samedi 17 novembre 2007 par Le Nouveau Réveil

La nomination d'un conseiller spécial du chef de l'Etat, chargé de l'électrification villageoise, est la parfaite illustration de la boutade du dos du nageur. Je m'en explique : La politique de décentralisation a pour objectif spécifique une autonomie aux régions, par rapport aux décisions du pouvoir exécutif central, dans la gestion du processus du développement national. Investis de la légitimité de cette autonomie , les responsables des différents Conseils Généraux élaborent ( en collaboration avec le BNETD ) leur plan stratégique de développement régional .Bien évidemment,un plan stratégique de développement régional, élaboré avec les compétences et l'expertise éprouvées du BNETD , tient compte , non seulement scientifiquement et techniquement , mais aussi moralement ,de tous les éléments nécessaires au bien-être économique , social et culturel des populations locales concernées , à savoir : fourniture en eau potable , électricité , école, maternité, dispensaire, voies de communication, etc. Dans l'esprit et la lettre de la politique de décentralisation , le Conseil Général est le représentant régional de l'Etat ; et comme tout le monde le sait , dans une démocratie digne de son origine grecque , c'est l'Etat qui , quel que soit le parti politique au pouvoir , doit construire des écoles pour l'éducation des enfants , construire des hôpitaux pour maintenir une bonne santé aux populations , leur fournir l'électricité , construire des voies de communication Bref , c'est l'Etat qui, en tant qu'entité politique titulaire de la souveraineté, doit fournir et garantir tout ce qui est nécessaire au bien-être des populations . Il est donc très clair que fournir l'électricité à un village ou à un quartier n'est pas du ressort d'un individu ou d'un bon Samaritain, fût-il chef de l'Etat .Alors, sur quoi se fonde Gbagbo pour se nommer un conseiller spécial chargé de l'Electrification villageoise, et avec quel argent réalise-t-il ce vaste programme d'électrification ? Gbagbo a-t-il pris un décret pour soustraire le problème de l'électrification rurale du transfert des compétences consenties aux Conseils Généraux ? Quand après l'électrification , Gbagbo aura nommé auprès de lui , un conseiller spécial pour la construction de châteaux d'eau , d'école , de maternité , de dispensaire ,un conseiller spécial pour le reprofilage des voies de communication que restera-t-il à faire aux Conseils Généraux ? A quoi sert, désormais, le Conseil Général, quand un conseiller spécial du chef de l'Etat est commis pour réaliser les projets significatifs de son programme d'activité ? Et puis, pourquoi c'est surtout dans les régions du Centre et du Nord où l'on rencontre les incessantes allées et venues de ce conseiller spécial ?
Les Ivoiriens se souviennent encore qu'avant la mise en place des Conseils Généraux, le Chef de l'Etat Laurent Gbagbo avait annoncé qu'il allouerait un minimum d'un milliard de nos francs de budget par Conseil Général. La récente histoire de nos Conseils Généraux montre très clairement qu'ils ne sont pas tous logés à la même enseigne (loin s'en faut) vis-à-vis de leur budget respectif. En effet, pendant que certains Conseils Généraux doivent se contenter d'un budget variant entre deux cent et trois cent millions de francs, d'autres voient leur enveloppe budgétaire monter entre trois et quatre milliards de francs. Quels sont les critères de répartition des enveloppes budgétaires des différents Conseils Généraux ? Les présidents des Conseils Généraux connaissant sans aucun doute ces critères, savent, certainement aussi, en apprécier l'objectivité, la justesse et la pertinence. Bref !
Quant à nous autres, observateurs extérieurs, intérrogeons la réalité des faits qui montre que ce sont curieusement les régions à maigre enveloppe budgétaire dont les populations accueillent la bonne nouvelle de la grande générosité du chef de l'Etat Gbagbo qui vient, par son conseiller spécial, offrir gracieusement l'électrification de leurs villages !
Le chef de l'Etat Gbagbo sait que les travaux d'électrification d'un village incombent à l'Etat et donc au Conseil Général de la localité concernée, depuis l'avènement des Conseils Généraux ; dans quelle intention nomme-t-il alors, aux côtés d'un Conseil Général , un conseiller spécial chargé de l'Electrification villageoise ?
Dans le rôle d'arbitre (neutralité) qui est le sien au sommet de l'Etat , le chef de l'Etat doit plutôt veiller à ce qu'il y ait une grande et claire équité dans la répartition des budgets des Conseils Généraux .N'est-il pas plus cohérent, plus juste et moins tendancieux d'ajouter aux budgets des Conseils Généraux des régions concernées, l'argent du coût des travaux d'électrification villageoise , décidés par le chef de l'Etat et contrôlés par son conseiller spécial en la matière ?
Là où il y a la lumière, beaucoup de choses s'éclairent ! Depuis que le chef a appris aux Ivoiriens à reconnaître le dos du nageur, ils ne s'y laissent plus tromper. Ils savent désormais reconnaître, non seulement le dos, mais aussi et surtout le ventre du nageur et sa politique de " mangement " ! Ce n'est ni Gbagbo, ni le FPI qui donne l'électricité aux populations ivoiriennes, mais bien l'Etat de Côte d'Ivoire. Cela doit être su dans tous nos villages.
Kouamé Sylvestre
Un contribuable ivoirien qui paye tous les deux mois, en plus de la TVA , une redevance électrification rurale, une taxe communale, une redevance RTI , un timbre d'Etat.(cf. facture CIE).
Par Kouamé Sylvestre, Citoyen ivoirien

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