jeudi 13 décembre 2007 par Fraternité Matin

L'ouverture d'une lucarne sur le club, très restreint, des femmes aux affaires fait découvrir la lutte, souvent personnelle, qu'elles ont dû mener pour savourer la gloire. La Première dame argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, a été élue, le 28 octobre dernier, dès le premier tour à la Présidence de son pays. S'il est vrai que le fait de passer de l'état de compagne du Chef de l'Etat, à celui de Chef de l'Etat par un processus démocratique est une curiosité en soi, l'accession des femmes aux plus hautes responsabilités d'un pays est un phénomène qui s'impose à la conscience collective avec acuité, ces dernières années. Ainsi, Mme de Kirchner est, certes, la première présidente élue de l'Argentine, mais pas la première à exercer la fonction de chef d'Etat. Isabel Peron, troisième épouse de l'ex-président Juan Peron, avait été investie présidente en 1974 à la mort de son mari, alors qu'elle occupait les fonctions de vice-présidente.mActuellement dans le monde, il existe deux types de femmes qui gouvernent sur la planète. Il s'agit de celles qui sont élues chefs d'Etat et celles qui assument les responsabilités de chefs de gouvernement. Cette cartographie exclut volontairement les têtes couronnées dont la voie d'accession au pouvoir n'intègre pas le mode démocratique. Ceci ne voulant pas dire que démocratie et monarchie ne feraient pas bon ménage. Bien au contraire !
Ainsi, collant à l'actualité, rappelons que Cristina Fernandez de Kirchner a été largement élue présidente dès le premier tour de scrutin devant une autre femme, la députée Elisa Carrio.
En Inde, Pratibha Patil a été élue en juillet 2007 présidente de l'Inde, première femme à accéder à ce poste dans ce pays. Le pouvoir exécutif appartient au Premier ministre, mais le président a une certaine influence dans la formation des gouvernements aux niveaux national et local. Rappelons cependant que des femmes, à l'instar d'Indira Ghandi qui fut un Premier ministre charismatique, ont toujours occupé une place de choix dans le microcosme politique indien. D'un continent à l'autre, l'essor féminin dans la sphère du pouvoir politique est une réalité tangible.
Au Chili, Michelle Bachelet, élue en janvier 2006, a pris ses fonctions en mars de la même année, devenant la première femme élue à la tête de l'Etat au suffrage universel et en Amérique du Sud. Plus proche de nous, au Liberia voisin, Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue présidente en Afrique, a prêté serment en janvier 2006, après avoir remporté l'élection présidentielle de novembre 2005. Aux Philippines, après la saga de triste mémoire avec Cori Aquino dans la décennie 1980, en janvier 2001, la vice-présidente Gloria Arroyo a été nommée chef de l'Etat pour remplacer le président Joseph Estrada, destitué pour corruption. Elle a été élue en 2004. Les pays scandinaves sont connus pour leur quête permanente de parité des genres à tous les niveaux de la vie sociale. C'est le cas en Finlande, où cela se traduit au sommet de l'Etat. La présidente finlandaise Tarja Halonen, première femme à accéder à la présidence de la République en 2000, a été investie pour un second mandat en mars 2006.
En Irlande, l'image est plus que symbolique. En effet, Mary McAleese a été élue en octobre 1997 présidente de la République d'Irlande, succédant à Mary Robinson, la première femme à ce poste dans ce pays et réélue en octobre 2004. Par ailleurs, la ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, a été élue en décembre 2006 par le Parlement fédéral, présidente de la Confédération helvétique pour 2007. Elle est la seconde femme à accéder à la présidence de la Confédération, une fonction largement honorifique, après Ruth Dreifuss, en 1999.
Au-delà des femmes qui ont le pouvoir obtenu au suffrage universel, les femmes chefs de gouvernement, nommées pour leurs compétences et leur background politique, sont en vogue.
L'une des plus en vue est sans conteste Mme Angela Merkel, élue en novembre 2005 chancelière de la République fédérale d'Allemagne. Elle est la première femme à accéder à cette fonction dans l'histoire du pays. Il en est de même pour Han Myung-sook qui a été nommée en mars 2006 Premier ministre de la Corée du sud.. Au Mozambique, Luisa Diogo est Premier ministre depuis février 2004. En Nouvelle Zélande, Helen Clark a succédé en décembre 1999 à la tête du gouvernement à Jenny Shipley, comme première femme Premier ministre de ce pays.
Rémi Coulibaly
Option : Le mythe est mort
La politique est un métier et surtout un métier asexué. Elle n'est plus l'apanage des seuls hommes. Les femmes entrent de plus en plus en politique comme on entre en religion. Les femmes chefs d'Etat, présidentes de la république, ce n'est plus un épiphénomène. Les femmes chefs de gouvernement, c'est désormais un fait quotidien. En Amérique Latine, en Afrique, en Asie et en Europe, les rapports entre les hommes et les femmes dans l'exercice des hautes charges de l'Etat sont décomplexés. C'est que les femmes ont toujours voulu d'une vraie coopération au niveau du genre en participant au centre des décisions. Pour être partie prenante au centre de conditions qui fondent les clés du développement intégral de chaque citoyen, de chaque citoyenne dans la société où elles vivent. On note que de tout ce qui touche au statut des femmes dans la société, ce sont elles qui ont fait bouger les choses. Elisabeth Guigou, nommée aux Affaires européennes pendant le second septennat de François Mitterrand, à la suite de la démission d'Edith Cresson, montre dans son livre Être femme en politique? paru aux éditions Plon, en 1997, combien dans une vieille démocratie comme la France, l'avènement de la femme au pouvoir ne fut pas chose aisée. Dans ce pays, fait-elle remarquer, on est nommé ministre par la seule volonté du Président de la République. Les ministres sont, en général, choisis pour leur compétence, leur aptitude, dans un domaine donné, à diriger l'Etat, à impulser une politique. Le général De Gaulle a donné ce droit aux Françaises quand une fois revenu au pouvoir, il a nommé deux femmes seulement au gouvernement. Mais, révèle Mme Guigou, Valery Giscard d'Estaing fut le premier président à se préoccuper de féminiser les gouvernements. Au cours de son premier septennat, on trouve quatre femmes, une ministre, Simone Veil, et trois Secrétaires d'Etat, Françoise Giroud, Hélène Dorihac, Annie Lesar. Les gouvernements qui suivirent comptèrent entre trois et cinq femmes, mais trois d'entre elles seulement eurent droit à un titre de ministre: Simone Veil, Alice Saunier-Seite et Monique Pelletier. Les hommages que Veil et Pelletier rendent à Giscard d'Estaing sont éloquents. Veil note son soutien à la loi sur l'avortement: Giscard parlait des femmes avec beaucoup de conviction. Pour lui, en se privant des femmes, la France se privait d'une richesse.. La loi sur l'avortement avait vraiment un sens pour lui.?La France, pays des siècles des Lumières et vieille démocratie, a certainement modulé le monde et décomplexé les femmes. Elle ne s'est pas encore donné une femme pour chef d'Etat; mais Edith Cresson comme Premier ministre n'a pas été qu'un symbole. Et avec Elle, on porte avec fierté les souvenirs de Margaret Thatcher, Indira Gandhi, respectivement Premiers ministres de l'Angleterre et de l'Inde. On apprécie la marche de l'Allemagne, première puissance économique de l'Europe sous la conduite de la chancelière Angela Merkel, et l'on évoque sans émotion feinte la présidence de Corazon Aquino aux Philippines. En Amérique du Sud, Michelle Bachelet, élue en janvier 2006 au suffrage universel au Chili. Et Cristina Kirchner choisie par le peuple le 28 octobre 2007 comme Présidente de la république d'Argentine continuent avec Pratibha Patil première femme élue, présidente de l'Inde en juillet 2007 et Ellen Sirleaf, première femme en Afrique élue chef d'Etat au Liberia, de perpétuer la tradition établie par Isabel Peron investie présidente en 1974 en Argentine.
Par Franck A. Zagbayou
Devenues politiques dans le sillage familial
Cristina Fernandez de Kirchner, 54 ans, fait partie de ces dames devenues politiques, dans le sillage familial. Depuis lundi dernier, elle est investie première Présidente de la République d'Argentine.
Démocratiquement élue le 28 octobre dernier avec plus de 45% des suffrages, au premier tour, Cristina Fernandez de Kirchner succède ainsi à Néstor Kirchner, son époux, pour un mandat de 4 ans. Une originalité. L'objectif visé par la nouvelle présidente, transformer la croissance de l'Argentine en développement?. Sous le mandat de son mari, le pays s'étant économiquement rétabli. Ambitieuse (même si elle a fait remarquer n'avoir jamais pensé devenir présidente), militante et d'un caractère raffiné, Cristina a mené sa propre carrière politique. Contrairement à son époux, elle n'avait jamais assumé de poste exécutif. Cristina et Néstor se sont rencontrés quand ils étaient militants aux jeunesses péronistes, avant de se marier en 1975. La dictature politique de l'époque va les emmener à se consacrer à leur cabinet d'avocats à Santa Cruz. Le couple fera de la solidarité son concept pour bâtir l'entreprise politique et maritale dont il récolte aujourd'hui les fruits. Jamais, Néstor et Cristina n'ont laissé transparaître, publiquement, un conflit. Samedi dernier, rapporte l'AFP, Cristina, à la fin d'un discours prononcé lors de l'investiture du gouverneur de la province de Chubut, n'a-t-elle pas déclaré: Pour moi, Kirchner continuera d'être aussi président?.
Tout comme Cristina Kirchner, Indira Gandhi, la pionnière des grandes dames politiques a été entraînée dans le sillage politique de son père Jawaharlal. Le Monde l'a écrit, Indira Gandhi était littéralement née en politique?. C'est en politique que son existence s'est déroulée de bout en bout, au détriment de toute autre préoccupation. De telle sorte que sa vie familiale, elle-même, s'est transformée en affaire politique. Née le 19 novembre 1917 à Allahabad, la petite Indira a assisté aux descentes de la police au domicile de Nehru, à cause des activités politiques de son père, jeune avocat fort connu. Qui l'associe à ses engagements.
Etudiante en Grande Bretagne, à Oxford, Indira précisera ses engagements politiques en adhérant au parti travailliste. Le séjour britannique va créer un idylle entre Indira Gandhi et un jeune étudiant indien, Feroze Gandhi (aucune parenté avec le Mahatma).
Le mariage est scellé en 1941. Mais la lune de miel est de courte durée. De retour en Inde, Indira est jetée en prison pendant treize mois à cause de ses activités politiques. Quand en 1960, son mari meurt d'une crise cardiaque, Indira Gandhi est beaucoup plus mère qu'épouse. Puisque séparée de lui depuis plusieurs années. Désormais, elle vit à la résidence du Premier ministre, son père, qui fait d'elle sa plus proche collaboratrice. Un envol politique pour Indira Gandhi, devenue en 1966 Premier ministre indien après un scrutin qu'elle remporte par 355 voix contre 169 à Morarji, son rival. L'épreuve de force contre elle s'engage en 1968. Pour cause de dictature?, l'appareil du Parti du Congrès qu'elle dirige l' expulse?. Elle crée sa propre formation, le Congrès?. En 1971, Indira Gandhi mène campagne sur le thème: Halte à la pauvreté?.
La vie politique indienne devient alors synonyme de celle de Indira Gandhi. Qui sera fatalement fauchée par la mort, suite au sacrilège constitué par l'intervention de l'armée dans le Temple d'or d'Amritsar?. Classée 18e femme la plus puissante du monde par le magazine Forbes, la démocrate Hillary Rodham Clinton, 60 ans, sénatrice et ancienne Première dame des Etats-Unis, est l'un des favoris, avec le républicain Rudolph Giuliani, de la présidentielle américaine de 2008. Hillary Clinton a réussi à prendre, seule, son envol en devenant l'un des plus populaires sénateurs de New York, en 2000. Son mari, Bill Clinton, qu'elle a rencontré à Yale, alors qu'ils étaient étudiants, ne l'empêche pas d'avoir ses propres activités. En 1978, Bill Clinton devient gouverneur de l'Arkansas. Hillary, brillante avocate, le suit. Elle est nommée par Jimmy Carter au Conseil de la Legal Services corporation. Douze ans durant, Hillary joue son rôle de Première dame de l'Arkansas et s'implique dans tout ce qui touche à l'enseignement, les familles et l'enfance. Une fonction qu'elle assumera, par ailleurs, quand son mari devient président en 1992.
Depuis 2000, Hillary Clinton a pris une option: sa carrière politique se jouera désormais sans son mari.

Ernest Aka Simon
Focus : Quand Cristina fait penser à Simone
A la lecture de la biographie de la nouvelle Présidente de la République d'Argentine, Mme Cristina Fernandez de Kirchner, on ne peut s'empêcher de penser à la Première dame de Côte d'Ivoire, Mme Simone Ehivet Gbagbo, tant des similitudes existent dans le parcours des deux personnalités féminines. Les observateurs et autres analystes politiques disent de l'actuelle Présidente de l'Argentine qu'elle est ambitieuse. Quand bien même, dans un élan d'humilité, elle affirme n'avoir jamais pensé devenir présidente?. On lui reconnaît également des qualités de grande militante. Toutes choses qui caractérisent Simone Ehivet Gbagbo. Qui, à l'instar de Cristina Fernandez de Kirchner, a rencontré son époux, Laurent Gbagbo, quand ils étaient tous les deux enseignants. Et militants avérés, dans la clandestinité, de la démocratie face au parti unique qu'incarnaient le PDCI-RDA et son père-fondateur, le Président Félix Houphouet-Boigny. Cristina et Nestor (son époux) se sont rencontrés quand ils étaient militants aux jeunesses péronistes, avant de se marier en 1975?, nous apprend-on; avant d'ajouter que la dictature politique de l'époque va les amener à se consacrer à leur cabinet d'avocats à Santa Cruz?. De la même façon que Simone et Laurent s'associeront à d'autres camarades pour asseoir les bases du socialisme à travers leur parti, le Front populaire ivoirien (FPI), face au régime capitaliste alors en place, le couple Kirchner fera de la solidarité (même valeur que le socialisme) son concept pour bâtir l'entreprise politique et maritale dont il récolte aujourd'hui les fruits. Jamais Nestor et Cristina n'ont laissé transparaître, publiquement, un conflit?, rapporte l'AFP. De mémoire de journaliste, nous ne nous souvenons pas d'un éclat de voix ou d'une quelconque contradiction publique entre Laurent et Simone Gbagbo, quoique les deux aient, chacun, du charisme à revendre. C'est pourquoi, on est en droit de comparer Simone Ehivet Gbagbo à Cristina Fernandez de Kirchner, comme nous l'affirmons plus haut. Mais si cette comparaison peut se faire aisément entre les deux dames, on comprendrait dès lors difficilement qu'il soit admis qu'en Argentine, comme aux Etats-Unis avec Hillary Clinton, l'épouse d'un président sortant brigue le fauteuil suprême et y accède. Et qu'en Côte d'Ivoire, on en soit à crier au scandale tout simplement parce que la Première dame est député à l'Assemblée nationale et présidente du groupe parlementaire de son parti. Aujourd'hui, quelque douze dames occupent le devant du pouvoir exécutif dans leurs pays respectifs avec huit d'entre elles Chefs de l'Etat et quatre Premiers ministres. C'est dire que, lentement mais sûrement, la gent féminine, conformément aux valeurs et normes prônées par les militants féministes et ceux des droits de l'Homme, est en train de gravir tous les échelons de l'échiquier socio-politique. De nouvelles donnes avec lesquelles il faudra nécessairement composer. Sans parti pris ni faux orgueil masculin. Et cela, aussi bien en Afrique que sur les autres continents. Où, une nette avance est déjà prise, en la matière, sur le continent noir.

Abel Doualy

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