samedi 17 novembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Excellence,
Nous voudrions, par cette lettre ouverte, revenir sur l'actualité politique toute récente de notre pays marquée entre autres évènements par la réception donnée par votre communauté en l'honneur du Chef de l'Etat. Excellence Monsieur l'Ambassadeur, permettez-nous d'emblée, de vous signifier, avec tout le respect que nous devons à votre rang, notre totale indignation, devant les propos tenus en votre présence par certains porte-parole ou représentants de la Communauté Burkinabée, lors de cette rencontre. En effet, Monsieur l'Ambassadeur, il est tout d'abord important de rappeler à certains de ces porte-parole, qu'il tient, religieusement à c?ur, à M. Gbagbo, le Chef de l'Etat ivoirien, que vous receviez en triomphe ce jour-là, ainsi qu'à ses partisans : que les étrangers ne se mêlent point de notre politique.
Oui Excellence, la communauté burkinabée de Côte-d'Ivoire, ses représentants et tous ceux qui vivent dans notre pays, ont si souvent entendu Monsieur le Chef de l'Etat ivoirien ou les militants de son parti le FPI, répéter comme une litanie cette " injonction " en maintes occasions et cela plus particulièrement à l'endroit des ressortissants de votre pays, le Burkina. C'est pourquoi, Monsieur l'Ambassadeur, nous ne comprenons pas, qu'un de vos porte-parole de ce jour-là, se soit donné la liberté d'insinuer, entre autres dérapages, que lorsque la crise ivoirienne a débuté " d'autres " ont fui et que seul Gbagbo est resté.
Il faut être vraiment de mauvaise foi pour ne pas comprendre qu'il faisait allusion aux leaders de l'opposition dans ce discours honteux et inutilement choquant et pour y voir juste un procès d'intention de notre part. Excellence, il est du droit de ces porte-parole de votre communauté, d'avoir la mémoire courte ou de n'avoir aucun devoir de mémoire vis-à-vis de leurs concitoyens torturés, dépossédés de leurs biens et pour les moins chanceux tués sauvagement, exécutés ou lynchés dans les rues parce qu'ils étaient simplement burkinabés.Et, justement parce que le pouvoir de ce même M. Gbagbo les soupçonnait de s'ingérer dans la politique ivoirienne. En tant que citoyenne de ce pays, et c'est à ce seul titre que nous vous écrivons Excellence, nous voudrions prier ces valeureux et courageux représentants de votre communauté qui veulent s'arroger crânement, aujourd'hui, le droit de s'ingérer dans la politique ivoirienne, de ne pas s'y adonner, que pour uniquement faire plaisir à M. Gbagbo, en tançant ainsi l'opposition, parce que cette dernière est inoffensive pour elle.
Nous trouvons cette façon de chercher à plaire à M. Gbagbo, et d'entrer dans ses grâces, lamentable et indigne des représentants d'une si brave et si digne communauté.
D'ailleurs, nous ne saurions manquer, Monsieur l'Ambassadeur, de profiter de cette lettre ouverte, pour adresser toute notre reconnaissance et nos encouragements au Président Blaise Compaoré dont la seule caution, de notre point de vue, a conféré aux Accords Politiques de Ouagadougou, toute sa crédibilité et fédéré l'enthousiasme du peuple ivoirien dans sa grande majorité à en faire siens et à coopérer à son succès avec beaucoup d'espoir. C'est pourquoi, certains responsables burkinabés exerçant ici, doivent comprendre que toute sortie intempestive et irrévérencieuse à l'endroit de tous ceux qui ne sont pas du camp de M. Gbagbo (et ils sont la majorité) ne peuvent que saper la dynamique de l'adhésion presque collective du peuple ivoirien à ces dits Accords. La paix que nous recherchons tous sera inclusive, ou elle ne sera pas. Gbagbo et les FN seuls ne font pas la Côte-d'Ivoire. Si nous continuons d'avoir une petite vision : une vision sectaire des Ivoiriens, il ne faut pas s'étonner que nos immenses efforts de tous les jours, ne donnent qu'une " petite paix ". Souffrez donc Excellence, que nous demandions à certains représentants de la Communauté burkinabée d'adopter la même modération vis-à-vis du pouvoir que de l'opposition. Le comportement des " étrangers " qui est de mise vis-à-vis d'un groupe d'Ivoiriens devrait l'être aussi pour l'autre.
Par ailleurs nous voulons très fraternellement demander à ces porte-parole ou représentants du Burkina en Côte-d'Ivoire, de ne pas se départir, pour quelques enveloppes ou quelques mallettes que ce soit de leur dignité : cette vertu reconnue par tous, au vaillant et intègre peuple du Burkina. Et surtout d'avoir le sens du devoir de mémoire : qualité commune à toute Communauté humaine respectable. Excellence, il est bon et très bon que la communauté burkinabée de Côte-d'Ivoire pardonne, mais si elle oublie ses morts et les exactions du régime de Gbagbo contre ses concitoyens elle peinera et décevra la majorité des Ivoiriens et même le monde entier qui a été, qui est et qui sera toujours choqué, par ce que les Burkinabés ont subi, continuent de subir et vont subir sous le régime de M.Gbagbo malgré la fameuse suppression de la carte de séjour.
TEL 09 30 40 49
Par MME MAH SOGONA BAMBA

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