lundi 31 décembre 2007 par Fraternité Matin

De passage à Abidjan, où il a été reçu, vendredi, par le Chef de l'Etat, le DG Afrique du groupe Bolloré s'est prêté à nos questions.
M. Laffont, vous venez au moins trois fois dans l'année en Côte d'Ivoire. Que représente Abidjan dans votre dispositif en Afrique ?
Abidjan est la pièce maîtresse de notre dispositif puisque, au-delà de l'ancienneté de notre implantation, c'est aujourd'hui l'un des pays que nous identifions comme l'une des locomotives de l'Afrique sur le plan économique, même si la crise a eu des effets négatifs. En la matière, nous anticipons une forte reprise de la croissance ivoirienne qui devrait, quelque part, lui permettre de retrouver son influence d'antan. Par ailleurs, au sein de notre réseau, la Côte d'Ivoire, c'est un pays sur quarante, mais c'est plus d'un quart des effectifs et plus d'un quart de notre activité globale. C'est que l'on a coutume de l'appeler le navire amiral de notre réseau et c'est un pays pour lequel nous avons toujours nourri une ambition forte. Ambition qui est notamment de développer de la façon la plus forte possible le corridor d'Abidjan en nous appuyant sur nos atouts que sont, d'une part, le terminal à conteneurs de la SETV, et, d'autre part, Sitarail qui offre transparence, sécurité et régularité dans le transport des marchandises et des voyageurs. Et enfin, bien évidemment, nos implantations dans les pays de l'hinterland que sont le Niger, le Burkina-Faso et le Mali. Mais vous allez depuis quelques années vers d'autres pays qui ne sont pas de la zone francophone. On a parlé du Nigeria, de l'Afrique du Sud, de l'Angola. Est-ce un désintérêt vis-à-vis de l'Afrique francophone à cause de ce qui s'est passé à Dakar ou alors est-ce purement stratégique ?
Non, nous avons aujourd'hui une stratégie africaine forte qui consiste à avoir un réseau continental qui soit le plus développé et le plus structuré possible. Cela veut dire donc que, depuis plusieurs années et bien avant les déboires que nous avons connus dans le cadre de la mise en concession du terminal de Dakar, nous avions entrepris une démarche de développement en Afrique anglophone afin d'y rattraper le retard que nous avions dans ces pays. Retard que nous avons en partie rattrapé en Afrique de l'Est, en Afrique australe, en Angola et au Nigeria et pour lequel nous avons encore devant nous de grands enjeux et de grands potentiels de développement. Donc cela ne s'inscrit nullement, je dirais, comme un désintérêt pour la partie francophone. Au contraire, je pense que l'Afrique francophone est, elle aussi, appelée comme l'ensemble de l'Afrique à connaître un développement significatif et durable. Notre stratégie s'est inscrite plutôt dans une volonté d'avoir un réseau le plus homogène possible, à l'époque, compte tenu des puissants courants de mondialisation que nous connaissons aujourd'hui. Au-delà de la partie anglophone, de l'Afrique australe et de l'Afrique de l'Est dont je vous ai parlé, nous nous développons dans la corne de l'Afrique : Djibouti, Ethiopie ; et nous commençons à examiner les perspectives qui s'offrent à nous dans d'autres régions. On a l'impression que vous anticipez sur une sortie de crise pour la Côte d'Ivoire avec une montée en puissance de l'activité économique. Sur quoi est fondée cette anticipation de l'avenir immédiat ?
Nous sommes et avons toujours été beaucoup plus afro-optimistes que la plupart des investisseurs occidentaux ou extérieurs à l'Afrique. A l'époque où l'Afrique ne rencontrait que beaucoup de scepticisme ou d'inquiétude, nous avions poursuivi nos efforts d'investissements dans des environnements qui étaient considérés comme plus que risqués, selon les canaux occidentaux. Nous sommes, à cet égard, plus qu'ouverts. Nous connaissons bien la Côte d'Ivoire ; nous connaissons ses fondamentaux, ses atouts économiques, la qualité de sa classe moyenne, son potentiel de managers, l'influence traditionnelle qu'elle exerçait sur l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest et qui ne dissipe pas en un jour. Nous voyons aussi que l'économie ivoirienne a manifesté une résistance assez surprenante à la crise. Car, en dépit de tout ce qui s'est passé, elle a fait preuve souplesse et d'une remarquable force d'adaptation. Et puis, nous croyons très fortement à la vigueur de la croissance que l'Afrique va connaître et à laquelle aucun pays, encore moins la Côte d'Ivoire compte tenu de tous ses talents, ne saurait échapper.
Avez-vous en Côte d'Ivoire d'autres activités en vue en dehors des classiques activités ferroviaires et maritimes ?
Comme vous le savez, le groupe a également une activité agricole qui est assez forte en Afrique puisque nous avons des plantations d'hévéas et de palmiers à huile dans un certain nombre de pays dont le Nigeria, le Cameroun, le Kenya, le Liberia. Par ailleurs, le groupe s'est engagé, depuis plusieurs années, dans des développements significatifs dans le domaine de la communication qui pourraient trouver des prolongements en Afrique.



Interview réalisée par Gooré Bi Hué

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