samedi 5 janvier 2008 par Le Jour

Le président du Conseil général de Dimbokro, le préfet N'Zi Paul David, par ailleurs directeur de cabinet du président de la république, a rencontré les leaders d'opinion de sa région le samedi 29 décembre 2007 à sa résidence privée de Dimbokro. Le haut fonctionnaire de l'Etat a éclairé son auditoire sur ses rapports avec le président de son parti, M. Henri Konan Bédié, de même que des autres cadres de sa région, dont les députés N'Guessan Koffi Bernard et Emilienne Bobi Assa. Avant d'égrener les actions qu'il a menées en faveur du développement de sa région, le président du conseil général de Dimbokro, dans cet entretien, a aussi levé un coin du voile sur ses relations avec le président de la république, S.E.M. Laurent Gbagbo.

En votre absence, un meeting de votre parti, le PDCI-RDA, a été organisé ici même à Dimbokro où vous aviez été pris à partie. Quelle est votre réaction? Je suis revenu de France le jeudi 27 décembre. Avant d'arriver, j'ai été tenu informer de tout ce qui s'est passé à Dimbokro le 15 décembre dernier. J'ai lu et relu tous les discours qui ont été tenu ce jour-là. Ma compréhension est que, la s?ur et le frère, les deux députés, ont une haine viscérale contre ma personne. Parce que ça, ce n'est pas la politique, mais une haine noire contre un individu. Ça, je ne peux pas laisser passer. Je tenais à le dire, parce que très bientôt publiquement, je leur répondrais. En second lieu, je voudrais donner des informations pour que dans les actions que j'ai menées ou que je vais mener à Dimbokro il n'y ait pas d'amalgame ou de confusion comme tentent de le faire croire ces deux personnalité que j'ai citées. En 2000, nous étions sous la transition militaire. Pour le moment, je n'ai pas besoin de rappeler ce qui s'est passé sous la transition militaire. J'étais préfet d'Abidjan, mon frère et ami Issa Diakité (paix à son âme) préfet et ministre de l'Administration du territoire, m'a appelé pour me dire qu'en conseil des ministres on avait décidé de m'enlever de la préfecture d'Abidjan, parce que j'étais trop proche du président Henri Konan Bédié. On m'a donc envoyé à l'inspection générale. Je crois au mois de juin 2000 il y avait le référendum pour la constitution. Le Général Guéi était déjà venu ici à Dimbokro. Et J'étais là quand le maire N'Zi N'Guessan Gabriel est venu me trouver pour me dire : écoute, David, il y a notre s?ur Adèle Djédjé qui m'a posé un problème . Il a dit que le frère de son mari, Laurent Gbagbo, va venir à Dimbokro pour battre campagne pour le référendum, mais comme sa maison n'est pas achevée, il faut qu'on l'accueille quelque part. Comme nous sommes ses frères, elle est venue poser le problème. Bien sur, le maire a une maison, mais il est venu me trouver. Je lui ai dit qu'il n'y a pas de problème. A l'époque, j'étais préfet, et donc haut fonctionnaire. J'avais des affinités avec le PDCI, mais je n'avais pas de carte du parti en tant que tel. J'ai donc dit que je n'avais pas de problème, c'est un frère, qu'il vienne. C'est sur cette terrasse que j'ai reçu Laurent Gbagbo et un certain nombre de ses amis. Nous avons mangé et rigolé. Il est parti pour son meeting. C'est vrai, il a dit pourquoi il faut voter pour la constitution. Et entre autre chose, il a dit que Dimbokro vient de donner à la Côte d'Ivoire une belle leçon de démocratie. Je suis venu à Dimbokro où le maire PDCI et son jeune frère, le préfet N'Zi Paul David dont on connaît l'affinité avec le PDCI, m'ont accueilli, ils m'ont donné à manger Voilà comment on doit vivre la démocratie en Côte d'Ivoire. Dimbokro vient de donner une leçon de démocratie en Côte d'Ivoire. On m'a dit qu'il a répété la même chose à leur fête de la liberté. Je donne les détails pour que nous apprenions à nous connaître. Pour les élections présidentielles, Boga Doudou et notre beau Djédjé Benjamin sont venus chez moi à la maison pour me dire qu'ils connaissent mes capacités, ajoutant que je connais tous les préfets de gros calibres, et que pour cela il fallait que je les aide pour les élections. Je leur ai répondu, disant qu'ils savent de quel parti je suis. Si je dis oui et que demain il y a un candidat du PDCI, que vais-je faire ? Boga Doudou a reconnu la justesse de mon observation. La suite, tout le monde la connaît. Le chef de la junte militaire a éliminé tous les neufs candidats du PDCI. Il restait en quelque sorte lui et M. Laurent Gbagbo. Entre le chef de la junte militaire et notre frère Laurent Gbagbo, le choix était facile à faire. La suite, on la connaît. Les élections ont eu lieu. J'étais sur ma terrasse quand on a proclamé les résultats. Georges Ouegnin m'appelle pour me demander où j'étais. Je lui ai dit que j'étais chez moi. Il dit vient, le président veut te voir . Au moment où j'arrivais, Seydou Diarra venait de rendre sa démission. Et nous nous sommes retrouvés avec le président. Il me dit, Monsieur le gouverneur, je t'ai appelé parce que je voudrais que tu viennes diriger mon cabinet. J'ai sursauté un peu mais, je me suis retenu. Il s'est rendu compte. Il dit à Seydou Diarra : Le préfet N'Zi n'a pas à s'étonner. Voyez-vous dans quelle condition je suis venu au pouvoir en Côte d'Ivoire. J'ai besoin des gens comme lui pour aider à ressouder le tissu social qui est complètement déchiré . C'est l'expression qu'il a utilisée. Je lui ai dit : Monsieur le président, est-ce que je peux avoir un temps de réflexion . Il me dit oui, c'est normal . Je repars chez moi à la maison. J'appelle Monsieur Henri Konan Bédié qui est en exil en France. Je lui raconte ce que je viens de vous dire. Il me dit qu'est-ce que tu en penses. Je lui dis que, nous, les hauts fonctionnaires, nous avons une logique. Je ne suis pas un retraité, un chef d'Etat qui vient et vous demande de venir travailler avec lui, si vous refusez, vous devez en même temps rendre votre de démission. J'ai donc dit que c'est une expérience à tenter au service de la Côte d'Ivoire. Il m'a dit : Que mes v?ux t'accompagnent . Voilà comment je suis arrivé au palais de présidence. Des militants de votre parti estiment que comme vous travaillez avec le président Gbagbo, adversaire politique de Bédié, vous n'êtes plus du PDCI. Que dites-vous ? Observez très bien depuis 2001, est-ce que vous avez vu le préfet N'Zi Paul David se mêler des affaires politiques aux côtés du président de la République ? Observez bien. Je joue mon rôle de haut fonctionnaire, m'occupant des affaires de la république. J'ai mis un point d'honneur à tenir cette position. C'est tous les jours que le président me félicite en disant : Je n'ai pas eu tort de te choisir . Donc, dans la discrétion, il ne me voit pas, comme l'a fait Guy Nairay pendant des années auprès du président Houphouët, je suis toujours dans mon bureau Maintenant, on dit puisque je travaille à la présidence. Je ne suis plus PDCI, je ne suis plus ceci, je suis celaVous avez entendu les discours du 15 décembre ? Je m'évertue à dire à mes frères de Dimbokro que la politique qui se fait à Abidjan n'est pas la même à l'intérieur du pays. A Abidjan, les gens ne se voient pas, ils peuvent s'insulter. Mais ici tous les jours, on marche chacun à côté de l'autre. Souvent même on a des liens de famille, si bien que quand on a des problèmes il faut faire très attention. Il faut rester dans nos traditions. Si quelqu'un pose un acte et que vous ne comprenez pas, faites-le convoquer par les anciens pour lui demander ce qui se passe. Et puis la personne s'explique avant qu'on ne lui coupe la tête. Faites-vous allusion à votre position vis-à-vis du président Bédié ? Je l'ai dit il y n'a pas longtemps encore au secrétaire de section du PDCI qu'à Dimbokro parmi les hommes politiques, personne ne peut se prévaloir avoir eu les meilleures relations avec le président Bédié que moi. Politiquement j'entends. Alors aujourd'hui, jeune frère du président Bédié, N'Zi Paul David crie sur tous les toits. Personne ne l'appelle pour lui demander ce qui se passe. On crie, il a insulté Bédié. Mais Bédié, c'est un homme. Moi, je l'ai trahi ? Et pourtant, c'est moi qui ai organisé son retour avec Kouassi Yao, Me Ahoussou Quand j'ai réagi d'une certaine manière, certains de nos frères sont allés le voir à Daoukro pour lui dire qu'il faut qu'il appelle son petit frère, qu'il y a problème. Depuis qu'il est venu, il y a combien d'années ? 4 ans. La dernière fois encore, les frères sont allés le voir, il leur a dit qu'il devait m'envoyer un messager. On ne peut pas me traiter de la sorte. Je n'accepterai pas d'être traité de cette façon. Ni aujourd'hui, ni demain. Je n'accepterai pas ça. Alors, il y a un problème posé entre deux personnes, d'autres disent Il n'est plus PDCI . Le PDCI n'appartient pas à M. Henri Konan Bédié. Si le PDCI appartenait à quelqu'un ce serait à Houphouët-Boigny. Et il serait parti dans la tombe avec son PDCI. Demain, le président Bédié va passer, quelqu'un d'autre va prendre le parti. Je tiens à dire ces choses qui peuvent choquer, mais ça suffit. Je ne dis pas autre chose de plus grave. Quand ils vont répondre, cette fois-là je dirais des choses très graves ! Parce qu'il y a des choses qui touchent à la sécurité de l'Etat. J'ai tenu tout simplement à décrire mon état d'âme. Parce que les deux frère et s?ur battent la campagne pour me dénigrer. Au nom de quoi ? Tout simplement parce que je dis que Dimbokro n'a pas reçu ce qu'il était en droit de recevoir. Monsieur Bédié a été président de la République pendant 6 ans, un jour est-il venu à Dimbokro ici ? Alors, ça suffit ! Pendant 30 ans de députation, il n'a fait que créer des troubles. Aux élections des conseils généraux, le parti a envoyé de l'argent pour me soutenir, je n'ai rien vu de tout cela. J'ai signalé cela au parti, il était là. Comment un responsable politique peut faire des choses comme cela. Délégué départemental, il se présente en candidat indépendant contre les candidats investis par le PDCI, et il ne veut pas qu'on parle. Le parti ne lui appartient pas. Je tenais à leur dire cela. Tous ceux qui sont avec eux, qu'ils leur rapportent les paroles que j'ai dites. A partir de maintenant, je ne laisserai pas Dimbokro entre les mains de ceux qui ne font rien. Dans les villages vous voyez comment nos parents vivent là-bas ? Je veux utiliser les quelques relations que j'ai pour essayer de les aider. Depuis que le président Houphouët est passé ici, on n'a pas construit une simple maison ici à Dimbokro. Et depuis quelque temps vous voyez des immeubles qui sont en train d'être construits. Il faut qu'ils aient pitié de nos parents qui sont au village. Nous allons, président, changer de registre pour parler de développement. Quel est aujourd'hui l'état des lieux dans votre région ? Vous me donnez l'opportunité de rappeler ce que j'ai dit le 24 novembre dernier au moment de l'inauguration du siège du conseil général. Le conseil général de Dimbokro fonctionne comme tous les autres conseils généraux depuis 5 ans. Depuis 5 ans, l'Etat a mis à notre disposition, par une dotation annuelle, des moyens en rapport avec la situation qui prévaut. Chacun au niveau de son département a essayé tant bien que mal d'utiliser de manière rationnelle ses moyens. En ce qui nous concerne, nous avions au départ un très grand handicap. C'est vrai, vous êtes journaliste économique, mais on ne peut pas faire de l'économie sans parler un peu de politique. Dimbokro a été ce qu'on a appelé la boucle de cacao. Depuis 1970, le département de Dimbokro a connu et connaît de difficultés dues à deux phénomènes croisés. Dans un premier temps, les changements climatiques se sont traduits par la raréfaction des pluies, et comme conséquence, le déplacement du café et du cacao qui faisaient la richesse de cette région vers les régions de l'Ouest. Mais comme il arrive souvent en Afrique, il n'y a pas eu des cultures de remplacement. Et donc, les populations au file des temps, se sont paupérisées. Le président Houphouët-Boigny, en 1974, a pensé que pour redonner un souffle à Dimbokro, il fallait mettre en place l'usine UTEXI à l'entrée de la ville, avec comme corollaire la production de coton. Malheureusement, la cotonculture a laissé un très mauvais souvenir ici à l'époque coloniale. La production du coton n'a donc pas suivi, l'approvisionnement de cette usine se faisait à partir du coton du Nord, l'usine a changé de propriétaire par trois fois et la crise de 2002 tout cela combiné a provoqué la fermeture cette usine. Donc, au plan général, Dimbokro s'est retrouvé dans une situation de paupérisation générale tant au niveau de la ville qu'au niveau des zones rurales. Je n'ai pas besoin de faire beaucoup de discours pour vous traduire l'état de mon département au moment où je prends fonction à la tête du conseil général. Alors, face à l'ampleur des besoins, qu'est-ce qu'il fallait faire ? D'abord, l'état des lieux qui était très clair. C'est pour cela que j'ai parlé de politique tout à l'heure. Dimbokro a donné à la Côte d'Ivoire ses premiers moyens après son indépendance. Mais en retour, Dimbokro n'a pas reçu ce qu'il était en droit d'attendre de l'Etat de Côte d'Ivoire, des gouvernements successifs. Est-ce un oubli ? Dimbokro n'est certainement pas le seul département, puisque le constat est fait. Mais nous, nous avons une histoire liée à celle de la Côte d'Ivoire. Nous avons produit, nous avons nourri une bonne partie de la Côte d'Ivoire, mais en retour, nous n'avons pas reçu ce que nous étions en droit d'attendre. Un oubli ? C'est le plan de développement ? Enfin ! Le constat, il est là. Dans cette situation, les dotations mises en place par l'Etat ne suffisent pas. La première priorité a été de l'eau. Il faut donner de l'eau à boire aux parents. Cela a été la priorité des priorités. Depuis les années 70, l'Etat a mis en place un vaste programme d'équipement des villages. Mais malheureusement, l'entretien n'a pas suivi à tel point qu'à Dimbokro quand nous avons fait le constat près de la moitié de ces équipements était obsolète. Et les parents étaient obligés d'aller dans les marigots ou dans le N'Zi pour ceux qui n'habitent pas loin du fleuve, avec tout ce que cela comporte comme maladie hydrique, ainsi de suite. Il nous fallait donc faire une mise à niveau. Nous avons donc remis en l'état toutes ces infrastructures hydrauliques, nous avons construit de nouveaux puits dans les villages. Cette mise à niveau est aujourd'hui faite. La deuxième priorité, c'est la route. Presque toutes les pistes étaient fermées. Il y a une raison, c'est qu'il y a quelques années, l'Etat s'est désengagé quant à l'entretien routier. Tout le park de matériel a été cédé à des privés, les collectivités étaient donc obligées de s'adresser aux privés pour entretenir les pistes. Mais le système qui était mis en place n'était pas approprié à la nouvelle situation. Les pistes ont donc été abandonnées. Il fallait donc ouvrir toutes les voies pour que les parents puissent aller d'un village à l'autre et venir surtout à Dimbokro pour commercialiser leurs produits. Cela a été fait. Aujourd'hui, tous les villages sont reliés. Mais il y a un gros problème d'entretien routier. Un kilomètre de piste rechargé coûte 8 millions de f cfa. Vous le faites, et quand il y a la pluie, c'est comme si vous n'avez rien fait. On ne parle même pas de reprofilage, il suffit d'une petite pluie, c'est comme si vous n'avez rien fait. C'est donc un problème récurrent, on n'a pas encore trouvé la solution. Nous avons commis un cabinet qui nous a fait une étude complète du réseau routier. Actuellement, nous sommes en train de chercher le financement. Monsieur le président, vous parlez de financement, et pour revenir sur vos priorités, vous revenez de la France où vous avez rencontré des partenaires dans le cadre du développement de votre région. Qui sont-ils exactement et que ressort-il de vos négociations ? Je résume d'abord ce que je disais tout à l'heure, avec donc les dotations de l'Etat, nous avons mis à niveau un certain nombre d'équipements. Les dotations de l'Etat étant maintenant limitées, il faut nous tourner vers l'extérieur pour trouver le complément. Nous avons malheureusement un gros handicap, ça, c'est pour tous les conseils généraux. La situation sociopolitique qui prévaut depuis 2002 a un impact extraordinaire sur ses relations avec l'extérieur. Je suis allé en France, vous savez ce qui s'est passé depuis 2004, en particulier, avec la France. Les rapports étaient distendus, aujourd'hui le président Gbagbo et le président Sarkozy se sont rapprochés, je crois que qu'ils se sont compris sur un certain nombre de choses, puisque selon des indiscrétions, en dehors de ce que la presse a révélé, c'est que le président Sarkozy a salué en le président Gbagbo le combattant comme lui. Je pense donc que les rapports avec la France vont se normaliser. Et cela va faciliter nos rapports avec les collectivités décentralisées. La France est pays où il y a d'importantes ressources. Je suis donc allé à Paris auprès de deux institutions. La première, c'est le Conseil général des Hautes Seines. C'est la collectivité la plus riche de France où Sarkozy avait été président. Ils ont au sein de ce Conseil général un instrument de coopération avec l'extérieur qui s'appelle Coopération 92 . Nous avons invité le directeur général de cet outil de développement et de coopération avec le Tiers-monde à l'inauguration de notre siège le 24 novembre dernier. Il fallait que j'aille prendre contact avec lui pour poursuivre les entretiens et voir quelles sont les pistes que nous pourrions explorer en vue d'une coopération. J'avoue que l'accueil a été extraordinaire. Parce que c'était la toute première fois qu'un président du Conseil général d'un pays africain se rendait au siège de cette institution. Mais la politique générale a un impact terrible sur les décisions prises par les institutions françaises. Mais comme nous sommes en train de normaliser nos relations aujourd'hui avec la France, nous avons donc déposé des dossiers, nous avons échanger, nous allons donc d'ici quelque temps reprendre langue avec cette institution. La deuxième institution, c'est le Secours populaire . Comme vous le savez, c'est une institution de bienfaisance qui ?uvre à travers le monde entier pour les pauvres quand il y a les catastrophes. Nous avons eu le privilège à Dimbokro d'avoir une dizaine de nos enfants qui ont été invités par le Secours populaire français il y a 4 ans à Paris. Nous avons encore là déposé des dossiers, et nous sommes en train de voir tout ça. Mais la politique générale influe là-dessus. Mais l'accueil est formidable. En matière de développement ce que nous devons retenir c'est que quand on pose un acte c'est souvent dans deux à trois ans, voire quatre ou cinq qu'on récolte les fruits. Donc en ce qui me concerne, je suis très optimiste, les contacts sont très fructueux et dans quelques années, nous verrons les résultats Le président de la République vous a rendu visite ici à Dimbokro le 24 novembre dernier, visite au cours de laquelle il a inauguré le siège du Conseil général construit à des centaines de millions de f cfa. Aujourd'hui, avec beaucoup de recul, quelles pourraient être les retombées de son passage dans cette localité ? Le samedi, 29 décembre, lorsque j'ai tenu une réunion formelle à mon domicile avec les leaders d'opinion de Dimbokro, j'ai évoqué rapidement quelques retombées qui vont rejaillir immédiatement. C'est curieux, mais le département de Dimbokro, dans sa structure actuelle, existe depuis plus 20 ans. Mais Dimbokro est le seul département à n'avoir pas été découpé en sous-prétectures. C'est curieux, mais ce sont les réalités. Maintenant, il y a trois sous-préfectures qui sont créées, les décisions vont sortir très bientôt. C'est important. Il y a trois communes ont déjà été créées, trois autres viendront s'y ajouter. Cela fera déjà six communes. Il y a le problème important de l'usine UTEXI. Publiquement le Président de la République m'a confié le dossier, actuellement, deux audits sont en cours : l'audit financier et l'audit technique, étant entendu que le ministère de l'Economie et des finances a déjà accepté de remettre totalement la dette qui de l'ordre de 3 milliards de f cfa. Donc, nous avançons quand même. Mais aussi, faut-il le dire, la filière textile, en gros, a ses difficultés. Et c'est pour cela que le président de la République a dit qu'on ne doit pas trouver une solution palliative, mais une solution définitive. Mais il est clair que les pauvres travailleurs sont impatients, mais il faut qu'ils soient un peu patients. Sur ce point, le président de la république a pris lui-même à bras le corps le problème, j'espère que d'ici quelques mois, on aura le sourire à Dimbokro en ce qui concerne cette usine. En 2005, le marché de Dimbokro a brûlé. Les circonstances qui ont provoqué cet incendie, ont amené le gouvernement à prendre la décision de dédommager les victimes. Le conseil des ministres a donc pris la décision, le président a même présenté l'attestation du gouvernement qui octroie 100 millions de f cfa aux victimes de l'incendie du marché de Dimbokro. Avant mon voyage, j'ai saisi le ministre de l'Economie et des finances, M. Charles Diby Koffi. Dès le début de l'année, je vais revoir pour qu'au niveau des services du Trésor tout soit mis en ?uvre pour débloquer ces fonds. Mais au-delà de cela, le gouvernement a confié au Bnedt l'étude de réhabilitation du marché. Les évaluations ont déjà été faites, cela fait quelque 400 millions de f cfa. Publiquement, le président m'a confié ce dossier, il m'appartient donc de le pousser pour qu'il se concrétise. Autre acte concrèt, quand on pose le problème de développement, surtout dans le milieu rural, le gros problème auquel on est immédiatement confronté c'est le problème de financement. Et souvent ce n'est pas de gros financement. Mais à Dimbokro, nous avons mis en place une petite caisse d'épargne et de crédit pour pouvoir financer les petites activités. Le capital à libeller au niveau du Trésor Public est de 30 millions de f cfa. Le président va donner 30 millions pour que la caisse soit opérationnelle. Voilà un peu quelques retombées que je peux citer qui, très bientôt, vont donner un peu de sourire aux populations de Dimbokro. S'agissant de cette caisse dont vous avez parlé, d'où vous proviendront les sources de financement devant régulièrement l'alimenter ? Les structures sont déjà en place. C'est un système coopératif, et des adhésions ont même été déjà faites. Environ 200. Des parts ont été libellées. Nous attendons qu'il y ait ce capital dont j'ai parlé tantôt. Vous savez qu'il y a une multiplicité de systèmes d'institutions de micro crédit qui existent de par le monde. Si on commence et que ces partenaires extérieurs se rendent compte qu'on fonctionne, il est clair que nous n'aurons pas de difficultés pour le financement. Président, vous avez tout à l'heure évoqué le problème de l'UTEXI, donnant quelques petits détails. Aussi, avait-il été question que vous puissiez rencontrer des partenaires privés pour que le redémarrage de l'usine se fasse sur des bases beaucoup plus solides. Qu'en est il aujourd'hui de ce dossier? Les deux audits dont je parlais tout à l'heure vont conditionner. Parce que même si sur le plan financier l'Etat injecte les moyens, il faut malgré tout un partenaire technique. C'est très important. Dès que les audits seront donc terminés, on verra effectivement l'orientation à prendre. Donc, au jour d'aujourd'hui, je ne peux pas vous dire que cela va aller dans tel ou tel autre sens. Tous ceux qui vous diront que l'usine va ouvrir dans deux ou trois semaines, c'est de la démagogie. Votre région, Monsieur le président, ne se limite pas qu'à Dimbokro, c'est beaucoup plus vaste que ça. Cela implique aussi que vos priorités sont également étendues dans le souci de satisfaire les besoins de l'ensemble de vos populations. Qu'avez-vous fait pour elles? Il y a l'école et la santé. Figurez-vous qu'il y a 3 ans, en matière de santé publique dans tout le département en dehors de Dimbokro, il existait seulement deux centres de santé à l'intérieur du département. Vous vous rendez compte des kilomètres que parcours les parents ? Aujourd'hui, nous avons les centres de santé dans tous les cantons. Nous sommes même en train de doubler les centres de santé dans tous les trois cantons qui composent le département. Déjà ces centres sont ouverts, les infirmiers affectés, le conseil général a équipé, il a un troisième qui est en construction, d'ici deux mois ce sera achevé. Nous sommes donc en train de mettre à niveau le système sanitaire. Je le dis chaque fois, c'est très facile de mettre en place le système sanitaire. Mais l'accès c'est cela le gros problème. Si les populations n'ont pas de moyens pour accéder à ces différents centres, on aura fait ?uvre inutile. Donc, à amont, il faut créer la richesse, occuper les parents pour qu'ils aient un peu de ressource pour pouvoir se soigner. Et qu'est-ce qui est justement fait pour créer cette richesse ? Justement, vous avez entendu le président de la république citer quelques conseils généraux qui sont des exemples. J'ai fait mettre en place un fonds de soutien de 20 millions de f cfa à la Coopec. Une partie : 10 millions de f cfa, par le conseil général sur ses maigres ressources et 10 millions octroyés par des amis. Donc un fonds de garantie de 20 millions. Ce fonds nous a permis de soutenir 300 jeunes gens en ville comme dans les campagnes. Seulement, on a un gros problème dans les campagnes, parce que les cycles de pluie sont devenus très irréguliers et comme l'encadrement n'est pas très serré aujourd'hui, nous avons des déperditions énormes. Si bien que les taux de remboursement sont très faibles, à peine 30%. Par contre, dans les taux de remboursement sont très élevés autour de 75%. De sorte que progressivement il y a eu ne érosion de ce fonds. Nous pensons maintenant que la caisse d'épargne et de crédit va prendre le relais. N'y a-t-il pas un système de suivi mis en place pour les canaliser ? Le conseil général ne peut pas lui-même suivre les différents projets des jeunes. Nous avons, pour cela, signé deux conventions, l'une avec l'Anader, l'autre avec une institution privée ici pour justement les suivent aussi bien dans les villages qu'en ville. Voyez-vous, la jeunesse, c'est pas facile. En terme de perspective, Monsieur le président, que prévoyez-vous pour vos populations pour davantage réduire leur souffrance ? Vous êtes journaliste économique, vous fréquentez certainement les zones rurales, vous voyez un peu comment les parents vivent là-bas. Les problème de nos parents c'est que maintenant, il faut leur donner espoir. Mais on ne dit pas espoir comme ça, verbalement. C'est par des actions concrètes sur le terrain. Quand je parle du problème d'eau, c'est réglé. Le problème sanitaire, c'est réglé. Le problème de l'école, c'est réglé. Pour la première fois depuis l'indépendance elles se rendent compte que quelque chose est en train d'être fait. Maintenant, il nous appartient de communiquer avec ces populations. Parce que le niveau des problèmes qui se pose à elles est à ras de sol. Mais on a un gros handicap, les services d'agriculture ne fonctionnant plus aujourd'hui. L'Anader a aujourd'hui de moins en moins de moyens, qu'il est chargé d'encadrer le monde rural. Et on n'est confronté à ce gros problème-là. Déjà par des infrastructures collectives dans les zones rurales, les parents se rendent compte que quelque chose est en train de se faire. Maintenant c'est à nous d'imaginer et de mettre en place de nouveaux mécanismes pour mettre le cap sur la production dans la mesure où les circuit de commercialisation existe déjà.


Interview réalisée à Dimbokro par Alexis Noumé

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