lundi 31 décembre 2007 par Le Jour

Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation entreprises de part et d'autre, l'excision est encore fortement pratiquée dans diverses régions de la Côte d'Ivoire.

Pratique sociale traditionnelle consistant en l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme, l'excision encore appelée mutilations génitales féminines continue d'être pratiquée en Côte d'Ivoire. Une étude menée au cours de l'année 2006 sur les indicateurs multiples par l'Institut national de la statistique avec l'appui des partenaires au développement indique un taux de prévalence élevé dans certaines régions du pays. Notamment dans les foyers originels où ce taux se situe entre 53 et 88%. La région nord où se trouvent les peuples malinké, sénoufo, tagouana et le Centre Ouest où vivent les Gouros et les Wan font partie des lieux de prédilection de cette pratique. A ces zones, s'ajoutent le Centre chez les Baoulé et la partie ouest où se trouvent les peuples Wè et Dan. De nombreux foyers de pratique sont apparus à Abidjan et ses environs. Pourquoi l'excision persiste Instituées par des groupes d'individus, des communautés, les mutilations génitales féminines se présentent de plus en plus comme une convention sociale selon Zoumana Kamagaté, sociologue. L'excision est considérée comme un des principes à observer en tant que culture, valeur ou norme des différentes communautés qui la pratiquent. Le phénomène est lié au respect des coutumes et traditions selon le spécialiste. De fait, chez certains peuples, l'excision fait partie des rites nécessaires pour l'intégration sociale. Pour d'autres, la pratique est un signe pour la sauvegarde de l'honneur de la famille. Pour certains peuples, l'accomplissement de cet acte est source de libération en ce sens qu'il permet dans leur entendement d'éloigner des châtiments divins ou de certaines autres forces surnaturelles. La pratique de l'excision reste encore d'actualité. Pourtant, que de dangers présente cette pratique. Une menace pour la société Les exciseuses continuent de tenir le couteau. Les peuples chez lesquels les mutilations génitales féminines se font continuent de souffrir de ses méfaits. Au plan médical par exemple, l'excision entraîne parfois des complications. Dans l'immédiat, elle peut occasionner des hémorragies ou des infections localisées qui peuvent conduire à la mort. Les victimes souffrent aussi parfois de douleurs et de lésions accidentelles. Le matériel utilisé n'étant pas dans bien de cas désinfecté, le sujet s'expose inéluctablement à l'infection à VIH-sida. A long terme, les mutilations génitales féminines peuvent provoquer des anomalies au niveau des voies urinaires pouvant conduire jusqu'à la fermeture de l'orifice vaginal. D'autres problèmes tels les troubles sexuels et même l'infertilité peuvent survenir dans le futur chez le sujet qui a subi l'excision. L'excision peut également entraîner le dysfonctionnement des voies génitales qui peut provoquer par la suite des problèmes à l'accouchement. Au-delà de tous ces aspects, la pratique de l'excision se présente même comme une menace pour l'union de certains couples. A preuve, il y a deux ans de cela par exemple, cette pratique a été à l'origine de la dislocation d'un couple venu fraîchement de l'Occident pour s'installer en Côte d'Ivoire. L'époux, originaire du département de Touba, après plusieurs décennies passées à l'extérieur avait choisi de venir vivre à nouveau au pays. Avec sa compagne de nationalité française. Ce rêve sera vite brisé lorsque les parents du marié exigeront que l'épouse de leur fils accepte de se faire exciser. Condition sine qua non pour que cette dernière puisse être intégrée et acceptée dans la famille. Conformément aux us et coutumes de leur communauté. La femme se refusant de son côté de se soumettre à cette pratique et les parents de son époux restant figés sur leur position, il n'y avait plus d'autres alternatives que le divorce qui a été ainsi consommé. Au vu de tout ce qui précède, il apparaît clairement que la pratique de l'excision demeure un vrai danger pour les communautés dans lesquelles elle se fait.


Coulibaly Zoumana

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023