Une année s'achève. Une autre commence. Dans quelques heures, 2007 sera un souvenir lointain. Et bonjour 2008, avec ses promesses. Des promesses d'une nouvelle année meilleure, en tout cas plus fructueuse que celle qui s'évanouit. Ah 2007 ! Que doivent retenir les acteurs culturels, singulièrement ceux qui opèrent dans la musique, les arts visuels et la mode en Côte d'Ivoire ? Des images fortes certes, mais aussi des moments douloureux. 2007 a été une année mi-figue mi-raisin pour les arts et la culture dans notre pays, jonchée de joie et aussi de peines.
La musique ivoirienne
Mais, les fanas de musique ne se plaindront certainement pas de ces douze derniers mois. Tant 2007 a été riche en événements musicaux. Elle a d'abord été marquée par le retour sur le marché musical des deux têtes fortes du reggae ivoirien: Tiken Jah Fakoly et Alpha Blondy. Le premier jetait dans les bacs le 24 septembre, L'Africain , quand Alpha Blondy larguait, le 29 octobre, Jah Victory . A pratiquement un mois d'intervalle. Une première dans l'histoire de leur carrière. Avant eux, quatre barrons du zouglou avaient rugi sur le marché : Magic System avec Tapé Dos , Espoir 2000 avec Gloire à Dieu , Soum Bill avec Que la lumière soit , et depuis quelques jours Yodé et Siro . Si les magiciens du zouglou nous avaient habitués à une présence régulière sur le marché depuis le succès phénoménal de 1er gaou en 1999, pour les trois autres, c'est en revanche un événement. Car, ils n'avaient plus donné de la voix depuis au moins cinq ans pour Soum Bill et six ans pour Yodé et Siro, Espoir 2000. 2007 sonne donc en quelque sorte le réveil, à défaut du retour au premier plan, du zouglou sur la scène musicale ivoirienne. On note également dans cette mouvance, les come-back des Patrons, de Petit Dénis et bien d'autres groupes zouglou.
En 2007, on a également dansé le fatigué fatigué de Francky DiCaprio ou encore le très sulfureux bobaraba du duo Elloh Dj-Dj Mix. Deux concepts qui ont fait et continuent de faire des vagues. En 2007, on a également vibré au rythme d'une série de concerts live. Et non des moindres. Déjà le 17 février, Espoir 2000 donnait le ton de cette série de live au Palais de la culture avec un concert baptisé Ah les femmes . Quatre mois plus tard, en juin, ils donnaient deux autres live , cette fois à l'initiative de Doudou Stevens, dénommé La fête à Espoir 2000 . D'abord vendredi 15 juin au Palais de la culture de Treichville, ensuite le lendemain au complexe de Yopougon. Plusieurs autres concerts rythmeront l'année 2007. Toutefois, on retiendra surtout les deux show mémorables de Tiken Jah Fakoly à Abidjan (8 décembre) et à Bouaké (19 décembre), qui marquaient le retour au pays de la reggae star après cinq années d'exil au Mali. On se souviendra encore du double concert anniversaire des dix ans de Magic System les 8 et 15 septembre (à Bouaké et Abidjan). De même, on n'oubliera pas la résurrection du Festarrr d'Alpha Blondy (dimanche 30 décembre) à Grand-Bassam, le concert de Fally Ipupa qui a fait en août un tabac au Palais de la culture ou encore les deux concerts live privés de Meiway. Bref, on a vu de belles et intéressantes choses.
Les Arts plastiques
En arts plastiques, on ne peut hélas pas en dire autant avec exaltation. Hormis quelques expositions dans les galeries ici et là, on s'est juste consolé avec le tout premier festival international des arts visuels qui a mis en lumière les ?uvres de plusieurs plasticiens d'ici et d'ailleurs. Idem en mode. Quelques manifestations, vraiment sporadiques, ont entretenu l'illusion que la mode en Côte d'Ivoire connaissait un regain de vitalité. La musique confirme, le cinéma cherche sa voie, l'humour surclasse le théâtre. A l'inverse, l'humour a botté le théâtre hors des planches. 2007 a été riche en spectacles d'humour. Il ne s'est pratiquement pas, depuis mars, écoulé un mois sans qu'il y ait une prestation d'humoristes. On en a vu de toutes les couleurs, et aussi de toutes les tendances. Avec pour point culminant le Fira (festival international du rire d'Abidjan) 2007 qui a drainé du 4 au 9 septembre à Abidjan une belle brochette d'humoristes africains, entre autres le gabonais Serges Abessolo, le guinéen Sow Baïlopour n'en citer que quelques-uns. On retiendra également la prestation époustouflante des Bobodioufs le 30 juin, toujours au Palais de la culture.
Le cinema
Au même moment, le cinéma continuait, lui, comme en 2006, de scruter lentement des lendemains qui chantent. Faute de politique réelle de développement, il a placé son destin aux mains de quelques jeunes comédiennes qui ont vite fait de passer derrière la caméra. Quatre long métrages ont ainsi été réalisés : Un homme pour deux s?urs et L'histoire des trois copines de Marie-Louise Asseu, Le prix de l'amour de Léa Dubois, et Virus de Bleu Brigitte. Si la qualité de leurs films n'est pas irréprochable, elles ont au moins le mérite d'avoir osé en faire, après moult péripéties. Enfin, l'on note que c'est en 2007 que le bureau ivoirien du droit d'auteur a entamé, sous l'impulsion de son administrateur provisoire Armand Gérard Obou, de profondes reformes qui visent à le rendre viable et performant. Avant de fermer la parenthèse 2007, ayons une pensée pieuse pour ceux qui nous ont quittés : Alan Dj, Ruth Tondey, Khunta Pour 2008, souhaitons prompt rétablissement à Ignace Allomo, qui passera malheureusement les fêtes de fin d'année au Chu (centre hospitalier et universitaire) de Cocody (il souffre d'une fracture au pied droit et d'un traumatisme crânien, suite à un accident de la circulation au Ghana) et à tous les artistes, créateurs malades.
Y. Sangaré