lundi 31 décembre 2007 par Le Jour

M. Stanislas Theby est le président de l'association de la société Civile pour l'éveil des consciences (ASCEC). Il se prononce sur l'actualité politique, notamment sur l'évolution de la mise en application des accords complémentaires de Ouaga et sur le processus de désarmement.

Quel est votre sentiment sur l'évolution de la situation politique en Cote d'Ivoire ? Je voudrais d'abord me réjouir comme tout ivoirien digne de ce nom, de la signature des accords complémentaires de Ouaga. Comprenez que depuis cinq ans que dure cette crise militaro-politique, c'est le peuple ivoirien qui paie le plus lourd tribut et cela, selon que l'on se situe aux quatre points cardinaux. Tout arrangement qui peut nous sortir de cette situation désastreuse est la bienvenue. Notre souhait, que cette fois le chronogramme des accords soit respecté pour que nos souffrances prennent fin. Mais, au regard de la mise en application des précédents accords qui ne sont pas arrivé à terme, ce qui a conduit à ces arrangements complémentaires, ceux-ci méritent qu'on reste prudent. Ce qui suppose que j'ai déjà des inquiétudes au regard de certaines observations et déclarations. Quelles sont ces Inquiétudes ? Mes inquiétudes se fondent sur les déclarations des uns et des autres, au niveau du camp de l'un des signataires de ces accords et qui ces jours-ci sont relayés abondamment par la presse. A y réfléchir, cela est le signe patent qu'un clash s'annonce à l'horizon, ce qui n'est pas de nature à rassurer sur une sortie imminente de la crise De quel camp parlez vous ? Vous suivez l'actualité comme moi. Je veux parler du camp des ex-rebelles. Et mes inquiétudes concernent l'un des points saillants du processus de sortie de crise à savoir le désarmement. Lorsqu'on veut aborder ce volet, c'est à un véritable tollé qu'on assiste de ce coté là. A dire vrai, les ex-rebelles sont contre le processus de désarmement. On ne peut pas dire en même temps que le pays est réunifié qu'on reconnaît l'autorité d'un seul chef à savoir le président de la République, accepter d'occuper la primature et continuer de détenir illégalement des armes qui ont causé beaucoup de torts aux Ivoiriens, en disposant d'une armée qui prend ses ordres auprès de chefs de guerre. La logique dans ce cas d'espèce est que le chef d'état major des armées Ivoiriennes est donc celui nommé par le président de la République ; le Général Philippe Mangou. A suivre les ex-rebelles, nous nous retrouvons en face de deux chefs d'état major qui ont deux armées, ce qui sous entend qu'il y a deux chefs d'Etat. L'un au Sud, et l'autre au Nord qui n'est autre que Guillaume soro. Tout ce que vous avancez semble évasif, pouvez vous être plus précis ? Vous voulez des noms et des faits précis ? Je vous comprends. Tous les ivoiriens ont lu comme moi dans la presse que des têtes de files des hommes en armes des ex-rebelles en l'occurrence Issiaka Ouattara dit Wattao aurait annoncé il y a quelque temps à Yamoussoukro qu'il n'était pas pour le désarmement à la date du 22 décembre passé. Une idée bien partagée par les autres chefs de guerre. Ce qui est inquiétant. Mais c'est des réactions qui ne me surprennent pas et cela dénote de ce que Guillaume Soro et ses compagnons ne se font pas de soucis pour la galère que vivent les Ivoiriens. Il y a des semaines de cela, leur porte voix Konaté Sidiki annonçait qu'ils désarmeront après les élections. Pour moi, c'est une comédie que nous servent les ex-rebelles qui ne sont pas prêts à abandonner les armes dont ils s'en servent pour maintenir leurs prestiges et les richesses dont ils jouissent depuis cinq ans. La force de Soro réside dans les armes que ses compagnons et lui détiennent, or le désarmement les affaiblirait. Même si Wattao, ces jours-ci, soutient qu'il faut aller sûrement et lentement au désarmement. Gbagbo avant le 19 septembre 2002 dirigeait le pays lentement et sûrement lorsqu'ils sont venus lui imposer les armes pour mettre le pied sur l'accélérateur. Nous les Ivoiriens, leurs demandons ainsi d'aller vite dans le désarmement. C'est donc l'occasion d'appeler à la vigilance de tous, sur le démarrage de processus de désarmement engagé le 22 décembre dernier. Cela afin qu'il ne se fasse pas de moitié, mais entièrement pour qu'enfin le pays soit débarrassé de ces objets meurtriers qui ont endeuillé de nombreuses familles. On ne voudrait pas assister à une mise en scène, on en déclare 10 armes alors qu'on en a 100 de cachées. Les Ivoiriens ne veulent pas être pris plus tard entre deux feux. Ils sont fatigués, je dis bien fatigués de la guerre qu'ils n'ont jamais souhaitée Si on s'en tient à ces déclarations, ces éléments des Forces Nouvelles posent le problème de la marge restreinte de temps fixé par les accords, alors qu'il y a selon eux, des conditions qu'il faut remplir pour arriver au désarmement mais que malgré tout ils se soumettront ? Vous ne percevez pas les contradictions et le désordre qui règne à leur niveau. On ne peut être une organisation sérieuse, aller à des négociations, apposer sa signature au bas d'un document qui renferme en son sein des accords et produire après, des sons de cloches discordants. Soit c'est Guillaume Soro qui n'est pas en phase avec ses compagnons ou vice versa. Mais ce qui semble certain, c'est qu'il y a péril en la demeure et le désarmement risque de ne pas connaître un sort meilleur. Les soulèvements des dozos, les menaces d'attaques réelles ou supposées de IB ou de ses proches ne sont que de la comédie à mon sens. Quand on les suit, on sent que les ex-rebelles ne savent pas ce qu'ils veulent. Je continue même de m'interroger sur leur bonne foi dans l'application de ces accords. Et je me dis qu'il n'y avait pas lieu de plonger les Ivoiriens dans ce désastre comme ils l'ont fait. Je vous le répète, les Forces Nouvelles ne désarmeront jamais parce que leur force se trouve dans les armes qu'ils possèdent. Le Premier ministre donne de bon signe dans l'accélération du processus, notamment dans le domaine de l'identification qui est prioritaire pour les élections. Cela est un fait, mais quelle élection sérieuse peut se dérouler dans un climat malsain où les armes continuent de circuler. Le désarmement est le facteur le plus important de ces accords et l'élément moteur qui doit ramener la sérénité et la paix. Parce que sans cela, la bonbonnière peut exploser à n'importe quel moment et cette fois, le pays risque de brûler entièrement. Or moi, j'aime mon pays la Côte d'Ivoire et je n'ai pas d'autre endroit où me sentir à l'aise, si ce n'est sur cette terre. Donc pour vous les Forces Nouvelles constituent un problème pour le processus de sortie de crise ? Bien évidemment ! en tout cas, depuis la signature des accords complémentaires de Ouaga, le chef de l'Etat et ses collaborateurs ne m'ont pas montré mauvais signes. Partout, que ce soit ici où à l'extérieur, il affirme vouloir aller à des élections. On apprend même que son représentant au sein du comité d'évaluation des accords de Ouaga, à savoir le ministre Tagro désiré y a été débarqué par le facilitateur et je n'ai pas encore vu de résistance. Même les milices progouvernementales n'ont pas encore fait de déclaration allant contre le désarmement. Mais c'est le contraire observé du coté des ex-rebelles. Vous êtes vraiment pessimistes ? Pourquoi ne le serais-je pas ? Guillaume Soro et ses hommes nous ont habitués à ces tours qui frisent la foutaise à l'égard des Ivoiriens et nous exigions de lui le respect stricto-sensus du chronogramme des accords complémentaires de Ouaga dont il est le concepteur et le maître d'?uvre. Il n'aurait pas fallu griller les anciens locataires de la primature que sont Affi N'guessan, Seydou Diarra et Konan Banny pour continuer de distraire les Ivoiriens. C'est soro et ses hommes qui nous ont plongés dans cette situation amère et ils ont l'obligation de nous en sortir. C'est ce qui lui vaut ce rôle et ils se doivent de respecter les délais prescrits par ces arrangements complémentaires qui passent par le désarmement. N'est ce pas dans cette voie que se sont engagées les forces nouvelles ? Je regrette, mais non. La révolte des hommes en armes de Bouaké ces jours ci, démontre que contrairement a l'esprit de sérénité souhaité et encourager par les enfants de ce pays, pour Soro et ses hommes, la Paix est une vue de l'esprit et non un acquis. Non comptant d'avoir plonger notre pays dans une spirale de violence meurtrière et piller les richesses des zones qu'ils occupent, c'est maintenant celles des zones gouvernementale qu'ils lorgnent. La raison officielle de la révolte actuelle de ses hommes est lié aux primes et autres indemnités. Mais leurs posons la questions de savoir qui les a obligé a prendre les armes et est ce que cela a un rapport avec les problèmes d'identités, d'exclusion et de xénophobie qu'ils ont tenu comme revendication ? Bien au contraire, ils devaient avoir le profil bas, parce que ce ne sont pas les ivoiriens qui paieront encore le fruit de leurs turpitudes. Ce que nous demandons, l'application des accords complémentaires de Ouaga quoi prend en compte toutes leurs exigences, qui ne sauraient être pécuniaires. Parce que nous refusons que ce soit le trésor public qui paie cela. Avec tout cela, vous pensez qu'ils sont sur la voie du désarmement avec ce qu'on observe ? Qu'est ce que vous observez ? Les informations nous parviennent qu'ils sont revenus a leur barrage de Djébonoua, après la cérémonie de lancement, le 22 décembre dernier, du demande du processus de désarmement. S'ils voulaient vraiment aller au désarmement, ils n'auraient pas agit ainsi. Dès lors, on remarque encore a leur niveau, un sentiment de méfiance a l'égard de l'autre belligérant, quand bine même, ils ont ensemble négocier et signer des accords de Paix qui pour nous, est sensé leur donner des garanties. De plus, ils nagent dans un océan de richesses abondantes et mal acquises dans les zones qu'ils détiennent, de sorte qu'ils ont peur de perdre ces privilèges. D'où ma conviction que les forces nouvelles ne sont pas sincères. D'ailleurs, ils ont pondu un communiqué pour annoncer qu'ils bouclaient leurs zones, sur la période couvrant la fin de l'année, comme s'il y aurait deux Etats. Et c'est cet esprit là, qui nous dérange. Le comble, ils s'affrontent et font des morts dans leurs rangs. Les ivoiriens en ont marre de tout ça ! Mais c'est un problème interne a eux Mais, des ivoiriens qui n'ont rien a y avoir, vivent là bas. La Paix que nous exigeons est pour tous. Le pays doit être véritablement réunifié, sous une seule autorité, le Président choisi par tous. Dans cette ambiance, ce qui choquant, c'est le mutisme des partis politiques qui doivent dénoncer. Qu'est ce que ces familles politiques ont a y avoir dans un tel problème ? Ils ont le droit de s'exprimer sur ces questions qui sont primordiales pour la Nation. Ou sont ils ? Tous muets ! Je me demande pourquoi, ils sont financés, dès lors qu'ils ne sont pas productifs. Encore que ces partis ne sont pas des industries qu'on doit relancer, pour bénéficier comme l'annonce le budget 2008, de plus de 02 milliards de nos francs. A quoi tous cela répond. Ces formations politiques ne méritent pas de bénéficier de l'argent du contribuable ivoirien qu'ils sont sensé défendre. Et c'est hypocrite et ingrat de leur part. une chose, les ivoiriens les attendent aux élections. Autre situation, quel est votre point de vu sur le retour des forces nouvelles au sein du G7 ? Un fait qui montre que les ex-rebelles ne sont pas conséquents dans leur manière d'agir. On ne peut pas crier haut que des gens torpillent le processus de sortie de crise et après, chercher à faire d'eux des alliés. Si on s'inscrit dans leur logique actuelle, ils donnent donc leur caution au sabotage du processus de sortie de crise. C'est de la sorcellerie et du banditisme politique. Depuis le début, ce sont eux le problème de la coté d'ivoire. Les partis politique légalement constitués devraient refuser de s'accoquiner un tel allié qui est changeant et vivotant au gré de ses intérêts. Nous refusons de voir désormais, nos frères militaires et nos enfants mourir au front. Parce que nous observons chaque jour la souffrance des veuves et enfants des militaires, gendarme, policiers, miliciens, rebelles, jeunes patriotes tombés sous les balles assassines de la bêtise humaine. N'ignorons pas le traumatisme de nos enfants dus à cette sale guerre. Ces mineures qui hier, avaient 12 ou 13 ans et qui ont aujourd'hui 17 ou 18 ans. Ils seront certainement utiliser par les hommes politiques pour se maintenir ou accéder au pouvoir. C'est ici le lieu d'interpeller cette jeunesse fragile, avenir de ce pays, à ne pas céder à un quelconque appel à la violence. Votre mot de fin Je voudrais profiter de l'occasion pour présenter mes v?ux les meilleurs a tous les ivoiriens. Et qu'enfin, l'année 2008 nous ramène définitivement la Paix, pour que vive une Côte d'Ivoire débarrassé des esprits guerriers ou l'entente et la concorde règne entre tous ses filles et fils. Ce pays doit reprendre sa place de leader dans le concert des nations africaines. Rendre aussi, un vibrant hommage a l'ensemble des forces de défense et de sécurité qui assure notre protection et demander par la même occasion aux hommes politiques de chaque fois veiller a leur bien être. Notre survie et les leurs en dépendent


Propos receuillis par Abou Traoré

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