mercredi 5 décembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Faut-il vraiment craindre pour les partis de l'opposition après la tournée du chef de l'Etat au nord ? Une tournée au cours de laquelle le candidat du FPI aux prochaines élections présidentielles a arrosé le nord de villes promesses ? Le député PDCI de Boundiali Bamba Kartiahouan n'est pas certains. Il nous explique pourquoi. M. le député, vous êtes un élu du PDCI à Boundiali. Récemment, le chef de l'Etat a effectué une visite dans la région des savanes. Il est même arrivé à Boundiali. Les peuples du nord on manifesté leur hospitalité au chef de l'Etat. Mais cette visite a fait l'objet de plusieurs interprétations. Comment doit-on comprendre le comportement des populations et des élus au cours de cette tournée ?
Pour mieux comprendre le cadre dans lequel s'inscrivait la visite d'Etat du Président Laurent Gbagbo au nord et particulièrement à Boundiali, il faut faire un peu l'historique. Qui part d'une convocation du Premier ministre, en direction de tous les élus du nord. Et lors de cette rencontre avec le Premier ministre, il nous a informé de ce que lui et le président on convenu de faire une tournée au nord. Il nous a donné l'information et il nous a demandé d'aller vers nos populations pour passer l'information. Et leur demander si elles étaient d'accord ou non pour cette tournée. Ce que les uns et les autres ont fait. De façon générale, tous les élus sont partis à la base pour passer l'information. Concernant le département de Boundiali, nous nous sommes référés aux doyens d'âge. Nous avons donc consulté des aînés qui nous ont donné l'accord d'aller sur le terrain. Pour recevoir le Président de la République et le Premier ministre parce que selon eux, c'était une visite d'Etat. Donc celui qui respecte aussi bien les us et coutumes de chez nous, celui qui respecte la loi était dans l'obligation de s'inscrire résolument dans cette logique et avec un état d'esprit. Voilà ce que je peux dire sur l'historique qui explique l'implication de tous les élus. Qu'ils soient dans le gouvernement ou non. Donc ce n'est pas une affaire partisane. Si je comprends bien, c'est vous qui avez mobilisé vos populations à réserver un accueil chaleureux et enthousiaste au chef de l'Etat ?
Tout à fait. A partir du moment où le cadre de fonctionnement avait été mis en place en concertant les uns et les autres, aussi bien les aînés à Abidjan et la notabilité locale, ceux-ci ayant donné leur accord, logiquement, nous avions des gens derrière nous. Les élus du PDCI se sont impliqués en informant les siens. Les autres partis également en ont fait pareil et je pense que c'est la conjugaison de tous ces efforts qui a permis cette mobilisation importante. Il y a ceux qui sont venus par respect pour les élus et il y a les curieux. Depuis cinq (5) ans, on parle de Gbagbo, d'autres ne l'ont jamais vu. Depuis cinq (5) ans, on parle de Soro, d'autres ne l'ont jamais vu. Ce bloc était très important. Et puis le troisième bloc, c'est le bloc des partisans qui ne sont pas nombreux.
Au terme de cette visite, qu'avez-vous retenu ? Qu'est-ce qui vous a marqué ?
J'ai été heureux. Parce que tout simplement, plutôt que ce soit nous qui allons dire aux populations que Gbagbo et Soro ont fait la paix et que la guerre est finie et qu'on va amorcer le développement, au contraire, nous avons réussi à mobiliser tout le monde afin que ceux-ci viennent écouter en direct le message des deux hommes. Qui étaient en palabre. Deuxièmement, qu'ils viennent prendre des engagements au nom de l'Etat. Nous, ayant mobilisé les gens, ils viennent parler au nom de l'Etat pour dire, l'Etat fera tel ou tel investissement. M. le député, est-ce que vous y croyez ? Il y a eu une tempête de promesses qui a soufflé sur tout le nord. Moi, je ne suis pas dans une logique de croire ou non. Les délais fixés pour le début de réalisation me confortent dans un positionnement d'attente. C'est dans deux ou trois mois. Si ce qu'ils sont venus nous dire ne se réalise pas, c'est pour cela que faire sortir les populations est une satisfaction pour moi. Parce que ce sont elles qui sont venues écouter les promesses et ce sont elles qui seront là pour apprécier ou juger de la réalisation ou non. Tout le monde était là, tout le monde a entendu. Croire ou pas croire, février n'est pas loin. Il y a un barrage qui a été prévu pour Boundiali en février, il y a le début du bitumage Boundiali-Tengrelafévrier, ce n'est pas loin. Il ne faut pas tomber dans le dénigrement politique. Attendons. Au cours de cette visite, on a senti une absence de taille. Le numéro deux de l'Etat. Pour une visite d'Etat, Koulibaly Mamadou qui plus est originaire du nord était absent. Comment expliquez-vous une telle absence ?
Moi, je ne pense pas qu'il faut lier son absence au fait que la tournée concerne le nord. Est ce qu'il prend part aux autres tournées du chef de l'Etat ? Je n'en sais rien. Mais effectivement, il y a des cadres du nord qui ne sont pas venus.
Nous parlons du numéro deux.
Que le numéro deux soit absent, ça peut susciter des interrogations. Mais j'avoue que je n'en sais absolument rien. Mais s'il devrait venir à Boundiali, j'aurais souhaité qu'il vienne avant l'arrivée du Président pour participer à l'organisation. Il n'est pas venu. Peut-être qu'il n'a pas été appelé. Je pense que la visite a pu se faire. Il y a interrogation mais pas de façon spécifique. Si je comprends, cette visite ne vous fait pas trembler dans vos bastions politiques ?
Cher ami, celui qui a peur reste chez lui. Parce que tout simplement, que Gbagbo vienne au nord pour venir faire son travail républicain et que cela effraie des gens, c'est qu'ils ne sont pas sûrs d'eux. Je pense qu'il est venu, les retombées que nous avons, ce sont des promesses sociales et économiques. Maintenant, s'il espère des retombées politiques de là, c'est logique. Ceux qui veulent dormir pour se faire peur, c'est leur affaire. Sinon je pense que vous avezje regrette de donner un fait assez significatif. Tout le monde a voulu avoir des t-shirts de Gbagbo et de Soro Guillaume. L'engouement envers les t-shirts peut inquiéter. Mais en réalité, les gens ont des besoins vestimentaires pour aller au champ. Il n'y a pas de quoi à s'alarmer. La foule qui est sortie, c'est par respect pour l'institution étatique. C'est par respect pour leur fils Soro Guillaume, c'est par respect pour les élus que nous sommes et enfin, la foule est sortie pour respecter la tradition chez nous. Concernant le PDCI, il a sa place à Boundiali. C'est parce que vous êtes éloigné que vous avez des interrogationsAujourd'hui, nous sommes les arbitres à Boundiali. On l'a vu à la faveur de cette organisation où en tant qu'élu PDCI, je centralisais une commission très importante, celle de la restauration. Donc j'ai vu toutes les tendances. Que ce soit le RDR ou que ce soit le nouveau parti de Zémogo, ANCI, j'ai vu tout le monde converger vers moi. Nous ne sommes pas habitué aux positions tranchées. Concernant les promesses, je pense que cela s'inscrit dans le rôle régalien de l'Etat. Houphouët a construit des barrages dans des régions qui ne sont pas la sienne. Il a fait l'électrification dans des régions d'où viennent les dirigeants d'aujourd'hui. Mais ce n'est pas pour cela que ces populations ont été derrière Houphouët. C'est pareil. Ce n'est pas parce que Gbagbo va nous verser tout l'or du monde que du coup tout le monde va devenir FPI. Il faut tranquilliser les gens. Quand il y a un travail à faire dans un cadre bien tracé, on le fait proprement et si c'est le combat politique, on le mène. Les militants du PDCI n'ont pas raison d'avoir peur.

Interview réalisée par
Akwaba Saint-Clair

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