lundi 7 janvier 2008 par Fraternité Matin

L'opération de regroupement des Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire, entamée le 22 décembre à Tiébissou et qui s'est poursuivi le 3 janvier, à M'Bahiakro a été diversement accueillie par les populations. En rêvant du retour de la paix qui est matérialisé par le repli des soldats dans les localités choisies à cet effet, elles n'admettent pas la séparation d'avec les étrangers. Le sous-groupement I de M'Bahiakro du Groupement centre a été installé depuis le 9 octobre 2002. Peu après son retrait le 3 janvier, des habitants de la localité se sont prononcés sur la nature des rapports qu'ils ont entretenus durant les 5 ans. Je suis attristé par le fait que nos frères militaires s'en aillent. Mais en même temps, je suis heureux parce que l'on parle de paix et de réconciliation. Je félicite donc tous les acteurs politiques qui se sont mis à l'?uvre pour le retour de la paix?, a confié N'Guessan Antoine, enseignant à la mission catholique de M'Bahiakro. C'est de la tristesse? qu'éprouve Mme Ouattara épouse Soro Fatoumata, à se séparer des gens avec qui elle a vécu en d'excellents termes durant un bon moment. Elle leur souhaite néanmoins un bon voyage. Cela fait un peu pitié. Mais que le Seigneur les accompagne et qu'ils retournent comme ils sont venus?, a-t-elle dit. Les plus malheureux, ce sont les commerçants. Le départ des militaires va nous causer véritablement beaucoup de problèmes parce que leur présence fait que notre commerce marche bien. Ils achètent des pagnes pour leurs amis?, a soutenu Mme Touré Ramatou, vendeuse de pagnes au marché. Elle est certaine que le départ des militaires va entraîner celui de certaines femmes de la ville parce qu'elles voudront les suivre. Nos affaires ne vont donc plus marcher?, a ajouté la commerçante. Les liens que la population a tissés avec les FDS sont au beau fixe. Aussi, d'aucuns ne comprennent pas ce départ. On était bien, on sympathisait bien. Leur départ nous rend un peu triste?, a indiqué Mme Touré qui a préféré rester auprès de sa marchandise, au marché, à quelques mètres du lieu de la cérémonie. Comme elle, les bouchers perdent une grosse clientèle. Le départ des militaires va briser nos affaires parce que ce sont eux les véritables clients. Ils achetaient beaucoup de viande avec nous, entre 40 et 50 kg par jour?, a déclaré Maïga Ibrahim, boucher à M'Bahiakro. Tout en voulant le retour de la paix, il souhaite que d'autres militaires viennent dans la localité. A Bouaflé, c'est le préfet de la région de la Marahoué, préfet du département de Bouaflé, qui a caricaturé le mécontentement de la population par rapport au regroupement. Le préfet Sanogo Al Assana estime que la cérémonie du 4 janvier devant marquer le repli du sous-groupement tactique II du Groupement centre-ouest n'a pas drainé de monde. Moins de mille personnes, c'est insuffisant, selon lui, au regard de la densité de la population de la ville. Et l'unique raison qu'il donne de ce boycott, c'est que les filles sont en colère. Ne pouvant supporter la séparation, elles ont préféré rester loin de la manifestation. Il n'y a pas beaucoup de femmes. Elles se demandent si les militaires partent vraiment. Les populations ne veulent pas que les militaires partent. Et pourtant, il faut qu'ils partent, ne serait-ce que pour marquer un symbole, à savoir que la guerre est finie?, a-t-il expliqué. Les militaires ont été remplacés par les forces de police et de gendarmerie dans toutes les localités libérées. Les prochaines étapes de ce désengagement seront Toulepleu (10 janvier), Abengourou (17 janvier) et Sassandra (24 janvier). Au terme de l'opération, ce sont environ 5000 soldats qui seront regroupés conformément à l'Accord complémentaire III à l'Accord politique de Ouagadougou. Interrogé sur le programme du regroupement dans les zones centre, nord et ouest, le Lt-Colonel Karim Ouattara, adjoint au chef du Centre de commandement intégré, a affirmé ne rien savoir parce que le dossier est géré par le général Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major des Forces armées des Forces nouvelles.



Paulin N. Zobo
Envoyé spécial à M'Bahiakro et Bouaflé

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