lundi 17 décembre 2007 par Le Nouveau Réveil

"Nul n'est prophète chez soi", dit l'adage. Mais Alphonse Djédjé Mady était prophète à Saïoua, chez lui. "Persona non grata", dans les villages de cette localité depuis l'avènement du multipartisme, jusqu'à une date encore récente, le secrétaire général du PDCI a déchaîné des passions dans le village de Takouahio, situé à un peu plus d'une dizaine de km de Saïoua. Où il était, en compagnie de son épouse, elle aussi, fille de la région, le parrain de la fête de la réconciliation organisée par la jeunesse de ce gros village. Qui a la particularité d'être celui du Député FPI de Saïoua. En l'occurrence Gbédégni Guigui. Dans quel état d'esprit peut se trouver une personnalité qui a été l'une des plus influentes de la région pour en avoir été le député-maire, et qui, au nom d'une politique politicienne, se retrouve en être quasiment bannie du jour au lendemain? Comment concevoir et appréhender une invitation d'une population qu'on a eu à administrer et qui se retourne contre soi pour prendre fait et cause pour une nouvelle formation politique après avoir été longtemps vilipendé par elle ?
En tout état de cause, il fallait s'appeler Aphonse Djédjé Mady ou encore "Mady Zimin" comme on l'appelle chez lui à Saïoua, pour relever un tel défi. Et cela fut chose faite durant son séjour de quatre jours dans ces villages. Vendredi dernier à la tête d'une délégation qui comprend son conseiller spécial chargé de la communication Koudougnon-Balet, son épouse Marie-Noëlle Djédjé Mady, Nicolas Guiehoua, délégué de Saïoua et aussi fils de la région, a honoré ce rendez-vous de la réconciliation. Lorsque la délégation arrive à l'entrée du village de Takouahio, en fin de matinée, elle est accueillie par plusieurs jeunes. L'ambiance devient plus électrique lorsque le secrétaire général du PDCI et sa délégation arrivent sur les lieux de la cérémonie. Tambours, grelots, flûtes, chants et danses les accueillent. Pour la circonstance, tous les villageois se sont donné rendez-vous au lieu de la rencontre, toute affaire cessante. Hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux, ne voulaient pas rater ou se faire raconter l'événement. La libation a été faite par le chef de terre, Loé Tapé Elio et le chef du village Immy Jeannot et son adjoint. Ceux-ci, sans prendre des gants, ont donné les nouvelles du village à leur fils Mady depuis qu'ils l'ont quitté. Ceux-ci ont été suivis de plusieurs orateurs. Dont le président des jeunes du village Douhouré Marc. Takouahio se réconcilie avec Mady et le PDCI
"(...) S'il fut un temps où nous vous avons abandonné, rentrez en vous-même, et pardonnez nos erreurs qui vous ont frustré. Tout Takouahio a souffert de votre absence. Nous ne voulons plus évoquer ce passé, mais désormais, regardons devant nous" a dit l'intervenant qui a poursuivi sur la même lancée. "Toutes les bonnes actions et les bonnes oeuvres que vous avez réalisées pour ce village sont passées inaperçues du fait du multipartisme. Oui, cette ignorance nous a fait assez de torts et le temps perdu doit être rattrapé. (...) C'est pourquoi, nous saisissons cette opportunité pour vous présenter nos excuses sans état d'âme" a-t-il ajouté. "Si nous refusons d'ouvrir une lucarne sur le passé, c'est parce que ce passé ne doit plus être à l'honneur. (...) M. le ministre, souffrez car nous avons à vous demander de pardonner à ce village ses erreurs sans avoir à les citer. (...) Elevez-vous au-dessus de tout. Ce village qui a tant souffert de votre absence vous tend ses bras. Et le fils qui est de retour et qui voit la nudité de son père saura le revêtir. (..). Le vrai bonheur, on ne l'apprécie que lorsqu'on l'a perdu ", a renchéri le porte-parole des cadres du village, Zohoré Prégnon Armand. A ces deux premiers orateurs, ont succédé d'autres. Le président du comité d'organisation Zézé Sery Bazo, le secrétaire général de la section du PDCI dudit village, Ouétté Claude, qui a confirmé la santé de son parti dans un village où il était impossible d'afficher son appartenance. "Le PDCI est debout et vit dans ce village" a-t-il mentionné? Non sans oublier la présidente du club de soutien à Mme Djédjé Mady. Tous ces intervenants ont déploré le fait qu'ils aient abandonné le PDCI pour rejoindre le FPI. Mais surtout le fait d'avoir abandonné leur fils Alphonse Djédjé Mady. Et qu'à partir de maintenant, ils seront avec lui. Nahio: Les populations regrettent d'être parties au FPI
Le lendemain, samedi 15 décembre, c'est le village de Nahio d'où est originaire le délégué Guiehoua qui a accueilli la délégation du secrétaire général du PDCI. Particularité de cet autre gros village, il est celui de la mère de l'épouse de Djédjé Mady. Et celle-ci y a même fait une partie de son cycle primaire. Comme à Takouahio, les Djédjé Mady n'y étaient pas les bienvenus. " J'étais parti ailleurs. Et c'est moi qui faisais obstacle. A l'image du crocodile, c'est moi qui retenais tous ceux qui voulaient retourner au PDCI. Maintenant, je libère la voie. Et tout le monde peut y aller" a révélé Némé Labou Félix, le porte-parole de la famille Gnatchahio, l'une des grandes familles du village de la belle-mère de Djédjé Mady. C'est donc cette famille qui a invité leur beau-fils Mady et leur fille. Annoncée comme une affaire de famille, cette réconciliation entre la famille Gnatchahio et son beau fils a pris très vite les allures d'une fête populaire. Qui s'est très rapidement transformée en meeting. Pour sa part, Soukou Mady Eugène, le chef central du village, a annoncé, lui aussi, son retour au PDCI. "Je reviens" a-t-il dit. Avant de prendre cette image pour justifier son retour et celui de tout le village aux côtés de Djédjé Mady et au PDCI. "Djédjé Mady est comme un marigot. Il était notre bonne eau. Et nous l'avons laissé pour aller nous abreuver à une autre source. Nous nous sommes rendus compte que cette source était trouble. C'est pourquoi, nous revenons vers l'ancienne eau qui, en réalité, était et est la meilleure". Des propos salués par des tonnerres d'applaudissements de la population. Très heureux de retrouver le couple Mady., le chef de la famille n'a pas manqué de faire éclater sa joie. "Nous nous étions trompés. On était allé voir ailleurs. Maintenant, on revient" a-t-il confessé. Le président des jeunes de la famille Gnatchahio, Kpablé Hervé Villard, n'a pas dit autre chose que ses prédécesseurs. "Nous présentons nos excuses à M. et Mme Djédjé Mady pour tous les désagréments subis. Nous voulons rendre la monnaie à Alphonse Djédjé Mady pour tous ses bienfaits" a-t-il fait savoir. Résumant ainsi les erreurs du village de Nahio à l'endroit de leur fille et de son beau. La réponse de Mady
aux villageois. Toutes ces supplications des populations des deux villages de Takouahio et Nahio ne sont pas tombées dans des oreilles de sourds. Alphonse Djédjé Mady leur a répondu ceci : "Je vous ai compris. (..) Tout ce que vous avez dit, j'ai compris. Je vais vous observer. Puisque vous avez accepté de nous accompagner, je vous demande de le concrétiser par votre retour au PDCI." Le secrétaire général du PDCI en a aussi profité pour se prononcer sur l'actualité politique du pays et la gestion du pouvoir par les refondateurs. " Quand je vais partir d'ici, il y aura des gens qui viendront pour dire des choses. (...). Si un masque sait danser, on s'en aperçoit tout de suite par ses premiers pas" a dit Djédjé Mady. Qui a expliqué aux populations des deux villages, les nombreux mensonges de la refondation. Ecole gratuite, soins gratuits, achat du café-cacao à 3000f le kilo... Toutes ces belles promesses auxquelles les populations ont succombé et pour lesquelles elles se sont ruées vers la refondation, n'ont été en effet que du vent, selon l'hôte des villages de Takouahio et Nahio.
Dans son intervention, Djédjé Mady a fait un tour d'horizon de la crise ivoirienne. Depuis l'éclatement de la guerre jusqu'à la signature de l'actuel Accord politique de Ouaga en passant par la position du PDCI, qui, le 22 septembre 2002 déjà, soit 72 heures après l'éclatement de la guerre, demandait à Gbagbo de négocier avec les rebelles. On peut donc le dire, Saïoua en général et les villages de Takouahio et de Nahio en particulier, qui se sont rendus compte des mensonges et de la duplicité des refondateurs, ont décidé de se réconcilier avec leur fils Djédjé Mady et par conséquent, de retourner au PDCI. Notons que dans les deux villages, le secrétaire général du PDCI a fait de nombreux dons aux populations.
YVES-M. ABIET
Envoyé spécial à Saïoua

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