lundi 31 décembre 2007 par Le Jour

Le président de la Bourse du café et du cacao Tapé Do Lucien sort de sa réserve pour interpeller le président Henri Amouzou. Pour Tapé Do, celui-ci n'est pas habileté à le destituer de la BCC. Pour les sociétés rachetées, il indique que Henri Amouzou doit assumer tout ce qu'il a posé comme acte.

Président, depuis près de trois mois, vous avez gardé le silence. Pourquoi cela ? Il était important pour nous de garder le silence puisque le président Gbagbo a annoncé une enquête dans la filière. Il fallait donc observer et voir comment elle devrait se dérouler. Le président Gbagbo avait même indiqué qu'il voulait que les paysans gardent le calme. Malheureusement, Henri Amouzou et ses collaborateurs ne font que du sabotage depuis que ces enquêtes ont été annoncées par le chef de l'Etat. De quel sabotage s'agit-il ? Ecoutez ! Après que le chef de l'Etat ait annoncé qu'il voulait des enquêtes dans la filière, la police économique a voulu nous entendre. Ce qui est normal. Dans la mesure où la filière que nous dirigeons est le c?ur de l'économie. Le président Amouzou n'a pas accepté le fait qu'il a été convoqué par la police économique. Au point qu'il a adressé un message aux délégués régionaux qu'il démissionnait de la tête de l'Association nationale des producteurs de Côte d'Ivoire. Car, il n'était pas prêt à accepter une telle humiliation de la part du régime. Par conséquent, il donnait l'ordre aux délégués régionaux de se choisir un nouveau président. La nature ayant horreur du vide, les délégués régionaux ont organisé une réunion extraordinaire pour me désigner président intérimaire de l'Anaproci. Qui devrait aller négocier avec le président Amouzou pour revenir sur sa décision. Je rappelle que je suis le vice-président de Amouzou dans cette association. Mais contre toute attente, Amouzou surgit et annonce que tous ceux qui ont participé à la réunion en me désignant président intérimaire sont limogés du bureau exécutif. Sur neuf personnes que compte le bureau exécutif, Amouzou vide sept. On ne peut agir de cette sorte que quand on cherche à mettre du trouble dans le milieu. Mais comme il s'agit de l'Anaproci qui n'est autre qu'une petite structure, une association qui n'est pas reconnue par tous les paysans, j'ai dit aux sept camarades que Amouzou dit avoir décidé de garder le calme. Pour la paix dans la filière. Mais pourquoi a-t-il pris cette décision ? Il n'a pas approuvé la décision du chef de l'Etat qui souhaite les enquêtes dans la filière. Il pense que c'est lui qui doit mettre de l'ordre à la place du chef de l'Etat. Puisque celui-ci a libéralisé la filière. Amouzou ignore qu'il n'est pas le responsable de la filière. C'est grâce à Sansan Kouao que le chef de l'Etat a remis la filière aux paysans. Même si la filière est libéralisée, Gbagbo doit avoir un ?il regardant sur elle. Alors, pourquoi condamner le fait qu'il veut une enquête dans la filière suite aux remous de certains producteurs ? Vendredi dernier, Amouzou a nommé un PCA de la BCC, votre remplaçant Comme il a dit que nous n'étions pas du bureau exécutif de l'Anaproci, sans qu'on ne dise quoi que ce soit. Au nom de la paix que nous voulons dans la filière. Il s'est attaqué à mon poste à la BCC. Je n'accepterai plus de telles provocations. Parce qu'on ne peut pas prétendre être président d'une petite association fut-elle l'Anaproci pour démettre des responsables de la filière. Un quelconque organe de l'Anaproci n'a aucun pouvoir pour démettre des responsables de structures en place. Il y a un conseil qui a été mis en place par l'Assemblée générale de la BCC. La légitimité revient à l'Assemblée générale de la BCC de voir si son conseil a bien travaillé ou pas pour démettre ou lui donner quitus. Voilà ce qui est de la légalité. Même si Amouzou a l'habitude de dire que seul le mandat de Jean-Louis Billon est valable en Côte d'Ivoire. Et que celui du chef de l'Etat n'est plus valable, Gbagbo est le président de la Côte d'Ivoire. C'est à lui seul qu'il revient de dire que je ne suis plus à la BCC. Mais Amouzou dont le mandat a expiré depuis le 24 février 2007 n'a aucun pouvoir de me dire que je ne suis plus PCA de la BCC. Donc, vous êtes toujours PCA de la BCC ? C'est un décret de Gbagbo qui peut me faire partir. Amouzou n'est rien dans la filière pour dire à Tapé Do et Mme Kili qu'ils ne sont plus PCA de la BCC ou du FRCC. Il faut laisser les enquêtes suivre leur cours normal. Il n'est pas question d'intoxiquer. A San-Pédro, des producteurs sont venus nous voir pour dire qu'au cours d'un entretien qu'ils ont eu avec Amouzou, celui-ci a indiqué qu'il a eu des instructions de la part du chef de l'Etat pour vider Tapé Do et Kili. Et quand il dit que les enquêtes ne pourront pas aboutir parce que l'entourage de Gbagbo prend de l'argent avec lui. Nous pensons qu'il doit cesser d'intoxiquer. Je demeure à mon poste. Je ne bouge pas. Donc je demande au producteurs de garder le calme. Qu'est-ce que Amouzou vous reproche en vous destituant ? Je ne sais pas. Parce que nous sommes venus ensemble, Amouzou souhaite qu'on parte ensemble. Il a été devant les tribunaux pour mauvaise gestion. La justice a même nommé un administrateur provisoire au FDPCC. Parce que son mandat était terminé. Il n'a pas voulu partir. Défiant et la justice et le décret du président Gbagbo qui n'entendait plus prolonger son mandat. Lui qui n'a pas voulu se plier aux décisions des autorités comment peut-il dire que les autres ne sont plus à leur poste. Que me reproche-t-il. A la suite des résultats de l'enquête voulue par le président Gbagbo. Je partirai si les enquêtes ont révélé que j'ai mal géré. J'irai quand Gbagbo le voudra. Il est le seul maître. Personne ne peut le défier. Amouzou doit le savoir. Président, dites-nous la vérité. A propos de l'argent des paysans qui a permis d'acheter des sociétés et des usines. Votre structure la BCC a-t-elle racheté une usine ou une société ? Cette question est capitale. La BCC n'a pas pour mission d'acheter des sociétés et des usines. Par la faute d'une personne, nous sommes insultés. La BCC n'a jamais acheté de sociétés et d'usines. C'est Amouzou qui doit plutôt s'expliquer sur cette question. Car c'est pour avoir racheté des sociétés que les paysans se plaignent. Les paysans pensent que cette dizaine de sociétés rachetées par Amouzou et sa structure ne contribuent pas à l'épanouissement des paysans. Coco-service, Lev-CI, Cori, Pharma SA, Forexi Agribank, Sifca-Coop et j'en passe. Les paysans ignorent où Amouzou met tous ces fonds. C'est ce qui explique les remous dans la filière. Les paysans disent qu'ils n'ont pas été avisés pour racheter toutes ces entreprises avec leur argent. C'est la raison pour laquelle les jeunes paysans intellectuels se plaignent. Pour moi, toutes ces sociétés devraient permettre qu'on finance les coopératives. Et permettre que les coopératives bénéficient de subvention, de produits phytosanitaires. Malheureusement quand nous sentons ce besoin c'est à l'Etat qu'on s'adresse. La semaine dernière les paysans ont fait une grève à la caisse de stabilisation. Pour demander au gouvernement des subventions. Alors que certaines personnes ont pris leur argent pour racheter des usines et sociétés. On devrait prendre en principe les dividendes de ces sociétés pour faire face aux nombreux besoins des paysans. Malheureusement, ces sociétés travaillent. Et c'est à l'Etat que nous tendons la main. Depuis longtemps je ne voudrais pas parler de toutes ces choses. Et les producteurs pensaient que j'étais le complice de Amouzou. Sansan Kouao m'a souvent fait de reproche à cause de mon soutien à Amouzou. Mais je taisais tout cela parce que pour moi, il fallait travailler dans le calme. Mais j'ai constaté que les sociétés actuelles ne profitent pas aux paysans. Ce n'est pas normale. Un homme qui mérite d'être démis dit qu'il démet ses camarades. J'ai les mains propres. Je n'ai jamais acheté de société. Ce n'était d'ailleurs pas notre mission. Tapé Do à la conscience tranquille. Je suis donc PCA de la BCC jusqu'à nouvel ordre. Amouzou a-t-il fait le bilan de la gestion de toutes ces structures rachetées ? C'est parce que les bilans ne sont pas faits qu'il y a ces remous dans la filière. C'est à cause du manque de bilan et d'assemblée générale du FDPCC, Anaproci et toutes les sociétés rachetées que des producteurs ont pris leur courage pour le traduire devant les tribunaux. C'est cela qui a interpellé la conscience du chef de l'Etat dans la filière. Pour demander des enquêtes. Maintenant que les enquêtes suivent leur cours, Amouzou panique et prétend mettre de l'ordre. En vertu de quelle loi. Gbagbo est le seul maître. Mais je comprends le jeune frère Amouzou. Il a été humilié selon lui. Donc il aurait voulu que cela soit ainsi pour moi. Je n'ai jamais pris l'argent des paysans pour acheter des sociétés. Je n'accepterai pas que Amouzou m'humilie. Il doit assumer. Je ne lui ai pas dit d'acheter des usines et sociétés. On ne peut pas quitter la filière à cause de la faute de l'autre. Moi, en venant à la filière. J'avais un objectif. Qui est celui de lutter pour le bien être de mes camarades paysans. C'est ce que je fais. Récemment je suis allé rencontrer les producteurs du grand Ouest. J'ai passé plus d'une semaine avec eux. Leur parlant de la fin de la guerre. Et de la paix voulue par le président Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro. J'ai recensé leurs préoccupations que j'ai exposées à l'ARCC notre porte-parole auprès de l'Etat. J'ai la conscience tranquille. Je ne me suis pas amusé avec l'argent des paysans. Chacun doit assumer et prendre ses responsabilités. J'ai les mains propres. Amouzou doit rendre compte à l'Etat de Côte d'Ivoire. C'est lui qui garde notre argent. Avez-vous un appel à lancer au chef de l'Etat qui est selon vous le premier responsable de la filière ? Le président Gbagbo doit prendre ses responsabilités. Parce qu'au moment où nous attendons les résultats des enquêtes, Amouzou veut pousser les producteurs à des troubles. Parce que le fait qu'il annonce ma destitution va amener certains paysans à un soulèvement. On n'en a plus besoin aujourd'hui en Côte d'Ivoire. Nous sortons d'une crise grâce aux accords de Ouaga. Une autre guerre dans la filière peut aboutir à une autre rébellion. C'est pourquoi je demande au chef de l'Etat de s'intéresser beaucoup à la filière dès ce soir, dans son adresse à la Nation. Cela est très important. Car le comportement de mon frère Amouzou peut occasionner des troubles dans la filière. Déjà en 2004, il disait que les hommes de l'Ouest étaient des riziculteurs dans Fraternité Matin. J'avais tout accepté, au nom de la paix dans la filière. Aujourd'hui, sans tenir compte des textes qui régissent la filière, il annonce ma destitution de la BCC et y place mon premier adjoint comme PCA. En vertu de quel statut le fait-il. A moins qu'il ne veuille des troubles. S'il sait qu'il a mal géré le patrimoine des paysans, il doit partir tranquillement. Que de chercher ceux qui vont l'accompagner dans sa tombe. Avez-vous un appel à lancer au Premier ministre en cette fin d'année ? Il est le seul Premier ministre dans cette crise qui a permis au président Gbagbo d'aller à Bouaké et au Nord de la Côte d'Ivoire. Avec lui aujourd'hui on parle du désarmement. C'est un fils à saluer. Il faut l'encourager. Il faut du bon travail. Nous l'invitons malgré son programme chargé d'aider le chef de l'Etat à régler le problème de la filière. Parce que le café et le cacao sont les poumons de l'économie ivoirienne. Quel message avez-vous pour vos camarades paysans ? Mais Je voudrais leur souhaiter une bonne et heureuse année. Il y a une chose qui me tenait à c?ur quand je venais dans la filière. C'est l'AMU. Ce projet très cher au président Gbagbo n'a pu démarrer à cause de la crise que le pays a connue. Nous pensons que rien n'est tard. Il faut toujours espérer. Pour ce qui est de ma destitution, je voudrais leur dire qu'il n'en est rien. Je suis le président de la Bourse du café et du cacao jusqu'à ce que les textes décident. Mieux encore que le chef de l'Etat prenne un décret avant que je ne parte. Mais je ne partirai pas à la place de ceux qui ont mal géré cette filière. J'avais pensé qu'après qu'ils aient fait l'erreur d'acheter des sociétés en Côte d'Ivoire, on devrait faire le bilan. Et permettre à ce que les fonds des sociétés rachetées contribuent au développement du pays. Que la paix soit totale en Côte d'Ivoire en 2008. Pour que dans l'avenir les Ivoiriens aillent tranquillement aux élections. Je demeure à mon poste de de PCA de la BCC.


Interview réalisée par Romaric Sako

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