jeudi 22 novembre 2007 par 24 Heures

Le retour du président de l'Alliance pour la nouvelle Côte d'Ivoire Zémogo Fofana, à Boundiali, a été l'objet de négociations intenses entre les Forces Nouvelles et les populations. Il a été difficile de faire baisser la tension suscitée par l'arrivé de Zémogo Fofana dans sa ville natale a été difficile à baisser. Les hommes de Guillaume Soro ont été obligés de s'imposer. Le com-zone de la ville, Gaoussou Koné, dans cette interview, explique tout.



? Le président de l'ANCI est rentré à Boundiali. Avant qu'il n'y mette les pieds, il y a eu des tensions. Comment avez-vous géré cela. Effectivement, il y avait eu une tenson ici. Pour la circonscrire, j'ai dû appeler le secrétaire général des Forces Nouvelles qui m'a envoyé son directeur de cabinet. Nous avons écouté toutes les parties, et à la fin des différentes auditions, nous avons convoqué une grande réunion où tout le monde a exprimé ses idées. Puis, nous avons fait une synthèse. Après cela, le directeur de cabinet du secrétaire général des Forces Nouvelles a déterminé le rôle de chacun. Et nous avons fait comprendre aux uns et aux autres que créer un parti politique n'est pas un mal en soi. Zémogo a créé son parti, cela ne doit pas être une cause de division au point de l'interdire de séjour dans son département ici à Boundiali. Il faut aussi dire que la presse, dans cette affaire, a fait trop de commentaires qui ont laissé croire que Zémogo était persona non grata à Boundiali. C'est vrai, il y a eu une crise, mais ce n'était pas une guerre engagée contre Zémogo pour le voir disparaître d'ici. Dans cette crise, nous avons pu réconcilier toutes les parties, et il n'y a plus de problème.

? De quoi s'agissait-il exactement ?
Les jeunes du RDR ont dit que Zémogo est le président du Conseil général de Boundiali, poste qu'il occupe sous la bannière du RDR. Ils estiment alors que Zémogo n'a pas le droit de changer de parti et être à la tête du Conseil général qui est un poste acquis par lui grâce au RDR. Pour cela, ces jeunes, qui étaient dans tous leurs états pour exprimer leur mécontentement, ont fermé les bureaux du Conseil général, et quelques jours après, certains sont allés défoncer les portes des bureaux du Conseil général. D'autres ont même poussé l'audace en projetant d'aller brûler la résidence privée de Zémogo. Je suis donc intervenu immédiatement en mettant des éléments des Forces Nouvelles à leurs trousses, et mes éléments ont assuré la garde de la maison de Zémogo 24 heures sur 24. Quelques jours après, les partisans de Zémogo voulaient aller brûler la demeure de Ladji Dao qui est le responsable du RDR à Boundiali. J'ai rendu compte après tous ces événements au secrétariat général qui a fait venir son chef de cabinet. Nous avons trouvé un terrain d'entente et tout est rentré dans l'ordre. Nous avons désormais défini le rôle de chaque entité dans cette crise.

? Quels sont dans les détails les rôles dévolus à chacun, tel que définis, pour éviter d'autres crises ?
Au niveau du Conseil général où on trouve certains partis qui sont représentés, cela doit être clair dans l'enttendement des membres du conseil général qu'on ne doit pas utiliser le matériel du Conseil général au profit d'un seul parti. Pour plus de précision, je voulais vous expliquer aussi que lorsque Zémogo a annoncé sa démission du RDR, les jeunes du RDR ont bloqué le véhicule du Conseil général, parce qu'ils disent que ce véhicule permet au président de l'ANCI, M. Zémogo, de se déplacer pour chercher des adhérents à son parti. Au départ, nous avons pensé à un braquage du véhicule. Lorsque j'ai appelé le Conseil général pour en savoir davantage, il m'a dit que c'était des jeunes du RDR qui ont bloqué les clés de la bâchée. Puis, deux jours plus tard, ils ont pris une autre voiture, une Peugeot 307 du Conseil général. Par rapport aux problèmes qui opposent les hommes politiques, les militaires que nous sommes, nous devons nous méfier beaucoup. Face à ce conflit, je me suis abstenu de réagir sur le champ. Comme je n'ai pas réagi automatiquement, le président du Conseil général est allé prendre des dozos dans son village pour assurer sa défense. J'ai estimé que la situation n'était pas normale, et il fallait faire quelque chose face à ces dozos qui avaient envahi la ville de Boundiali. Donc, nous avons réagi et désarmé ces dozos. J'ai emprisonné d'autres. Le chef du village et le chef de canton sont venus me voir. Et nous avons réglé le problème en famille. J'ai récupéré les armes et j'ai libéré les prisonniers. J'ai aussi récupéré les véhicules que les jeunes du RDR avaient bloqués.

? L'actualité, c'est l'arrivée du Président Gbagbo au Nord. Alors, en tant que premier responsable de la sécurité à Boundiali, comment préparez-vous cet événement ?
Recevoir le président de la République à Boundiali en tant que commandant de zone, c'est un honneur pour moi. Nous allons ainsi montrer à l'opinion nationale et internationale que nous sommes effectivement dans le processus de paix. Le Premier ministre Guillaume Soro est allé à Gagnoa, c'est tout à fait normal que le Président Laurent Gbagbo arrive dans notre zone. Il y a de cela quelques jours, les Forces de défense et de sécurité se sont rendues dans notre zone ici à Boundiali, et nous avons travaillé ensemble sur la sécurité pour que cette visite se passe dans de bonnes conditions.

? Avec les marches de contestation suite aux coupures d'eau et d'électricité, ne pensez-vous pas que les populations en ont marre des Forces Nouvelles ?
Ces marches ne sont pas faites principalement contre les Forces Nouvelles, c'est une situation de coupure d'eau et d'électricité qui relève de la direction de la CIE et la Sodeci. Vous-même, vous pouvez constater que nous sommes en parfaite collaboration avec les populations.

? Mais nous avons vu pendant ces marches que ces populations ont écrit sur des pancartes, MPCI voleur , permettez-moi l'expression. Ce n'est pas un fait nouveau, afficher des slogans sur des pancartes. Je peux vous dire que même à Abidjan, cela se passe. Et puis, je suis le commandant de la zone de Boundiali, je sais seulement ce qui se passe ici, je ne m'occupe pas des autres zones.

? Quel appel vous voulez lancer aux populations à la faveur de l'arrivée du Président à Boundiali ?
Je voudrais dire que l'arrivée du Président à Boundiali n'est pas l'affaire d'un parti politique, le FPI seulement ; c'est l'affaire de tout le monde, de tous les partis. Il faut que chacun se mette au travail pour que la visite du chef de l'Etat soit une réussite totale. A l'attention des Ivoiriens, je lance un appel pour dire qu'il faut une bonne volonté pour que ce processus de sortie de crise aboutisse. Parce que même si nous faisons le tour de tous les Etats, sans que nous ne nous mettions d'accord entre nous-mêmes, cela ne va pas résoudre la crise qui nous secoue. Même avec le déplacement en Côte d'Ivoire de Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l'ONU, rien ne peut se résoudre si nous ne nous entendons pas entre nous. Nous devons montrer au monde entier que nous pouvons résoudre nos problèmes. J'invite donc tous les Ivoiriens à suivre l'accord de Ouagadougou qui demeure l'ultime voie de sortie de crise. Nous nous opposerons à ceux qui sont contre l'accord de Ouaga, et par voie de conséquence, contre la paix. Nous allons combattre donc ces fossoyeurs de la paix. Nous irons jusqu'au bout comme l'a dit le Premier ministre, nous n'allons pas reculer.

? Quels sont vos rapports avec le préfet, les sous-préfets et les fonctionnaires de l'Etat redéployés dans votre zone ?
Les choses se passent très bien. Nous étions présents à l'installation du préfet et des sous-préfets dans les différentes localités. Et quand il y a une décision importante à prendre, nous nous concertons. En ce moment, nous sommes en train de préparer ensemble l'arrivée du chef de l'Etat ici. C'est un moment capital pour nous les Forces Nouvelles. Car il faut une bonne volonté pour faire aboutir l'accord de Ouaga. Nous avons fait le tour de plusieurs capitales au monde, cela n'a rien donné. Même l'ONU ne peut faire avancer les choses. C'est entre Ivoiriens que la paix doit s'installer. Ceux qui ne veulent pas de cette paix seront combattus. C'est contre eux que nous allons faire la guerre. Nous allons combattre les fossoyeurs de la paix.

Interview réalisée à Boundiali par L.O

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