samedi 15 décembre 2007 par Notre Voie

Le président Gbagbo a appelé hier, à Arrah, les Ivoiriens à dépasser le tribalisme tout en leur indiquant que son rôle consistait à faire partir l'ancienne pensée politique.
Le président Gbagbo était hier l`invité du roi des Ahua, Nanan Téhoua II, de la sous préfecture d`Arrah dans le département de Bongouanou, pour la célébration de la fête des ignames. A cette occasion, le chef de l`Etat rendu hommage au maire la commune qui a su tirer profit de la coopération décentralisée pour l`équipement de l`hôpital général. Selon lui, les subventions de l`Etat ne sont certes pas suffisantes, mais les élus doivent rechercher partout dans le monde, les moyens de réaliser les ?uvres qui sont à leur charge. "Nous n`avons pas encore voté la loi pour donner véritablement les moyens à chaque commune. Nous sommes dans un pays qui n`est pas riche, mais non plus pas pauvre. Il faut donc une loi pour dire que toutes les ressources produites dans une région doivent servir à la région. Là où il y a du pétrole, des diamants, du manganèse etc., il faut qu`une partie des revenus améliore les conditions de vie de la population locale. Ici, nous sommes dans la première boucle du cacao. Si cette loi avait été prise depuis longtemps, on n`en serait pas là. Cette loi sera votée début 2008", a déclaré le président Gbagbo. Avant de promettre que justice sera faite d`ici la fin de l`année, avec la mise en application effective de la communalisation totale du territoire national.
S`exprimant devant une foule très importante comprenant les chefs coutumiers, les responsables des cultes et les autorités administratives et politiques, Laurent Gbagbo a affirmé que son rôle en tant que doyen de la jeune génération comme celle d`Affi N`Guessan et cadet de la précédente, est de faire en sorte que l`ancienne pensée politique qui ne sert plus, s`en aille et que la nouvelle pensée qui n`a pas encore assez de force, s`installe. "Mon rôle consiste à faire partir l`ancienne pensée politique pour que les jeunes puissent mettre le pied à l`étrier afin que moi aussi je m`en aille", a-t-il ajouté. Dans une adresse solennelle à la population pour l`inviter à se détourner du tribalisme, le président Gbagbo a rendu un vibrant hommage à Affi N`Guessan président du FPI qui, dans l`opposition, a été son directeur de cabinet et, ensuite son directeur de campagne. " Il est au sein de la jeune génération du FPI, celui qui a le plus connu ma pensée profonde.", a déclaré le président Gbagbo. "Affi est Agni et Mamadou Koulibaly, Sénoufo. Ce n`est pas le calcul ethnique qui nous a guidés dans nos choix. Quand on a gagné les élections, j`ai demandé à Abou Drahamane Sangaré, ce qu`on fait. Il m`a dit, on a deux jeunes, Affi et Mamadou Kopulibaly. On met l`un à la Primature et l`autre à l`Assemblée Nationale. Celui qui veut raisonner en terme d`ethnie sera dépassé. Quelle est l`ethnie des enfants aujourd`hui? Quel est leur village? Ils sont de Cocody, de Yopougon, etc. Et souvent, ils ne parlent même pas la langue de leurs parents."
Pour Laurent Gbagbo, les Ivoiriens ont intérêt plus que tout le monde à chérir la démocratie parce que leur pays est composé de plus de 60 ethnies, chacune avec ses réalités. " Grâce à elle (la démocratie), l`avenir n`est pas obstrué pour les enfants de pauvres", s'est-il réjoui.
Le roi des Ahua est arrivé sur la place de la cérémonie précédé par des prêtresses "Komian" qui répandaient du kaolin. Vêtues de blanc avec de nombreuses amulettes sur le corps, certaines komian étaient prises de transes. Le roi, lui, était assis dans une sorte de pirogue que des hommes tiennent sur leurs épaules. La fanfare et le tamtam parleur sont se faisaient entendre. Dans la procession, l`association "Vas-y-voir" des femmes d`Arrah, des majorettes du collège Jean Paul II et plusieurs associations socio professionnelles. Deux très longues files de femmes vêtues aux couleurs du FPI, fermaient la marche avec les anciens combattants.
Après le défilé, Laurent Gbagbo a été intronisé roi des Ahua et reçu le nom de Nanan Anoh Kpagni II, du fondateur de l`Ahuanou qui est aujourd`hui la tribu Ahua.
Dans son allocution de bienvenue, le maire Jean Baptiste Bouadou a indiqué que la commune a pu bénéficier, grâce à la coopération décentralisée, de matériel médical et biomédical d`une valeur de près de 450 millions FCFA. Mais la commune n`a pas les structures qu`il faut pour accueillir ces équipements. De sorte qu`ils sont actuellement stockés alors que les populations en ont le plus grand besoin. La municipalité a déjà entrepris l`extension du centre de santé dont les travaux sont réalisés à 50%. Le maire a donc sollicité l`aide du chef de l`Etat pour l`achèvement.
Dans la langue locale, la fête des ignames se dit "Bédiéouho". Selon la tradition orale, les Ahua seraient descendus du ciel par l`intermédiaire d`énormes récipients en bronze rattachés au ciel par des chaînes. Sept clans furent ainsi parachutés. Le peuple Ahua serait issu du clan Assafoulé. Confrontés à une terrible famine, ils découvrirent un tubercule charnu et comestible, l`igname. Le clan la consomma sans danger à l`exception du roi qui souffrait de douleurs atroces chaque qu`il en mangeait. Les oracles déclarèrent qu`un sacrifice aux ancêtres était nécessaire pour que le roi puisse manger de l`igname. C`est ce rituel sacrificiel qui donne la fête des ignames. A cette occasion les ancêtres reçoivent leur part d`igname et de viande. Ensuite seulement, le roi peut en manger en toute quiétude.
Depuis, ce sacrifice est renouvelé chaque année.

Paul D. Tayoro Envoyé spécial

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