lundi 14 janvier 2008 par Le Nouveau Réveil

A l'initiative du Ministre Dano Djédjé, une rencontre s'est déroulée mercredi dernier à l'Hôtel des Députés de Yamoussoukro. A cette rencontre étaient conviés les cadres, les élus dont les députés Amani Molo et Didier Baudoua, et les responsables administratifs de Yamoussoukro. En substance, il convient de dire que Dano Djédjé et ses collaborateurs ont expliqué à l'assistance les enjeux du transfert de la capitale, tout en faisant un rappel des travaux qui ont été réalisés dans le cadre de ce transfert.
Plusieurs préoccupations dont les problèmes liés à la délimitation et au morcellement des terroirs villageois ont été exprimées au cours de cette réunion d'échanges. Aussi, le maire de Yamoussoukro, la ville qui accueille la capitale, a-t-il tenu à dire certaines vérités à Dano Djédjé, ministre en charge du transfert de la capitale, surtout dans le but d'attirer l'attention des uns et des autres sur un fait déplorable : le contraste entre les nouveaux édifices ultra modernes et le reste de la ville qui sombre dans la dégradation. " Je souhaite que le programme spécial de transfert de la capitale pense à réhabiliter la voirie de la ville pour éviter ce contraste. ", dixit le maire Gnrangbé. En effet, la voirie de Yamoussoukro, du quartier N'zuessy au quartier Assabou en passant par Dioulakro, se trouve fortement dégradée, créant des désagréments aux automobilistes. Le maire, en sa qualité de premier magistrat de la ville interpelle l'Etat de Côte d'Ivoire pour que le développement soit harmonieux. Une aide substantielle s'impose donc pour notre capitale afin que les acquis soient réhabilités pendant qu'on fait du neuf. Le ministre Dano Djédjé qui semble avoir compris l'appel du maire a fait la promesse que le Gouvernement va appuyer les projets de réhabilitation, ce qui permettra véritablement à Yamoussoukro de porter son manteau de capitale.
Carlos Lago
"Il était une fois un gentil loup que maltraitaient de méchants agneaux. " Il me revient en mémoire ce refrain d'un chanteur espagnol dont je ne me souviens plus du nom, qui décrivait ainsi la situation dans son pays sous le règne du dictateur Franco. En Côte d'Ivoire aussi, nous vivons une situation où un gentil loup est constamment maltraité par de méchants agneaux. Mais je vous rassure tout de suite. Il y a une morale dans l'histoire de la Côte d'Ivoire : il y a un procureur, compétent, brillant, jeune, joli garçon sans produits ghanéens, incorruptible, qui met au pas les méchants agneaux en les envoyant moisir en prison. On ne peut pas laisser des méchants agneaux maltraiter impunément un gentil loup. L'un de ces méchants agneaux s'appelle Assalé Tiémoko Antoine. Il a été châtié de sa témérité par le procureur. Un an de prison ferme. Qu'est-ce qui lui a donc pris, à ce jeune homme, de dire qu'il y a de la corruption dans le pays où les loups sont gentils et les agneaux méchants ? Ne sait-il pas, ce malheureux garçon, que dans ce pays, lorsque l'on est fils de pauvre et chômeur, tout ce que l'on a à faire est d'applaudir le gentil loup ou de se taire ? Qu'est-ce qui lui a donc pris, à ce pauvre enfant de s'en prendre à la gouvernance de notre gentil loup, pardon de notre président bien aimé, un homme si paisible, si pacifique, si amoureux de la paix qu'il nous a donné l'accord de Ouagadougou ? D'ailleurs une organisation internationale ne s'y est pas trompée. Elle a estimé que pour être si imprégné de paix, pour être si pacifique, si paisible, il faut avoir nécessairement été élevé au biberon de la paix. C'est pour cela qu'elle a décerné un prix de la paix àla mère de Laurent Gbagbo. J'entends Assalé Tiémoko et les gens de son acabit ricaner en disant qu'il s'agit d'un prix bidon, comme on sait si bien en fabriquer dans ce pays, donné par une organisation bidon comme il en existe des milliers dans ce pays de pigeons et de gogos, parrainée par une secte sulfureuse, la secte Moon en l'occurrence, et que le plus incroyable dans cette affaire est que le chef de l'Etat et son entourage aient permis que l'on donne un tel prix à sa respectable mère qui, on la comprend, est très loin de tout cela, et surtout que, sans craindre le ridicule, l'on ait montré cela dans les journaux et à la télévision. Chacun a les prix qu'il mérite. Mais les gens de l'acabit d'Assalé Tiémoko ont intérêt à ricaner tout bas parce que le procureur veille au grain. Ils savent ce qui les attend. Qui peut sérieusement douter que Laurent Gbagbo soit un homme de paix ? Un homme qui peut nous faire passer sans transition de la haine à l'amour ne mérite-t-il pas un prix Nobel de la paix ? Hier Guillaume Soro était l'homme à abattre, l'homme que l'on voyait comme un cadavre ambulant, l'affreux rebelle égorgeur de femmes enceintes et d'enfants. Aujourd'hui, tout le monde est prié de l'appeler " frère " et de danser le Gbégbé avec lui. Il est devenu un homme de paix. Et accessoirement premier ministre de la Côte d'Ivoire. Comme ça, par la magie de l'accord de Ouagadougou. Hier Blaise Compaoré était l'ennemi juré, l'homme qui parrainait la rébellion ivoirienne, raison pour laquelle des milliers de Burkinabé furent expulsés de notre beau pays, après que leurs maisons et autres biens eurent été saccagés, pillés, incendiés, que bon nombre d'entre eux eurent perdu la vie. Aujourd'hui, grâce à la magie de l'accord de Ouagadougou, Blaise Compaoré est le facilitateur, le frère, l'homme par qui la paix est en train d'arriver dans notre pays, l'homme qui peut convoquer à Ouagadougou toute la classe politique ivoirienne, à commencer par le chef d'Etat, le grand homme de paix que l'on sait. Bien sûr, Assalé Tiémoko et les gens de son acabit diront que dès le début de la guerre on avait demandé à Gbagbo de discuter avec Soro, et qu'il a mis cinq ans à comprendre cela, qu'on lui a imputé les escadrons de la mort, qu'il a fait tirer sur les personnes qui voulaient marcher ou qui n'ont même pas voulu marcher les 25, 26, et 27 mars 2004, qu'il a allègrement piétiné tous les accords signés, qu'il a acheté des avions et des hélicoptères de guerre après le premier accord de paix, qu'il a fait bombarder des villages de l'Ouest, du Centre, Bouaké, Korhogo, qu'il a créé le CeCOS et les milices qui tuent en toute impunité, qu'il soutient la FESCI qui tue tout autant et détruit l'école, que Djué Eugène est tabassé à la présidence. Mais dès lors qu'il a signé l'accord de Ouagadougou, tout cela doit être oublié. Prière désormais de dire dans les " agoras " et " parlements " que Monsieur Laurent Gbagbo est un homme de paix qui a tété la paix au sein de sa mère. Les violents, les ennemis de la paix et les va-t-en-guerre sont ceux qui doutent de la bonne volonté des signataires de cet accord qui devrait conduire le pays vers la sortie de crise et les élections.
Notre chef bien-aimé, ce gentil loup si paisible et si pacifique qui a tété la paix au sein de sa mère et signé l'accord de Ouagadougou s'est donc rendu en pays Akyé. Il a dit à ces braves populations qu'il sait qu'il y a des gens qui volent, qui rackettent. C'est bien ce que disait le méchant agneau Assalé Tiémoko. Mais Gbagbo, lui, il est chef de l'Etat et Assalé, un pauvre chômeur qui cherche à vivre une vie plus digne. Le chef de l'Etat a ajouté qu'il entend le peuple pleurer et gronder. Ce que son conseiller spirituel Koré Moïse avait dit quelques jours auparavant. Mais le chef de l'Etat a précisé aussitôt qu'il ne fallait pas du tout compter sur lui pour faire quoi que ce soit. Il a dit qu'il ne peut pas poursuivre deux écureuils à la fois. Il ne faut quand même pas trop lui demander. Il avait déjà dit qu'il ne fallait pas compter sur lui pour lutter contre la vie chère. Ou contre les diplômes vendus aux examens et concours. Il avait dit que c'était la faute aux élèves qui cherchaient toujours un parapluie. Sa priorité à lui, c'est de faire la paix et les élections. Pour le reste, on peut toujours courir. Henry Kissinger, ancien secrétaire d'Etat américain, se moquait du président Gerald Ford dont on disait qu'il était balourd et incompétent, en racontant que ce dernier était incapable de faire deux choses en même temps, telles que marcher et mâcher du chewing-gum. Notre président dit qu'il ne peut pas signer l'accord de Ouagadougou et combattre la corruption en même temps. De la même façon qu'il ne pouvait pas jouir du pouvoir et faire surveiller les frontières en même temps. Ce qui nous a amené la crise dont nous cherchons à sortir. Il a aussi avoué à Assikoi, en pays Akyé qu'il n'a pas encore commencé à travailler depuis qu'il est à la tête du pays. Normal, il ne peut pas faire deux choses à la fois. Mais rassurez-vous quand même. Il a dit ceci au directeur général de la police à Assikoi : " M. le Directeur de la DGPN (direction générale de la police nationale), je vous enverrai une lettre la semaine suivante pour vous dire qu'il paraît qu'il y a encore des policiers qui fatiguent les gens sur la route en leur demandant des cartes de séjour. Je vais vous dire que si cela est avéré, ce sont des policiers qui sont en infraction parce qu'ils vont contre un décret pris par le président de la République. M. le commandant de la Gendarmerie et M. le Directeur général de la police nationale, prenez toutes les dispositions pour que les agents placés sous votre autorité ne commettent plus cette infraction. " (Voir Fraternité Matin du jeudi 10 janvier 2008, page 14). C'est grave ça, être contre un décret pris par le président de la République. C'est ça, l'infraction, et non le fait de racketter. Où est donc passé le procureur ? Comment peut-il laisser en liberté des gens qui vont contre un décret signé par le président de la République ? Mon Dieu, dans quel pays sommes-nous donc !? En attendant, que devons-nous faire, nous autres ? En rire ou en pleurer ? Les policiers et gendarmes, tous les racketteurs, tous les voleurs de la République, eux, c'est sûr, ont tellement ri qu'ils ont eu mal au ventre.
Le gentil loup a donc dit que sa priorité est l'élection. Election qu'il gagnera, bien entendu. Il a donc prévenu tous les méchants agneaux de l'opposition qu'ils le trouveront sur leur chemin si jamais il leur venait la mauvaise idée de contester sa victoire. Laurent Gbagbo n'a pas pu empêcher une rébellion de prendre le contrôle de la moitié du pays ; depuis cinq ans, il n'arrive pas à mettre fin à cette crise ; la corruption, la violence, l'impunité ont pris une ampleur inimaginable dans le pays ; l'école est détruite ; l'hôpital aussi ; les infrastructures aussi. Gbagbo lui-même reconnaît que depuis sept ans qu'il est au pouvoir, il n'a rien foutu, que ceux qui ont un brin de pouvoir volent, que le peuple pleure, gronde ; Mamadou Koulibaly, son numéro deux, a avoué que les gens au pouvoir volent, sont corrompus, que 70% de la population ne mangent qu'une seule fois par jour, que Laurent Gbagbo n'a pas enceinté sa fille, Koré Moïse, le propre pasteur de Laurent Gbagbo dit qu'il y a trop d'injustices dans le pays, que les gens autour du chef font n'importe quoi, mais rien de tout cela n'empêchera Gbagbo d'être réélu. Et gare à celui qui dira qu'il a perdu. " Comment fera-t-il ", demande un naïf de l'opposition. Entre mille scénarios possibles, on peut très bien annoncer, quelques jours avant le scrutin, que IB a encore tenté un coup d'Etat. Cela justifierait que l'on sorte les chars, les machettes, les gendarmes, les policiers, les militaires, les miliciens, la FESCI, le CeCOS, les jeunes patriotes, les " Sorbonnards ", pour " défendre la démocratie ". On laisse tout ce beau monde dans les rues pendant et après le scrutin, et on se proclame vainqueur au premier tour avec 51, 21% des voix. Quel chef de l'opposition osera demander à ses militants de sortir contester ce résultat ? Même s'il le fait, quel militant osera sortir ? Vous voici prévenus, méchants agneaux de Côte d'Ivoire. Le gentil loup sera encore là pour cinq ans. Et si un second écureuil ne vient pas le distraire, il travaillera peut-être enfin pour la Côte d'Ivoire. Mais il ne faut pas trop rêver, méchants agneaux.
Cela dit, comme nous sommes en début d'année, qu'il me soit permis de présenter mes meilleurs voeux à tous mes fidèles lecteurs. Mais qu'il me soit permis de poser juste deux questions: combien d'hommes, de femmes, d'enfants ont été violés, tués dans ce pays depuis le début de cette refondation? Et qu'avons-nous fait, nous Ivoiriens?
Et, tout comme me venaient en mémoire les paroles du chanteur espagnol cité au début de cet article, me viennent aussi en mémoire d'autres paroles de certains amis. L'un d'eux me disait, il y a de cela de longues années à Fraternité Matin où nous travaillions ensemble, "Tu sais, les Ivoiriens sont des gens très courageux. Pour obtenir ce qu'ils veulent, ils sont prêts à souffrir, et à verser jusqu'à la dernière goutte du sang...des autres. " Un autre me disait aussi: "Le malheur des Africains est que certains d'entre eux se croient investis du devoir de prendre sur leurs têtes tous les problèmes des autres. Au lieu de laisser chacun assumer sa part de responsabilité. " Un troisième me disait enfin, " On n'a pas besoin d'être un héros pour vivre une belle vie. En général, les héros découvrent leur héroïsme après coup. Ce sont les autres qui leur disent qu'ils se sont comportés de façon héroïque. Tout ce qui est demandé à chacun de nous, c'est de faire tout simplement, et en toute honnêté ce qu'il a à faire. " En vous laissant méditer sur ces propos, je vous dis " au revoir " et vous souhaite une très bonne et heureuse année 2008.
Venance Konan
Email : venancekonan@yahoo.fr

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023