Le président de la dernière législature a parlé hier à Koumassi sur la place inch'Allah. Beaucoup parlé même. Au cours de son meeting qui ressemblait beaucoup à une justification, Mamadou Koulibaly a demandé qu'on critique Laurent Gbagbo sur son action politique et sur sa vie privée. Le souhait du numéro deux du régime FPI est légitime. Parce que chacun a droit à une vie privée. Mais dans la fonction qu'occupe son patron, il est difficile de dissocier la vie publique de la vie privée. Surtout lorsque le concerné ne fait aucun effort pour cacher la dernière. Laurent Gbagbo est un citoyen comme tout autre qui a des droits. Mais pas un citoyen ordinaire. En même temps qu'il incarne la Constitution, il est le premier représentant du peuple de Côte d'Ivoire. Et en tant que tel, sa vie privée intéresse tous les Ivoiriens. Surtout lorsque certains de ses aspects gênent et sont sujets à caution. La première vitrine d'un pays, c'est son président. Il est appelé à avoir une conduite presque irréprochable. Le président de la République incarne la fierté et la grandeur d'un peuple. Le moindre signe de faiblesse de sa part peut être ressenti comme un affront par le peuple. Aussi appartient-il au chef de l'Etat de veiller sur sa vie privée et de l'éloigner de scène publique. Aujourd'hui encore la question est d'actualité et se pose actuellement avec acuité en France. La relation devenue maintenant officielle de l'actrice Carla Bruni et le président Nicolas Sarkozy n'a pas encore fini de scandaliser et de choquer la plupart de ses compatriotes .Pour certains, il n'a pas le droit de s'afficher ainsi avec elle alors qu'il sort d'un divorce il n'y a pas longtemps.
Pour d'autres, l'ancien mannequin n'a pas le profil d'une future Première Dame et s'inquiètent pour l'image de la France à l'extérieur. L'Amérique puritaine quant à elle va un peu plus loin. Même si la règle n'est pas écrite, les Américains sont très regardant sur la vie privée des hommes politiques susceptibles de les diriger. Pour eux, le futur président des Etats-Unis doit être irréprochable au niveau de sa vie privée. Le moindre petit scandale à ce niveau brise une carrière. A ce sujet les exemples sont légion. Ted Kennedy, le cadet des Kennedy, a vu ainsi partir en fumée ses ambitions présidentielles à cause d'un accident de voiture où il était en compagnie d'une jeune fille. Qui a d'ailleurs trouvé la mort dans cet accident. Bill Clinton, le 42ème président des Etats Unis a échappé de justesse à la destitution à cause de l'affaire Monika Levinsky. Les confessions sulfureuses de l'ancienne stagiaire de la Maison Blanche avaient déclenchement la procédure de l' impeachment contre lui. Il est donc important pour le président de la République de tenir son rang de primus inter pares en évitant que sa vie privée ne fasse irruption dans sa vie publique.
Jean Claude Coulibaly