jeudi 22 novembre 2007 par Le Patriote

Très vite, les jeunes ont donné le ton. La colère se lisait dans les actes. La prompte réaction des sages a permis sauvé les biens et la résidence de Zémogo à Boundiali. Mais rien ne retiendra les langues. Les leaders d'opinion, ont, tous condamné l'acte et son responsable. Pour la jeunesse, la trahison de Zémogo ne peut se pardonner . Aussi les jeunes plus portés à l'expression, promettaient-ils des moments difficiles à celui qui jusqu'à cette période, était leur leader . Lorsque quelques semaines plus tard, une délégation de la direction du RDR rendait visite à la ville "éplorée", la population de Boundiali, pratiquement acquise à la cause du RDR se sentira renaître. Ce regain de vitalité ira de paire avec la douleur provoquée par Zémogo dans le c?ur de ses frères. Il en résultera une phrase qui à force d'être répétée prendra les allures d'un refrain à Boundiali : On ne veut plus le voir ici . Zémogo était donc banni de chez lui.

Plus tard, naîtra l'ANCI, avec Zémogo à sa tête. Une seule question à partir de ce moment devait alors préoccuper le premier responsable du dernier né des partis politiques de Côte d'Ivoire : Comment implanter l'ANCI à Boundiali ? Si la réponse n'était que des hypothèses, elle avait au moins une certitude : l'ANCI s'implantera à Boundiali si le RDR y est fragilisé. Pour ce dessein d'autant plus périlleux que Boundiali est foncièrement rattaché au mentor du RDR, il fallait jouer la carte de la division par l'exhalation de la fibre tribaliste et les dissensions ethniques entre les deux communautés qui cohabitent à Boundiali.

L'opposition Senoufos-Dioulas

Aujourd'hui, à Boundiali la partition politique, la démagogie et l'activation de la haine ont pris racine sans fondement réel. Il a suffi d'inquiéter les chefs traditionnels senoufos en leur brandissant le spectre d'une communauté malinké gloutonne, avide de postes de commandement qui finira par gommer les chefs Senoufos pour occuper leurs places . Si, à priori, cette graine ainsi parait sèche et vide de toute substance, la elle germera et fera la ligne de démarcation entre les deux communautés. Alassane Ouattara est Dioula et le RDR est le parti des Dioulas. Zémogo Fofana est Senoufo, l'ANCI est, par conséquent le parti digne des Senoufos . Voici la caricature dangereuse que les hommes de Zemogo ont, comme du venin, inoculée dans la population. Malheureusement, des personnes manipulées seront sensibles à ce discours. Mais, à y voir de près, la stratégie de Zémogo est de couper son potentiel remplaçant aux postes de responsabilité du RDR à Boundiali, de tout soutien populaire et de le présenter comme l'homme d'un clan : le délégué départemental du RDR, Ladji Dao.
A plusieurs reprises, les affrontements seront éviter de justesse entre jeunes senoufos et jeunes dioulas, entre dozos de Guemon, village du président du conseil général, un proche de Zémogo et dozos de Boundiali etc. Si Boundiali a jusque-là échappé à l'affrontement, cela est à mettre à l'actif du com'zone des FAFAN, le commandant Gahoussou dit Dja Gao. Celui-ci à su s'interposer entre les différents partisans, gérant ça et là les différends. Mais ce travail de sape n'était pas suffisant pour permettre un retour sans risque du patron de l'ANCI sur ses terres natales. C'est alors qu'un de ses fidèles partisans fait son entrée ouverte dans l'arène. Il s'agit du chef de canton de Boundiali, M. Koné Tenan.

Le coup d'accélérateur du chef de canton

Le 24 octobre 2007, le chef de canton de Boundiali adresse un courrier au Secrétaire Général des Forces Nouvelles, le Premier Ministre Guillaume Soro pour signaler un risque d'affrontement entre la population et les Forces Nouvelles, en l'occurrence, le comzone 9, le Commandant Gahoussou dit Dja Gao. En guise de réponse, le Premier Ministre diligentera une mission conduite par son directeur de cabinet, le Colonel major Bamba Sinima accompagné de Soro Kanigui Mamadou, délégué départemental de FN à Korhogo et Traoré Mamadou qui fut une période donnée chef du cabinet civil de Boundiali. Au cours de cette mission qui s'est étendue du 27 au 29 octobre 2007, la délégation rencontrera tous les acteurs de la vie socio politique de Boundiali pour comprendre les raisons du malaise et y apporter des solutions. Les conclusions de cette mission qui figurent dans le rapport en date du 02 novembre sont formelles. Il n'y a point de divergences entre les FN et les populations. La crise trouve son origine dans les divergences politiques qui opposent certains leaders de la ville aux militants du RDR sur fond de trahison et de règlements de comptes. La délégation conduite par Bamba Sinima va jouer les bons offices en appelant les uns et les autres à la retenue et les leaders locaux à plus de responsabilité. Le colonel major a été on ne peut plus clair : les accords de Ouaga qui prônent la réconciliation ne sauraient souffrir d'affrontements entre populations d'une même ville. Par ailleurs, le Premier Ministre a besoin du soutien de toute la population de sa zone pour mener à bien lesdits accords et conduire la Côte d'Ivoire vers une paix durable . Le but de cette mission, était d'aplanir toute forme de divergence et étouffer toute velléité de règlement des différends par la violence ou la haine. De cette mission viendra une première accalmie qui va baisser de façon considérable les tensions entre les différents acteurs politiques de la ville, imposant du coup, une règle de non agression qui ne dit pas son nom. Règles dont les premières retombées sont pour le numéro un de l'ANCI qui jusque-là était interdit de séjour par certains de ses frères.
Quelques jours plus tard, plus précisément le 10 novembre, soit une semaine, avant l'arrivée de Zémogo à Boundiali, le secrétaire général délégué du RDR, le ministre Amadou Gon Coulibaly conduira une autre mission à Boundiali, cette fois pour rencontrer les acteurs politiques et, par la même occasion, contredire l'intox qu'on sème à Boundiali dans le but de créer la discorde entre Senoufo et Malinké. S'appuyant sur plusieurs exemples il démontrera que le RDR, parti national bien implanté dans tout le pays ne pourrait se greffer objectivement une étiquette régionale encore moins tribale. La numéro deux du RDR, le professeur Henriette Diabaté, d'origine sudiste en est une preuve et le numéro trois, Amadou Gon lui-même Senoufo de père et de mère fait démentir toute idée qui oppose les senoufos au RDR. Chacun étant libre de ses idées et de ses mouvements. Toutefois le ministre de l'Agriculture a condamné la tribalisation du débat contre les convictions politiques.

De façon indirecte ces deux missions qui ont appelé les uns et les autres au pardon et au calme, ont servi et préparé un retour facile pour Zémogo à Boundiali le 16 novembre car la bombe de la "vengeance contre le traître" était totalement désamorcée. Aussi c'est avec indifférence que ceux qui l'attendaient l'ont vu entrer et ressortir sans coup férir. Ou tout au moins pour ses adversaires politiques, car, certains de ceux qui lui ont dressé le tapis rouge en ont eu pour leur compte. Ils ont fait connaissance avec une autre réalité. Celle de la parole non tenue.

MACK DAKOTA

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023