant mon départ. Vous savez que nous avons mis en place nos représentations locale au niveau des départements. Nous couvrons aujourd'hui les 70 départements des Côte d'Ivoire et les 13 communes du District d'Abidjan. Nous ambitionnons à partir de ces représentations locales, de peaufiner notre implantation, puisque c'est cela notre premier chantier. La prochaine étape sera la rédaction de notre projet de société, de notre programme de gouvernement. Comme vous le savez, c'est un travail intellectuel, un travail de recherche, de réflexion
Nous nous donnons donc le temps nécessaire de le faire. D'ailleurs, dans le cadre de mon séjour à l'Etranger, j'ai pris beaucoup de contacts pour enrichir notre projet de société et notre programme de gouvernement.

? A quand le congrès de l'ANCI ?
Nous avons dit que nous allons convoquer un congrès lorsque nous aurons fini l'implantation du parti. Car en fait, c'est quoi le congrès ?
Le congrès, c'est le rassemblement des délégués qui viennent des bases. Et nous, nous voulons créer ces bases, des bases réelles. Nous ne voulons pas de bases fictives. Nous voulons avoir de la représentation au niveau de chacune des localités et même des plus petits hameaux de notre pays. C'est ce monde que nous entendons rassembler pour faire notre congrès parce que c'est lui qui va prendre des décisions, qui va valider notre projet de société et de gouvernement, c'est lui qui va valider le statut et les règlements intérieurs, qui va mettre en place les instances réelles du parti, c'est-à-dire le bureau politique, le secrétariat général etc
Nous voulons donc faire un travail propre d'ici fin novembre, nous comptons faire l'état des lieux de notre implantation. Si cette implantation est satisfaisante, d'après nos normes, nous envisagerons en ce moment là de convoquer le congrès. Nous travaillons à la mise en place d'une structure forte, un politique fort qui compte. Pour le reste, je suis serein et tranquille. Ceux de mes détracteurs qui pensent qu'ils peuvent m'empêcher d'aller à Boundiali, je leur donne rendez-vous la semaine prochaine. S'ils ont la capacité de m'empêcher de rentrer à Boundiali, nous verrons. C'est dire que si vous êtes avec un aveugle, la nuit, et qu'il vous dit brusquement qu'il peut voir, il ne vaut pas la peine de discuter avec lui, puisque le jour va venir.

? Quelle analyse faites-vous de la nouvelle résolution 1782 et de la position des Nations unies qui estiment que le processus de sortie de crise est lent ?
Tous les Ivoiriens sérieux sont pressés que ce processus aboutisse. Nous sommes tout à fait d'accord avec les observations de la communauté internationale qui juge que le processus est lent. Nous sommes pressés, mais en même temps, nous ne voulons pas faire les choses dans la précipitation. Nous faisons confiance aux acteurs, notamment au Premier ministre et au Président de la République, pour conduire le processus à bon port. Nous les invitons très respectueusement à booster le processus et à faire en sorte que les choses se passent le plus rapidement possible.

? En votre absence, le Premier ministre a rencontré les élus du nord pour préparer la visite du chef de l'Etat au nord. Quel commentaire vous inspire ce voyage programmé du président Laurent Gbagbo ?
Cela procède de l'avancée du processus de paix. C'est une preuve qui indique qu'il y a une nette amélioration de l'atmosphère. En temps opportun, nous prendrons toutes les dispositions pour accueillir le Président partout où il voudra aller. Propos recueillis par M.D

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