lundi 5 novembre 2007 par 24 Heures

Le porte-parole de la Primature, Sindou Méité, a abordé dans cet entretien des problèmes brûlants d'actualité. Qu'il s'agisse des audiences foraines, du désarmement, des ex-combattants et même de la durée de la transition, le proche collaborateur de Guillaume Soro n'a pas utilisé la langue de bois.



? Il y a une rumeur qui fait état d'un possible remaniement ministériel. Vrai ou faux ?
Enfin, le Premier ministre Soro Guillaume n'en a pas été informé. Alors, le porte-parole, non plus, n'a aucune information sur ce sujet.

? M. le porte-parole, dans Soir Info et sur Onuci-FM, vous avez abordé deux questions majeures qui peuvent être déterminantes dans la sortie de crise. A savoir que la transition peut durer six ans. Est-ce une boutade ou une réalité ?
Notre objectif n'est pas de s'éterniser à la Primature. Puisque en prenant les armes en 2002, l'objectif de Guillaume Soro n'était pas d'être Premier ministre de Côte d'Ivoire. Mais plutôt de clarifier les règles de citoyenneté en évitant que des Ivoiriens en soient exclus. Ensuite, définir les règles consensuelles du jeu démocratique. A savoir que la Côte d'Ivoire soit un pays démocratique. En plus, que les conditions de l'alternance soient claires, pour qu'aucune oligarchie ne s'éternise au pouvoir hors de la volonté du peuple. Je crois pouvoir dire qu'après la signature de l'accord de Ouagadougou du 4 mars 2007, ce sont des principes que le Premier ministre partage avec le président de la République. Donc, en tout état de cause, courte ou longue, cette transition doit s'atteler à régler les problèmes de la Côte d'Ivoire. Cette transition sera courte, si, au contraire de ce que l'on voit aujourd'hui, tous les acteurs et tous les partis politiques s'y engagent franchement et résolument. Le peuple reconnaîtra ceux d'entre eux qui soutiennent et appliquent l'accord de Ouaga sans exclusive.

? Vous avez aussi jeté à la face du monde que le désarmement se fera après les élections ?
Cela veut dire tout simplement qu'après Ouaga, les deux belligérants se sont entendus sur une nouvelle approche du désarmement. L'approche ancienne consistait à réaliser un filet de sécurité. Ce qui ramène à troquer la kalachnikov d'un combattant contre 1000 dollars. C'est l'approche habituelle de la Communauté internationale. A Ouaga, le Premier ministre, Guillaume Soro a proposé et le président de la République l'accepté. A savoir troquer une kalachnikov contre une perspective de réinsertion sociale du combattant. Ce qui veut dire que les ex-combattants, que ce soient les 4000 recrues adjointes aux FDS par le président Gbagbo, que ce soient les milices pro-gouvernementales ou les ex-combattants Forces Nouvelles, ils ont, tous, deux possibilités de réinsertion sociale. Soit, aller dans la nouvelle armée réunifiée dont le quota et les missions seront arrêtées par les deux signataires de Ouaga, sur proposition du Centre de commandement intégré (CCI). Soit, aller dans la vie civile avec la possibilité d'apprendre une activité dans le cadre du service civique ou du nouveau programme de réinsertion et de réhabilitation communautaire. Donc, le désarmement, avant ou après les élections, est désormais un vieux débat.

? Quel sens donnez-vous à la nouvelle salle de presse de la Primature inaugurée le 31 octobre dernier ?
Effectivement, nous avons inauguré le jeudi 31 octobre 2007, la nouvelle salle de presse de la Primature. C'est une innovation. Le Premier ministre Soro a voulu des innovations, parce qu'il estime à la base, que dans un pays comme la Côte d'Ivoire qui doit sortir de la crise et aller vers la paix, la complexité et la lourdeur de son processus de sortie de crise nécessitent une explication permanente aux populations. Le Premier ministre estime donc qu'il doit rendre compte à la nation. Cette salle vient ouvrir un guichet d'informations permanent à la Primature. Elle permettra donc aux journalistes de venir prendre des informations. Le porte-parole de la Primature va dans un premier temps y organiser des points de presse hebdomadaires. Mais en fonction de l'influence ou de l'abondance de l'actualité, la périodicité changera. Les informations diffusées lors de ces différents points de presse seront utilisables par les journalistes dans le cadre de leurs articles de presse. Les journalistes auront aussi la possibilité de rencontrer les techniciens responsables de la Primature pour des approfondissements. Ce sera aussi un cadre convivial pour les journalistes qui viennent couvrir les audiences du Premier ministre, et pouvoir surtout s'abriter un tant soit peu entre deux audiences. Nous avons constaté que les journalistes éprouvaient quelques difficultés à s'abriter lors de la couverture des audiences. Cette salle est donc la maison des journalistes, elle est équipée d'ordinateurs et de bornes Internet pour qu'ils puissent s'instruire et passer le temps.

? On le voit, vous accordez une très grande importance à cette salle. Mais pourquoi huit mois après l'arrivée de Soro à la Primature ?
Tout n'est pas facile, il est vrai que Alain Lobognon et moi-même sommes proches du Premier ministre. Mais nous sommes soumis aux mêmes rigueurs du fonctionnement de l'Administration. Il a fallu concevoir le projet, le proposer, le défendre, et ensuite, avec la sollicitude de M. Tiémoko Koné, Directeur de cabinet du Premier ministre, qui nous a beaucoup soutenus, mobiliser des financements. Cela a bien entendu mis du temps.

? Qu'est-ce qui peut expliquer le manque de communication que l'on constate autour des audiences foraines ?
Cela est dû à mon sens, à des problèmes d'organisation que nous sommes en train de régler. Le ministère de la Justice, maître d'?uvre des audiences foraines à travers le projet audiences foraines?, est malheureusement quelque peu débordé par la mise en place des équipes, le redéploiement des magistrats
bref. Ce sont des infrastructures assez lourdes qu'il faut mobiliser. Les audiences foraines vont aussi coûter huit milliards, et pour l'instant, il n'y a pas de mesures d'accompagnements financiers des partenaires au développement. A cela, il faut ajouter un problème de mise en place d'appui budgétaire pour que la communication se fasse. Je crois que toutes ces raisons, ont pu retarder la mise en route des campagnes de sensibilisation. Le Premier ministre il y a une semaine a instruit son cabinet de prendre les dispositions urgentes et diligentes pour que la campagne de sensibilisation commence. Et je pense que dès le vendredi 2 novembre, elle débutera. Il s'agira d'une campagne média pour instruire l'ensemble de la communauté nationale, les partenaires, les observateurs du processus de paix, leur signifier que les audiences foraines sont entrées dans leur phase active. Il y aura aussi des campagnes de proximité qui consisteront à développer des concepts de communication, afin d'informer directement les populations cibles. Il s'agit notamment des personnes âgées de plus de treize ans, n'ayant jamais été déclarées à l'état civil et qui sont nées en Côte d'Ivoire. La cellule de Communication de la Primature va organiser des visites sur le terrain à l'attention des journalistes pour se rendre compte des réalités du terrain. Nous pensons que le processus va rentrer dans sa phase active le lundi 6 novembre.

? Nous avons aussi constaté un manque d'engouement autour des audiences foraines. Quelle explication donnez-vous à ce fait ?
C'est une question sur la quelle nous sommes parfaitement à l'aise. Les audiences foraines, ce n'est pas l'identification. Ce n'est pas la distribution des cartes nationales d'identité parce que selon les statistiques sur lesquelles les chapelles politiques, les partenaires au développement et les institutions au développement sont d'accord, ce sont huit à neuf millions d'Ivoiriens demandeurs de cartes nationales d'identité. Il ne s'agit pas, lors des audiences foraines, de demander une carte d'identité qui va nécessiter des files interminables. Ce ne sont pas non plus les élections qui vont aussi nécessiter des files. Les audiences foraines sont une exception à la règle de l'état civil. La règle à l'état civil stipule que toutes les personnes nées sur le sol ivoirien soient déclarées à l'état civil, c'est-à-dire avoir au moins un extrait d'acte de naissance. Et l'exception, c'est de ne pas avoir de papier. Selon des techniciens, et cela est confirmé, il y a peine dix à quinze pour cent d'Ivoiriens qui n'ont pas de titre d'identité. Et ces populations, selon la démographie, région après région, sont surtout localisées dans les zones rurales. Alors, la raison du manque d'engouement est simple. Premièrement, les audiences foraines ne sont pas une opération massive. C'est-à-dire que les populations cibles ne sont pas nombreuses. C'est vrai qu'il y a des querelles ça et là sur les chiffres, mais le Premier ministre est un arbitre impartial, qui ne rentre pas dans les querelles des chiffres. Deuxièmement, les vingt cinq équipes déployées sur les cents onze prévues sont surtout déployées dans les grands centres urbains, alors que dans ces zones, les populations sont pour la plupart déclarées à l'état civil. Quand nous allons améliorer le quadrillage par le déploiement d'une trentaine d'équipes déjà à partir du 15 novembre, le parachèvement de processus au 30 novembre par l'envoi des vingt six dernières équipes, à partir de ce moment, les équipes d'audiences foraines seront localisées dans les petits villages, les Sous-préfectures, c'est-à-dire très proches des populations cibles, là où le taux de Sans-papiers est très élevé. On peut aussi imputer ce relatif calme autour des audiences foraines au fait que c'est la première fois qu'elles se déroulent sans bagarre, sans querelle. Même s'il est vrai qu'elles se passent sur un fond de relative tension avec la création de brigades de sécurité ça et là. Le Premier ministre a d'ailleurs, à ce propos, demander aux partis politiques de faire confiance aux Institutions de la transition.

? A propos des brigades de sécurité, quelles sont les mesures que compte prendre le Premier ministre pour y mettre fin le plus rapidement possible ?
Le Premier ministre ne prendra pas de mesures. Il procède par concertation, par consensus et par sensibilisation. Les partis politiques étant des partenaires du processus de sortie de crise, le Premier ministre entretient donc avec eux, un dialogue fréquent. Nous avons, il y a peu, rencontré le président du RDR, monsieur Alassane Dramane Ouattara, une délégation du RHDP et le Front populaire ivoirien, avec à sa tête son président, Affi N'Guessan, et Mme Simone Gbagbo
pour échanger sur le processus de paix en cours. Et à toutes ces rencontres, le Premier ministre a rappelé à ses hôtes qu'il fallait faire confiance aux Institutions de la transition.

? L'ONU vient de voter une nouvelle Résolution, la 1782, qui estime qu'il n'y a pas d'avancées notables dans le processus. C'est vrai qu'il y a eu des symboles, mais il faut plutôt passer aux actes. Au point que la plaidoirie du chef de l'Etat concernant la levée de l'embargo et même des sanctions n'a pas été prise en compte par le Conseil de sécurité ?
La Résolution à première vue peut paraître dure. Mais nous l'interprétons comme une résolution préventive, une résolution interpellative et une exhortation donc à consolider le processus. Bien entendu, les autorités ivoiriennes auraient bien voulu que l'accompagnement de l'ONU se passe différemment, avec un léger assouplissement, avec des mesures d'accompagnement du processus. Mais sur les deux points, le Premier ministre et son cabinet croient qu'il n'y a pas de retard dans l'application du processus. Il fallait avant tout consolider le climat d'apaisement. C'est pour cela que nous pensons que les Ivoiriens ne voient pas que des symboles. Tout pays se construit à coup de symboles, de repères historiques pour définir l'avenir à partir du passé. Tous les actes posés par le Premier ministre sont des actes forts. J'en veux pour preuve la libre circulation des biens et des personnes sur toute l'étendue du territoire. Le président de la République s'est rendu à Bouaké et le Premier ministre à Gagnoa pour briser la ligne imaginaire qui séparait le Nord du Sud. C'est d'ailleurs à ce même titre que le président Laurent Gbagbo se rendra dans des localités du Nord du pays pour une visite d'Etat, afin de bien montrer le symbole d'unité au sommet de l'Etat. Tous ces actes symboliques sont importants parce qu'ils montrent aux Ivoiriens que la paix et le climat d'apaisement doivent s'enraciner. Il faut donner l'exemple de la paix et de l'apaisement. Il est bon que le Premier ministre Soro montre qu'au sommet, c'est calme, afin de préparer les esprits à des élections apaisées. La visite à Gagnoa du Premier ministre ouvre la voie à Alassane Ouattara à Gagnoa, comme celle du président ouvre la voie à Affi N'Guessan à Korhogo qui ne s'y est pas encore rendu depuis le déclenchement de la crise. Il faut qu'au soir des élections, le vaincu reconnaisse la victoire du vainqueur.

? La cohabitation au sommet de l'Etat a donc de beaux jours devant elle ?
Vous le dites si bien. Nous avons eu des débats houleux dès la nomination du Premier ministre sur les réels pouvoirs de celui-ci et sur beaucoup d'autres problèmes. Aujourd'hui, tout est calme parce qu'au sommet, c'est calme. Interview réalisée par Presthone/Brou Coll : M.B ________________________________________________________ Aka Kouassi Bio (préfet de Bouna). Je ne suis pas prêt à donner une légalité aux taxes?. Le préfet de Bouna est à son poste. Depuis bientôt deux mois, il tente de tenir son rôle. Si ses bureaux restent à réhabiliter, son domicile, lui, est intact. A la faveur des troubles à Bouna, nous l'avons rencontré à son domicile qu'il partage avec les trois Sous-préfets. Il nous parle de sa situation.

? Comment s'est faite votre installation ?
Les populations étaient déjà prêtes à nous recevoir, elles attendaient même que l'Administration s'installe, et elles ont été heureuses de notre présence. Elles nous ont donc aidé à nous installer, en faisant ce qu'elles peuvent.

? Vous arrivez à un moment où Bouna vient de connaître des turbulences. Comment avez-vous vécu ces événements ?
Il faut faire remarquer que ce sont des événements qui étaient prévisibles compte tenu des tensions qui existaient entre les jeunes et certains éléments des Fafn. Nous avons cherché à trouver des solutions à ce problème. J'avais surtout demandé au roi de chercher à calmer les esprits des jeunes. Il l'a fait à un moment donné, mais il s'est trouvé que des petits éléments sont venus se greffer à ce qui existait avant. Cela a fait une effervescence, de sorte que les jeunes n'ont pas pu être maîtrisés, et nous avons tous constaté ce qui est arrivé.

? Quels sont ces petits éléments qui ont provoqué cette situation ?
Je crois qu'il s'agit de certaines incompréhensions dues au fait que certaines commerçantes étaient obligées de payer de l'argent avant de faire passer leurs marchandises. Cela a été décrié pendant longtemps. Les agents des Fafn avaient donné l'assurance que cela ne devait plus se répéter. Malheureusement, ce dimanche là, il y a eu des cas isolés qui ont fait que les jeunes n'ont pas accepté la situation, qu'ils se sont manifestés, et malheureusement, il y a eu un mort et des blessés.

? Quelle a été votre démarche personnelle pour régler cette affaire ?
Il faut dire que j'étais un peu absent, et c'est le même dimanche que je suis arrivé, au moment où les événements s'étaient estompés. Le lendemain lundi, j'ai tenu une réunion avec les jeunes, les notables et la royauté pour essayer de trouver les solutions. Nous avons demandé aux jeunes de ne plus reprendre ce genre d'activité qui comporte beaucoup de risques pour eux qui ne sont pas armés. Et même s'ils étaient armés, il faut éviter ce genre de comportement qui peut mettre à mal le processus de paix en cours.

? Pensez-vous que votre appel a été entendu ?
Ah oui ! Nous avons constaté que tout juste après la réunion, les jeunes sont rentrés chez eux tranquillement. Le préfet que je suis, avait demandé aux Forces Nouvelles de libérer les prisonniers. Elles se sont exécutées, et depuis, nous n'avons plus enregistré de troubles.

? Vous êtes arrivé dans cette zone, on le sait, où toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour votre retour véritable. Alors, aujourd'hui, quelle est votre situation sur le terrain ici ?
Il faut faire remarquer qu'au niveau du département de Bouna, le préfet est en place, et tous les sous-préfets sont là. Nous attendons que leurs résidences et bureaux soient opérationnels pour qu'ils commencent à travailler.

? Au niveau de l'autorité, quel est le type de rapport que vous entretenez avec le commandant des Forces Nouvelles de la zone et vous?
A ce niveau, je pense qu'il n'y a aucun problème. Lorsque le Premier ministre nous a reçus à Bouaké, il nous a demandé de collaborer et de faire preuve d'imagination pour que nous puissions sortir de la crise. C'est ce que nous faisons. Nous collaborons étroitement avec les Forces Nouvelles, et jusqu'à présent, il n'y a pas eu d'accrocs. L'Administration s'occupe de tous les fonctionnaires qui sont dans la zone, ainsi que des problèmes sociaux. Les Forces Nouvelles, elles, sont une force qui assure la sécurité. Quand je suis arrivé, j'ai créé un sommet de toutes les autorités de la circonscription dans lequel les Forces Nouvelles sont présentes en tant que l'institution assurant la sécurité de la population. Le maire est chargé des Affaires sociales, le président du Conseil général est chargé de la programmation, le député est chargé du suivi et de l'évaluation des activités. Donc, je pense que nous collaborons étroitement. D'autre part, notre rôle, en tant qu'animateur du développement, est un peu en veilleuse, dans la mesure où la population est elle-même en difficulté compte tenu des cinq ans de crise qui ont perturbé les activités. Petit à petit, les activités sont en train de reprendre, et c'est d'ailleurs pour cela que les jeunes étaient véritablement excités quand il s'est agi de payer de petites taxes qui gênaient le transport, le commerce et toutes les autres activités dans le département.

? Parlant des taxes, est-ce que vous en avez parlé avec le commandant de zone ?
Je pense que les taxes ne sont pas de mon domaine, en ce sens que quand moi je parle de taxes, je parle des taxes de l'Etat. Or, il n'existe pas de structures étatiques qui s'en occupent. Je ne me suis donc pas trop intéressé à cela, car une fois que j'interviens, je donne une légalité à cela. Je ne suis pas prêt à donner cette légalité. Je me suis donc permis de m'adresser au roi pour le règlement de ce problème, puisque c'est lui qui était sur place, et c'est lui qui a suivi toutes ces activités. Je lui ai demandé de voir les Forces Nouvelles, afin qu'elles mettent un peu d'eau dans leur vin pour permettre à l'activité commerciale de se développer normalement.

? Vous avez dit tout à l'heure que le Premier ministre vous a demandé de collaborer. Doit-on comprendre que vous attendez qu'on vous fasse appel pour régler certains problèmes, ou bien vous prenez des initiatives en tant que préfet de Bouna ?
Nous prenons des initiatives, puisque nous sommes là pour çà. Mais ces initiatives se prennent en tenant compte de la présence des Forces Nouvelles sur le terrain. Elles ont géré la circonscription pendant cinq ans, et nous agissons avec beaucoup d'intelligence pour ne pas qu'il y ait trop d'accrocs. Les Forces Nouvelles aussi ont compris, et petit à petit, les choses reviennent à la normale.

? Avez-vous déjà eu des accrocs avec les Forces Nouvelles ?
Oui, mais nous sommes en contact à tout moment. Donc nous arrivons à les régler très facilement, puisque nous avons pris la décision de collaborer, et à chaque fois qu'il y a des accrocs, nous nous réunissons et nous trouvons la solution.

? Vous êtes ici avec vos Sous-préfets, vous avez parlé tout à l'heure de logements de bureaux pas encore prêts, et pourtant, vous êtes à votre poste. Comment gérez-vous cette situation ?
Il y a beaucoup de souffrances, donc l'Administrateur est là pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent. Au niveau de l'eau et de l'électricité, nous sommes en contact permanent avec la CIE et la SODECI, et je crois que les choses avancent. Sur le plan de l'électricité, notre centrale électrique n'a pas les capacités nécessaires pour satisfaire tous les consommateurs. Donc, il faut trouver un troisième groupe pour que toute la population puisse être servie dans la ville de Bouna. L'eau et l'électricité vont de pair. Chaque fois qu'il y a problème d'électricité, il y a problème d'eau. Des forages sont en train d'être réhabilités pour satisfaire l'offre. Au niveau de mes collaborateurs Sous-préfets, nous sommes obligés de résider tous à la résidence du préfet, parce que les commodités ailleurs ne permettent pas que les Sous-préfets soient à leurs résidences.

? Au regard de toutes ces difficultés, n'avez-vous pas l'impression qu'on vous a demandé d'être là, sans vraiment être là ?
Sur le plan du travail, il est vrai que nous ne pouvons pas fonctionner comme il le faut. Mais il faut aussi dire que l'Administration a été absente pendant longtemps. Les populations ont donc perdu quelque peu l'habitude de venir vers l'Administrateur. Les choses sont en train de reprendre petit à petit. Il faut aussi noter que nous n'avons pas encore de collaborateurs, pas de secrétaires. Tout cela accroît nos difficultés. Mais nous sommes déjà prêts, et toutes les fois qu'il y a un événement, nous nous mettons à la tâche, et je pense que nous avons été à la hauteur jusqu'à ce jour. Interview réalisée par Hervé Akaché à Bouna

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