mardi 27 novembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Dans le souci d'apprécier le déroulement actuel des audiences foraines sur l'étendue du territoire, le service communication de la primature a dépêché des équipes de supervision et d'observation sur le terrain. Notre équipe composée essentiellement de journalistes, a sillonné la localité de Daloa et ses environs et la ville de Séguéla. Si dans l'ensemble, l'on a pu constater un bon déroulement de ces audiences foraines souvent dans des localités très reculées, il faut cependant noter que malgré la satisfaction des acteurs sur ces audiences, ceux-ci ne passent pas par quatre chemins pour décrier leurs conditions de travail, et les promesses à eux faites mais jamais respectées par le gouvernement. L'amertume est totale, la grogne est identique aussi bien pour tous les acteurs, magistrats, accesseurs, greffiers, Forces de défense et de sécurité et FAFN regroupées au sein du Centre de commandement intégré (CCI) que pour les chauffeurs des magistrats
Les nombreuses difficultés des acteurs sur le terrain
Promesses non tenues, 2 semaines d'arriérés de primes
Si à l'occasion du lancement, chacun des acteurs, le 25 septembre dernier à Ouragahio et à Ferkessédougou, a été bien traité (primes consistantes) sur le terrain, à l'occasion de l'opération proprement dite, il y a problème. Concernant le CCI, la somme de 3.000F comme prime, jugée d'ailleurs insuffisante, devrait leur être versée par jour. Sur le terrain, la nourriture, le logement sont à leurs propres frais contrairement aux promesses faites. En plus de cela, les 3000 francs de primes leur parviennent au compte-gouttes. Le 23 novembre dernier, au moment où nous quittions Gadouan, Gonaté dans la région de Daloa et Massala-Assolo à Séguéla, les acteurs accusaient déjà 2 semaines de retard dans le versement quotidien des primes. Quant aux chauffeurs, il leur avait été promis 5000F par jour, ce qui équivaut à 150.000F le mois. Pour calmer les mécontentements, une somme de 20.000F supplémentaire leur avait été promise. Mais tenez-vous bien, près de 2 mois passés sur le terrain, seuls 75.000 ont été perçus par ceux-ci. Et gare à celui qui osera lever le petit doigt pour protester. L'un des chauffeurs nous a révélé qu'un des leurs, mécontent de ce traitement, a osé dénoncer ce fait. Il a tout simplement été viré. A côté de cela, il y a l'entretien des véhicules et leur ravitaillement. Mais que faire des ravitaillements et de l'entretien des véhicules quand les acteurs eux-mêmes n'ont pas reçu leurs perdiems ? Telles sont autant de difficultés rencontrées sur le terrain qui risquent de mettre à mal le bon déroulement des audiences foraines. A Daloa comme à Séguéla, les sous-préfets qui sont sur le terrain pour la supervision du déroulement du processus n'ont pas de véhicules de fonction. Le secrétaire général de la préfecture de Daloa, M. Womblégnon Célestin et le préfet de Séguéla Fofana Brahima que nous avons rencontrés durant ces 2 jours ont fait les mêmes remarques : " Nos sous-préfets manquent de véhicules de commandement. C'est une difficulté majeure pour nous parce qu'il faut qu'ils soient véhiculés pour le bon suivi de l'opération des audiences sur le terrain ".
Le processus avance mais
Les difficultés sont certes énormes mais il faut toutefois reconnaître l'avancée du processus. Dans les localités de Gonaté, de Gadouan à Daloa comme à Massala-Assolo à Séguéla, il y a eu une forte affluence. Les juges Atta et Djédjé Digbeudjé n'ont pas manqué de faire cette remarque. A Séguéla, du 08 octobre au 16 novembre 2007, 1797 requêtes ont été reçues. Au 22 novembre, 2174 ont été reçues. En 2006, soutient le président du tribunal de Séguéla, " 3578 requérants avaient été reçus. Aujourd'hui, après notre retour sur le terrain, nous sommes à 2178. Nous avons fini la commune de Séguéla. Aujourd'hui, nous sommes à 62 villages. Ce qui équivaut à 40%. Avant le 03 janvier, on aura tout bouclé ". A Gonaté et à Gadouan, les présidents des deux tribunaux, les juges Atta et Konan Kan ont indiqué aussi une forte affluence des requérants. Dans cette zone forestière, les populations allogènes baoulé, malinké et les communautés étrangères burkinabées sont les plus nombreux à venir prendre part à ces audiences dans l'espoir d'avoir des pièces. Leur âge pour la plupart varie entre 18 et 55 ans. Certains de plus de 80 ans, vivent dans les campements sans aucun papier. A Gonaté, les opérations ont débuté le 16 novembre 2007 après la localité de Zaïbo. En moyenne, par jour, ce sont 100, voire 105 à 110 requérants qui sont reçus. " Les Ivoiriens sont les plus nombreux à ne pas avoir de pièces ", souligne le président du tribunal. Les opérations se déroulent bien avec la présence des représentants des différents partis politiques. Dans certaines localités, en plus des partis politiques, sont présentes une équipe de l'ONUCI et certaines organisations non gouvernementales. A Daloa commune, le processus n'a pas encore démarré. Seules les petites localités devenues sous-préfectures ont reçu la visite des équipes de l'audience foraine. Les statistiques de l'opération à Zaïbo et à Gadouan aux alentours de Daloa révélées par M. Womblégnon Célestin, secrétaire général de la préfecture de Daloa, sont éloquentes. Sur la période du 11 octobre au 30 octobre 2007 à Zaïbo, personnes nées avant 1989 : 431 dont 179 hommes et 252 femmes. Après 1989 : 275 au total dont 133 hommes et 142 femmes. Ce sont en tout 706 requérants. Les Ivoiriens requérants sont au nombre de 284. A Gadouan, pour la période du 15 octobre au 27 octobre 2007 : 432 personnes au total. Soit 68 hommes et 38 femmes nés avant 1989 et 141 après 1989. Pour la seconde période allant du 31-10-2007 au-delà, les chiffres dont dispose la préfecture ne sont pas encore définitifs parce qu'actuellement, les équipes sont encore sur le terrain notamment à Gadouan.
L'Etat appelé à respecter
ses promesses
Dans l'ensemble, il faut s'attendre au prolongement des délais sur le terrain des équipes. Le délai accordé à chaque équipe ne peut être respecté. Les lenteurs constatées çà et là et dues à l'approvisionnement des équipes (perdiems, carburant, primes, entretien de véhicules) ne sont pas faites pour arranger les choses. Tous appellent l'Etat à respecter ses promesses. Si les uns sont doux dans leur propos, les agents chargés de la sécurité, eux, menacent. " Si d'ici à lundi (Ndrl : hier) rien n'est fait, nous allons tout bloquer ". A Séguéla, le préfet n'a pas manqué de crier aussi son indignation " 111 équipes avaient été prévues au départ pour 8 milliards. Aujourd'hui, seules 25 équipes sont sur le terrain et déjà 6 milliards ont été épuisés. Les sous-préfets n'ont pas de véhicules, il y a des arriérés de primes qui ne sont pas payées Où est donc passé l'argent ? " Autant d'interrogations. Beaucoup d'acteurs grognent un peu partout sur le terrain. Vivement que les inquiétudes des uns et des autres soient déblayées.
Jean Prisca
Envoyé spécial à Daloa et Séguéla

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