lundi 7 janvier 2008 par Le Nouveau Réveil

De son vivant, il avait toujours voulu être mis en terre par sa famille politique dans laquelle il a milité toute sa vie durant. "Si un jour, il arrivait que je quitte ce monde, que ce soit mon fils Mady et mon parti le PDCI qui m'enterrent". Et c'est cette dernière volonté que le Secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady, a accomplie lorsque Sédi Wondé Félix, âgé, selon des témoignages, de près de 100 ans, a rendu l'âme dans le mois de décembre dernier. Le défunt, qui est du village de Godoua situé à moins de cinq kilomètres de Saïoua, est le cousin de la mère de Djédjé Mady. Militant de première heure du parti de Félix Houphouët-Boigny, il n'a jamais cédé aux chants des sirènes dans ce village où la quasi totalité des habitants a viré au FPI à l'occasion du vent du multipartisme. Comment alors s'y prendre pour organiser de pareilles obsèques sans s'attirer la foudre des populations et des responsables du parti au pouvoir ? C'est l'exploit qu'a réussi Djédjé Mady. Car le défunt repose désormais en paix au cimetière dudit village où il a été inhumé avant-hier samedi en présence du Secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady et son épouse et de tout le village. Ainsi, sa dernière volonté venait-elle ainsi d'être respectée par le numéro deux du parti dans lequel il a toujours milité. Qui n'a pas ménagé d'efforts pour prendre en charge toutes les obsèques du défunt. Depuis les frais de conservation à la morgue, à la location des chaises et bâches jusqu'à la nourriture des parents et des alliés qui ont fait massivement le déplacement dans le village de Godoua pour pleurer le Doyen Sédi Wondé Félix et l'accompagner à sa dernière demeure. Et Dieu seul sait ce que coûtent de telles obsèques. La "facture" telle que annoncée par les organisateurs des obsèques, dépasse le 1,5 million de F CFA. Du coup, les pourfendeurs du PDCI dans le village ainsi que les cadres FPI qui avaient renié le défunt pour n'avoir pas viré au parti au pouvoir sont rentrés dans leurs petits souliers. C'est pourquoi, ces derniers ont reconnu leur tort. Et comme en pays bété, les plus grandes palabres se règlent toujours en marge des funérailles, le linge sale entre les villageois et le Secrétaire général du PDCI a été lavé à Godoua même. Juste quelques minutes après l'inhumation du défunt. Pour la circonstance, tout ce que Godoua compte de cadres, de fils et de notables se sont réunis pour trouver une issue favorable et définitive à ces incompréhensions. Dont les plus grandes victimes ont été le PDCI et son Secrétaire général Alphonse Djédjé Mady, ancien maire de la commune de Saïoua, et fils de la région. Celui-ci d'ailleurs, avons-nous appris lors de la rencontre d'avant-hier samedi, a subi les humiliations les plus insoutenables pour un homme. Mais qu'il a supportées durant toutes ces années. Convaincu que le temps est l'autre nom de Dieu. Et le temps a fait son effet. S'étant rendu compte de leurs erreurs, les villageois ont présenté toutes leurs excuses à Mady pour tout le mal qu'ils lui ont fait. Le porte-parole du chef du village, Bernard Doudou, qui s'exprimait au nom de la notabilité, n'est pas passé par quatre chemins pour s'adresser à Mady en ces termes. "Nous avons été malades durant toutes ces années où nous t'avons fait tout ce tort. Notre maladie s'appelait la honte. C'est à cause de la honte que nous ne sommes pas venus te rencontrer. Nous avions honte. Maintenant, nous te demandons de nous pardonner", a-t-il argumenté. Pour se faire pardonner et surtout amener Mady à accepter leur pardon, les villageois ont, conformément à la coutume en pays Bété, offert un coq blanc et un mouton, symbole pour effacer les injures faites à la mère de Mady au moment où la haine était à son comble dans Godoua. Sensible à tant de gestes de la part des villageois, et en dépit des humiliations subies, le Secrétaire général du PDCI, a pris de la hauteur. Il a accepté sans condition les cadeaux et les excuses de ceux qui, hier, l'avaient dénigré. Autre fait "banal" mais qui n'est pas passé inaperçu aux yeux des populations de Godoua, c'est que Digbeu Laurent, l'un des chauffeurs du Chef de l'Etat Laurent Gbagbo, qui a des liens de parenté très poussés avec le doyen Sédi Wondé, a boudé les obsèques de son "père". Il a carrément dépassé son village Godoua pour se rendre dans le village juste à côté où se déroulaient des funérailles organisées et parrainées par le ministre Bohoun Bouabré. Un geste que ses parents de Godoua n'ont pas apprécié. Balam confirme son attachement au PDCI. Les populations du village de Balam qui se trouve à moins de deux kilomètres de Saïoua, tous militants du PDCI, qui savent que leur Secrétaire général est juste dans le village de Godoua n'ont pas voulu le laisser partir sans lui donner les nouvelles du parti dans le village. Et la nouvelle majeure, c'est que l'un des plus grands militants du PDCI de Balam, Yoro Tré, compagnon et ami de Djédjé Mady, a quitté le parti. Il a atterri au FPI. Pour y arriver, il a pris tout le village de court. Profitant de son titre de grand militant du PDCI, il a appelé les villageois à accueillir le ministre Bohoun Bouabré qui, selon lui, venait faire la connaissance du terrain. Parti d'hospitalité, les militants du PDCI n'ont vu aucun inconvénient à accueillir le ministre Bohoun Bouabré.
C'est alors que leur camarade dévoile sa vraie intention. Devant les villageois réunis samedi dernier, il annonce son départ du PDCI et son atterrissage au FPI. A la grande stupéfaction de la foule qui a été mise devant le fait accompli. "Cependant, nous sommes restés dans notre grande majorité", a rassuré Christophe Aka, secrétaire général du comité PDCI du village de Balam. Les raisons avancées par Yoro Tré pour quitter son ancienne formation politique sous la bannière de laquelle il siège au Conseil Général d'Issia sont aussi farfelues que légères. "Il a dit que des gendarmes qu'il a formés ont été tués à Bouaké", a témoigné Christophe Aka. Par ailleurs, Alphonse Djédjé Mady révélera aussi que ce sieur Yoro Tré lui a demandé de se porter candidat à la magistrature suprême du pays. Auquel cas, il claquerait la porte du PDCI. Mady a encouragé ceux qui "ont décidé de rester au PDCI de persévérer et souhaiter bon vent au partant". Pour lui, "pendant que certains s'en vont du parti, d'autres arrivent. C'est cela la politique. Chacun va où il pense trouver son bien".
Yves-M. ABIET
Envoyé spécial à Saioua

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