mercredi 12 décembre 2007 par Le Patriote

Je sais que vous n'êtes pas le père de l'ivoirité . Cette phrase attribuée au président français Nicolas Sarkozy a fait les choux gras de la presse pro-Gbagbo dans sa livraison d'hier. Passons rapidement sur les circonstances qui ont, peut-être, poussé Sarkozy dans une ambiance emprunte de civilité à prononcer une telle affabilité envers un Président dont tout le monde sait qu'il n'apprécie pas particulièrement la politique. Gbagbo n'est, certes, pas le père de l'Ivoirité et alors ? N'a-t-on jamais vu des héritiers aller au-delà des concepteurs d'une idéologie ? Le père de cette idéologie, cela a été dit, écrit, affirmé et réaffirmé, est l'ancien Président Henri Konan Bédié qui essaie, tant bien que mal, d'en donner un contenu culturel. Or, ses ravages politiques sont connus. Laurent Gbagbo, comme les intellectuels autour de l'ancien Président est l'un des praticiens les plus acharnés de cette idéologie abjecte de l'Ivoirité. S'il n'était pas l'un des proches du Président Bédié en 1994, Gbagbo se définit aujourd'hui comme un héritier.
En effet, c'est sous le règne du chef de l'Etat actuel que l'Ivoirité a été passée du concept pour se retrouver dans les textes. Rappelons-nous : la loi 2002-03 du 3 janvier 2002, dite ?'Loi Boga Doudou'', qu'a fait voté le Fpi et qui consacre notamment la primauté de la tribu sur la nation. Elle n'était rien d'autre que la traduction de cet apartheid à l'ivoirienne dans nos lois. C'est avec Gbagbo que la Cour Suprême aux ordres, a rejeté sans explication juridique valable, la candidature d'Alassane Ouattara aux législatives de novembre 2000. Sous la Refondation, les conflits fonciers se sont amplifiés. Car, les leaders du FPI, encouragés par le discours tribal et xénophobe de Laurent Gbagbo, a encouragé la chasse aux étrangers. L'on se rappelle les tristes événements à l'Ouest du pays. Au début de l'année 2001, les autochtones de la région d'origine de Simone Gbagbo ont édicté des textes interdisant toutes activités commerciales aux étrangers sur leurs terres. Ils ont été suivis, récemment par ceux de Saioua.
La guerre n'a fait qu'amplifier une donne déjà existante. L'ivoirité, c'est non seulement la stratification des Ivoiriens, mais c'est aussi l'affirmation d'un nationalisme primaire et trivial qui a poussé certains de nos compatriotes à affirmer sur des tee-shirts : Je suis xénophobe et après ! , qui a amené l'un de nos responsables syndicaux à affirmer : A chacun son petit Blanc . C'est cette Ivoirité à la sauce FPI qui a été expérimentée au lendemain des événements de novembre 2004 au cours desquels plus de huit mille ressortissants européens et français ont dû regagner leur pays, car menacés par les jeunes patriotes. Des entreprises ont été détruites. C'est cela être ivoiritaire. Si Sarkozy a laissé entendre devant le Chef de l'Etat qu'il n'est pas le père de l'Ivoirité, il s'est bien gardé de lui dire qu'il n'en est pas moins l'un des praticiens les plus acharnés.
Charles Sanga

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